Je me levai angoissée. Même si Pierre-Louis me
rassura durant le petit déjeuner, j’avais une boule composée de stress dans le
ventre qui me faisait bien comprendre sa présence.
Alors
que je terminais mon toast, le biper de Pierre-Louis sonna.
- Zut ! dit-il.
- Un problème ? m’inquiétai-je.
- Une urgence. Un précepteur
d’astreinte va venir prendre le relais avec vous. Je dois y aller.
Pierre-Louis sortit en courant de l’appartement
et je n’attendis que trente petites secondes avant qu’un jeune homme entre,
prenant le relais.
- Bonjour Zoé, je m’appelle
Nicholas – mais tu peux m’appeler Nick, je viens m’occuper de toi pendant l’absence
de Pierre-Louis.
Waouh. Nick était beau. Vraiment très beau. Et
puis, il me tutoyait, ce qui, bizarrement, me faisait du bien. Mes yeux gris
plongés dans ses yeux bleu turquoise, je lui répondis :
- Euh, d’accord. Ben… Bienvenue.
Nous ne discutâmes pas beaucoup mais j’avais la
sensation qu’il était le précepteur qu’il me fallait. Mon instinct ne se
manifeste en général pas beaucoup, mais là : je le savais.
Jenna me tint la main
lorsque nous sortîmes de la limousine. Forcément, nous attirâmes tous les
regards. Pour une première journée à la fac, ce n’était vraiment pas top.
- Ça va bien se passer,
me dit-elle.
- J’espère !
répondis-je.
Nous dîmes au revoir à Pierre-Louis et Christie puis nous avançâmes en direction du bâtiment.
- Roh là, là !
Dis-je à Jenna. Tout le monde nous regarde !
- En fait, tout le monte
te regarde.
- Ah bon ? Ce n’est pas la limousine ?
- Nous ne sommes pas les
seules à arriver en limousine. Dans cette fac privée, il y a des enfants de consuls
et de célébrités. Par contre, puisque c’est une petite fac, nous nous connaissons
déjà tous, alors forcément, une petite nouvelle qui arrive…
- Hey ! m’interpella
un gars. T’es la fille de Valentin Duhamel ?!
- Euh… oui.
- Il est super stylé, ton
père ! s’enthousiasma-t-il. C’est dingue ce qu’il fait pour développer les
nanotechnologies ! C’est un génie !
- Ah oui ? m’étonnai-je.
Je n’en sais rien, moi je le vois juste comme… euh… bah, mon père.
- Tu crois que tu pourrais
m’avoir un stage dans son entreprise ? Même comme homme de ménage, j’m’en
fiche ! Du moment que j’peux l’approcher…
- Oui, faut voir. En ce
moment, je lui fais la gueule mais quand j’lui reparlerai, je lui demanderai. C’est
quoi, ton nom ?
- Zack ! Zack Wilcox !
- Ok, Zack. On se
recapte, alors.
- Ouais ! Tu ne m'oublies pas, hein ?!
Lorsqu’il fut éloigné, je jetai un regard surpris
à Jenna. Elle me dit :
- Ah… Je ne t’ai pas dit ?
La plupart des étudiants de techno et informatique (pour ne pas dire la
totalité) vouent un immense culte à ton père. C’est presque leur Dieu.
- Ah, m’inquiétai-je. Ça va
attirer la jalousie, ça…
- T’en fais pas, tu n’es
pas seule.
Jenna me présenta ses copines.
Bien qu’elles me parurent sympathiques, cela me renvoya en pleine tête le
manque des mes propres amies. Meredith, June, Hailey et Beverly me manquaient
atrocement ; et je ne pouvais même plus faire de visio avec elles depuis que
mon père m’avait placée dans le royaume de l’enfer.
- Ça va, Zoé ? me
demanda Anna, l’une de mes nouvelles connaissances. T’as l’air triste ?
- Tout va bien, t’inquiète !
Mes copines qui me manquent, ma rupture avec
Trent, mon père qui m’avait envoyée au bagne… Je n’étais pas prête à partager
cela avec Jenna, Anna, Martha ou Sarah. Il fallait d’abord que la confiance se
crée, ensuite je parlerais. Peut-être.
La journée
se déroula vraiment bien. Les professeurs m’accueillirent avec sympathie et je
compris facilement les cours qui m’étaient dispensés. J’expliquai même une
notion à mes nouvelles copines puisqu’aucune d’elles n’avait compris.
