- Allô ?
- Allô, Côme ?
- Clémence ?! Mais…
Comment se fait-il que tu m’appelles à cette heure-ci ?!
- Je savais que tu ne
dormirais pas, dis-je.
- Comment pouvais-tu
savoir cela ?
- Je me souviens très
bien que tu es d’astreinte toutes les semaines du dimanche au lundi,
expliquai-je. Et je me doute que les jumeaux ne font pas leurs nuits…
- Mais… Il est bientôt
deux heures du matin ! Monsieur Éric te laisse téléphoner à cette heure-là ?!
- Non.
- Comment…
- Je me suis introduite
dans le bureau de la secrétaire, le coupai-je avant qu’il ne pose plus de
questions.
- Clémence !
gronda-t-il.
- On s’en fiche, ce n’est
pas la question !
- Tu te fiches de moi ?!
- Côme, tu te doutes bien
que si j’ai fait ça, c’est parce que j’ai quelque chose d’important à te dire !
- Si tu me dis que t’es
enceinte, je fais un arrêt cardiaque.
- Pour un cardiologue, ce
serait ballot ! ris-je.
- Clémence…
- Je plaisante ! Je
voudrais juste que… Célestine et toi reconsidériez votre décision.
- A propos de quoi ?
- De ma scolarité ici.
- Tu te fiches vraiment
de moi !! me réprimanda mon frère.
- Mais écoute-moi, au moins !
J’ai prévu tout un plaidoyer !
- Très bien, je t’écoute.
- J’ai une moyenne générale
de 17,54/20. Je suis la première de tout le Pensionnat. Je pourrais prétendre à intégrer
un lycée prestigieux ! Je pourrais même prendre une option un peu plus
poussée que celles qui sont proposées ici ! Et puis, je suis loin de vous.
Je ne vois même pas grandir mes neveux ! De plus, je suis maltraitée ici !
Actuellement, j’ai les fesses bleues-violettes ! Je te jure, Côme, je suis
à deux doigts de saigner ! Ensuite, je…
- Stop, Clémence. Stop.
Je ne peux plus écouter ça.
- Mais Côme…
- Tu sais pourquoi tu as
une excellente moyenne générale ?! C’est justement parce que tu reçois de
bonnes fessées si tu as de mauvaises notes ! Tu es la première de tout le
Pensionnat parce que tu es une fille intelligente mais aussi parce que tu crains
les représailles de la Direction ! Tu pourrais intégrer un lycée prestigieux,
dis-tu ? Sais-tu combien de jeunes filles sont sur liste d’attente pour
intégrer le Pensionnat où tu es scolarisée ?! Hein ?! Il y en a plus
d’une centaine, Clémence ! La liste d’attente est plus longue que le
nombre de pensionnaires ! De plus, tu fais bien de parler des options
puisqu’à partir de demain, tu reprends le latin. Célestine et moi t’avons
inscrite.
- Quoi ?! Vous m’aviez
fait la promesse que si je redoublais ma terminale, je ne referais pas de latin !
- Le fait est que tu as un excellent niveau, ce qui te donnera des points pour le bac ; ce sera également un plus pour intégrer la brillante fac dans laquelle nous aimerions que tu ailles. Donc à partir de demain matin, tu reprends le latin.
- C’est injuste !
protestai-je.
- C’est comme ça. Pour
reprendre la suite de ton plaidoyer, oui, tu es loin de nous. Mais devons-nous
te rappeler pourquoi tu ne redoubles pas dans ton lycée de secteur ?!
Parce que tu faisais n’importe quoi ! Et à la maison, chez Titine, ton
comportement était déplorable ! Il fallait que je te couche au moins trois
fois par semaine sur mes genoux pour que tu te tiennes à peu près correctement !
Alors certes, maintenant ce n’est plus moi qui te donne la fessée mais c’est
encore mieux : tu en reçois une dès que tu fais une bêtise ! Voilà
pourquoi tu as les fesses bleues-violettes comme tu dis ! Tu ne peux t’en
prendre qu’à toi-même ! Si tu ne fais pas de bêtise, tu ne prends pas de
fessée ! Tu devrais le savoir depuis le temps : ça fonctionne comme
ça depuis que tu es née !
- Mais c’est impossible
de se tenir correctement, ici ! Y’a trop de règles ! Je n’arrive pas
à tout respecter !
- Alors pourquoi certaines
de tes camarades y arrivent ?
- Je n’en sais rien, moi !
Elles n’ont pas le même caractère que moi !
- Bon, écoute, Clémence. Effectivement,
tu as un sale caractère ; mais heureusement, Dieu t’a donné tes fesses
bien rebondies et résistantes pour l’améliorer ! Il faudrait donc commencer
à y songer !
- Donc pour ma désinscription…
- Tu te doutes bien que c’est
non ! trancha mon frère.
- Je pensais pourtant qu’à
deux heures du matin avec la fatigue due au manque de sommeil, tu serais plus malléable…
- Tu as mal pensé.
Maintenant, va te coucher. Et j’espère pour toi que tu ne feras pas prendre car
j’ai déjà reçu une tannée sur des fesses marquées et c’est très douloureux !
- Je sais, merci !
- Bonne nuit, Clémence.
Je t’aime quand même.
Je raccrochai sans lui répondre. J’étais furax
qu’il n’ait pas répondu à mes attentes.
Je
sortis à pas feutrés du secrétariat, verrouillai le bureau et allai remettre le
trousseau à sa place avant de me recoucher.
- Alors ? me
chuchota Mathilde qui m’avait attendue. Qu’a-t-il dit ?
- Non, répondis-je
froidement.
- Je te l’avais dit !
- La ferme. Dors.
A suivre…
Merci pour ce petit bonus 😉
RépondreSupprimerDécidément Clémence n'a pas attendu longtemps pour braver les interdits malgré un week-end douloureux !
Trop bien
RépondreSupprimerJ’adore ce récit merci
Comment Clem a pu penser que sont frère dirait oui
Encore merci