Accéder au contenu principal

Non négociable ! (Week-end familial - Jour 2)

 



Samedi 10 septembre 2022

 

                Ce matin, au petit déjeuner l’ambiance était plutôt tendue. Alana nous faisait la tête, et moi j'étais encore fâché contre elle malgré la sévère punition que je lui avais donnée hier. Je n'étais pas totalement sûr qu'elle ait retenu la leçon. Le temps nous dira si j'avais tort ou raison…

Alors que nous étions tous réunis, ma mère prit la parole :

-          Les enfants, je profite que la famille soit au complet car j’ai quelque chose de très important à vous dire. Il y a quelques mois, j'ai rencontré quelqu'un. Je suis immédiatement tombée amoureuse de cette personne. Depuis la mort de votre père, je n'ai jamais refait ma vie. Je pense que maintenant que vous êtes tous grands, j'ai le droit de penser à moi.

Sur le coup, même si cela me fit un choc, je pris cette nouvelle pour quelque chose de positif : depuis le temps que je voulais que ma mère se remette avec quelqu'un, c'était désormais chose faite. Mes frères et sœurs avaient l'air plutôt contents eux aussi, mise à part Alana, la petite dernière, très possessive avec notre mère. Maman reprit la parole :

-          J'aimerais vous faire rencontrer cette personne…

-          Qu’est-ce qu’il fait dans la vie ? demanda Justin.

-          Elle est oncologue, répondit ma mère avec une pointe d’appréhension dans la voix. Elle est également professeure de médecine à la fac.

-          Elle ?! s’exclama Léana. C’est une femme ?!

-          Oui, répondit ma mère. Pascale est la femme que j’aime.

Un silence de mort s’installa. Je ne m’attendais pas du tout à cette révélation ! Je n'envisageais pas du tout qu’un jour ma mère tombe amoureuse d’une femme. Néanmoins, ce qui comptait à mes yeux, c'était qu'elle soit heureuse. Que ce soit avec un homme ou avec une femme m’importait peu.

-          Je ne veux pas être la fille d'une homo !! s'écria Alana. Il est hors de question que tu te mettes avec une femme !!

-          Je ne t'ai sûrement pas demandé ton avis ! rétorqua maman.

-          Faut te faire soigner !! insista la petite dernière.

-          Toi, tu n’as pas eu assez mal aux fesses hier soir pour parler comme ça à notre mère !! la gronda Baudouin. Maman fait ses propres choix et tu n’as pas à les juger !! Elle t’a donnée la vie, elle t’a élevée, elle a tout fait pour toi !! Alors maintenant, elle a le droit d’être heureuse, que ce soit avec un homme ou avec une femme, et que tu l’acceptes ou non !! Ce sera comme ça et pas autrement !!

Alana sortit de table en furie et Albane, la femme de Justin, courut après elle pour tenter de la raisonner.

 

Lorsque je me retrouvai seul avec Marine, celle-ci me demanda :

-          Ça va mon chéri ? Comment prends-tu cette nouvelle ?

-          Si ma mère est heureuse, alors je suis heureux moi aussi. Ça va forcément me faire bizarre de la voir avec une femme, embrasser une femme, faire des câlins à une femme… Mais tant qu’elle est heureuse, je le suis aussi.

-          Je t’admire, mon chéri, me dit Marine. Il faut quand même encaisser le coup ! Non seulement ta mère refait sa vie mais en plus avec une femme… Certains de tes frères et sœurs vont très mal le vivre.

-          En dehors d’Alana, je pense que Léana et Lubin vont avoir du mal, oui. Ils sont très « normatifs ». Les hommes avec les femmes, et les femmes avec les hommes. Pour eux, il n’y a pas d’autre choix possible.

-          Il faut que tu aies une discussion avec eux, me dit ma femme.

-          Nous avons déjà discuté hier à propos d’Alana, nous n’allons pas faire des réunions de fratrie tous les jours !

-          Aurél', c’est important. Il faut que vous ayez une discussion. Que ceux qui acceptent l’union de ta mère canalisent ceux qui ne l’acceptent pas. Il faut absolument garder une harmonie familiale car votre mère a besoin de votre soutien sur ce coup-là.

