Samedi 23
novembre 2019
Je me levai après une mauvaise nuit. La douleur
ressentie au niveau de mes fesses m’avait réveillée plusieurs fois. De plus, j’étais
triste ce matin : ma vie ne serait plus jamais fun. J’avais l’impression d’être
en prison. Je ne pouvais plus déroger aux règles sans craindre une fessée. Et
quelle fessée ! J’avais reçu hier la trempe de ma vie et en plus de ça,
mes parents s’étaient transformés en bourreaux sans pitié. Ma jeunesse était
finie. Il était désormais impossible de désobéir à mes parents.
En m’asseyant douloureusement sur mon lit, je fondis
en larmes. Je n’avais pas d’autre choix que d’obéir tout le temps. Je ne savais
même pas comment on faisait et je n’avais aucune envie d’apprendre ; mais
je n’avais pas le choix.
Je descendis au rez-de-chaussée pour le petit
déjeuner. J’étais la dernière à rejoindre la table. Je saluai tout le monde d’un
signe de la main. D’habitude, je fais le tour de la table pour embrasser chaque
membre de ma famille mais ce matin, mon cœur était tellement triste que je n’en
avais aucune envie.
-
Comment vas-tu, Marie chérie ? me demanda
ma mère lorsque Louise et Anaïs furent montées se préparer.
-
Je n’en sais rien, répondis-je.
-
Tu as le droit de nous en vouloir, dit Michael.
-
Pourquoi m’avoir autant punie ? demandai-je
une nouvelle fois.
-
Nous avons déjà répondu à cette question, me dit
mon père.
Après quelques secondes de
silence, je confiai :
-
J’ai l’impression que ma vie va être nulle, à
présent. Quand on obéit tout le temps, on s’ennuie. Je vais passer à côté de ma
jeunesse.
-
Retire-toi ça de la tête, me dit ma mère. Tu vas
apprendre à devenir responsable, à prendre soin de toi et à t’autogérer. C’est
super !
-
Youpi, ça fait rêver ! lançai ironiquement.
Ma jeunesse est complètement foutue. Tout ce qu’il est fun de faire quand on
est jeune, vous me l’enlevez !
-
Ne t’en fais pas ma princesse, dit papa, je peux
te jurer que tu t’amuseras quand même. Va t’habiller, mon cœur, sinon tu
risques d’être en retard.
Je survolai
les deux contrôles avec une facilité déconcertante. Je pensais même qu’il y
avait un piège tellement c’était facile ; mais en comparant mes réponses
avec celles de Louise en sortant de la fac, je me rendis compte qu’au final, j’avais
eu tout bon. Youpi !
Mathieu m’attendait.
Je le retrouvai avec une joie intense, et pour nos retrouvailles de cette semaine,
il m’emmena au resto.
Tandis que
nous attendions que les plats arrivent, je racontai ma semaine à mon amoureux et
notamment la soirée d’hier.
-
Ils ont carrément pété un câble ! Avec le
recul, ils m’ont maltraitée, en fait !
-
A quoi est-ce que tu t’attendais ? s’étonna
Mathieu. Ça fait un mois que tu leur en fais voir de toutes les couleurs, normal
qu’ils répliquent !
-
Jusqu’à me maltraiter comme ça ?!
-
D’après ce que tu racontes, c’était uniquement
pour te montrer qu’il fallait que tu arrêtes tes bêtises. En plus, vu ce qui se
passe dans les camps de déserteurs, tu aurais du mal à faire croire à qui que
ce soit que tu es maltraitée…
-
Comment ça ?
-
Eh bien, dans les familles d’accueil et à l’armée,
ils ont pour ordre de nous éloigner des médias pour qu’on ne sache pas la
vérité. Si la plupart des chaînes de télévision sont contrôlées par l’Etat, il
reste bien sûr des journalistes qui se battent pour montrer aux gens la vérité.