- Ça va être trop cool de
t’avoir dans la bande, Zo ! me dit Jenna. Tu vas nous sauver notre année !
Tandis que les autres approuvaient, je me
surpris à penser que j’avais stressé pour rien : ça allait sûrement me plaire,
la fac de médecine !
La
limousine vint nous chercher pour quinze heures, heure de fin des cours. En
montant dedans, Jenna et moi fûmes surprises : ce n’était pas Christie et
Pierre-Louis qui étaient là mais… mon père.
- Papa ? Mais… Qu’est-ce
que tu fais là ?!
- Entre et viens t’asseoir.
Toi aussi, Jenna.
Nous nous assîmes dans le véhicule ; pour
ma part, je me positionnai le plus loin possible de Valentin. La limousine
démarra et quitta le campus.
- Tu refuses de me parler
au téléphone, dit-il. Et je voulais absolument savoir comment s’était passé ta
première journée à la fac.
- Donc tu t’es dit que tu
allais m’imposer ta visite, râlai-je.
- Exactement. Au cas où
tu ne l’aurais pas compris depuis tout ce temps : c’est moi qui décide.
- Je peux quand même
refuser de te parler, tins-je.
- Je doute que tes fesses
soient en état de recevoir une fessée. Et je doute encore plus que tu veuilles en
recevoir une devant ta nouvelle amie.
- Ce n’est pas en me menaçant
que tu vas obtenir ce que tu veux ! rétorquai-je.
- Très bien, dit Valentin
en m’attrapant le poignet. Alors viens faire un tour sur mes genoux.
- Non ! Non !! Papa,
stop ! Ok, je vais te parler ! Je vais te parler ! Ne me donne
pas de fessée, s’il te plaît, papa !
Mon père me lâcha instantanément. Je me relevai
de ses cuisses et retournai m’asseoir le plus loin possible de lui. Jenna, qui observait
la scène, ne disait rien.
- Alors, comment s’est
passé ta journée, mon bébé ? me demanda mon père.
- C’est ce que tu fais ?
rétorquai-je en me massant le poignet. Tu flanques la fessée à quiconque est en
désaccord avec toi ?
- Va savoir, répondit-il
calmement avec ce sourire en coin que je lui connais bien. Alors ? Ta
journée ?
- Ça a été, dis-je. Tout
le monde m’a très bien accueillie. Je n’ai aucun problème à suivre les cours.
- Elle nous a même aidées
à comprendre des choses, à mes copines et moi ! intervint Jenna.
- Bien, fort bien ! apprécia
mon père. Je suis sûr que nous serons très satisfaits de tes résultats, toi
comme moi.
- Et… Comment va… Enfin…
je veux dire…
- Trent ?
- Euh… Oui.
- Il va bien, assura
Valentin. Il a le cœur brisé. Puisqu’il ne peut pas communiquer avec toi comme
il aimerait, il tient un journal dans lequel il t’écrit chaque jour. Tu lui
manques beaucoup.
- Tu pourras lui dire qu’il
me manque aussi, dis-je à mi-voix.
- J’espère que tu
trouveras vite la force de lui pardonner.
- Je l’espère aussi.
- Au fait, papa, j’ai un
truc à te demander.
- Tiens, tiens !
sourit-il. Tu ne fais plus la tête pour me demander des choses, hein ?
J’avalai ma salive comme pour avaler la
réflexion paternelle que je venais de me prendre et qui avait du mal à passer,
puis me lançai :
- Je veux changer de
précepteur.
- Qu’est-ce qui ne va pas
avec Pierre-Louis ?
- Rien, rien, il est très
bien ! Mais… Je veux Nicholas.
- Nicholas ? Celui
qui me ressemble ? On parle bien de ce Nicholas-là ?
Maintenant que Valentin le disait, il est vrai
que Nick ressemblait énormément à mon père. Je n’y avais même pas fait attention.
C’était mon père tout craché, avec vingt-cinq ans de moins.
- Oui, ce Nicholas-là.
- Pourquoi lui en particulier ?
- Eh bien… Je n’en sais rien,
papa. Juste… Je le veux lui, c’est tout.
- On peut dire que tes
arguments sont implacables…
- Oh, papa ! m’agaçai-je.
- Il ne te conviendra
pas, trancha mon père après avoir ri.