-          D’accord.

 

J’étais sur le point d’aller voir Justin pour lui proposer de refaire une petite réunion quand mon téléphone sonna. Je décrochai immédiatement :

-           Allô ?

-          Oui, Aurélien ? C’est Jean-Paul, le papa de Tessa.

-          Bonjour Jean-Paul. Tout va bien ?

-          Je suis vraiment désolé de vous déranger mais nous avons un gros problème avec Tessa. Elle est sortie hier soir avec des amis et elle a beaucoup bu. Elle est passée à deux doigts du coma éthylique. Elle est actuellement à l'hôpital.

-          Avez-vous besoin que je vienne vous voir ?

-          Non, non ! Normalement, elle sera sortie demain soir. Néanmoins, je souhaitais vous prévenir. Lundi, elle ne sera peut-être pas en très grande forme…

-          Elle sera en assez grande forme pour recevoir une bonne fessée, croyez-moi ! dis-je, énervé.

-          Je n’en attendais pas moins de vous, dit Jean-Paul.

-          Il faut aussi que votre fille voit un psychologue, conseillai-je.

-          Elle va en voir un à l’hôpital.

-          Est-il est possible que j’obtienne le rapport du psychologue de l’hôpital ? Ce serait vraiment super.

-          Bien sûr, je vais demander, répondit Jean-Paul.

-          Merci de m’avoir appelé, lui dis-je. Nous nous verrons lundi.

-          A lundi ! Merci Aurélien !

Je raccrochai et me dirigeai vers mon frère aîné :

-          Marine me propose de faire une réunion avec nos frères et sœurs pour que ceux qui acceptent la situation calment ceux qui ne l’acceptent pas.

-          Albane m’a dit la même chose. Il faut absolument que nous fassions une réunion !

-          J’ai peur que certains d’entre nous soient violents émotionnellement et verbalement avec maman et cela n’est pas acceptable.

-          Je suis d’accord avec toi, Aurél'. Si elle nous a partagé cela, c'est parce qu’elle vit un bonheur intense et nous ne devons pas l’entacher. Elle a élevé ses huit enfants toute seule, elle a bien le droit d'être heureuse aujourd'hui !

 

Finalement, cette réunion ne se fit pas puisque la discussion eut lieu à table avec tout le monde durant le repas du midi.

-          C’est inadmissible que tu te que tu te sois mise avec une femme ! s’exclama Lubin. C’est contre les lois naturelles ! Les femmes se mettent avec des hommes !

-          A notre époque, l'homosexualité est très bien acceptée ! dit Baudouin. Je ne vois pas pourquoi maman devrait s'empêcher d'être heureuse ! Si elle se met avec un homme elle sera malheureuse ! Autant qu’elle soit heureuse avec une femme, n'en déplaise à certains !

-          Mais tu te rends compte que tout ça n'est pas logique, non ?! insista Léana.

-          L’amour va rarement avec la logique, dit Anastasia. Maman est amoureuse, elle est heureuse avec Pascale, nous n'avons rien à dire de plus.

-          Maman, peux-tu nous parler un peu plus en détails de Pascale, s’il te plait ? demandai-je.

-          Pascale est oncologue et professeure à la fac, répéta ma mère. Nous nous sommes rencontrées dans un bar alors que je sortais avec des amis. Ça a été le véritable coup de foudre, moi-même je ne savais pas que je pouvais tomber amoureuse d'une femme ! Je vous assure que je ne l'avais pas prévu ! Ça m'est tombé dessus, comme ça ! De plus, Pascale n’a pas d’enfant : elle est ravie de tomber dans une famille qui en contient plein ! Elle a hâte de tous vous rencontrer, même si elle sait qu'elle devra faire face à un peu d’agressivité de votre part. Je l’ai prévenue que certains d’entre vous accepteraient mal la situation. Il faut que vous sachiez que Pascale aussi a toujours été en couple avec des hommes, jusqu’à ce qu’elle tombe amoureuse de moi. C’est nouveau pour toutes les deux et nous découvrons petit à petit ce qu’est une relation entre femmes. Pascale rêvait d’avoir des enfants et même sans vous connaître elle vous a déjà tous adoptés. D’ailleurs, nous avons le projet d’agrandir la famille en adoptant deux petits africains. Pascale est fan de l’Afrique et elle voudrait pouvoir aider deux orphelins pour leur donner tout l’amour nécessaire.

