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Journal d'une étudiante accueillie. - Chapitre 58

 


Mardi 19 novembre 2019.


-          Mes petites chéries, j’ai une annonce à vous faire.

La phrase que maman nous sortit au petit déjeuner fit l’effet d’une bombe. Le silence s’installa. Même mon chocolat chaud s’immobilisa dans son bol.

-          Tu es enceinte ? demandai-je en me surprenant à détester l’idée.

-          Non, bien sûr que non ! réagit vivement ma mère. Nous vous avons déjà dit que nous ne voulions pas d’enfant biologique !

-          Un accident peut arriver ! dit Anaïs.

-          Un accident n’arrivera pas, trancha Michael. Nous avons pris nos dispositions.

-          Alors que voulez-vous nous dire ? s’inquiéta Louise.

Deux annonces importantes en deux jours, tout cela allait faire un peu trop pour mon petit cœur fragile.

-          À la suite de nos conversations et d'une grande réflexion, s’engagea Scarlett, j’ai pris la décision de reprendre mon précédent métier.

-          Tu vas redevenir profiler ?! m’exclamai-je. Mais c’est génial !

-          Je vais en effet réintégrer la police criminelle, confirma notre mère.

-          Mais maman, c’est dangereux ! paniqua Louise. Tu peux te faire tuer !

-          Tout va bien se passer, Louise chérie ! rassura Scarlett.

Ma sœur n’en fut absolument pas convaincue.

-          Quand commences-tu ? demanda Anaïs. Est-ce que notre train de vie va changer ? Tu ne vas pas garder un salaire de PDG, j’imagine…

-          Elle commence lundi, répondit Michael. Et non, notre train de vie ne va pas changer, ma puce. Même si votre mère et moi arrêtions de travailler, nous serions à l’abri jusqu’à la fin de nos jours.

-          Alors pourquoi vous continuez ? m’étonnai-je. Si j’avais le choix de travailler ou non, je vous garantis que je ne travaillerais pas !

-          Je te reconnais bien là, ria ma mère. Mais tu verras vite que le temps est long quand on ne travaille pas, même quand on a trois grands enfants.

-          Je n’en suis pas convaincue, grommelai-je.

 

Seule dans la chambre avec Louise, j’en profitai pour lui dire :

-          Tu te rends compte ?! Leurs salaires, c’est de l’argent de poche, en fait ! Et ils m’ont fait un caca nerveux en ne me donnant que cinquante euros l’autre fois ! Je n’en reviens pas !

-          Marie, ils gèrent leur argent comme ils le souhaitent…

-          Ben voyons !

 

 

Je dois avouer qu’Anaïs et moi fûmes assez dissipées en cours ce matin, que ce soit au cours magistral de littérature française, ou au cours de grammaire avancée que nous ne suivîmes absolument pas. Nous dûmes néanmoins nous reconcentrer pour l’interrogation orale de géographie, même nous n’avions pas assez révisé. Je récoltai un 9/20, Anaïs un 4/20.

-          Que se passe-t-il, Marie ? me demanda Mr Friletti à la fin de l’heure. Vous excellez dans ma matière, d’habitude !

-          Je n’avais pas assez révisé, monsieur.

-          Je vois ça, constata-t-il d’un air sévère. Bon, je vous propose de rattraper cette note avec un devoir écrit. Faîtes-moi une dissertation sur le soft power pour mardi prochain. Si vous avez une note supérieure à 9/20 – ce que j’espère – alors la note d’aujourd’hui sera supprimée au profit de la nouvelle.

Mr Friletti donna le même devoir à tous ceux qui n’avaient pas eu plus de 12/20. Avec un peu de chance, j’éviterais de me faire remonter les bretelles ce soir si j’expliquais que j’avais une deuxième chance...

 

                La journée se termina par deux heures de travaux dirigés en littérature française (encore !). Ma boule dans le ventre à l’idée de rentrer à la maison avec une mauvaise note m’empêcha de me concentrer convenablement.