- Pourquoi ?
- Déjà, il parle anglais.
Je ne veux pas que tu perdes ta langue maternelle.
- Je vous ai au téléphone
tous les jours, que ce soit Manon, toi, Romain… je continuerai à parler
français !
- Et puis même : Nick
est spécialisé dans l’infantilisation. En général, on lui confie des
adolescents imbus d'eux-mêmes. S’il s’occupe de toi, il va te traiter comme une gamine
de huit ans. C’est ça, sa méthode. Te connaissant, tu ne vas pas aimer !
- Je ne peux pas dire que
j’apprécie la méthode de Pierre-Louis non plus !
- Si tu as Nick en
précepteur, tu seras vraiment traitée comme une enfant, Zoé ! Je ne suis
vraiment pas sûr que tu acceptes ça ! Ok, il n’y aura plus de canne et de
séance extrême comme celle que tu as pu vivre le soir de ton arrivée…
- Attends ! le coupai-je. Tu es au
courant ?!
- Bien sûr que je suis au
courant, Zoé !
- Et tu n’as rien dit ou
fait pour stopper ça ?!
- Ne crois pas que cela
ne m’ait pas brisé le cœur, avoua Valentin. D’ailleurs, heureusement que je n’étais
pas présent. J’aurais tout fait stopper et ça n’aurait pas été dans ton
intérêt. Il fallait que tu en passes par là pour te calmer.
Je baissai les yeux en comprenant combien mon
père avait dû souffrir en apprenant ce que j’avais subi ; mais certainement pas plus que moi !
- Pour en revenir à Nick,
reprit Valentin après s’être râclé la gorge, il n’y aura donc pas de séance
extrême mais… Tu seras traitée comme si tu avais huit ans, Zoé ! Je te le
répète ! Les passages au coin, l’écriture de lignes, être punie dans ta
chambre, être privée de dessert… Il fonctionne comme ça ! Pas de gifles,
que des fessées bien infantilisantes ! Parfois, il vaut mieux prendre une
paire de claques qu’une longue déculottée ! Je ne t’apprends rien !
- Papa, j’ai l’intime
conviction qu’il faut qu’il s’occupe de moi. Je ne saurais pas t’expliquer pourquoi…
Il faut que ce soit lui, c’est tout !
Mon père haussa les sourcils. Il ne m’avait
jamais entendu parler sous le coup de l’instinct. Je savais qu’il était
surpris.
- Tu ne peux pas changer
de précepteur comme de chemise, Zoé.
- Je garderai Nick jusqu’à
ce que je sorte d’ici.
- Et que dira-t-on à
Pierre-Louis ?
- Je ne sais pas, moi !
dis-je. C’est toi, son boss. Trouve un truc. Dis juste que j’ai réclamé Nick !
- Non, ça fait trop « fille
du patron qui a des privilèges ». J’ai horreur de ça !
- Ok, alors dis un autre
truc.
- Hum.
- Alors, papa ? C’est
ok ? Je peux avoir Nick ?
- Je ne sais pas, Zoé… J’avais
fait venir Pierre-Louis de Virginie exprès pour Manon puis pour toi...
- Papa, tu m’as enfermée
dans un endroit déjà assez strict comme ça ! Si tu veux que je me sente un
minimum bien, il me faut Nick !
Après deux bonnes minutes de réflexion en
silence, mon père accepta ma demande. Je lui sautai dans les bras. Je me rendis
alors compte que ce câlin lui faisait autant de bien qu’il m’en faisait.
- Je t’aime, papa. Finis-je
par dire.
- Moi aussi, je t’aime. Je
t’aime plus que tout. En revanche, tu vas légèrement déchanter lorsque nous
arriverons.
- Pourquoi ?! m’inquiétai-je.
- Parce que je vais te
filer une bonne fessée debout pour m’avoir dit d’aller me faire foutre au
téléphone, dit mon père d’un ton détaché en pianotant sur son smartphone après m'avoir lâchée.
- Mais papa… Je suis
désolée ! dis-je en me liquéfiant sur place. Je suis vraiment, vraiment désolée !
Je te présente mes plus plates excuses ! J’étais en colère, je n’ai pas
mesuré mes mots, je…
- Waouh, eh ben ! m'interrompit-il en s'étonnant. Je
n’ai jamais eu d’aussi belles excuses venant de toi ! C’est
d’accord, j’accepte tes excuses. Tu vas néanmoins devoir t’attendre à la recevoir,
la fessée debout ! Elle fait partie des favorites de Nick !