-          Vous voulez élever deux enfants qui auront deux mamans et pas de papa ?! s’offusqua Lubin. Tu te rends compte du niveau de connerie de ce que tu dis ou pas ?!

Justin se leva immédiatement et fila une gifle à notre petit frère.

-          Tu ne parles pas comme ça à maman !! Je t’interdis de lui parler comme ça !! Excuse-toi tout de suite !!

-         

-          J’ai dit : « Tout de suite ! » !! cria Justin.

En se tenant la joue, Lubin marmonna de brèves excuses envers notre mère. Maman n’avait rien dit. Elle ne dit jamais rien. C’est elle qui nous a inculqué ce droit d’aînesse, c’est elle qui nous a toujours dit que nous devions respecter nos aînés et que s’ils nous recadraient, nous devions l’accepter. Puisque la réprimande de Justin envers Lubin était justifiée, la mère de famille n’avait pipé mot.

Après les faibles excuses de Justin, elle reprit :

-          Pascale et moi avons donc le projet d’agrandir la famille. Je peux parfaitement comprendre qu’il vous faille du temps pour accepter tout cela. Rassurez-vous, la demande d’adoption n’est pas encore faite. Pascale va bientôt s’installer à la maison - parce que je lui ai dit que c’était hors de question que je quitte la maison où j’ai élevé mes huit enfants -, je souhaite élever mes deux prochains enfants dans cette même maison.

-          Quel âge a Pascale ? demanda Baudouin.

-          Elle a 40 ans, répondit maman. Nous avons dix ans d’écart.

Nouveau séisme. Ça commençait à faire beaucoup.

-          Elle a 40 ans ? s’étonna mon grand frère. Mais… elle n’a que quelques années d’écart avec nous, tes premiers enfants !

-          Il faut dire que j’ai eu mon premier enfant à seize ans, nous rappela ma mère. Donc forcément…

-          On va arrêta de parler de ça, tranchai-je. Il faut que tu nous laisses du temps pour accuser le coup, maman. Entre ta mise en couple, le fait qu’elle soit une femme, son emménagement ici, votre projet d’adoption et le peu de différence d’âge… On arrête là. Il faut qu’on digère tout ça et ensuite on en reparlera.

-          D’accord mon chéri, convint ma mère.

 

Pour tenter de détendre l’atmosphère, nous profitâmes du beau temps l’après-midi pour aller visiter un village médiéval en famille. Nous étions chanceux car ce week-end se tenait une fête médiévale. Nous pûmes alors profiter de plusieurs animations. Gabin obtint sa première petite épée, et Baudouin, qui est un fan du Moyen-Âge, nous servit de guide touristique. Je ne passai évidemment pas à côté de la signature de quelques autographes et de la prise de quelques selfies ; mais ce fut quand même un moment agréable.

Le soir, nous pûmes manger sur place et participer au grand banquet qui était organisé. Puis, nous pûmes assister à un spectacle vivant retraçant la vie d'un seigneur durant le bas Moyen-Âge.


    Gabin s’endormit dans la poussette sur le trajet du retour. Marine et moi marchions l'un à côté de l'autre enlacés et amoureux. Certains de mes frères et sœurs essayaient de réconforter maman en lui disant que tout allait s'arranger et que tout le monde finirait par accepter la situation.

 

Alors que Marine et moi nous étions couchés, ma femme prit ma main pour la mettre sur son ventre : notre petite puce bougeait vivement. Marine me demanda alors :

-          On reste sur Adèle, comme prénom ?

-          Oui, répondis-je. Adèle, ce sera parfait.


 

A suivre…

Commentaires

Les stars du blog :

Le tutorat de Little Princess - Partie 3 (Préambule (3) - Et m*rde...)

