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Journal d'une étudiante accueillie. - Chapitres 55 & 56.

 



Vendredi 15 novembre 2019


En arrivant à la fac ce matin, Louise et moi tombâmes sur Anaïs ; nous en profitâmes (ou plutôt, j’en profitai) pour lui raconter l’horriiible journée passée en compagnie des Dubois.

-          Oh, c’est juste à cause d’elles ! soupira Anaïs. Quand vous m’avez dit que ça n’allait pas, j’ai cru que c’était à cause des bulletins !

-          Non, nous avons plutôt eu des bonnes notes, ce semestre ! dis-je. Normalement, ça devrait être bon !

-          Ouais, vous pouvez dire merci à votre superbe ancienne-sœur pour vous avoir sorties de la galère ! fanfaronna Anaïs.

-          Attends… Pourquoi tu dis ça ? interrogea Louise, bien que je fusse tout aussi intéressée par la réponse.

-          Parce que c’est grâce à moi que vous avez eu des superbes notes ! continua-t-elle. Je sors avec le technicien informatique depuis un mois ! Toutes vos notes sont trafiquées !

-          Attends, tu sors avec lui depuis que je t’ai emmenée le voir pour trafiquer les dossiers la toute première fois ?! m’emportai-je.

-          Nan, celui-là s’était fait virer après le coup de fil de Tom et Dana, expliqua Anaïs. Celui qui l’a remplacé, en revanche, est trop canon ! Lui et moi, ça a été le coup de foudre, direct !

-          ET ÇA T’AURAIT TROUE LE CUL DE NOUS LE DIRE ?! criai-je.

-          Eh ! Tu m’cries pas d’ssus, ok ?! se défendit-elle.

-          Tu t’es permise de trafiquer nos dossiers, et tu voudrais qu’elle arrête de crier ?! s’énerva Louise.

-          Mais… vous avez dit que vous aviez des parents hyper sévères, je voulais juste vous aider un peu… expliqua Anaïs, penaude.

-          SANS NOUS EN PARLER ?! hurlai-je. MAIS T’ES PAS BIEN OU QUOI ?! QU’EST-CE QUI NE TOURNE PAS ROND DANS TA TÊTE DE DEBILE MENTALE ?!

-          Tu ne t’es pas dit un seul instant que si nos parents le découvraient, on était beaucoup plus mortes qu’à cause des mauvaises notes ?!

-          Ben euh…

-          EN PLUS, ILS NE NOUS CROIRONT JAMAIS !

-          Du calme, j’vais aller leur expliquer, moi, à vos parents…

-          J’TE JURE QUE T’AS INTERÊT A LE FAIRE, SINON JE VIENDRAI TE HANTER POUR LE RESTANT DE TES JOURS QUAND JE SERAI MORTE !

-          Arrête de hurler, Marie, tout le monde vous regarde, dit Marion après nous avoir rejoint.

-          PARCE QUE TU CROIS QUE J’EN AI QUELQUE CHOSE A FAIRE ?! A CAUSE DE CETTE CONNASSE, MES PARENTS VONT ME BUTER !!

-          Je pensais vraiment bien faire, dit Anaïs, les larmes aux yeux. Et ils ne sont pas encore au courant…

-          Les profs ne sont pas cons, Anaïs ! gronda Louise. Ils vont vite s’apercevoir du décalage entre les copies et les notes affichées sur l’écran !

-          Ça fait plusieurs semaines qu’on ne nous rend même plus les copies ! se défendit Anaïs. Elles sont directement archivées, on a juste un compte-rendu sur nos lacunes !

-          Les profs vont quand même comparer ! protesta Louise. Nos parents vont être appelés ! Ça va être la fin pour nous !

-          Tu t’en fous toi, t’es major de promo ! aboyai-je. Mais tu penses à MOI ?!

-          Mes notes ont été trafiquées tout autant que toi ! N’est-ce pas Anaïs ?!

Notre ancienne sœur hocha faiblement la tête d’un air coupable.

-          Tu m’as mis des 19/20 et des 20/20 au lieu des 16/20 et des 17/20, c’est ça ?!

Anaïs réitéra son hochement de tête.

-          On est dans la merde, déclarai-je après avoir passé ma main dans mes cheveux bouclés. On est vraiment dans la merde.

 

Je passai la journée avec la boule au ventre. J’imaginai bien Louise dans le même état que moi.

 

15h, notre dernier cours – histoire – s’apprêtait à débuter. Nous entrâmes dans l’amphithéâtre, nous assîmes et sortîmes nos affaires. Alors que je démarrais mon notebook, monsieur Montaire fit une annonce :

-          J’ai un message à vous faire passer au nom du corps professoral. Mes collègues et moi-même avons remarqué, à la rédaction des livrets de notes mensuels, que certains et certaines d’entre vous avaient falsifié leurs notes en piratant le logiciel. Vous êtes une vingtaine à être concernés. Nous souhaitons vous informer que tous les parents des élèves concernés ont été convoqués ou le seront dans le week-end. Il reviendra aux parents des élèves fautifs de décider d’une sanction. Bien, nous allons maintenant reprendre notre chapitre sur les Wisigoths…

-          Tu as mis une vingtaine de personnes dans le coup ?! gronda discrètement Louise.

-          J’me suis fait un tas de blé ! justifia Anaïs. Mes parents à moi s’en foutent, de toute façon ! J’peux faire toutes les conneries que je veux !

-          Ma mère s’était renseignée pour que tu changes de famille d’accueil, dis-je.

-          Ça ne s’est pas fait, rétorqua sèchement Anaïs.

Je crus déceler une pointe de tristesse dans sa voix. J’espérais secrètement mais sincèrement que mes parents la recadrent une bonne fois pour toutes lorsqu’elle leur expliquera ce qu’elle nous a fait.


            En sortant du bâtiment, Louise et moi eûmes la désagréable surprise de tomber sur nos parents. Nous nous figeâmes. Scarlett nous fit signe d’avancer avec son index. Accompagnées d’Anaïs nous avançâmes vers eux tout en veillant à rester à bonne distance de leurs mains afin qu’elles ne puissent pas atteindre n’importe quelle partie de nos corps.

-          Papa ? Maman ? dis-je fébrilement. Que faîtes-vous là ? Papa, tu es censé être à Paris pour le travail, aujourd’hui !

-          J’ai dû revenir en urgence après un appel de la fac ! répondit Michael. Nous sortons du bureau de votre directeur de licence ! Nous avons appris des choses vraiment intéressantes !

Je poussai Anaïs dans le dos. Les yeux rivés vers le sol, elle commença :

-          Monsieur Webber, madame Webber, j’ai quelque chose à vous dire…

 

Les bras croisés, Michael et Scarlett écoutèrent l’intégralité du récit d’Anaïs sans ciller. Lorsqu’elle eut terminé, ils lui demandèrent :

-          J’imagine que tes parents sont au courant !

