Jeudi 28 novembre 2019.
Je
me levai aux alentours de dix heures : j’avais une nouvelle fois battu un
record : quatorze heures de sommeil !
- Comment va ma petite
marmotte ? me demanda ma mère lorsqu’elle me vit descendre pour prendre
mon petit déjeuner.
- Je suis en pleine forme,
répondis-je.
- Tu m’étonnes !
répondit-elle. Cette punition de la part de ton père a vraiment du bon ! Au
moins, tu te reposes comme il faut ! J’aimerais quand même que tu déjeunes
léger pour pouvoir manger de façon consistante ce midi.
- Oui, ne t’inquiète pas.
Je me contentai alors d’accompagner mon médicament
d’un verre de jus de fruits, profitant de l’absence de ma mère. Lorsqu’elle réapparut
et qu’elle me questionna sur mon petit déjeuner, je dus mentir :
- J’ai pris un kiwi et
une biscotte beurrée.
Ma mère s’arrêta net et me fixa. Mal à l’aise, je
baissai les yeux.
- Regarde-moi, Marie.
J’obéis en me forçant.
- Que me caches-tu ?
- Rien, maman !
répondis-je automatiquement.
- Tu es en train de me
mentir, Marie Webber ! Tu me caches quelque chose et je n’aime pas ça !
Surtout que c’est en rapport avec la nourriture !
- Quoi ?! feignis-je
en paniquant. Mais non, voyons !
- Tu as commencé à me
mentir à partir du moment où je t’ai demandé ce que tu avais déjeuné !
- Maman, s’il te plaît,
laisse-moi tranquille…
- Hors de question. Qu’as-tu
déjeuné ?!
- Un kiwi et une biscotte
beurrée ! insistai-je.
- Mens-moi encore une
fois et je flanque une fessée ; Qu’as-tu déjeuné ?!
- Un verre de jus de fruits
avec un bol de lait.
Sur le moment, je réussis à me convaincre que s’il
y avait une part de vérité dans ma réponse alors ma mère me lâcherait :
mais cela ne fonctionna malheureusement pas. Elle m’attrapa par le bras et me colla
cinq bonnes claques sur mon bas de pyjama ; claques que je sentis passer, surtout
dès le matin au réveil !
Je mourais d’envie que l’interrogatoire de ma flic
de mère s’arrête là ; mais c’était sans compter sur sa détermination. Sans
me lâcher le bras, elle m’emmena au premier étage jusqu’au bureau de mon père.
Malheureusement pour moi, il n’était pas en réunion mais effectuait des lignes
de codages.
- Mike, je peux te
déranger quelques minutes ? lui demanda-t-elle.
- Oui, qu’est-ce qu’il y
a ?
- Viens avec moi, c’est
urgent.
Mon père m’embrassa sur le front pour me dire
bonjour puis afficha une mine inquiète : le ton qu’avait employé sa femme
l’inquiétait.
Toujours en me tenant fermement le bras, ma
mère me fit redescendre au rez-de-chaussée et m’emmena jusque dans la
bibliothèque, là où Louise révisait avec son groupe d’exposé.
- Ma puce, viens avec
nous quelques minutes, s’il te plaît ! lui demanda Scarlett.
A voir la façon dont maman me tenait, Louise
obéit, s’inquiétant d’avoir des problèmes elle aussi.
Nous nous retrouvâmes alors tous les quatre dans
la pièce à vivre : papa, maman, Louise et moi. Scarlett s’adressa à ma sœur :
- Louise chérie, je viens
de donner une fessée à ta sœur parce qu’elle m’a menti au sujet de son petit
déjeuner ! Elle refuse de me parler et je sais qu’elle cache quelque chose !
Je compte sur toi pour me dire ce qui se passe : s’il te plaît, ne me mens
pas. On ne parle même pas du fait que tes fesses paieront ton mensonge si tu en
profères un ; on parle surtout du fait que je suis extrêmement inquiète. Ton
père et moi avons besoin de savoir ce qui se passe et si Marie a un problème
avec la nourriture. Tu pleurais lundi soir. Était-ce pour cela ?
- Marie m’a dit de ne rien
vous dire, elle m’a fait promettre ! avoua Louise en sanglotant.
