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Journal d'une étudiante accueillie. - Chapitre 66.

 




Jeudi 28 novembre 2019.

 

       Je me levai aux alentours de dix heures : j’avais une nouvelle fois battu un record : quatorze heures de sommeil !

-    Comment va ma petite marmotte ? me demanda ma mère lorsqu’elle me vit descendre pour prendre mon petit déjeuner.

-    Je suis en pleine forme, répondis-je.

-    Tu m’étonnes ! répondit-elle. Cette punition de la part de ton père a vraiment du bon ! Au moins, tu te reposes comme il faut ! J’aimerais quand même que tu déjeunes léger pour pouvoir manger de façon consistante ce midi.

-    Oui, ne t’inquiète pas.

Je me contentai alors d’accompagner mon médicament d’un verre de jus de fruits, profitant de l’absence de ma mère. Lorsqu’elle réapparut et qu’elle me questionna sur mon petit déjeuner, je dus mentir :

-    J’ai pris un kiwi et une biscotte beurrée.

Ma mère s’arrêta net et me fixa. Mal à l’aise, je baissai les yeux.

-    Regarde-moi, Marie.

J’obéis en me forçant.

-    Que me caches-tu ?

-    Rien, maman ! répondis-je automatiquement.

-    Tu es en train de me mentir, Marie Webber ! Tu me caches quelque chose et je n’aime pas ça ! Surtout que c’est en rapport avec la nourriture !

-    Quoi ?! feignis-je en paniquant. Mais non, voyons !

-    Tu as commencé à me mentir à partir du moment où je t’ai demandé ce que tu avais déjeuné !

-    Maman, s’il te plaît, laisse-moi tranquille…

-    Hors de question. Qu’as-tu déjeuné ?!

-    Un kiwi et une biscotte beurrée ! insistai-je.

-    Mens-moi encore une fois et je flanque une fessée ; Qu’as-tu déjeuné ?!

-    Un verre de jus de fruits avec un bol de lait.

Sur le moment, je réussis à me convaincre que s’il y avait une part de vérité dans ma réponse alors ma mère me lâcherait : mais cela ne fonctionna malheureusement pas. Elle m’attrapa par le bras et me colla cinq bonnes claques sur mon bas de pyjama ; claques que je sentis passer, surtout dès le matin au réveil !

Je mourais d’envie que l’interrogatoire de ma flic de mère s’arrête là ; mais c’était sans compter sur sa détermination. Sans me lâcher le bras, elle m’emmena au premier étage jusqu’au bureau de mon père. Malheureusement pour moi, il n’était pas en réunion mais effectuait des lignes de codages.

-    Mike, je peux te déranger quelques minutes ? lui demanda-t-elle.

-    Oui, qu’est-ce qu’il y a ?

-    Viens avec moi, c’est urgent.

Mon père m’embrassa sur le front pour me dire bonjour puis afficha une mine inquiète : le ton qu’avait employé sa femme l’inquiétait.

Toujours en me tenant fermement le bras, ma mère me fit redescendre au rez-de-chaussée et m’emmena jusque dans la bibliothèque, là où Louise révisait avec son groupe d’exposé.

-    Ma puce, viens avec nous quelques minutes, s’il te plaît ! lui demanda Scarlett.

A voir la façon dont maman me tenait, Louise obéit, s’inquiétant d’avoir des problèmes elle aussi.

Nous nous retrouvâmes alors tous les quatre dans la pièce à vivre : papa, maman, Louise et moi. Scarlett s’adressa à ma sœur :

-    Louise chérie, je viens de donner une fessée à ta sœur parce qu’elle m’a menti au sujet de son petit déjeuner ! Elle refuse de me parler et je sais qu’elle cache quelque chose ! Je compte sur toi pour me dire ce qui se passe : s’il te plaît, ne me mens pas. On ne parle même pas du fait que tes fesses paieront ton mensonge si tu en profères un ; on parle surtout du fait que je suis extrêmement inquiète. Ton père et moi avons besoin de savoir ce qui se passe et si Marie a un problème avec la nourriture. Tu pleurais lundi soir. Était-ce pour cela ?

-    Marie m’a dit de ne rien vous dire, elle m’a fait promettre ! avoua Louise en sanglotant.