- Tu déconnes ?
- Pas le moins du monde !
Debout, sous le bras, sur les genoux… Bref, comme une enfant, quoi !
- Oh non… Finalement, je
vais peut-être garder Pierre-Louis.
- Trop tard, me répondit
mon père en me montrant son smartphone, le changement a été effectué !
Lorsque nous arrivâmes
à la résidence, ce fut donc Nick qui se tenait aux côtés de Christie pour nous
réceptionner Jenna et moi. Nous sortîmes de la limousine, accompagnées de Valentin.
Mon père m’embrassa alors sur le front et me dit :
- Je t’aime ma chérie.
- Tu t’en vas déjà ?
- J’ai du travail. Ta
journée est peut-être finie – bien qu’il te reste tes devoirs à faire ! –
mais pour la mienne, c’est loin d’être le cas. J’ai
un vol pour San Diego dans une heure.
- Ah. D’accord.
Voyant que son départ me touchait, mon père me serra
fort dans ses bras. Je me blottis contre lui pour prendre tout l’amour dont j’avais
besoin.
- Ne crois pas que je ne
suis plus fâchée contre toi, quand même ! dis-je, collée contre son torse.
- Oh, je le sais bien !
Tu as mon caractère de cochon. Prends bien soin de toi mon petit bébé. Et tu as intérêt d’être sage ! Je t’aime de tout mon cœur.
- Moi aussi, papa.
- Prenez bien soin d’elle,
dit mon père à Nick après m’avoir à nouveau lâchée.
- Comme si c’était la mienne, répondit mon nouveau précepteur.
Valentin m’embrassa à nouveau sur le front puis
monta dans la limousine, qui démarra.
- Aller viens, ma puce,
me dit Nick en me prenant les épaules. On rentre.
Nick m’emmena jusque dans l’appartement. Il n’y
avait plus aucune des affaires de Pierre-Louis. La femme de ménage était en train
de changer les draps dans la chambre du précepteur tandis que Nick défaisait ses
bagages. J’eus un moment de la peine pour Pierre-Louis auquel je n’avais même pas
pu dire au revoir ; mais cette peine fut vite remplacée par la joie d’avoir
Nick.
- Bien, tu peux venir t’asseoir
dans le salon, s’il te plaît, Zoé ? me dit Nick après s’être installé.
Nous allons discuter un peu de l’organisation du quotidien.
Cela changeait déjà des méthodes musclées de
Pierre-Louis ! L’apparente douceur de Nick me plaisait bien ! J’allai
donc m’asseoir sur le canapé à ses côtés.
- Est-ce que ton père t’a
un peu parlé de mes méthodes ?
- Oui, répondis-je.
Il fronça les sourcils. J’avais fait exprès de
ne pas répondre correctement. Il me reprit alors :
- Tu sais ce qu’il faut
dire, Zoé !
- Oui Nick.
- Ne l’oublie pas la
prochaine fois. De plus, j’aimerais que tu m’appelles autrement. Tu ne m’appelleras
pas « papa » car ce nom est réservé à Valentin et à lui seul. Il va donc
falloir trouver un autre nom. J’ai une mère d’origine finlandaise, et là-bas, papa
se dit « isä » (nb : se prononce « issa »). Il y a
également « veli » qui signifie « frère ». Si tu as d’autres
mots en tête, n’hésite pas.
- Isä, ce sera très bien,
dis-je, ayant la flemme de chercher.
- Tu m’en vois ravi, sourit
Nick. Si ton père t’a déjà parlé de mes méthodes, alors je n’ai plus rien à
ajouter. Sache que si tu as des questions, tu peux me les poser.
- Dois-je te tutoyer ou te
vouvoyer ?
- Me tutoyer, bien sûr !
répondit-il. Maintenant, sors ton agenda. Je veux vérifier les devoirs que tu
as à faire pour demain.
- Je… euh… Mis à part
remettre les cours d’aujourd’hui au propre et apprendre les formules, je n’ai
pas de devoirs.
- Tu viens d’en citer
deux, pourtant. Ils sont donc notés dans ton agenda. Fais-moi voir.
- Je n’ai rien noté dans
mon agenda, avouai-je.
