Jeudi 24 octobre 2019.
Je me levai de bonne humeur ce
matin. Mon derrière ne me faisait presque plus mal et je n’avais aucune
angoisse en moi : j’étais parfaitement sereine et détendue.
Le premier cours de la journée, avec
Monsieur Mickaël, fut, comme les précédents, un réel bonheur. Nous avions
réellement besoin d’un professeur de ce genre dans cette école du malheur.
L’exercice
de ce matin consistait à nous envoyer un gros ballon rouge alors que nous
étions toutes assises par terre. A chaque fois que nous recevions le ballon,
nous devions dire le nom d’un écrivain célèbre ainsi que l’une de ses œuvres.
Celle qui ne pouvait pas répondre avait perdu et était éliminée. Monsieur
Mickaël avait recommencé notre programme de littérature à zéro et était
persuadé que nous n’allions prendre aucun retard.
Nous terminions le jeu lorsque l’on
toqua à la porte ; Monsieur Mickaël alla ouvrir et nous vîmes apparaître
le Directeur-Adjoint dans l’encadrement.
-
Désolé de
déranger ton cours, Micka, dit-il. Je viens chercher une de tes élèves et ça ne
peut pas attendre.
-
D’accord, pas de
souci.
-
Clémence, dit
Monsieur Lionel. Suivez-moi s’il vous plaît.
Je
me décomposai. Je n’avais pourtant rien à me reprocher !
-
M…mais… Je n’ai
rien fait ! dis-je, la voix tremblante, prête à pleurer.
Monsieur
Lionel entra dans la classe, pénétra dans notre cercle de jeu et se posta en
face de moi. Il s’accroupit et me rassura :
-
Je sais, ma
grande. Je sais. Vous ne craignez rien. J’ai juste besoin que vous veniez avec
moi. C’est d’accord ?
-
C’est d’accord,
répétai-je en me levant.
Avant
de sortir de la pièce, je lançai un regard à mon prof qui me rassura à son
tour :
-
Ne t’en fais pas,
tu ne prendras pas de retard. De toute façon, le cours est bientôt terminé.
-
D’accord, merci
Monsieur.
Monsieur Lionel m’emmena jusque dans son bureau :
Monsieur Éric était présent ainsi que Monsieur Mathieu. Cela me rappela de
terribles et récents souvenirs que je préfèrerais oublier. Je me mis à trembler
et une larme coula sur ma joue. Les trois membres de la Direction devaient se
dire que je n’étais plus du tout la même Clémence ; et je pense que
c’était le cas.
Le
Directeur s’avança vers moi en voyant que je me mettais à pleurer et me serra
contre lui. Il me dit :
-
Calme-toi,
Clémence. Nous savons que tu n’as rien fait, d’accord ? Nous avons
seulement des questions à te poser par rapport à une de tes camarades. Est-ce
que tu es d’accord pour y répondre ?
J’hochai
la tête et allai m’asseoir. Je vis les trois messieurs s’échanger des regards inquiets
entre eux.
-
Clémence,
commença mon aimé. Mathilde est-elle bien ta meilleure amie ?
-
Oui Monsieur,
répondis-je.
-
Vous êtes vous
disputées récemment ?
-
Oui Monsieur,
répétai-je. Elle avait raconté à tout le monde que je passais en conseil de
discipline et je lui en ai voulu pour cela… Monsieur.
-
Combien de temps
êtes-vous restées brouillées ? demanda Monsieur le Directeur-Adjoint.
-
Je ne sais plus,
Monsieur… Quelques jours, peut-être une semaine, Monsieur. Pourquoi me
posez-vous cette question, Monsieur ?
-
Parce que deux
élèves se sont plaintes d’avoir été harcelées par Mathilde, répondit Monsieur
Eric.
-
Qui ça ?!
m’étonnai-je avant de me reprendre. Euh… qui ça, Monsieur ?
-
Lou et Naomy,
avoua Monsieur Mathieu.