A la fin du cours, ma prof de littérature vint de nous voir Anaïs et moi :

-          J’ai envoyé un message à vos parents car je ne sais pas où vous étiez aujourd’hui, mais sûrement pas en cours de littérature ! Ni ce matin, ni cette après-midi !

-          Mais madame, nos parents vont nous tuer ! nous exclamâmes-nous.

-          Cela vous motivera peut-être à être moins dissipées en cours ! Vous devez vous ressaisir, mesdemoiselles !

-          Vous êtes vraiment une… commença Anaïs avant que je la retienne.

-          Oui ? interrogea la prof. Allez-y, cela m’intéresse de savoir !

-          Tu n’as pas assez mal aux fesses ?! chuchotai-je à Anaï, qui se ravisa.

Lorsque cette maudite prof s’éloigna, je grondai à ma sœur :

-          Tu n’as pas assez de tes cinquante claques tous les matins ?!

-          Arrête de dire n’importe quoi…

-          Alors pourquoi tu provoques la prof, en plus ?! On est déjà dans un pétrin monstre !

-          Justement ! protesta Anaïs. C’est à cause d’elle !

-          N’aggrave pas ton cas, dis-je. La rouste qu’on va prendre en rentrant est grandement suffisante !

-          On ne rentre pas, déclara ma sœur.

-          Quoi ?! m’exclamai-je. T’en as d’autres des idées à la con ?!

-          On va se faire détruire les fesses si on rentre !

-          Et encore pire si on ne rentre pas ! protestai-je.

-          Non, ils s’inquièteront et l’inquiétude prendra le pas sur la colère, m’expliqua Anaïs.

-          T’es complètement tarée, toi, hein ! dis-je. Je ne te suis pas là-dessus ! Et si tu ne veux pas prendre cinquante claques supplémentaires par jour, tu devrais très vite renoncer à cette idée !

 

Finalement, Anaïs se résigna à rentrer à la maison avec Louise et moi.

 

Dans un soulagement momentané, nous tombâmes sur une jeune fille qui devait être Assa, en plein milieu de la pièce à vivre. Elle était en train de nettoyer le sol, une serpillère à la main.

-          Bonjour, nous dit-elle avec un sourire. Je m’appelle Assa.

Elle s’avança vers nous et poursuivit :

-          Toi, tu es Marie, me dit-elle. Toi, Louise. J’ai vu une photo de vous deux dans la chambre de vos parents. Et toi, tu es Anaïs, celle qui vient d’arriver.

Nous acquiesçâmes toutes. Assa avait un petit accent africain qui réchauffait le cœur et l'ambiance mais parlait néanmoins parfaitement bien le français. Elle nous demanda de nous installer pour prendre le goûter qu’elle avait préparé. Lorsque ce fut chose faite, elle nous demanda de nous installer pour faire nos devoirs.

-          Sais-tu où sont nos parents, Assa ? demandai-je.

-          Votre mère n’est pas encore rentrée de Paris, et votre père travaille dans son bureau, en haut.

Donc Michael était bien dans la maison. Ce n’était pas du tout le moment de se faire remarquer.

 

 

                Les devoirs terminés, il était aux alentours de dix-huit heures lorsqu’Assa nous demanda d’aller nous laver, chose qu’Anaïs et moi refusâmes de faire. S’il y avait une chance, même minime, que nos pantalons couvrent nos fesses au moment où la foudre parentale s’abattrait, il valait bien mieux être en jeans qu’en pyjama !

Nous avancions nos arguments à Assa lorsque nous entendîmes le père de famille descendre les escaliers. Mon cœur se mit à battre à tout rompre. Ça y est, ça allait tomber. Mes pauvres fesses allaient trinquer. En fait, même si c’était plus douloureux, je préférais cent fois une fessée inattendue plutôt qu’une fessée prévue dont l’attente fabrique un stress difficilement contrôlable.

-          Venez ici, vous deux ! gronda Michael.