- A partir de maintenant,
tu vas le faire, Zoé. Sinon, je vais me fâcher. A chaque fois que tes devoirs
ne seront pas notés, tu iras cinq minutes au coin pour réfléchir à la nécessité
de le faire ! C’est entendu ?
- Oui, Isä.
- C’est compris ?
- Oui, Isä.
- Bien. Installe-toi à la
table de la salle à manger pour travailler. Je pourrai surveiller ce que tu
fais.
- Tu comprends quelque
chose aux études de médecine ? demandai-je.
- Je suis allé jusqu’en
cinquième année avant de faire autre chose, répondit-il. Je suis donc apte à t’aider
pour le moment.
- Pourquoi as-tu fait autre
chose ? Ça ne te plaisait plus ?
- Fais tes devoirs. Nous en
parlerons plus tard. Pour le moment, tu es occupée.
J’avais la flemme. J’avais
vraiment la flemme.
- Zoé ! me dit Nick
en revenant quelques minutes plus tard. J’ai l’impression que ça n’avance pas beaucoup !
- Je réfléchis.
- Ah oui ? Tu as
besoin de réfléchir pour remettre tes cours au propre ?
Assise devant mon notebook, je réécrivais
correctement mes cours qui étaient sous forme de notes, m’étant adaptée au débit
de paroles des profs durant les cours.
- Oui, j’ai besoin de réfléchir.
- Ça n’avance pas, Zoé !
Je le vois bien !
- Ne me saoule pas,
lâchai-je, agacée et fatiguée.
- Pardon ? m'interrogea Nick sans crier.
Il s’avança néanmoins vers moi, attrapa mon menton et le
leva pour que je le regarde dans les yeux. Puis, il me réprimanda :
- Je n’ai pas à te « saouler »
ou non, Zoé ! Je suis ton précepteur, et tu me dois le respect !
Lorsque je te fais une remarque, tu dois uniquement répondre par « Oui, Isä »
et améliorer ton comportement ! Est-ce que c’est entendu ?!
- Oui Isä.
- Est-ce que c’est
compris ?!
- Oui, Isä.
- Bien ! Tu vas
maintenant prendre une fessée pour que je sois sûr que tu ne recommences pas !
Nick me sortit de ma chaise en un geste, comme
si j’étais aussi légère qu’une plume ; et me colla cinq claques sur mon
jeans. Heureusement, je les sentis à peine. Mon soulagement ne fut malheureusement
que de courte durée lorsque Nick m’annonça :
- Je te les ai données
davantage pour te vexer que pour te faire mal ; mais si je vois que ce n’est
pas assez dissuasif, j’augmenterai en qualité et en quantité ! C’est
entendu ?!
- Oui, Isä.
- C’est compris ?!
- Oui, Isä.
- Alors remets-toi au
travail, Zoé. Et pour de vrai, cette fois !
Effectivement j’avais l’impression d’être une enfant.
Valentin n’avait pas menti. Avec ses questions « c’est entendu et compris »,
son attitude et la façon dont il m’avait collé ces cinq claques, Nick me donnait
l’impression d’avoir maximum dix ans. Néanmoins, je préférais ça aux méthodes
musclées de Pierre-Louis : pour répondre comme j’avais répondu, j’aurais sûrement
pris une déculottée, avec lui.
N’empêche, je travaillai pour de vrai,
souhaitant éviter que Nick « augmente en qualité et en quantité ».
Je
lui annonçai que j’avais terminé mes devoirs aux alentours de dix-sept heures
trente.
- Tu as été rapide !
commenta-t-il.
- Tu trouves ?
- Oui, je trouve, dit-il.
Les formules ont été révisées ?
- Oui, Isä.
- Les huit ?
- Oui, Isä.
- Alors, récite-les-moi.
- Euh… quoi ?!
- Récite-les-moi.
- Euh… De tête ?
Comme ça ?
- Oui, Zoé. C’est ce que
je t’ai demandé.
J’en récitai six, et il y en avait une de
fausse. J’avais un trou de mémoire pour les deux autres.
- Tu les révises à
nouveau, conclut-il. Appelle-moi quand tu es prête, je t’interrogerai.
- Mais j’en connais cinq sur
huit, c’est bon, non ? plaidai-je ayant envie de faire autre chose.
- Pour faire médecine, il
ne faut pas être bonne, il faut être excellente ! Tu peux demander à ta sœur !