Je sentis la main de Scarlett se resserrer
autour de mon bras. Mon père prit le visage de Louise entre ses mains et tenta
de la rassurer avant de lui demandant d’avouer. Ma sœur craqua alors :
- Marie vomit chaque
repas qu’elle avale… Elle sort de table et va directement se faire vomir dans les
toilettes.
Ma mère me lâcha, s’accroupit et se couvrit le
visage avec ses mains. Mon père, lui, fit quelques pas en regardant vers le
ciel.
- Depuis quand ?
demanda papa après avoir accusé le coup.
- Elle fait ça depuis
lundi, répondit ma sœur, c’est à cause de la réflexion que Granny a faite à
Anaïs… Marie s’est sentie concernée et elle a décidé de ne plus manger.
- Je vais la tuer, dit Scarlett
en se relevant. Je vais tuer ma mère !
Ayant cru quelques secondes que le « Je
vais la tuer » m’était destiné, je soupirai discrètement de soulagement. Michael
prit Louise dans ses bras en lui disant :
- Merci de nous l’avoir
dit ; mais la prochaine fois qu’il y a quelque chose de grave comme cela,
n’attends pas que ta mère ait des soupçons pour nous en parler ! D’accord,
mon p’tit cœur ?
- Oui papa, je suis
vraiment désolée ! J’avais promis à Marie…
Louise se mit à pleurer, papa la serra alors encore
plus fort.
- Retourne travailler, mon
cœur, dit-il ensuite en desserrant son étreinte.
Louise retourna dans la bibliothèque et je me
retrouvai donc seule face à mes parents qui connaissaient désormais la vérité.
- Dans ta chambre !
m’ordonna Michael d’un ton sévère.
Je ne me le fis pas dire deux fois.
Je
faisais les cent pas, le stress au ventre. Je ne savais pas quoi faire. Mes parents
étaient en train de discuter et j’aurais vraiment bien aimé savoir ce qu’ils se
disaient. Si je devais prendre une fessée, autant que je m’habille en enfilant
les couches de vêtements : cela ferait moins mal que de rester en pyjama.
Et en même temps, si mes parents avaient décidé de me flanquer une déculottée,
ma tenue n’y changerait rien. Je m’étais vraiment mise dans de sales draps, là.
Allaient-ils me faire hospitaliser pour anorexie ?
Ne tenant plus, j’ouvris la porte de ma chambre
et me rendis sur le palier d’où je pouvais entendre quelques bribes de conversation.
Raté pour moi : mes parents parlaient anglais. Cependant, ça n’avait
pas l’air d’être ma grand-mère au téléphone puisque la discussion avait l’air sérieuse
mais sans animosité. J’entendis alors : « Ok, thank you so much Bee.
Love. ». puis j’entendis le « bip » du haut-parleur qui
signifiait que mes parents avaient raccroché. J’entendis
ensuite ma mère dire à mon père : « If you’re okay, let’s
go talk to her now. ». Cela voulait dire que mes parents allaient venir me parler.
Je me dépêchai de retourner dans ma chambre avec le plus de discrétion possible
et m’assis sur mon lit, le cœur battant à tout rompre.
Je
n’attendis pas une minute avant que l’on toque à la porte.
- Entrez ! dis-je
fébrilement.
Mes parents pénétrèrent dans ma chambre et vinrent
s’assoir sur le lit de Louise, placé en face du mien. Ils gardèrent le silence une
dizaine de secondes avant que mon père ne le rompe :
- Princesse, pourquoi ne
nous as-tu pas dit que la réflexion de ta grand-mère t’avait marquée ?
- Je ne m’en suis pas
rendue compte sur le moment, répondis-je.
- Et lorsque tu as vu
Louise s’affoler parce que tu te faisais vomir, tu ne t’en es pas rendue compte
non plus ?!
- Si, mais je voulais
juste perdre quelques kilos…
- Marie, nom d’un chien,
tu t’es mise en danger ! s’exclama mon père. Tu as carrément fait un
malaise à la fac ! Tu te rends compte à quel point c’est grave ?! Ça
fait quatre jours que tu n’as rien dans le corps !
- Mais je veux maigrir !
plaidai-je.