-          Mes parents s’en fichent totalement, répondit Anaïs qui fixait toujours le sol. Marie vous en avait déjà parlé lorsqu’elle était avec moi en vacances chez Tom et Dana…

-          J’avais demandé que mes amis te prennent en charge, dit Scarlett. Je me souviens maintenant. Ça n’a pas pu se faire…

-          Tu ne peux pas rester en roues libres comme ça, Anaïs ! s’emporta Michael. Tu ne peux pas faire toutes les bêtises du monde en toute impunité !

Mes parents se regardèrent durant quelques secondes sans échanger un mot, puis ma mère annonça :

-          Je vais appeler ta famille d’accueil, ainsi que le gestionnaire. A partir de dimanche soir, tu viens chez nous. Nous devons parler en famille – et avec le gestionnaire – sur le caractère permanent ou temporaire de ta présence chez nous, mais à partir de dimanche soir, tu dors à la maison. A ta place, je redouterais vraiment d’être dimanche soir car nous n’allons clairement pas laisser passer ce que tu as fait. Nous t’attendons donc dimanche, à 18h30, chez nous. File.

Anaïs ne se le fit pas dire deux fois.

-          Quant à vous deux, on parlera également dimanche soir de vos bulletins. En attendant, pouvez-vous venir à la maison une heure plus tôt ? A 17h30 au lieu de 18h30 ? Afin que nous puissions parler d’Anaïs…

Louise et moi acquiesçâmes.

-          Ok, dit Michael. Bon week-end les filles. Passez le bonjour de notre part à vos familles.

Mes parents nous serrèrent tour à tour dans leurs bras puis prirent le chemin de la maison, main dans la main. Quant à moi, je fis un énorme bisou à Louise et courus dans les bras de Mathieu qui m’attendait, assis sur un banc.

-          Ils te voulaient quoi, tes parents ? me demanda-t-il lorsque j’arrivai à sa hauteur.

-          Embrasse-moi, allons dans la voiture, et je te raconterai tout.

 

 

Dimanche 17 novembre 2019.


            Ce week-end était idyllique : Puisque c’était l'anniversaire (vingt ans !) de mon chéri, nous avons fait une grosse fête dans la salle municipale hier soir. Puisque nous nous sommes couchés tard, cela ne faisait qu’une heure et demie que nous étions éveillés Mathieu et moi lorsqu’il me déposa devant la maison des Webber.

-          Tu crois qu’ils accepteraient de te donner une heure en plus le week-end prochain ? demanda mon amoureux.

-          Il suffit de leur demander, je ne pense pas qu’ils soient contre, dis-je.

-          Tu me tiendras au courant, alors ! dit Mathieu avant de m’embrasser. Aller, il est temps que tu ailles te faire tuer pour ton bulletin, et que je retourne au trou.

-          Ah oui ! m’exclamai-je. C’est vrai que tu es au trou en ce moment !

-          Oui, il me reste encore une semaine à tirer…

-          Oh, mon pauvre loulou…

-          J’préfère quand même ça à ta situation ! C’est vraiment trop la honte de prendre des fessées déculottées comme une gamine de cinq ans…

-          Peut-être, mais ce n’est qu’un mauvais moment à passer ! me défendis-je. Tu ne restes pas enfermé dans une pièce sombre avec un lit de paille et un sceau…

-          Oui enfin, vu l’état de tes fesses certains week-ends…

-          Oui mais j’peux circuler comme je veux dans la maison, faire ce que je veux comme je veux. Je ne m’ennuie jamais !

-          T’as quand même des règles hyper contraignantes !

-          Pas plus qu’à l’armée ! protestai-je.

-          C’est vrai.

-          Et puis je préfère prendre une fessée plutôt que d’être obligée de faire mes besoins dans un sceau pendant deux semaines.

-          T’as raison, admit Mathieu. Mais tu sais pourquoi je continue d’aller à la caserne ?

-          Parce que tu n’as pas le choix ?

-          Si, j’ai le choix ! Je pourrais aller à la fac !

Nous éclatâmes de rire en chœur. Mathieu a toujours détesté l’école.

-          Il est 17h32, ma puce, me dit mon petit ami. N’aggrave pas ton cas.

-          Ok, j’y vais. Je t’aime.

-          Je t’aime.

Après un dernier baiser, je sortis de la voiture, fermai la portière et entrai chez moi.

 

-          C’est moi ! annonçai-je avant de refermer la porte d’entrée derrière moi.

-          Nous sommes dans la salle à manger, ma chérie ! me répondit mon père.

J’enlevai mes chaussures, mis mes chaussons, accrochai mon manteau au porte-manteau et rejoignis ma famille dans la pièce à vivre. Je me lavai les mains dans la cuisine ouverte et les embrassai tour à tour, puis saluai un vieil homme dégarni en costume-cravate, qui portait aux pieds des chaussons de prêt à fourrure bleue.

-          Assieds-toi ma chérie, nous t’attendions pour commencer, me dit ma mère. Ton week-end s’est bien passé ?

-          Oui, très bien, répondis-je.

-          Parfait, tu nous raconteras ça pendant le dîner, poursuivit Scarlett.

-          Daryl n’est pas là ? interrogeai-je, surprise.

-          Sa tante de Lyon est malade, il est parti s’en occuper quelques jours, me répondit ma mère. Je te présente monsieur Duchemin, il fait partie des personnes qui attribuent les familles d’accueil aux étudiants du département.

-          Bonjour, dis-je en lui serrant la main depuis ma place.

-          Bonjour Marie, répondit-il. C’est un honneur de te connaître. Tom et Dana n’ont dit que du bien de toi, ainsi que Michael et Scarlett.

-          Pourquoi ? interrogeai-je. Y’a un questionnaire de satisfaction d’enfants ?

-          Nous effectuons un suivi des familles d’accueil afin de savoir si elles se plaisent dans leur rôle, si elles ont des questions, si elles ont besoin de parler…

-          Ah d’accord, dis-je. Et, c’est bon ? Mes parents vont bien ?

-          Tes parents vont très bien, ma grande, me répondit monsieur Duchemin avec un sourire plutôt laid. Ils sont parfaitement heureux dans leur rôle de parents.

Je souris poliment.

-          Bien, dit Michael, nous voulions que vous reveniez une heure plus tôt pour vous parler d’Anaïs, les filles. Vous la connaissez bien, vous avez vécu avec elle de nombreuses semaines… Comment vous la trouvez, en ce moment ?

-          On la trouve facilement, répondis-je pour blaguer. A la fac, tous les matins.

-          Marie ! me reprit Scarlett pendant que mon père se retenait de rire. Tu as très bien compris la question ! Ce n’est pas le moment de rire !