Tu ne bougeras donc pas d’ici tant que les huit formules ne sont pas parfaitement
sues !
- Et si je bouge quand
même ? provoquai-je, agacée par l’attitude de Nick.
- Tu iras au coin avec
une fessée, le pantalon et la culotte aux chevilles, annonça-t-il.
- Attends, tu passes de
cinq petites claques sur le jeans à une déculottée ?! m’étonnai-je. Il y a
plein d’étapes intermédiaires !
- Je ne rigole pas avec
les devoirs, Zoé ! Donc tu m’apprends tes huit formules par cœur ou tu
finis au coin avec des fesses rouges et nues ! C’est entendu ?
- Oui, Isä.
- C’est compris ?!
- Oui, Isä.
Un quart d’heure plus tard, les formules étaient
parfaitement sues. Je n’avais pas eu la force de pousser le bouchon plus loin.
Le sosie de mon père avait les mêmes biceps que lui. Je redoutais assez les
fessées de Valentin pour vouloir tester celles de Nick.
Mes
devoirs terminés, je pus (enfin !) aller me détendre dans le foyer :
la pièce réservée aux habitants de la résidence. Puisque Jenna n’y était pas,
je dus me faire de nouvelles connaissances : ça faisait un peu trop de
nouvelles personnes pour moi en une journée.
Je remontai
pour le dîner.
- Tu es en retard, m’annonça
Nick alors qu’il m’attendait dans l’entrée, les bras croisés.
- Ah bon ? m’étonnai-je.
Il n’est que 19h07 !
- Le repas était à 19h.
- Oh, juste pour sept
minutes…
Nick s’approcha de moi, m’attrapa par le bras
et me colla trois claques plus costaudes que celles de tout à l’heure. Mes
fesses me picotèrent un peu, ce qui me calma. Nick poursuivit :
- L’heure, c’est l’heure,
Zoé ! La prochaine fois que tu es retard, même de trente secondes, je te
colle une fessée devant tout le monde ! Est-ce que c’est entendu ?!
- Oui, Isä.
- C’est compris ?!
- Oui, Isä.
- Pour la peine, tu iras
sept minutes plus tôt au lit, annonça-t-il. Et demain, tu n’iras pas au foyer.
- Deux punitions ?!
m’exclamai-je. Juste pour sept minutes ?!
- C’est surtout pour te
faire apprendre la ponctualité ! rétorqua-t-il. Et tu baisses
immédiatement d’un ton ou c’est ton pantalon qui va se retrouver baissé !
- …
- Qu’est-ce qu’on dit ?!
- Pardon, Isä.
- J’aime mieux ça. File à
la douche.
Il commençait à me gonfler. Même si je préférais
largement les méthodes infantilisantes de Nick aux méthodes beaucoup plus
musclées de Pierre-Louis, mon précepteur commençait à me les briser sévère !
Ma
douche prise, Nick me fit réviser une nouvelle fois mes formules et vit que je
les connaissais encore parfaitement, ce qui nous soulagea tous les deux.
Malgré
ma tentative que caprice qui se solda par une nouvelle menace de fessée (que je
pris très au sérieux étant donné que j’étais en pyjama !), Nick ne céda pas
et je dus me coucher avec sept minutes d’avance. Il resta d’ailleurs dans ma
chambre durant ces sept minutes pour surveiller que je ne me relève pas. Puis,
il sortit de la pièce en laissant la porte ouverte pour pouvoir entendre le
moindre bruit qui traduirait une potentielle désobéissance.
En
essayant de m’endormir, je songeai qu’avec la visite de Valentin, je n’avais
même pas pensé à appeler à la maison pour tenter d’avoir Manon, Romain ou…
Trent.
A suivre…
Cette série est définitivement ma safe place 🌺
RépondreSupprimerMille mercis pour ce commentaire qui me va droit au cœur ! <3
SupprimerJ’ADORE J’ADORE
RépondreSupprimerVite la suite ❤️❤️
Merci beaucoup, j'adore vous lire.
RépondreSupprimerJe lis et relis toutes vos histoires, dans l'attente de nouveaux épisoes 😘
SupprimerMerci infiniment pour vos commentaires !! <3 Ce sont eux qui me motivent à poursuivre et écrire de nouveaux chapitres ! Alors merciiiiii !! <3<3<3<3
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