Hier soir, mes parents m’ont montré une vidéo sur les réseaux sociaux : c’était
un reportage sur les jeunes qui ont déserté et qui se sont fait arrêter.
-
Et ? demandai-je, souhaitant en savoir
plus.
-
Ils sont détenus dans des prisons de haute sécurité
comme s’ils étaient des tueurs en série. Ils passent leurs journées dans de
toutes petites cellules dans lesquelles il y a un lit de camp, des toilettes et
un lavabo. Ils n’ont droit à rien d’autre. Ils n’ont également droit qu’à deux
petits repas par jour. Chaque jour, ils reçoivent des châtiments corporels pour
avoir déserté : et attention, ce ne sont pas les petites fessées que tu
prends, Marie. Je n’ose même pas te raconter les punitions qu’ils reçoivent.
Durant ces châtiments, un garde leur relit la loi qui stipule qu’ils doivent se
plier au système. Ils restent incarcérés dans ces prisons jusqu’à ce qu’ils décident
de se plier aux règles et de rejoindre soit l’armée, soit l’université. Et
encore après, ils sont surveillés : s’ils vont à l’armée, ils vont dans un
régiment spécial ultra strict pour être sûr qu’ils n’y mettent pas le bazar.
Pareil s’ils vont à la fac : des familles d’accueil ont été sélectionnées
pour recueillir ces « rebelles » et les garder sur le droit chemin.
Ils ont pour cela le droit d’user de méthodes extrêmes. Donc Marie, je t’en
supplie, ne dis plus jamais que tu es maltraitée parce que tes parents t’ont
filée une sacrée bonne volée, justifiée en plus. Des parents qui t’aiment, qui
plus est.
J’étais bouche bée. A quel
moment mon pays que j’aimais tant et dans lequel il faisait si bon vivre s’était-il
transformé en une dictature extrémiste ?
-
Ok, je ne le dirai plus, acquiesçai-je. De toute
façon, je vais me tenir à carreaux, désormais. Il ne faut plus que je reçoive
une fessée du calibre d’hier soir.
-
C’est ça ! ria Mathieu. Je mettrais ma main à
couper que tu vas encore en prendre quelques-unes avant de devenir totalement
sage !
-
Mathieu, tu n’as aucune idée des volées que j’ai
prises. Je ne veux plus revivre ça.
-
C’est bien que tu prennes de bonnes résolutions,
ma chérie ! J’attends de voir leur application !
Je ne répondis pas, tentant d’ignorer
les moqueries de mon petit copain.
L’après-midi,
Mathieu me fit une autre surprise : il m’emmena dans un jeu d’escape game
auquel participèrent également mes parents et mon frère. Ce fut une
superbe expérience en famille et cela nous rapprocha beaucoup. J’avais l’impression
de revenir quelques mois en arrière, au bon vieux temps, lorsque le pays tournait
encore rond.
Dimanche
24 novembre 2019
-
Aller, retourne te faire maltraiter ! ria
Mathieu après m’avoir embrassée dans sa voiture.
-
Très drôle ! ironisai-je avant de sortir du
véhicule.
Je rentrai à la maison, celle-ci
était étrangement silencieuse. Je m’avançai dans la pièce à vivre et lançai un
discret : « Bonjour ». Mes parents et grands-parents avaient des
mines fermées, mes sœurs avaient l’air paniqué.
-
Marie, est-ce toi qui as volé ma carte bleue ?!
me gronda ma mère.
Douche froide. J’avais
totalement oublié ce détail.
-
Oui, maman.
-
Ah, je le savais ! dit ma grand-mère qui
avait l’air de s’être transformée en véritable collabo.
Tandis que Scarlett me fonçait
dessus, je mis mes mains devant moi pour tenter de la stopper :
-
Attends maman ! Je vais t’expliquer !
S’il te plaît, écoute-moi ! Je t’en supplie, écoute-moi !
-
Tu as deux minutes pour m’expliquer, pas une de
plus ! me gronda-t-elle en se stoppant à un mètre de moi.