-          Elle fait bêtise sur bêtise en espérant que ses parents la remarquent, expliqua Louise. Mais ils ne font rien. Ils ne la cadrent pas, ils s’en contrefichent d’elle. Ce n’est pas une bonne famille pour elle ! Elle a de très mauvaises notes et elle sèche beaucoup les cours. Elle et sa sœur n’ont absolument aucun cadre et elle va sûrement rater ses études.

La réplique de Louise jeta un froid. Je le brisai en demandant au monsieur dégarni :

-          Qui s’occupe de sélectionner les familles d’accueil ?

-          Ce sont mes collègues du bureau d’à côté.

-          Eh bien, ils ont merdé ! dis-je.

-          Marie ! gronda Michael. Pas de gros mots !

-          Ben c’est vrai, quoi !

-          Tu peux le dire autrement ! continua mon père.

-          Il est vrai qu’il y a eu un dysfonctionnement dans la sélection des parents d’Anaïs, admit Duchemin.

-          Est-ce que vous verriez un inconvénient à ce qu’on prenne définitivement Anaïs à la maison ? demanda Scarlett en ayant l’air de marcher sur des œufs. Si vous n’êtes pas d’accord, nous ne la prendrons que temporairement, jusqu’à ce qu’on lui trouve une nouvelle famille.

-          Vous nous avez promis qu’on resterait tous les quatre, dis-je avant que Berlioz saute sur mes genoux et se mette à ronronner.

-          Oui, c’est vrai, répondit Scarlett. Et cela nous coûterait en termes de temps et d’organisation de prendre un nouvel enfant. Cependant, nous sommes prêts à le faire puisqu’Anaïs était votre sœur chez Tom et Dana. Vous avez l’habitude de fonctionner ensemble. De plus, nous ne voulons pas la laisser à la dérive.

-          Si vous me promettez que vous n’allez recueillir qu’elle et que vous ne récupèrerez pas tous les étudiants errants de la ville…

-          Nous allons faire plus que te le promettre, ma princesse, dit Michael. Nous allons te le jurer sur tout ce que tu veux. Anaïs sera la dernière. Nous acceptons de la prendre pour elle et pour vous, mais ensuite nous verrouillerons de nouveau notre famille pour ne plus accueillir personne. C’est aussi pour cela que monsieur Duchemin est là : il a le contrat de verrouillage dans sa sacoche. Votre mère et moi sommes prêts à le signer dès maintenant.

Louise et moi nous regardâmes. Je lui dis :

-          C’est pas top les chiffres impairs. Y’en a toujours un qui est délaissé. Et toi et moi sommes déjà fusionnelles, j’ai peur qu’Anaïs…

-          On peut s’éclipser quelques instants ? demanda Louise.

La permission des adultes obtenue, Louise et moi nous isolâmes dans le sellier. Après dix bonnes minutes de discussion, nous réapparûmes à table. Louise prit la parole :

-          Pour le bien d’Anaïs, nous acceptons qu’elle intègre notre famille. Néanmoins, nous avons des conditions.

-          Nous vous écoutons, dit Michael.

-          Premièrement, Anaïs prendra ma chambre, dit Louise. Marie et moi partagerons sa chambre car nous voulons dormir dans la même pièce. La chambre de Marie est bien plus grande que la mienne.

-          Accordé, dit Scarlett après avoir échangé un regard profond avec Michael. Mais ne vous plaignez pas d’avoir été punies après avoir discuté jusqu’à pas d’heure !

-          Nous respecterons les règles, dit Louise – j’en étais beaucoup moins sûre qu’elle. Deuxièmement, on garde nos après-midis juste avec vous. Nous sommes d’accords pour les partager avec Anaïs et faire une semaine sur trois.

-          Accordé, continua Michael après un nouvel échange de regard avec sa femme.

-          Dernièrement, on ne veut pas que cela change quoique ce soit à l’amour que vous nous portez, termina Louise.

-          Mais ça ne va pas la tête ? s’étonna Scarlett. Notre cœur va s’agrandir mais vous garderez toujours la même place, voyons !

-          Alors c’est d’accord, dîmes Louise et moi en chœur.

Monsieur Duchemin sortit un paquet de quatre feuilles de sa sacoche et le posa sur la table devant lui. Puis, il déclara tout en écrivant :

-          Je note donc que vous êtes désormais les tuteurs légaux de Marie Webber, née le 30/12/00, de Louise Webber, née le 17/01/00 et d’Anaïs Webber, née le 11/10/01. Je coche la case dans laquelle il est stipulé que votre famille n’acceptera plus d’enfant et ce, jusqu’au départ de vos trois filles du domicile familial. Ce contrat pourra être modifié à votre demande. Veuillez parapher chaque feuille puis signer ici, et ici.

Mes parents s’exécutèrent, puis monsieur Duchemin leur serra la main et leur présenta ses félicitations.

-          Bien, je n’ai donc plus rien à faire ici. Bonne soirée à vous.

Duchemin sortit de la maison et nous nous retrouvâmes tous les quatre. Je demandai à alors à mes parents :

-          Les parents actuels d’Anaïs sont d’accords avec l’idée de la perdre ?

-          Malheureusement, dit Scarlett après avoir soupiré, monsieur Duchemin a découvert qu’ils étaient famille d’accueil uniquement pour les revenus que cela engendrait. Ils ont donc été radiés.

-          Mais où va aller Pauline – la sœur d’Anaïs ? demanda Louise.

-          Elle rejoint la famille Brignou, répondit mon père.

-          Ils acceptent de prendre un cinquième enfant ?! m’étonnai-je. Elle va devoir vouvouyer ses parents ! Et elle va pouvoir assister à une fête tous les mercredis !

-          Ah ! dit ma mère. Elle n’aura donc pas besoin de sortir en douce, elle ! Elle sera déjà sur place !

Louise et moi baissâmes les yeux au sol.

-          Aller, montons déménager et aménager vos chambres. On va remonter l’ancien lit de Victoire pour Anaïs.

 

Nous nous y mîmes à quatre – bien que je n’étais pas d’une très grande aide avec mon plâtre – et trois quarts d’heure plus tard, lorsqu’Anaïs sonna à la porte, Louise avait aménagé quatre-vingts pourcents de ses affaires dans ma chambre.

Alors que Scarlett se précipitait au rez-de-chaussée pour aller ouvrir à sa nouvelle fille, j’en profitai pour demander à Michael s’ils n’étaient pas trop en colère pour les bulletins.

-          Nous en parlerons après le repas, m’avait-il répondu.

Une boule se forma dans mon ventre.

 

-          Et donc là, c’est le sellier, dit Scarlett en terminant de faire visiter la maison à Anaïs. Les règles de la maison sont inscrites derrière la porte, si tu veux y jeter un coup d’œil.