-
Cela fait bien
longtemps que nous ne traînons plus avec elles, Monsieur. Nous ne leur
adressons plus la parole, Monsieur. Cela m’étonnerait beaucoup que Mathilde ait
pu faire ce que vous dîtes, Monsieur.
En
me forçant à dire « Monsieur » à chaque fois pour éviter les ennuis,
j’avais l’impression d’être un elfe de maison dans Harry Potter.
-
Très bien
Clémence, dit Monsieur Eric. Nous te remercions. Serais-tu d’accord pour que
nous te rappelions si nous avons d’autres questions.
-
Oui, Monsieur.
Merci, Monsieur.
Pour
avoir répondu honnêtement à leurs questions, je gagnai une étoile. Je disposai
au moment où la sonnerie retentissait, signalant l’intercours. En me rendant à
mon cours de piano, je me demandais bien pourquoi Lou et Naomy avaient déposé
une telle plainte. Mathilde ne m’avait jamais parlé de quoique ce soit
vis-à-vis d’elles depuis que nous avions rompu le contact. C’était vraiment
étrange, cette histoire…
Monsieur Alexandre fut très fier de
mon travail aujourd’hui et me récompensa de deux étoiles. J’avais gagné pas
moins de trois étoiles en une après-midi ! J’étais on ne peut plus
heureuse.
Le repas du midi fut l’occasion de
demander des comptes à Mathilde. A cause d’elle, j’avais eu une sacrée frousse
en me retrouvant dans le bureau de Monsieur Interminable !
-
Je te jure que je
ne sais pas de quoi il s’agit ! se défendit-elle.
-
Tu me le
promets ?! insistai-je.
-
Bien sûr que je
te le promets ! Je ne te mentirais pas, Clémence, enfin !
-
D’accord,
conclus-je.
Je
restais convaincue néanmoins qu’il y avait anguille sous roche.
-
Je vais ramasser
les punitions que vous aviez à faire pendant les vacances, dit Monsieur Thomas
après que nous nous soyons installées en classe.
Oh.
J’avais oublié. J’avais totalement oublié que j’avais sous-traité. Le stress
monta d’un coup, surtout après que le prof ait écrit la phrase : « Estoy
en clase de español » au tableau et qu’il nous ait demandé de l’écrire sur
une feuille de brouillon pour comparer notre écriture à celle de la punition.
Seule la moitié de la classe avait
fait correctement la punition donnée avant les vacances. L’autre moitié – dont
je faisais évidemment partie – avait sous-traité, ou utilisé un logiciel, ou
carrément oublié de la faire. Monsieur Thomas nous avait toutes listées pour
être sûr de n’oublier personne. Tout en regardant sa liste, il déclara :
-
Celles que je
vais appeler à présent vont se lever et aller se mettre debout face au mur avec
les mains derrière le dos.
Je
crus que mon cœur s’arrêtait de battre. J’entendis Monsieur Thomas
appeler :
-
Mesdemoiselles
Lucille, Noémie, Eva, Mathilde, Clémence, Emilie, Astrid, Florentine, Charline,
Hélène, Emma et Capucine.
En
allant me placer pour obéir à mon prof d’espagnol, je me demandais bien ce qui
allait se passer.
S’adressant
à celles qui n’avaient pas été appelées, Monsieur Thomas dit :
-
Grâce à vos
petites camarades, le cours d’aujourd’hui est reporté, mesdemoiselles. Il sera
rattrapé samedi matin !
Quelques
protestations s’entendirent.
-
Vous vous
plaindrez auprès de vos camarades récalcitrantes lorsque vous les retrouverez
au cours suivant, dit Monsieur Thomas. Vous avez anglais, c’est ça ?
-
Oui Monsieur,
répondit Léa.
-
Je suis persuadé
que Madame Kelly n’aura aucun problème dans son cours, dit-il.
Après
que toutes les jeunes filles innocentes soient sorties de la pièce, Monsieur
Thomas referma la porte derrière elles et s’approcha de nous.