-
Je l’ai prise hier soir car je ne me suis dit
que si on devait sortir avec Angélique et Marion, on aurait peut-être besoin d’argent…
Scarlett brandit sa main mais
je la stoppai à nouveau avec un geste défensif en poursuivant :
-
Mais c’était avant que papa et toi me tombiez
dessus ! Et ensuite j’ai totalement oublié de te la rendre ! Oh maman,
je suis vraiment désolée, si tu savais comme je suis désolée…
-
Très bien, je te crois, dit-elle néanmoins
froidement. Où est-elle ?
-
Je…je ne sais plus… Il…il faut que je cherche…
-
Alors file ! Va me la retrouver ! Je
te jure que si tu n’es pas redescendue dans cinq minutes avec ma carte bleue
dans les mains, je te flanque une fessée ! File, je te dis ! Dépêche-toi !
Tout en pleurant à l’idée que
ma mère me retombe dessus, je montai les escaliers quatre à quatre et cherchai
partout dans mes affaires comme si je cherchais le trésor de ma vie. Au bout de
quatre minutes, je n’avais toujours rien et je pleurais abondamment.
-
Plus qu’une minute, Marie ! entendis-je. Grouille-toi !
Soudain, cela me fit « tilt » :
mes vêtements de vendredi ! Je courus vers mon panier à linge sale et en
sortis mon pantalon de l'avant-veille ; dans la poche arrière se trouvait le fameux
sésame. Je descendis à la hâte les escaliers, en nage et donnai la carte bleue
à ma mère.
-
C’est bon, maman ! Tiens ! Je l’ai !
Je suis vraiment désolée…
Scarlett prit sa carte bleue,
la donna à son mari, puis m’attrapa par le bras. Je la priai et la suppliai de
toutes forces jusqu’à m’en casser la voix mais ma mère me colla tout de même
cinq bonnes claques sur le pantalon. Je les sentis malheureusement passer comme
il fallait à cause des séquelles d’avant-hier.
-
Tu as de la chance que je ne m’en sois pas aperçue vendredi soir ; tu aurais pris une déculottée supplémentaire !
-
Je suis vraiment désolée maman, pleurai-je en me
frottant les fesses.
-
Tu peux ! Je ne suis pas contente après
toi, Marie ! Tu n’as rien dépensé, au moins ?!
-
Non maman…
-
Tu me le promets ?! Si je découvre quoique
ce soit…
-
Je te jure que je n’ai rien dépensé, maman !
insistai-je.
-
Dans ce cas, n’en parlons plus et passons à table,
annonça ma mère.
Avec toute cette panique, je n’avais
même pas remarqué que la table était déjà dressée et l’apéritif installé.
A la fin du dîner, Michael reçut une notification sur
son téléphone :
-
Vos professeurs ont déjà corrigé vos copies, les
filles ! annonça-t-il. Louise, 20 et 20. Marie, 19,5 et 20. Anaïs, 8 et
12.
-
Tu nous ramèneras tes copies pour que nous puissions
en discuter, Ana ! dit ma mère. Je pense qu’il y a deux-trois petites choses
à régler !
-
Quant à vous deux, c’est très bien ! nous
félicita Michael. Vraiment très bien. Nous sommes fiers de vous.
Nous ne tardâmes
pas à aller nous coucher après cette soirée mouvementée. Puisque ma douleur aux
fesses avait malheureusement été ravivée ce soir, j’espérai néanmoins bien
dormir cette nuit.
A suivre…
La tristesse de Marie me fait de la peine.
RépondreSupprimerJ'espère qu'elle va retrouver sa joie de vivre et que son côté espiègle n'aura pas disparu ?
J’ai vraiment hâte de lire la suite vite vite vite 😁😁😁
RépondreSupprimerJe viens de découvrir votre blog et cette histoire il y a quelques jours . Je l’ai lu en 2j j’ai adoré ! Hâte de voir la suite
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