Tout en commençant à trembler de peur, je me cachai immédiatement derrière Assa, Anaïs et Louise. Je n’avais plus aucun courage sinon celui de supplier mon père de ne pas me punir. En toute logique, il attrapa Anaïs la première. Elle eut le temps de me jeter un regard noir qui m’accusai sûrement de lâche avant d’encaisser la volée de notre père. Puis, Michael me fonça dessus, moi qui m’étais carrément collée contre le mur au fond de la pièce. Essayant de me défendre comme je pouvais alors que mon père marchait à grands pas vers moi, je le suppliais :

-          Nan, papa ! Papa, je t’en supplie ! Pas la fessée ! Je ne recommencerai pas, je te promets ! Je t’en supplie ! Je te promets, papa ! Promis ! Promis !

La rouste d’hier m’avait changée. J’avais vu avec une étonnante crainte ô combien mes parents étaient plus forts que moi. Jamais je ne pourrais « m’habituer » à leur courroux, ou « minimiser » une de leurs punitions. Et malgré ça, j’étais allée en cours aujourd’hui sans avoir révisé la géographie et en faisant la cancre en littérature française.

                Mon père m’attrapa le bras, tira dessus pour me décoller du mur et m’asséna trois claques déséquilibrantes qui me firent lâcher des « Aïe » puissants et incontrôlés.

-          Evidemment, au moment d’assumer ses actes, il n’y a plus personne ! me grondait mon père. En revanche, quand il s’agit de ne pas écouter en littérature ou de ne pas apprendre ses cours de géo, là y’a du monde !

-          Pardon ! sanglotai-je. Pardon, papa ! Je suis désolée !

Je pouvais être désolée autant que je le pouvais (et je l’étais ! Ô oui, que je l’étais !), Michael baissa immédiatement mon jeans comme il l’avait fait pour ma sœur. Il me cala ensuite sous son bras, baissa ma culotte et me colla une de ces fessées que l’on n’a vraiment pas envie de prendre.

Grâce à je ne sais quelle force supérieure, elle n’était pas longue ; mais elle fut très douloureuse, comme chaque fessée donnée depuis mon arrivée chez les Webber.

Après m’avoir lâchée, Michael poursuivit son savon très corsé :

-          Je ne veux plus apprendre que vous n’écoutez pas le cours ! Vous allez à l’école pour étudier, pas pour faire je ne sais quoi ! S’il y a quelque chose que votre mère et moi ne supportons pas, c’est bien cela ! Votre attitude doit être exemplaire ! Je suis vraiment furieux après vous, les filles ! Furieux ! Vous allez voir quand votre mère va rentrer ! Vous va en remettre une couche et vous n’aurez que vos yeux pour pleurer !

J’avais déjà l’impression que c’était le cas. J’avais tellement mal aux fesses que j’étais persuadée que je ne pourrais plus jamais m’en servir.

-          Et pour ce qui est des notes, vous avez intérêt à m'en ramener des bien meilleures ! Je vais vous mettre au travail, moi ! Vous allez voir ! Rhabillez-vous et allez au coin ! nous ordonna papa. Vous y resterez jusqu’à ce que votre mère rentre ! Et que je ne vous entende pas !

 

Scarlett en rentra du travail qu’une bonne demi-heure plus tard. Le repas était prêt à être servi mais Anaïs et moi prîmes d’abord une bonne soufflante accompagnée de quelques bonnes claques sur les fesses avant de pouvoir passer à table. Trois roustes, trois jours d’affilés. Demain serait un jour sans aucune incartade. Il le fallait !

 

 

-          Anaïs et toi qui vous faîtes démonter, ça me rappelle l’époque où on vivait chez Tom et Dana, dit Louise sur un ton nostalgique alors que nous étions couchées.

-          Va te faire foutre, répondis-je.

-          Moi aussi je t’aime, Manou.

 

A suivre…

La suite !

Commentaires

  1. Marie se souvient sans doute de la correction reçue pour punir l'inquiétude causée à ses parents pendant sa sortie au centre commercial avec ses copines !!!

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