-
Pourquoi vous
ai-je donné une punition avant les vacances ?!
Eva
leva la main et fut interrogée.
-
Parce que nous
n’avions pas appris notre cours et que nos notes n’étaient pas bonnes.
-
Exactamente !
dit Monsieur Thomas. Vous ne vous êtes pas bien comportées et je vous ai
punies ! Seulement, vous n’avez pas fait votre punition ! Que dois-je
faire selon vous ?!
Cette
fois-ci, personne ne leva la main.
-
Alors ?!
Aucune réponse ?!
-
…
-
Je vais passer à
une punition plus sévère, mesdemoiselles ! Une punition à laquelle vous ne
pourrez pas vous dérober ! Vous allez donc toutes avoir droit à une fessée
à la règle ! La première que j’entends me fera appeler le Surveillant
Général ! Esta claro ?!
Nous
ne répondîmes pas.
Comme beaucoup d’autres bourreaux
officiants dans ce Pensionnat, Monsieur Thomas nous fit passer par ordre
alphabétique. Astrid fut donc la première à recevoir vingt (!!!) coups de règle
en bois sur ses fesses nues. Puis ce fût au tour de Capucine, puis Charline,
puis moi.
Alors que je m’allongeais sur le
bureau de mon professeur, je pleurais déjà. L’enseignant releva ma jupe et baissa
ma culotte. J’avais pourtant fait ça des dizaines de fois depuis mon arrivée
ici mais cela ne rendait pas la tâche plus facile pour autant. Cette règle en
bois était énorme, mesurant quarante centimètres de largeur, cent vingt de
longueur et huit millimètres d’épaisseur. Je savais que j’allais vraiment la sentir
passer ; et vu les réactions des trois camarades m’ayant précédée, je ne
donnais pas cher de ma peau.
Le premier coup s’abattit et je
sentis que cette punition allait être interminable. Cette règle me procurait
exactement la même douleur que le paddle en bois reçu deux jours plus tôt. J’avais
envie de supplier mon prof d’arrêter mais il avait dit qu’il ne voulait rien
entendre… Je serrais les dents, mes larmes ruisselants sur mes joues, mais je
ne disais rien. Je ne voulais pas que Monsieur Mathieu débarque dans la classe.
J’appréhendais déjà bien assez la réaction du Directeur ce soir quand il
verrait que ma feuille de suivi n’était pas vierge…
Les vingt coups appliqués, j’essuyai
mes larmes et rejoignis mes camarades contre le mur, en attendant le passage
d’Emma, puis d’Emilie, puis d’Eva, de Florentine, d’Hélène, de
Lucille, de Mathilde et enfin de Noémie.
Une
fois que nous fûmes toutes corrigées, Monsieur Thomas nous annonça que nous
devrions faire la punition pour jeudi et que si elle n’était pas faite
correctement, nous serions envoyées dans le bureau du Directeur. Rien que cette
idée me fit trembler à nouveau.
Le cours d’anglais nous changea
heureusement les idées, même si la perspective de me retrouver face à Monsieur
Éric ce soir me terrifiait.
Monsieur Eric n’attendit pas le
soir. A la sortie de notre cours d’anglais, il convoqua toutes celles qui
avaient été punies en espagnol dans son bureau. Tremblantes comme des feuilles,
nous nous y rendîmes avec la boule au ventre.
Un savon et une déculottée manuelle
bien corsée : voilà ce que nous récoltâmes chacune dans le bureau du
Dirlo. J’eus même droit à une double dose puisque ma feuille de suivi n’était
pas impeccable aujourd’hui.
Cette journée m’avait vraiment remise d’équerre et
confortée dans mon idée de ne plus faire de bêtises. Le pire, c’est qu’en
l’espace d’une journée, j’avais gagné trois étoiles et déjà reperdu deux.
A
suivre…
Que devient Clémence ? Est-elle devenue sage ? A-t-elle eu le fin mot de l'histoire en ce qui concerne Mathilde ?
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