                  Il paraît que c’est cela que l’on appelle « avoir sacrément merdé »…                     Lorsque ma mère était enceinte de ma sœur et moi, ce fut une grossesse difficile : déni de grossesse les quatre premiers mois, puis perte de ma jumelle. A six mois et demi, s’ils voulaient me donner une chance de vivre, il fallait accoucher ma mère.                   L’une des grosses conséquences de cette naissance très prématurée : de nombreuses malformations dues au fait que mes organes n’ont pas eu le temps de se placer correctement. Si la plupart sont bénignes, en revanche ma malformation intestinale pose problème. J’ai ce qu’on appelle un « mésentère commun complet ». Une malformation intestinale tellement rare que même certains médecins n’ont aucune idée de ce que c’est.                 D’habitude, on découvre cette malformation à la naissance ou durant la petite enfance. On l’opère et tout roule. Ce ne fut pas mon cas…   Durant vingt-quatre ans, j’ai eu d

Le tutorat de Little Princess (séance 3)

Comme vous avez pu le voir, j'ai changé le titre de cette rubrique. D'abord parce que je le trouvais trop long, ensuite parce qu'il devenait mensonger : Thomas n'est plus mon "nouveau" tuteur mais mon tuteur, tout simplement !   Nous ne nous étions pas vus depuis le lundi 7 décembre. Du 7 décembre au 6 janvier : un mois de « mise à l’épreuve » après la rouste de la dernière fois.   A peine deux jours après ce recadrage musclé, j’avais de nouveau testé Thomas, mais cette fois-ci je m’étais bien assurée que ce soit à distance. Jusqu’ici, toutes mes tentatives de rébellion avaient purement et simplement échouées, et j’en avais payé les frais. Restait ma toute dernière carte et j’hésitais vraiment à la jouer. Et puis tant pis, je me lançai.                 Depuis le début du semestre, ça ne passe pas avec ma prof d’histoire : je ne vous referai pas ici le récit de mon altercation verbale avec elle et de l’avertissement qui s’en est suivi pour moi ; mais souh

Journal d'une étudiante accueillie (Chapitre 1)

Ça y est, nous y sommes. Mon pire cauchemar est arrivé. Monsieur X. a été élu à la Présidence de la République et il va appliquer son programme. Je m’appelle Marie, j’ai 18 ans, et je vais aller au bagne pour la première fois de ma vie. Enfin, au bagne... J'exagère légèrement. Je vais en fait aller en famille d’accueil, famille dans laquelle je vivrai la semaine ; je pourrai rentrer voir ma famille, dont l’homme de ma vie, le week-end. J’ai eu mon bac littéraire en juin dernier, mention très bien. J’ai décidé d’entamer une licence de Lettres afin de réaliser mon rêve : devenir professeure des écoles. Mais Monsieur le Président de la République l’a décrété : « Tous les étudiants de 18 à 25 ans seront accueillis en structure pour le bien de leurs études ». Pour le bien de nos études ? Pff, tu parles ! Encore des propos démagogues ! Alors me voilà inscrite à l’université Jules Verne de *****, dans laquelle je vais passer minimum trois ans, pour me former au métier de professeu

Nouvelle rentrée, nouvelle vie ! (Chapitre 17)

 Ce chapitre a été écrit par Marie, une fan du blog. Malgré mes quelques commentaires et réécritures, elle a fait un excellent travail ! Bravo à elle ! Mardi 17 septembre 2019.   Lorsque Monsieur Éric toqua à la porte pour nous réveiller, j’étais très motivée pour me lever (ce qui est très rare !). Aujourd’hui sera une belle journée : d’abord parce que le mardi reste la meilleure journée de la semaine grâce à Madame Kelly, la prof la plus adorable du Pensionnat ; ensuite parce que j’ai réfléchi à un plan pour me venger de Monsieur Jean et de Monsieur Nicolas. Ce sera discret (enfin autant que faire se peut), rapide et efficace. Je sais bien que lorsque nous nous ferons attraper la punition sera salée ; mais je ne supporte pas l’idée de laisser croire à nos professeurs qu’ils ont tout le pouvoir (même si ce n’est peut-être pas tout à fait faux). Pour mener à bien mon plan, il me faudrait l’aide de mes amies. Je vais tout faire pour les convaincre de me suivre, j’ai déjà des argume