- Marie, écoute-moi bien :
oui, tu as quelques rondeurs – elles sont également liées à tes origines – mais
tu es loin d’être obèse, d’accord ?! Je peux te porter sans problème !
- Papa, tu es tout en
muscles ! Tu pourrais porter n’importe qui !
- Non, pas n’importe qui,
reprit mon père.
- Ce que nous essayons de
t’expliquer, poursuivit ma mère, c’est que tu es très jolie comme tu es, il
faut absolument que tu arrêtes avec cette obsession de perdre du poids !
Si tu veux affiner ta silhouette, contente-toi des assiettes que je te prépare
et crois-moi, ça te fera déjà perdre du poids ; la preuve, tu en as déjà
perdu !
- Oui mais ça met trop de
temps ! dis-je. Là, j’ai perdu trois kilos depuis lundi !
- Mais c’est dangereux
pour ta santé !
- Oui mais ça va plus
vite ! soutins-je.
- Marie, insista mon
père. Est-ce que tu comprends quand on te parle ?!
- Oui ! répondis-je.
Mais je veux juste perdre encore dix kilos ! Laissez-moi faire et dans dix
jours, je remangerai normalement.
- Tu ne comprends effectivement
pas ce que nous essayons de t’expliquer, conclut ma mère. Nous allons donc
tenter de faire plus simple. J’ai appelé ma sœur, Beverly, qui est
nutritionniste. Elle nous a donné quelques conseils. A partir de ce midi, voici
comment les choses vont se passer : tu ne sortiras pas de table avant d’avoir
mangé l’intégralité de ton assiette et ce, à chaque repas. Ton père et/ou moi
serons toujours là pour contrôler. A partir de maintenant, nous ne t’autoriserons
plus à manger à l’extérieur à moins que les personnes qui te reçoivent soient
averties de ton état. Si nous étions assez souples sur le fait que tu manges
parfois à la fac le midi, dorénavant c’est tout bonnement hors de question. Si
tu as mangé à l’extérieur sans notre autorisation, attends-toi à une très bonne
déculottée en rentrant à la maison !
- Tu resteras donc à
table jusqu’à ce que ton assiette soit terminée, poursuivit mon père, et tu
resteras une heure de plus sous notre surveillance pour que nous soyons sûrs
que tu ne vas pas te faire vomir. Si nous apprenons que tu t’es encore fait
vomir, même punition.
- Nous serons plus vigilants sur les repas à heures fixes, continua Scarlett. Il faut que ton corps réapprenne à être
nourri correctement.
- Tu prendras un goûter
en rentrant de la fac ; ne t’en fais pas, ce sera quelque chose de léger,
enchaîna mon père.
- Nous allons te
surveiller de très près, Marie. Si tu ne respectes pas ces consignes, tu sais
très bien ce que tu risques ! Nous allons être sans cesse derrière toi donc
tu as intérêt à obéir !
- Vous allez me forcer à
manger alors que je veux maigrir ! protestai-je. C’est injuste ! Vous
pourrez me donner toutes les fessées du monde, je ne mangerai pas si je ne veux
pas !
- Nous comprenons que tu
sois en colère, ma puce, admit calmement mon père. Mais je t’assure que nous
faisons cela pour ton bien, même si tu ne t’en rends pas encore compte. Lorsque
nous te punissons, c’est par amour. Tu ne le comprends pas maintenant mais ça
viendra.
- S’il te plaît, ne
choisis pas de nous faire la guerre, poursuivit ma mère.
- C’est vous qui me
faîtes la guerre ! protestai-je.
- Attention au ton que tu
emploies ! gronda Michael. Nous allons te laisser réfléchir à tout cela.
Tu resteras dans ta chambre jusqu’au déjeuner.
- Mais je devais aller travailler
mon exposé chez Yann !
- Nous avons prévenu ses
parents, dit ma mère. Avance de ton côté, il avancera du sien et vous regrouperez
cela demain.
- C’est injuste ! criai-je.
Vous n’avez pas le droit !
Sourds à mes protestations, mes parents se
tournèrent vers la porte tandis que je continuais d’hurler :
- Je vous déteste ! Vous
n’êtes que des…
- Attention à ce que tu
vas dire ! me gronda mon père en se tournant vers moi, brandissant sa
main. Fais très attention, Marie !