Notre ancienne-nouvelle sœur avait légèrement blêmi en sortant du sellier après lecture de ces nouvelles règles. Elle osa tout de même demander :

-          Il n’y a pas de planning pour les tâches ménagères ? Il y en avait un dans mon ancienne famille même si on ne le respectait jamais.

-          Nous vous demandons de temps en temps de nous aider à mettre ou débarrasser la table, répondit Scarlett. Et nous exigeons que vous mettiez votre linge sale dans le panier prévu à cet effet. Sinon, nous préférons que vous vous concentriez uniquement sur vos études.

-          D’accord, répondit Anaïs.

-          Es-tu au courant de ton transfert définitif chez nous ? demanda Michael.

-          Oui, répondit Anaïs. Y’a un monsieur qui m’a appelé quand j’étais dans la voiture avec mon père biologique pour venir ici.

-          Bien, tu t’installes donc ici définitivement, reprit mon père. Tu sais déjà très bien que les choses vont changer par rapport à ton ancienne famille. Tu vas sûrement avoir beaucoup de mal à t’y habituer mais nous serons là si tu as besoin de réconfort. En revanche, tu sais déjà aussi que tu vas passer une soirée très désagréable puisque nous t’avons prévenue vendredi. Tes récents agissements sont loin d’être tolérables. Cela, combiné à ton bulletin catastrophique, nous avons largement de quoi nous mettre en colère.

Anaïs baissa la tête. Elle qui était si contente de nous retrouver et qui nous avait sauté au cou à son arrivée, commençait sûrement à regretter d’être là. Ou du moins, à regretter de s’être tant défoulée niveau bêtises ces deux dernières semaines.

-          Nous en parlerons après le dîner, dit Scarlett. Pour l’instant, apprenons à faire connaissance autour d’un petit apéritif ! Nous avons appelé Tom et Dana pour qu’ils nous parlent un peu de toi mais c’est tellement mieux de s’informer directement à la source !

Maman sourit à Anaïs, qui le lui rendit.

Alors que mes parents s’éloignaient dans la cuisine pour préparer l’apéro, Anaïs nous chuchota à Louise et moi :

-          Vous avez vu comme je suis grosse ? Scarlett est une brindille, à côté de moi ! Elle ne pourra jamais me maîtriser pour m’en coller une !

Il est vrai qu’Anaïs est beaucoup plus ronde que moi.

-          Détrompe-toi, lui dis-je néanmoins. Elle maîtriserait n’importe qui, toi la première. Tu risques d’être surprise ! Et lorsque tu es sur ses genoux, ou sur ceux de mon père, tu ne peux plus du tout en bouger s’ils ne l’ont pas décidé. Crois-moi Anou, fais le maximum pour te tenir à carreaux. Déjà ce soir quand tu te coucheras, tu ne pourras pas tenir allongée sur le dos…

-          Oui, tu m’en avais déjà parlé…

-          Cependant, ici tu seras aimée comme jamais, dit Louise. Michael et Scarlett nous aiment énormément.

-          On s’installe au salon ? demanda Michael, tenant un bol de gâteaux apéro dans chaque main.

 

Michael et Scarlett posèrent beaucoup de questions à Anaïs pour apprendre à la connaître : ses goûts, ses passions, ses envies, ses rêves… Moi, j’étais plutôt contente qu’Anaïs entre dans la famille. Je n’aurais plus le rôle de l’enfant dissipée, opposée à Louise-l’enfant-sage. Anaïs est aussi désobéissante que moi, ce qui me fera un peu de soutien. Je pensai néanmoins que ses nouveaux parents l’avaient déjà bien cernée et qu’elle n’aurait pas beaucoup de marge de manœuvre.


        En aidant à mettre la table, je me cognai contre le bar dans un moment d’inattention. Heureusement,. Mon plâtre accusa la plupart du choc, ce qui ne fit résonner que partiellement ma douleur au poignet. Cela suffit néanmoins à me faire pousser un juron de douleur et à lâcher les cinq assiettes qui s’éclatèrent au sol. Mes parents, affolés, accoururent immédiatement  vers moi en me demandant si ça allait. Je tentai de les rassurer au maximum : j’en avais tellement assez d’avoir un plâtre que je rêvais de l’enlever le plus rapidement possible. Je ne voulais pas que mes parents racontent au médecin que j’avais toujours des douleurs aiguës, même si dans ce cas précis, la douleur était légitime puisque je m’étais cognée.

-          Anaïs, tu peux ramasser les assiettes cassées, s’il te plaît ? demanda Michael pendant qu’il examinait mon plâtre à la recherche d’une fissure ou d’un défaut qui aurait pu le fragiliser.

-          Non, répondit Ana. Ce n’est pas moi qui les ai fait tomber, je ne vois pas pourquoi je devrais les ramasser !

Michael se figea et se tourna vers elle. Il lui expliqua ensuite fermement :

-          Dans cette famille, on se fiche de qui a fait quoi. On s’aide les uns les autres. Tu fais désormais partie de cette famille et je te demande de rendre service à ta sœur en ramassant les assiettes cassées.

Anaïs soupira d’agacement puis demanda où était le balai.

-          Dans le sellier, répondit Scarlett. Et la prochaine fois que tu soupires de la sorte, ma main atterrira très violemment sur ton derrière !

-          Mais c’est bon, là ! répondit ma sœur en jetant sa main en l’air. J’ai rien fait !

Papa n’attendit pas deux secondes pour réagir : à peine Louise et moi eûmes échangé un regard compatissant pour Anaïs, Michael attrapa cette dernière par le bras et lui décolla trois claques déséquilibrantes dont lui seul a le secret.

-          Ne t’avise plus de nous répondre sur ce ton, Anaïs ! Tu vas déjà passer une bien sale soirée, n’aggrave pas ton cas ! Va chercher le balai, maintenant, et fais ce que je t’ai demandé !

Anaïs fondit en larmes. Je pense qu’elle ne s’attendait pas à des claques de ce calibre. Je me revis trois semaines en arrière, à mon arrivée dans cette famille : moi aussi, j’avais été étonnée et terrifiée par l’ampleur des claques données par mes parents.

Elle partit en direction du sellier en se frottant le derrière, tandis que notre père continuait de la gronder :

-          Ce n’est pas parce que tout t’était permis dans ton ancienne famille que ça va être la même chose ici ! Tu vas apprendre à filer droit ! Je te le garantis ! S’il y a bien quelque chose que je ne supporte pas, ce sont les enfants qui répondent ! Pour qui tu te prends, hein ?! Je vais te remettre d’équerre, moi, tu vas voir ! Tu en as grandement besoin !

Connaissant Anaïs presque par cœur, je savais qu’elle mourrait d’envie de répondre à son nouveau père et de l’envoyer se faire cuire un œuf ; heureusement, ce qu’elle venait de prendre la dissuada.