Journal d'une étudiante accueillie (Chapitre 26)

  Mercredi 9 octobre 2019.                   Pas de grasse matinée ce matin : Héloïse nous réveilla à neuf heures pour que nous puissions travailler un peu sur nos cours. J’étais grognon au possible en me réveillant, comme cela m’arrive rarement. En m’asseyant à table au petit déjeuner, je fus agacée par Anaïs, toujours pleine d’énergie et en forme le matin. Je déteste les gens du matin. Ou les gens. Ou le matin.                   Après m’être préparée et habillée pour la journée, je remontai dans ma chambre et me sentis toujours aussi grognon. Je ne savais pas encore pourquoi mais j’avais l’impression que cette journée allait être désagréable au possible. Personne n’avait intérêt à me voler dans les plumes : je m’étais levée du pied gauche !                 J’ouvris mes cahiers et commençai à travailler. Soudain, seulement quelques minutes après avoir commencé mes devoirs, j’entendis : -           Louise ! Anaïs ! Marie ! Descendez immédiatement ! Héloïse avait l’air f

Les stars du blog :

Le tutorat de Little Princess - Partie 3 (Préambule (3) - Et m*rde...)

                  Il paraît que c’est cela que l’on appelle « avoir sacrément merdé »…                     Lorsque ma mère était enceinte de ma sœur et moi, ce fut une grossesse difficile : déni de grossesse les quatre premiers mois, puis perte de ma jumelle. A six mois et demi, s’ils voulaient me donner une chance de vivre, il fallait accoucher ma mère.                   L’une des grosses conséquences de cette naissance très prématurée : de nombreuses malformations dues au fait que mes organes n’ont pas eu le temps de se placer correctement. Si la plupart sont bénignes, en revanche ma malformation intestinale pose problème. J’ai ce qu’on appelle un « mésentère commun complet ». Une malformation intestinale tellement rare que même certains médecins n’ont aucune idée de ce que c’est.                 D’habitude, on découvre cette malformation à la naissance ou durant la petite enfance. On l’opère et tout roule. Ce ne fut pas mon cas…   Durant vingt-quatre ans, j’ai eu d

Le tutorat de Little Princess (séance 3)

Comme vous avez pu le voir, j'ai changé le titre de cette rubrique. D'abord parce que je le trouvais trop long, ensuite parce qu'il devenait mensonger : Thomas n'est plus mon "nouveau" tuteur mais mon tuteur, tout simplement !   Nous ne nous étions pas vus depuis le lundi 7 décembre. Du 7 décembre au 6 janvier : un mois de « mise à l’épreuve » après la rouste de la dernière fois.   A peine deux jours après ce recadrage musclé, j’avais de nouveau testé Thomas, mais cette fois-ci je m’étais bien assurée que ce soit à distance. Jusqu’ici, toutes mes tentatives de rébellion avaient purement et simplement échouées, et j’en avais payé les frais. Restait ma toute dernière carte et j’hésitais vraiment à la jouer. Et puis tant pis, je me lançai.                 Depuis le début du semestre, ça ne passe pas avec ma prof d’histoire : je ne vous referai pas ici le récit de mon altercation verbale avec elle et de l’avertissement qui s’en est suivi pour moi ; mais souh

Journal d'une étudiante accueillie (Chapitre 1)

Ça y est, nous y sommes. Mon pire cauchemar est arrivé. Monsieur X. a été élu à la Présidence de la République et il va appliquer son programme. Je m’appelle Marie, j’ai 18 ans, et je vais aller au bagne pour la première fois de ma vie. Enfin, au bagne... J'exagère légèrement. Je vais en fait aller en famille d’accueil, famille dans laquelle je vivrai la semaine ; je pourrai rentrer voir ma famille, dont l’homme de ma vie, le week-end. J’ai eu mon bac littéraire en juin dernier, mention très bien. J’ai décidé d’entamer une licence de Lettres afin de réaliser mon rêve : devenir professeure des écoles. Mais Monsieur le Président de la République l’a décrété : « Tous les étudiants de 18 à 25 ans seront accueillis en structure pour le bien de leurs études ». Pour le bien de nos études ? Pff, tu parles ! Encore des propos démagogues ! Alors me voilà inscrite à l’université Jules Verne de *****, dans laquelle je vais passer minimum trois ans, pour me former au métier de professeu