Je sentis la main de Scarlett se resserrer autour de mon bras. Mon père prit le visage de Louise entre ses mains et tenta de la rassurer avant de lui demandant d’avouer. Ma sœur craqua alors :

-    Marie vomit chaque repas qu’elle avale… Elle sort de table et va directement se faire vomir dans les toilettes.

Ma mère me lâcha, s’accroupit et se couvrit le visage avec ses mains. Mon père, lui, fit quelques pas en regardant vers le ciel.

-    Depuis quand ? demanda papa après avoir accusé le coup.

-    Elle fait ça depuis lundi, répondit ma sœur, c’est à cause de la réflexion que Granny a faite à Anaïs… Marie s’est sentie concernée et elle a décidé de ne plus manger.

-    Je vais la tuer, dit Scarlett en se relevant. Je vais tuer ma mère !

Ayant cru quelques secondes que le « Je vais la tuer » m’était destiné, je soupirai discrètement de soulagement. Michael prit Louise dans ses bras en lui disant :

-    Merci de nous l’avoir dit ; mais la prochaine fois qu’il y a quelque chose de grave comme cela, n’attends pas que ta mère ait des soupçons pour nous en parler ! D’accord, mon p’tit cœur ?

-    Oui papa, je suis vraiment désolée ! J’avais promis à Marie…

Louise se mit à pleurer, papa la serra alors encore plus fort.

-    Retourne travailler, mon cœur, dit-il ensuite en desserrant son étreinte.

Louise retourna dans la bibliothèque et je me retrouvai donc seule face à mes parents qui connaissaient désormais la vérité.

-    Dans ta chambre ! m’ordonna Michael d’un ton sévère.

Je ne me le fis pas dire deux fois.

      

       Je faisais les cent pas, le stress au ventre. Je ne savais pas quoi faire. Mes parents étaient en train de discuter et j’aurais vraiment bien aimé savoir ce qu’ils se disaient. Si je devais prendre une fessée, autant que je m’habille en enfilant les couches de vêtements : cela ferait moins mal que de rester en pyjama. Et en même temps, si mes parents avaient décidé de me flanquer une déculottée, ma tenue n’y changerait rien. Je m’étais vraiment mise dans de sales draps, là. Allaient-ils me faire hospitaliser pour anorexie ?

Ne tenant plus, j’ouvris la porte de ma chambre et me rendis sur le palier d’où je pouvais entendre quelques bribes de conversation. Raté pour moi : mes parents parlaient anglais. Cependant, ça n’avait pas l’air d’être ma grand-mère au téléphone puisque la discussion avait l’air sérieuse mais sans animosité. J’entendis alors : « Ok, thank you so much Bee. Love. ». puis j’entendis le « bip » du haut-parleur qui signifiait que mes parents avaient raccroché. J’entendis ensuite ma mère dire à mon père : « If you’re okay, let’s go talk to her now. ». Cela voulait dire que mes parents allaient venir me parler. Je me dépêchai de retourner dans ma chambre avec le plus de discrétion possible et m’assis sur mon lit, le cœur battant à tout rompre.

       Je n’attendis pas une minute avant que l’on toque à la porte.

-    Entrez ! dis-je fébrilement.

Mes parents pénétrèrent dans ma chambre et vinrent s’assoir sur le lit de Louise, placé en face du mien. Ils gardèrent le silence une dizaine de secondes avant que mon père ne le rompe :

-    Princesse, pourquoi ne nous as-tu pas dit que la réflexion de ta grand-mère t’avait marquée ?

-    Je ne m’en suis pas rendue compte sur le moment, répondis-je.

-    Et lorsque tu as vu Louise s’affoler parce que tu te faisais vomir, tu ne t’en es pas rendue compte non plus ?!

-    Si, mais je voulais juste perdre quelques kilos…

-    Marie, nom d’un chien, tu t’es mise en danger ! s’exclama mon père. Tu as carrément fait un malaise à la fac ! Tu te rends compte à quel point c’est grave ?! Ça fait quatre jours que tu n’as rien dans le corps !

-    Mais je veux maigrir ! plaidai-je.

-    Marie, écoute-moi bien : oui, tu as quelques rondeurs – elles sont également liées à tes origines – mais tu es loin d’être obèse, d’accord ?! Je peux te porter sans problème !

-    Papa, tu es tout en muscles ! Tu pourrais porter n’importe qui !

-    Non, pas n’importe qui, reprit mon père.