 

            Durant le repas, Anaïs boudait, ce qui avait le don d’entretenir la colère de papa. Maman essayait de discuter avec Louise et moi comme si de rien était pour détendre l’atmosphère. Seulement, lorsqu’elle posa le gratin de chou-fleur sur la table et que j’exprimai le fait que je détestais le chou, mon père répondit :

-          Tu vas quand même en manger !

-          Mais je n’aime pas ça, dis-je avec une petite voix.

-          Tu ne sortiras pas de table tant que tu n’auras pas goûté ! C’est clair ?!

-          Mais…

-          Y’a pas de « mais », Marie ! Le débat est clos !

-          Merci beaucoup d’avoir mis papa en colère ! lançai-je à Anaïs. Maintenant, il est relou !

-          Qu’est-ce que tu viens de dire ?! me gronda l’informaticien en se levant d’un coup.

-          Mike, assieds-toi, tempéra ma mère. Je sais qu’Anaïs t’a mis en rogne mais Louise et Marie n’y sont pour rien.

Mon père se rassit, la colère campant néanmoins toujours sur son visage. Scarlett reprit :

-           Il est vrai que Marie n’aime pas le chou-fleur, je l’avais oublié. Marie chérie, je te demande juste de goûter un petit bout pour faire honneur au plat que j’ai cuisiné. C’est tout ce que je te demande.

-          Mais maman, je n’aime vraiment pas ça !

-          Je sais, ma chérie. Mais c’est de la simple politesse. Lorsque tu es invitée à manger chez d’autres personnes, il faut faire honneur au plat, que tu aimes ou non, par respect pour la personne qui a mis du temps et du cœur à cuisiner.

-          Mais là, on est à la maison ! protestai-je.

-          Excellente analyse de la situation, ironisa Michael. Mais tu dois quand même le respect à ta mère. Elle a mis du temps et du cœur à préparer ce plat, donc tu goûtes.

-          Mais je n’aime pas ! insistai-je. Je ne vais pas me forcer !

-          Marie, comme ton père te l’a dit, tu ne sortiras pas de table avant d’avoir goûté au plat. La politesse, ça s’apprend à la maison.

-          Mais c’est injuste ! persévérai-je.

-          Marie, stop ! dit Scarlett en haussant le ton. Tu arrêtes immédiatement ton caprice !


Le repas terminé, la table débarrassée, Michael et Scarlett nous demandèrent d’aller nous asseoir toutes les trois dans le canapé. La tension monta d’un cran. J’avais une énorme boule dans le ventre et j’imaginais très bien mes sœurs dans le même état.

Michael et Scarlett étaient assis dans les deux fauteuils qui nous faisaient face. Il y eut un court silence, puis maman s’avança au bord de son fauteuil, désigna ses genoux et ordonna à Anaïs : « Viens ici ! ».

-          Euh, quoi ? bégaya ma sœur.

-          Viens ici, j’ai dit ! répéta notre mère.

-          Mais… Je ne vais pas me faire punir devant Louise et Marie, quand même ! protesta-t-elle.

-          Bien sûr que si ! dit Scarlett. C’est à elles que tu as causé du tort, non ? C’est à elles que tu as joué un mauvais tour en falsifiant leurs résultats scolaires sans qu’elles soient au courant, n’est-ce pas ? Donc elles vont légitimement assister à la fessée déculottée que je vais te donner dans quelques secondes. Viens ici, maintenant ! Je ne le répèterai pas sans conséquences, Anaïs ! Tu es prévenue !

-          M…mais…euh… On peut… on peut en parler, non ? s’informa mon ex-nouvelle sœur en se liquéfiant complètement. Je…je m’excuse, d’accord ? Je…

Scarlett se leva d’un coup, fonça sur Anaïs, posa sa main sur son épaule et la bascula sur le côté, si bien qu’Anaïs tomba sur moi. Je ressentis donc malgré moi les cinq secousses correspondant aux claques reçues par les fesses de mon ex-nouvelle sœur. Maman retourna s’asseoir dans son fauteuil et réitéra :

-          Viens ici. Plus tu attendras, plus tu aggraveras ton cas. C’est vraiment la dernière chose à faire, Anaïs !

Anou pleurait déjà. Elle se leva et avança vers notre mère en la suppliant du regard, espérant que cela change quelque chose à son sort. Mais non. Ma mère attrapa le poignet d’Anaïs dès qu’elle le put et la tira d’un coup énergique pour la basculer sur ses genoux et finir le travail plus vite que ma sœur ne l’aurait fait.

Anaïs était en jupe. Une jupe en velours avec un collant de laine en dessous. Grossière erreur. Moi-même je ne mettais plus que des jeans depuis que j’habitais chez les Webber ; lorsque je mets des jupes ou des robes, c’est parce que je suis absolument certaine de ne rien avoir à me reprocher !

Maman n’eut aucune pitié pour sa nouvelle fille et la déculotta immédiatement. Lorsqu’Anaïs protesta à s’en casser la voix, Scarlett lui répondit :

-          Si tu étais venue t’allonger sur mes genoux tout de suite, ça se serait passé autrement. Mais puisque tu as mis du temps à m’obéir, tant pis pour toi.

Et elle lui donna la fessée. Une longue et cuisante fessée qu’Anaïs accusait en hurlant tout ce qu’elle pouvait. Il y avait tellement longtemps qu’elle n’en avait plus reçu, et celles de Tom et Dana n’étaient pas aussi costaudes ; Anaïs les redoutaient déjà. Autant dire qu’avec Michael et Scarlett, elle tremblerait à la moindre incartade !

-          Pitié ! hurlait-elle. Pitié ! J’t’en supplie, maman ! J’t’en suppliiiiiiie !

Scarlett se stoppa. Anaïs entreprit de se dégager mais maman la retint fermement en faisant un bruit de négation avec sa bouche :

-          Tu n’es pas près de bouger ! Je me suis juste arrêtée car nous allons discuter un peu. Tu vas me raconter dans les moindres détails comment tu t’y es prise pour monter un business d’une telle ampleur à l’intérieur de ta promo ! Tu n’as pas intérêt à oublier quoique ce soit sinon tes fesses vont très vite le payer ! C’est compris ?!

-          Oui !

Elle prit une claque sur chaque fesse.

-          Oui, qui ?! gronda l’esthéticienne.

-          Oui, maman ! sanglota Anaïs.

 

Anaïs passa trois bons quarts d’heure sur les genoux de notre mère, dont deux à recevoir de très bonnes claques. A chaque fois que ma mère s’arrêtait pour interroger sa nouvelle fille, elle recommençait à la fesser durement en entendant la réponse.

Anaïs avait donc séduit le nouveau technicien informatique (alors qu’elle ne l’aime même pas !) et l’avait manipulé pour pouvoir obtenir tout ce qu’elle voulait de lui, gratuitement. Mis à part pour Louise et moi – trop aimable ! – elle facturait trente euros à chaque élève qui lui demandait une modification ; finalement, elle avait réussi à empocher près de deux mille euros.