Nouvelle rentrée, nouvelle vie ! (Chapitre 17)

 Ce chapitre a été écrit par Marie, une fan du blog. Malgré mes quelques commentaires et réécritures, elle a fait un excellent travail ! Bravo à elle ! Mardi 17 septembre 2019.   Lorsque Monsieur Éric toqua à la porte pour nous réveiller, j’étais très motivée pour me lever (ce qui est très rare !). Aujourd’hui sera une belle journée : d’abord parce que le mardi reste la meilleure journée de la semaine grâce à Madame Kelly, la prof la plus adorable du Pensionnat ; ensuite parce que j’ai réfléchi à un plan pour me venger de Monsieur Jean et de Monsieur Nicolas. Ce sera discret (enfin autant que faire se peut), rapide et efficace. Je sais bien que lorsque nous nous ferons attraper la punition sera salée ; mais je ne supporte pas l’idée de laisser croire à nos professeurs qu’ils ont tout le pouvoir (même si ce n’est peut-être pas tout à fait faux). Pour mener à bien mon plan, il me faudrait l’aide de mes amies. Je vais tout faire pour les convaincre de me suivre, j’ai déjà des argume

Journal d'une étudiante accueillie (Chapitre 26)

  Mercredi 9 octobre 2019.                   Pas de grasse matinée ce matin : Héloïse nous réveilla à neuf heures pour que nous puissions travailler un peu sur nos cours. J’étais grognon au possible en me réveillant, comme cela m’arrive rarement. En m’asseyant à table au petit déjeuner, je fus agacée par Anaïs, toujours pleine d’énergie et en forme le matin. Je déteste les gens du matin. Ou les gens. Ou le matin.                   Après m’être préparée et habillée pour la journée, je remontai dans ma chambre et me sentis toujours aussi grognon. Je ne savais pas encore pourquoi mais j’avais l’impression que cette journée allait être désagréable au possible. Personne n’avait intérêt à me voler dans les plumes : je m’étais levée du pied gauche !                 J’ouvris mes cahiers et commençai à travailler. Soudain, seulement quelques minutes après avoir commencé mes devoirs, j’entendis : -           Louise ! Anaïs ! Marie ! Descendez immédiatement ! Héloïse avait l’air f

Le tutorat de Little Princess - Partie 3 (Préambule)

  * 2 exclusions pour insolence (abusives, les exclusions. Je le précise quand même…) * excès de vitesse quotidiens * textos au volant * médicament pris occasionnellement * devoirs non faits * couvre-feu respecté mais plus par réelle fatigue que par volonté Voilà le palmarès. Depuis l’arrêt du tutorat avec Thomas puis avec Antoine, voilà le palmarès. Mon palmarès.                   Evidemment, Yves, mon nouveau tuteur n’est pas content. Mais pour le moment, je suis loin de sa main et je me fiche complètement qu’il soit content ou non : je fais ce que je veux quand je veux où je veux.                   Cependant, cela risque de me coûter cher. Selon le tableau mis en place, à l’heure actuelle j’en suis à exactement cinquante-cinq minutes de fessée et deux cent dix claques supplémentaires. J’attends de voir. Je sais qu'Yves ne peut pas tout punir : cela fait beaucoup trop de choses (vous allez me dire que c'était ce que je disais pour Thomas et au final il

Journal d'une étudiante accueillie (Chapitre 24).