Je me tus. Mes parents sortirent.
Enfermée
dans ma chambre, j’avais tapé dans tout ce que j’avais pu trouver : mais j’étais
tellement faible que je n’avais rien abîmé.
Au déjeuner, j’étais calmée. Ma colère était redescendue,
j’étais dans une phase « boudin » durant laquelle je faisais la tête
à tout le monde. Mes parents et mes sœurs tentèrent d’ignorer cette attitude en
parlant d’autre chose.
- Les filles, votre oncle
Caleb, votre tante et votre cousin vont séjourner à la maison à partir de ce
soir ; ils arriveront pour le dîner.
L’annonce de ma mère nous laissait sans voix.
Mon père prit derrière elle :
- Nous savons qu’il y a eu
beaucoup de passages et de changements ces temps-ci : Daryl qui n’est pas
resté, les moments de garde des filles Dubois, l’arrivée d’Assa, celle d’Anaïs,
le séjour de vos grands-parents, sans compter le changement de travail de votre
mère. Ça doit faire beaucoup à digérer, pour vous. Nous vous remercions d’avoir
été si résilientes ! Nous vous promettons que ça va se calmer. Votre oncle
et sa famille ne dormiront chez nous que deux nuits, le temps que leurs meubles
arrivent. Vous ne serez incommodées que ce soir, puisque vous rentrez dans vos
familles biologiques demain. Pour l’exception, vous ne vous mettrez en pyjama
qu’après le repas.
- Ne t’en fais pas, papa,
ça ne nous dérange pas ! dit Louise. Ça va être cool de connaître ton
frère !
- Marie, tu manges !
m’ordonna ma mère.
- Je n’ai pas faim,
répondis-je.
- Tu crois que j’en ai quelque
chose à faire ? demanda Scarlett.
- Tu as trois minutes
pour commencer à manger, avant de te prendre une fessée, annonça mon père en
regardant sa montre connectée.
J’attendis néanmoins.
- Plus qu’une minute,
Marie !
J’insistai.
- Dix secondes.
Je ne cédai pas. Le silence se fit autour de la
table. Mon père se leva – j’aurais vraiment préféré que ce soit ma mère ! –
et s’avança vers moi. Mon courage faiblit. Je pris ma fourchette.
- Maintenant, tu manges !
ordonna papa en se tenant derrière moi.
Je restai comme figée.
- Marie ! Tu manges !
insista-t-il.
- Je n’y arrive pas,
répondis-je tristement.
- Parfait, dit Michael en
prenant ma fourchette pour la remplir de purée.
Une fois ceci fait, il m’ordonna d’ouvrir la bouche.
Il en approcha la fourchette mais je la gardai fermée. Je tournai la tête en
disant :
- C’est trop ! Il y
en a trop !
- Marie, ça suffit,
maintenant ! gronda mon père. Tu manges !
Puisque je ne cédai pas, papa me sortit de
table pour me coller une dizaine de claques sur le pantalon. Avant de me faire
rasseoir, il me prévint :
- J’enlève une couche de
vêtement toutes les trois minutes et te collerai le double à chaque fois. A toi
de voir avec quelle couleur tes fesses finiront le repas, et dans quelle tenue
tu seras. J’utiliserai la même méthode à chaque repas jusqu’à ce que ton
alimentation revienne à la normale. Ça peut prendre du temps. A toi de voir.
Résignée, je m’emparai de ma fourchette avec
les larmes aux yeux.
- Je te rappelle que je
veux ton assiette vide, précisa mon père.
Tandis que mes parents me regardaient manger
correctement, ma mère en profita pour nous redemander encore une fois notre
liste pour Noël.
- Nous nous y prenons déjà
tard, ce serait bien que nous l’ayons rapidement, précisa Scarlett.
- Aussi, puisque c’est l’anniversaire
d’Anaïs dimanche, nous irons au restaurant le soir, annonça l’informaticien.
- Euh, quoi ?! paniquai-je.
- Tu auras donc intérêt à
manger sans caprice si tu ne veux pas en prendre une – ou plusieurs - devant
tout le monde, m’informa papa.