-          Ces deux mille euros, tu vas les payer ma fille ! dit Michael en relevant le menton d’Anaïs pour la forcer à le regarder alors qu’elle était toujours en travers des genoux de sa femme. Et tu vas les payer avec les intérêts ! Tu vas prendre une claque par euro récolté sur le dos des autres ! Et j’en ajoute cent pour avoir le compte rond ! Tu prendras cent cinquante claques tous les matins pendant quatorze jours ! Je te les donnerai personnellement et je peux te dire que tu t’en rappelleras ! Plus jamais tu t’arnaqueras les autres !

Anaïs doubla ses pleurs, bien que je fusse persuadée que c’était impossible. Elle réussit néanmoins à bégayer :

-          Vous…al…lez…me…tuer…

-          Non, nous allons t’éduquer ma grande ! répliqua Scarlett. Nous avons déjà commencé, et nous ne pouvons pas te promettre que ce ne sera pas aussi douloureux à chaque fois !

-          Mais si tu te tiens à carreaux, enchaîna Michael, je m’en tiendrai uniquement à ta punition de quatorze jours ! Sinon, tu vas devoir apprendre à rester debout et à dormir sur le ventre !

Scarlett remit une série de claques à Anaïs avant de la lâcher.

-          Va au coin ! lui ordonna-t-elle. Nous te laissons un peu de répit avant d’étudier ton bulletin !

-          Oh non… sanglota Anaïs.

-          Oh si ! répliqua papa en lui tendant du sopalin.

Anaïs pleurait à en avoir des spasmes, et elle avait tellement de larmes et de morve sur le visage que ça lui donnait l’allure d’un crapaud rouge humide et visqueux.

            Alors qu’Anaïs était au coin, Louise et moi sentîmes l’attention se tourner vers nous, ce qui ne sentait pas bon du tout. Michael attrapa son MacBook et alluma la télé sans mot dire. L’écran de la télé afficha le site intranet de notre fac. Papa cliqua sur « Espace parents », puis se connecta à l’aide de ses identifiants préenregistrés. Il cliqua ensuite sur le profil de « Louise Webber » et alla dans la rubrique « Relevés de notes ». Enfin, il sélectionna « novembre 2019 » et le bulletin de ma sœur s’afficha :


Bulletin – mois d’octobre & novembre 2019

WEBBER Louise (née VASSEUR) – née le 17 janvier 2000

Licence Lettres-Humanités 1ère année

 

-          Qu’en penses-tu, Louise ? demanda froidement Michael après que nous ayons tous – sauf Anaïs – étudié l’écran.

-          Je ne sais pas, répondit-elle.

-          Hormis les trois matières qui sont entrées dans le programme début octobre, il y a sept matières, continua papa. En orange, ce sont celles où tes résultats ont baissé. En vert, ce sont celles où tes résultats se sont stabilisés ou ont augmenté. Pour ce qui est de ta moyenne générale, la première est calculée sans les trois nouvelles matières, la deuxième est calculée avec les trois nouvelles matières. Donc ? Qu’en penses-tu ?

-          Je…je pense que je n’ai pas bien travaillé, murmura Louise d’une voix quasi-inaudible.

-          Pardon ?! demanda papa en haussant le ton. Je ne t’ai pas entendue !

-          Je pense que je n’ai pas bien travaillé, répéta ma sœur un peu plus fort.

Ses yeux se remplirent de larmes, ce qui me fit énormément de peine.

-          Tu n’as pas assez travaillé, Louise, la reprit Michael. Qu’est-ce qui a changé depuis le dernier bulletin ? A ton avis, pourquoi tes résultats ont-ils baissés ?!

-          Je…je ne sais pas, dit-elle tandis qu’une larme coula sur sa joue.

-          Tu n’as pas été plus dissipée qu’avant, par hasard ? demanda Scarlett. Tom et Dana nous ont dit que vous travailliez beaucoup chez eux. Vu tes excellents résultats, nous avons voulu te laisser libre de t’organiser, ce qui a été une erreur ; nous avons donc une part de responsabilité là-dedans.

-          Elle n’est pas descendue à treize de moyenne, non plus ! intervins-je.

-          Non Marie, me dit ma mère, mais ta sœur a perdu un point sur sa moyenne générale par rapport au mois dernier, et elle n’a même pas eu les encouragements, alors qu’elle a eu les félicitations en septembre ! Ce que je vois, c’est qu’elle s’est beaucoup trop relâchée !

Louise pleurait, à présent. Je pris sa main dans la mienne pour lui envoyer tout le réconfort dont j’étais capable.

-          Louise, regarde-moi, lui dit ma mère avant que ma sœur obéisse. Puisque nous sommes en partie fautifs, tu ne seras pas punie pour ces résultats en baisse. En revanche, nous avons réfléchi ce week-end, et votre père et moi avons décidé d’instaurer des créneaux pour les devoirs. Tous les soirs, de 17h15 à 19h, et le jeudi de 10h à 12h, et de 14h à 17h sauf lorsque c’est votre après-midi avec nous.

-          Mais…les activités extrascolaires débutent au retour des vacances de Noël ! protestai-je. On voulait s’inscrire à plein de choses…

-          Cela dépendra du prochain bulletin, Marie ! trancha ma mère. Pour le moment, vu vos résultats à toutes les trois, c’est hors de question.

-          Mais…

-          Tu te tais ! gronda Scarlett. Ce n’est pas toi qui décides, Marie ! J’ai dit que cela dépendrait du prochain bulletin donc cela dépendra du prochain bulletin ! Point, final !

Je me mis à bouder bien que je ne sois pas en position de le faire. M’ignorant, l’esthéticienne se tourna à nouveau vers Louise et lui dit :

-          Si tes notes continuent de baisser ainsi, gare à tes fesses ! Tu entends ?!

-          Oui, maman, répondit-elle avec une voix claire maintenant que ses larmes ne coulaient plus.

-          Et tu as également intérêt à nous ramener de bien meilleures notes en histoire ! Nous laissons passer cette moyenne médiocre uniquement parce que ton comportement est irréprochable !

-          D’accord maman.

-          Tu peux y aller, dit mon père. Va te laver et préparer tes affaires pour demain.

Louise ne se le fit pas dire deux fois et lâcha ma main pour partir en direction de sa chambre. Anaïs était toujours au coin et je me retrouvai seule, assise sur le canapé, face à mes parents.

-          Anaïs ! appela Michael. Viens t’asseoir sur le canapé. Inutile de te rhabiller.

Oh. Ils me réservaient pour la fin. Je savais que ce n’était pas du tout bon signe.