  Je sais que beaucoup d'entre vous attendaient ce chapitre... Certains me le réclamaient même récemment alors qu'il était en cours d'écriture ! Le voici... C'est mon petit cadeau de Noël en avance... Régalez-vous ! Peace. L.P. Lundi 7 octobre 2019.      Ce matin, mes sœurs et moi pûmes nous reposer convenablement puisque nos professeurs étaient tous les deux absents. Nos parents partirent au travail sans nous réveiller, pensant sûrement que nous étions épuisées à la suite des émotions d’hier soir.                 En m’habillant, je pris le temps d’admirer mon popotin dans le miroir : plusieurs bleus s’étaient formés sur ma lune ronde, justifiant la difficulté que j’avais éprouvé à m’asseoir dans mon lit au réveil. Tom ne m’avait pas loupée ; mais alors, vraiment pas ! J’appris par mes sœurs que Dana n’avait guère été plus gentille avec elles : les deux instruments préférés de notre mère, à savoir le martinet et le tapetapis avaient été de sortie ; ils ont paraît-il f

Les aventures de Little Princess avec son nouveau tuteur (séance 1)

                   Depuis plus d’un an, j’avais un super tuteur (que nous appellerons Gabriel). Tout se passait bien entre Gabriel et moi, et un réel équilibre s’était créé entre lui et mon fiancé (que nous appellerons Hugo), qui se chargeaient ensemble de ma discipline.                 Et puis un jour, ça n’a plus été et nous avons dû cesser notre relation. Si Hugo et moi gardons notre forte amitié avec Gabriel, le tutorat prit fin. Retour à la case départ. Il fallait de nouveau trouver un tuteur.                 C’est pour cela que je postais une annonce ici même. Cette annonce était de ce type :   « À la suite d’un superbe tutorat d’un an, nous avons été contraints de nous séparer… Quel dommage… ! Mais mes études n’étant pas terminées (encore 3 ans !) j’ai toujours besoin d’un tuteur ! Je suis donc une jeune (enfin plus si jeune que ça, en fait !) étudiante de 28 ans, recherchant un tuteur / une tutrice : –          de minimum 30 ans (difficile d’accepter l’autorité de

Années 1950 : le guide de survie d'Alice (Chapitre 2)

  Dimanche 15 octobre 1950        Neuf heures : maman vient me réveiller. Le dimanche, nous allons à la messe qui débute à dix heures et demie. Du coup, maman nous lève relativement tôt pour pouvoir vérifier que tout le monde est bien apprêté pour le Seigneur.          A la messe, nous nous consacrons entièrement au Seigneur. Victor et Gus font partie des enfants de chœur qui servent la messe aux côtés du père Antoine (qui n’est autre que le grand frère de papa), ils se doivent d’être irréprochables !        L’église est le seul endroit où j’arrive à me tenir sage longtemps car j’aime beaucoup chanter. Cependant, je n’aime vraiment pas la sortie de messe. Mes parents et grands-parents ont toujours des tas de gens avec qui discuter et moi, ça m’ennuie beaucoup ! Victor et Nono proposèrent alors de nous ramener à la maison pour que les adultes puissent continuer à discuter tranquillement ; papa accepta.          Lorsque nous rentrâmes à la maison, nous effectuâmes les mêmes

Un joli fantôme du passé (Chapitre 19)

  -           Quoi ?! s’exclama Manon. Depuis quand tu as une petite copine ?! -           Cela fait plusieurs mois maintenant, répondit papa. Peut-être cinq ou six. Je voulais être sûr que cela fonctionne. Il est maintenant temps de vous la présenter. -           Cinq ou six mois, et tu ne nous en parles que maintenant ?! s’offusqua mon frère. -           Je vous signale qu’avant d’être votre père, je suis un homme qui a le droit à sa vie privée ! milita papa. -           Non ! protesta Manon. Non et non ! C’est ton tout premier job d’être notre père ! Tu nous as toujours dit que tes enfants passaient avant tout ! -           C’est le cas, se défendit papa. Cela ne veut pas dire que je dois tout vous dire ! -           Bien sûr que si ! insista Romain. -           Ah oui ?! rétorqua papa. Et vous me dîtes tout, vous ?! Un silence suivit. Mon frère finit par le briser : -           Ce n’est pas pareil ! Il y a des trucs qu’on ne te dit pas pour te protéger ! -