Si j’avais eu faim, celle-ci aurait été
automatiquement coupée. Néanmoins, je continuai à me forcer pour ne pas m’attirer
à nouveau les foudres paternelles.
- J’ai mal au ventre, me
plaignis-je alors que j’étais posée dans le canapé après le repas sous les yeux
de mes parents. Je crois que je vais vomir.
- Tu n’as pas intérêt, m’avertit
ma mère.
- Tu sais ce que tu as
mangé ce midi ? questionna mon père.
- De la purée de carottes
et du cervelas, répondis-je étonnement.
- Je parlais en termes de
quantité, précisa Michael. En termes de quantité, tu as mangé comme un enfant
de deux ans et demi. Tu as mangé cent grammes de légumes, cinquante grammes de
viande, un yaourt et vingt grammes de fruits. C’est ce que mange un très
jeune enfant.
- J’ai mangé plus que ça !
protestai-je.
- Je t’assure que non. Ta
mère et moi avons nous-mêmes pesé tes aliments.
- Alors pourquoi ai-je
mal au ventre d’avoir trop mangé ? demandai-je.
- Parce que tu n’as pas mangé
depuis quatre jours, répondit mon père. Et parce que c’est dans ta tête.
- Pour parler d’autre
chose, c’est à ton tour de passer l’après-midi avec nous, me dit ma mère. Où
souhaites-tu aller ?
- Au musée du Louvre,
répondis-je.
- Alors nous irons, dit mon père. Je vais regarder les horaires de train. Il doit y en avoir un d’ici une demi-heure.
Une heure et demie de
transports en commun plus tard, nous arrivions au musée.
Cela me fit vraiment du bien de passer du temps seule avec mes
parents, bien que je leur demande énormément d’attention en ce moment. Ma mère
avoua même que s’ils n’avaient que moi, ils ne s’ennuieraient pas le moins du
monde !
Dans le train du retour, Scarlett vit bien que quelque chose me
tourmentait.
- Qu’est-ce qu’il y a, ma
chérie ?
- Est-ce que…
- Est-ce que quoi ?
- Est-ce que vous
regrettez de m’avoir ? Est-ce que vous auriez préféré avoir une autre
fille ? Je peux peut-être me renseigner pour aller chez oncle Caleb puisqu’il
n’a pas encore d’enfant confié…
- Qu’est-ce que tu es en
train de dire ?! s’étonna mon père. Marie, nous t’aimons infiniment et
inconditionnellement !
- Nous t’aimons comme tu
es, avec ton caractère de cochon et ton tempérament de rebelle !
- Ne pense plus jamais
ça, mon cœur ! Tu es notre fille ! Un enfant ne se négocie pas, il se
chérit !
- Mais vous êtes sans
arrêt tracassés à cause de moi, dis-je.
- C’est le métier de
parent, répondit ma mère. Et tu ne vois pas le bonheur que tu nous apportes en
contrepartie. Ce bonheur-là, il n’a pas de prix.
- Ça ne fait que six
semaines que je suis chez vous, dis-je. Comment pouvez-vous m’aimer de façon inconditionnelle ?
- Comment fais-tu, toi,
pour nous aimer de cette façon ? demanda mon père.
- Comment sais-tu que c’est le cas ?
- Parce que tu viens tout
juste de proposer de sacrifier ton bonheur pour le nôtre, dit mon père. Ça, c’est
de l’amour inconditionnel.
- Je ne sais pas, je n’ai
pas réfléchi, dis-je. Je vous aime, c’est tout.
- C’est exactement pareil
pour nous.
A l’heure où nous
rentrâmes, la famille de mon père n’allait pas tarder à arriver. Assa s’était
occupée du dîner et de dresser la table. Mes sœurs, elles, étaient en train de
jouer à la console.
Le frère de papa a la
même carrure que lui : tout en muscles et mesurant presque deux mètres. Il a également les mêmes yeux bleus que Michael. Cependant, Caleb a les cheveux noirs, longs (tellement longs qu'ils lui arrivent au milieu du dos) et ondulés. Il a également une courte barbe. Je
ne connais pas encore mes grands-parents paternels mais ils ont clairement
donné naissance à deux beaux et grands gaillards !