 

Bulletin – mois d’octobre & novembre 2019

LETELLIER Anaïs (née POLTROV) – née le 11 octobre 2001

Licence Lettres-Humanités 1ère année


-          Mais… J’étais encore chez les Letellier quand y’a eu tout ça ! se défendit Anaïs qui recommençait à sangloter. La preuve, ils n’ont pas encore fait le changement de nom de famille !

-          Certes mais tu es chez nous, maintenant, jeune fille ! gronda Michael. Ils ont quand même eu le temps de faire les démarches pour que nous accédions à ton dossier ! Et il n’est clairement pas brillant ! Une fois rectifiées toutes les petites magouilles que tu as demandées à ton « petit copain », tu te retrouves avec une moyenne totalement insuffisante et un avertissement travail !

-          Je vais tout vous expliquer…

-          Ah, parce que tu crois qu’après lecture de ce bulletin, nous avons envie d’entendre une quelconque explication ?!

Papa se leva, fonça sur Anaïs, lui attrapa le poignet et la sortit du canapé en tirant dessus. Ayant bien compris ce qui allait lui arriver, ma nouvelle sœur supplia papa avant même de se retrouver debout, et mit automatiquement sa main libre sur son derrière pour se protéger. Evidemment, notre bodybuildé de père dégagea facilement la main protectrice d’Anaïs et asséna à sa fille cinq claques qui résonnèrent dans toute la maison. Anaïs se tortillait, tant de douleur que pour tenter d’échapper à de nouvelles claques.

-          Tu crois vraiment que nous avons besoin d’une explication, Anaïs ?! gronda papa avant de lui mettre cinq autres claques. Qu’est-ce que c’est que ces résultats ?! – cinq nouvelles claques – et ces appréciations ?! Certains profs disent que tu es dissipée, – une claque – que tu fais le pitre, - une autre claque – que tu es désobéissante et perturbatrice ! – cinq nouvelles claques. Tu vas vraiment filer droit, ma fille ! – une nouvelle claque – Et tu vas le faire dès maintenant ! C’est compris ?!

-          Ou…i, pap…a… pleura ma sœur.

Elle n’en pouvait plus et je la comprenais bien. Elle avait les fesses cramoisies, les cuisses écarlates qui portaient par endroit la marque de la main de notre père, et je croyais même voir apparaître un minuscule bleu en haut de sa fesse gauche. Elle reprit cinq ultimes claques après lesquelles mon père lui fit promettre à haute voix d’être sage à l’école et à la maison, et de se remettre à travailler à l’école. Puis, il la libéra, pour le plus grand soulagement de ma sœur.

           

            Une qui n’était pas encore soulagée, c’était bien moi. J’étais désormais seule avec mes parents au rez-de-chaussée. Même les chats étaient à l’étage. C’étaient mes parents contre moi. Bizarrement, je savais d’avance qui allait perdre.

Papa fit deux-trois clics avec sa souris et mon bulletin se retrouva affiché sur l’écran.

 

Bulletin – mois d’octobre & novembre 2019

WEBBER Marie (née LEBERTIER) – née le 30 décembre 2000

Licence Lettres-Humanités 1ère année

 

-          Qu’en penses-tu, Marie ? me demanda mon père.

-          Ce n’est pas trop mal, répondis-je les yeux rivés au sol. Ça aurait pu être pire.

-          Tu te fiches de nous, là ?! s’emporta ma mère. Non seulement tes résultats ont beaucoup baissé mais en plus, tu as maintenu ton avertissement comportement ! Cela veut dire que tu ne te tiens toujours pas correctement en cours !

-          Mais…

-          Tu te tais ! me cria mon père. Tu sais ce que nous a dit ton directeur de licence lors du rendez-vous de vendredi, Marie ?! Il nous a dit que si tu cumulais trois avertissements comportement d’affilés, tu passerais automatiquement en conseil de discipline ! Est-ce que tu comprends ça ?!

-          Oui papa, répondis-je.

Ça sentait vraiment le roussi pour mon derrière. Il allait falloir que je joue la carte émotion pour espérer m’en sortir indemne…

-          Je suis vraiment désolée, papa, maman… dis-je en sortant mon arme spéciale « larmes de crocodile ». Vous faîtes tout pour moi et moi, j’vous déçois sans arrêt…

Scarlett s’approcha de moi, attrapa mon visage plongea ses yeux bleus dans mes yeux noirs. Après quelques secondes de silence, elle dit :

-          C’est bien ce que je pensais ! Tu joues la comédie pour éviter de prendre une fessée ! Nous commençons à te connaître, Marie ! Pas de bol, ça n’a clairement pas fonctionné ! Et pour la peine, c’est une déculottée debout que tu vas prendre !

Je me mis à prier mes parents avec la même force qu’Anaïs quelques minutes auparavant mais rien n’y fit : mon père me déculotta en plein milieu du salon, me pencha sous son bras et m’administra une fessée aussi cuisante que longue. Lorsqu’il s’arrêta, je croyais que mon calvaire était terminé ; mais papa se contenta de me sermonner :

-          Tu as plutôt intérêt à être sage à l’école et à nous ramener de bonnes notes, Marie ! Si nous apprenons qu’un seul de tes professeurs s’est plaint de toi, je te promets que tu vas t’en souvenir ! Pareil pour les notes en-dessous de seize ! Tu le sais déjà, d’ailleurs ! Ces dernières semaines, tu n’as pas reçu ce que tu devais prendre grâce au trafic d’Anaïs mais pour les prochaines notes, nous ne te louperons pas ! C’est compris ?!

-          Oui…pa…p…a…

-          Les avertissements comportement, c’est terminé, Marie ! gronda-t-il avant de reprendre la fessée.

Il reprit la claquée. Je gigotais tellement que parfois, mes pieds ne touchaient même plus le sol à force de battre des jambes.

Quand, de très longues minutes plus tard, mon calvaire prit fin, ma mère me menaça :

-          Si tu continues de ne pas être sage en cours, c’est la brosse à cheveux qui viendra frapper tes fesses, en plus de nos mains !

Incapable de parler, je fis un petit hochement de tête pour montrer que j’avais bien compris le message.

-          Nous ne plaisantons pas, Marie ! continua mon père. Chaque fois que tu rentreras avec un mauvais comportement ou une mauvaise note, attends-toi à une très bonne fessée ! Je te garantis que tu le regretteras !

Mes parents y étaient allés très fort pour ce soir et je pouvais dire sans exagération que j’étais calmée. Je n’avais plus du tout envie de mal me comporter ou de négliger mon travail scolaire.

       

Lorsqu’ils m’envoyèrent à mon tour me coucher, je n’en menais pas large du tout. Mes sœurs et moi restâmes silencieuses, mis à part pour dire bonne nuit à nos parents et entre nous.

 

Je m’endormis rapidement…sur le ventre.

 

A suivre…

La suite !

Commentaires

  1. Quel chapitre ! C'est incroyable, on en apprend tellement...
    Hâte de suivre les aventures

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  2. Quand-même quelques bêtises et bonnes fessées à l'horizon j'espère !