Ma tante Justine paraît toute frêle à côté de son mari. Contrairement à ma mère qui est mince mais musclée,
Justine est une rousse aux yeux verts qui n’a que la peau sur les os. Elle est exactement comme j’aimerais être.
Elle, au moins, n’a pas à se préoccuper de son poids !
Noah et Nathan se ressemblent non seulement comme deux gouttes d'eau, mais sont également les copies conformes de leur père : ils font presque un mètre quatre-vingt-dix et ont tous les deux passé plusieurs heures en salle de musculation ! Ils sont aussi bruns aux yeux bleus et leurs cheveux longs jusqu'aux épaules étaient noués, en queue de cheval pour l'un, en chignon pour l'autre.
Nous
nous mîmes à table.
- Pourquoi est-elle
servie en premier ? demanda ma tante. Les enfants doivent être servis
après les parents !
- Marie a des troubles
alimentaires, expliqua mon père.
- Ben voyons ! s’exclama
Justine. Les troubles alimentaires, ça se règle avec des claques aux fesses !
- Et avec de la communication et de la compréhension, ajouta ma mère. Toi qui es infirmière, tu dois savoir ça !
- Les caprices se règlent
avec une fessée, c’est tout ! insista l’infirmière en gériatrie.
- Et je suppose que c’est
toi qui la donnes ? lança ironiquement mon père. Oui, ça doit très vite se
régler ! Tu es certainement redoutable !
Cette réplique fit rire mes cousins ; mais
ceux-ci se ressaisirent à la suite d’un regard menaçant de leur mère.
- Tante Justine n’est
vraiment pas commode, commenta Louise alors que nos parents venaient nous
border.
- Et oncle Caleb se mêle
effectivement de tout, ajoutai-je.
Mon oncle m’avait effectivement fait plusieurs
remontrances (et menaces !) avant que mon père n’intervienne : « Je
m’occupe de ma fille, Caleb ! ».
- Ne parlez pas trop
fort, dit maman, la chambre d’amis est collée à la vôtre, ils pourraient vous
entendre !
- Vous êtes là pour nous défendre,
non ? m’enquis-je.
- Pour ce soir, oui. Admit
papa. Mais ce ne sera pas toujours le cas !
- C’est-à-dire ?
questionnai-je.
- S’il leur arrive de vous
garder… révéla maman.
- Vous ne nous ferez pas
ça, quand même ! D’après tante Justine, oncle Caleb aurait dû nous donner
la fessée au moins huit fois en l’espace d’un repas ! répliquai-je.
- Nous n’en sommes pas
encore là, dit papa. Pour le moment, vous devez dormir.
- En tout cas, Noah et
Nathan ont l’air vraiment sympa ! s’exclama Louise d’un ton enjoué.
- Il y a des fois où ils
étaient d’accord avec leurs parents, poursuivis-je. Je me méfie d’eux.
- Aller, dormez bien mes
princesses ! dit papa en nous embrassant tour à tour.
Après que maman l’eut imité, ils sortirent de
la chambre. Louise et moi chuchotâmes, n’étant pas prêtes à sombrer dans les
bras de Morphée. Nous ne nous endormîmes que tard dans la nuit.
A suivre…
Une bonne nouvelle pour Louise qui est enfin libérée de son secret !
RépondreSupprimerPour Marie, ce n'est pas gagné ... sans surveillance dès ce week-end, elle va sans doute faire n'importe quoi !!! Ce n'est vraiment pas simple comme prise en charge 🤔
Effectivement, pas simple du tout...
SupprimerCoucou,
RépondreSupprimerL'anorexie de Marie est vraiment à traiter de façon psychologique. Ce n'est pas un caprice. Visiblement, elle n'accepte pas son propre corps. Ce n'est pas qu'une histoire de discipline ou de diététique. Il faut creuser, car il y a un trouble plus profond. Je sais que ce n'est que le personnage d'une histoire fictive, mais ce personnage a sa propre histoire, finalement. Oh mais... N'est-ce pas un peu la tienne, Lucie ?
Hé non ! Pour le coup, c'est vraiment l'histoire de Marie, pas la mienne ! :D Pas de troubles alimentaires pour moi, et heureusement : Robin a bien assez à faire comme ça !
SupprimerJ'ai vraiment hâte de découvrir la suite 🙏
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