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  3. J'imagine que Marie va avoir du mal à laisser Anaïs prendre sa place ! Peut-être quelques conflits et quelques punitions ?

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    Réponses
    1. Ça promet pour la rencontre parents/profs .!

      Supprimer

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Nouvelle rentrée, nouvelle vie ! (Chapitre 17)

 Ce chapitre a été écrit par Marie, une fan du blog. Malgré mes quelques commentaires et réécritures, elle a fait un excellent travail ! Bravo à elle ! Mardi 17 septembre 2019.   Lorsque Monsieur Éric toqua à la porte pour nous réveiller, j’étais très motivée pour me lever (ce qui est très rare !). Aujourd’hui sera une belle journée : d’abord parce que le mardi reste la meilleure journée de la semaine grâce à Madame Kelly, la prof la plus adorable du Pensionnat ; ensuite parce que j’ai réfléchi à un plan pour me venger de Monsieur Jean et de Monsieur Nicolas. Ce sera discret (enfin autant que faire se peut), rapide et efficace. Je sais bien que lorsque nous nous ferons attraper la punition sera salée ; mais je ne supporte pas l’idée de laisser croire à nos professeurs qu’ils ont tout le pouvoir (même si ce n’est peut-être pas tout à fait faux). Pour mener à bien mon plan, il me faudrait l’aide de mes amies. Je vais tout faire pour les convaincre de me suivre, j’ai déjà des argume

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  * 2 exclusions pour insolence (abusives, les exclusions. Je le précise quand même…) * excès de vitesse quotidiens * textos au volant * médicament pris occasionnellement * devoirs non faits * couvre-feu respecté mais plus par réelle fatigue que par volonté Voilà le palmarès. Depuis l’arrêt du tutorat avec Thomas puis avec Antoine, voilà le palmarès. Mon palmarès.                   Evidemment, Yves, mon nouveau tuteur n’est pas content. Mais pour le moment, je suis loin de sa main et je me fiche complètement qu’il soit content ou non : je fais ce que je veux quand je veux où je veux.                   Cependant, cela risque de me coûter cher. Selon le tableau mis en place, à l’heure actuelle j’en suis à exactement cinquante-cinq minutes de fessée et deux cent dix claques supplémentaires. J’attends de voir. Je sais qu'Yves ne peut pas tout punir : cela fait beaucoup trop de choses (vous allez me dire que c'était ce que je disais pour Thomas et au final il

Journal d'une étudiante accueillie (Chapitre 24).

  Je sais que beaucoup d'entre vous attendaient ce chapitre... Certains me le réclamaient même récemment alors qu'il était en cours d'écriture ! Le voici... C'est mon petit cadeau de Noël en avance... Régalez-vous ! Peace. L.P. Lundi 7 octobre 2019.      Ce matin, mes sœurs et moi pûmes nous reposer convenablement puisque nos professeurs étaient tous les deux absents. Nos parents partirent au travail sans nous réveiller, pensant sûrement que nous étions épuisées à la suite des émotions d’hier soir.                 En m’habillant, je pris le temps d’admirer mon popotin dans le miroir : plusieurs bleus s’étaient formés sur ma lune ronde, justifiant la difficulté que j’avais éprouvé à m’asseoir dans mon lit au réveil. Tom ne m’avait pas loupée ; mais alors, vraiment pas ! J’appris par mes sœurs que Dana n’avait guère été plus gentille avec elles : les deux instruments préférés de notre mère, à savoir le martinet et le tapetapis avaient été de sortie ; ils ont paraît-il f

Les aventures de Little Princess avec son nouveau tuteur (séance 1)

                   Depuis plus d’un an, j’avais un super tuteur (que nous appellerons Gabriel). Tout se passait bien entre Gabriel et moi, et un réel équilibre s’était créé entre lui et mon fiancé (que nous appellerons Hugo), qui se chargeaient ensemble de ma discipline.                 Et puis un jour, ça n’a plus été et nous avons dû cesser notre relation. Si Hugo et moi gardons notre forte amitié avec Gabriel, le tutorat prit fin. Retour à la case départ. Il fallait de nouveau trouver un tuteur.                 C’est pour cela que je postais une annonce ici même. Cette annonce était de ce type :   « À la suite d’un superbe tutorat d’un an, nous avons été contraints de nous séparer… Quel dommage… ! Mais mes études n’étant pas terminées (encore 3 ans !) j’ai toujours besoin d’un tuteur ! Je suis donc une jeune (enfin plus si jeune que ça, en fait !) étudiante de 28 ans, recherchant un tuteur / une tutrice : –          de minimum 30 ans (difficile d’accepter l’autorité de

Années 1950 : le guide de survie d'Alice (Chapitre 2)

  Dimanche 15 octobre 1950        Neuf heures : maman vient me réveiller. Le dimanche, nous allons à la messe qui débute à dix heures et demie. Du coup, maman nous lève relativement tôt pour pouvoir vérifier que tout le monde est bien apprêté pour le Seigneur.          A la messe, nous nous consacrons entièrement au Seigneur. Victor et Gus font partie des enfants de chœur qui servent la messe aux côtés du père Antoine (qui n’est autre que le grand frère de papa), ils se doivent d’être irréprochables !        L’église est le seul endroit où j’arrive à me tenir sage longtemps car j’aime beaucoup chanter. Cependant, je n’aime vraiment pas la sortie de messe. Mes parents et grands-parents ont toujours des tas de gens avec qui discuter et moi, ça m’ennuie beaucoup ! Victor et Nono proposèrent alors de nous ramener à la maison pour que les adultes puissent continuer à discuter tranquillement ; papa accepta.          Lorsque nous rentrâmes à la maison, nous effectuâmes les mêmes

Un joli fantôme du passé (Chapitre 19)

  -           Quoi ?! s’exclama Manon. Depuis quand tu as une petite copine ?! -           Cela fait plusieurs mois maintenant, répondit papa. Peut-être cinq ou six. Je voulais être sûr que cela fonctionne. Il est maintenant temps de vous la présenter. -           Cinq ou six mois, et tu ne nous en parles que maintenant ?! s’offusqua mon frère. -           Je vous signale qu’avant d’être votre père, je suis un homme qui a le droit à sa vie privée ! milita papa. -           Non ! protesta Manon. Non et non ! C’est ton tout premier job d’être notre père ! Tu nous as toujours dit que tes enfants passaient avant tout ! -           C’est le cas, se défendit papa. Cela ne veut pas dire que je dois tout vous dire ! -           Bien sûr que si ! insista Romain. -           Ah oui ?! rétorqua papa. Et vous me dîtes tout, vous ?! Un silence suivit. Mon frère finit par le briser : -           Ce n’est pas pareil ! Il y a des trucs qu’on ne te dit pas pour te protéger ! -