-    Ce que nous essayons de t’expliquer, poursuivit ma mère, c’est que tu es très jolie comme tu es, il faut absolument que tu arrêtes avec cette obsession de perdre du poids ! Si tu veux affiner ta silhouette, contente-toi des assiettes que je te prépare et crois-moi, ça te fera déjà perdre du poids ; la preuve, tu en as déjà perdu !

-    Oui mais ça met trop de temps ! dis-je. Là, j’ai perdu trois kilos depuis lundi !

-    Mais c’est dangereux pour ta santé !

-    Oui mais ça va plus vite ! soutins-je.

-    Marie, insista mon père. Est-ce que tu comprends quand on te parle ?!

-    Oui ! répondis-je. Mais je veux juste perdre encore dix kilos ! Laissez-moi faire et dans dix jours, je remangerai normalement.

-    Tu ne comprends effectivement pas ce que nous essayons de t’expliquer, conclut ma mère. Nous allons donc tenter de faire plus simple. J’ai appelé ma sœur, Beverly, qui est nutritionniste. Elle nous a donné quelques conseils. A partir de ce midi, voici comment les choses vont se passer : tu ne sortiras pas de table avant d’avoir mangé l’intégralité de ton assiette et ce, à chaque repas. Ton père et/ou moi serons toujours là pour contrôler. A partir de maintenant, nous ne t’autoriserons plus à manger à l’extérieur à moins que les personnes qui te reçoivent soient averties de ton état. Si nous étions assez souples sur le fait que tu manges parfois à la fac le midi, dorénavant c’est tout bonnement hors de question. Si tu as mangé à l’extérieur sans notre autorisation, attends-toi à une très bonne déculottée en rentrant à la maison !

-    Tu resteras donc à table jusqu’à ce que ton assiette soit terminée, poursuivit mon père, et tu resteras une heure de plus sous notre surveillance pour que nous soyons sûrs que tu ne vas pas te faire vomir. Si nous apprenons que tu t’es encore fait vomir, même punition.

-    Nous serons plus vigilants sur les repas à heures fixes, continua Scarlett. Il faut que ton corps réapprenne à être nourri correctement.

-    Tu prendras un goûter en rentrant de la fac ; ne t’en fais pas, ce sera quelque chose de léger, enchaîna mon père.

-    Nous allons te surveiller de très près, Marie. Si tu ne respectes pas ces consignes, tu sais très bien ce que tu risques ! Nous allons être sans cesse derrière toi donc tu as intérêt à obéir !

-    Vous allez me forcer à manger alors que je veux maigrir ! protestai-je. C’est injuste ! Vous pourrez me donner toutes les fessées du monde, je ne mangerai pas si je ne veux pas !

-    Nous comprenons que tu sois en colère, ma puce, admit calmement mon père. Mais je t’assure que nous faisons cela pour ton bien, même si tu ne t’en rends pas encore compte. Lorsque nous te punissons, c’est par amour. Tu ne le comprends pas maintenant mais ça viendra.

-    S’il te plaît, ne choisis pas de nous faire la guerre, poursuivit ma mère.

-    C’est vous qui me faîtes la guerre ! protestai-je.

-    Attention au ton que tu emploies ! gronda Michael. Nous allons te laisser réfléchir à tout cela. Tu resteras dans ta chambre jusqu’au déjeuner.

-    Mais je devais aller travailler mon exposé chez Yann !

-    Nous avons prévenu ses parents, dit ma mère. Avance de ton côté, il avancera du sien et vous regrouperez cela demain.

-    C’est injuste ! criai-je. Vous n’avez pas le droit !

Sourds à mes protestations, mes parents se tournèrent vers la porte tandis que je continuais d’hurler :

-    Je vous déteste ! Vous n’êtes que des…

-    Attention à ce que tu vas dire ! me gronda mon père en se tournant vers moi, brandissant sa main. Fais très attention, Marie !

Je me tus. Mes parents sortirent.

 

       Enfermée dans ma chambre, j’avais tapé dans tout ce que j’avais pu trouver : mais j’étais tellement faible que je n’avais rien abîmé.

Au déjeuner, j’étais calmée. Ma colère était redescendue, j’étais dans une phase « boudin » durant laquelle je faisais la tête à tout le monde. Mes parents et mes sœurs tentèrent d’ignorer cette attitude en parlant d’autre chose.

-    Les filles, votre oncle Caleb, votre tante et votre cousin vont séjourner à la maison à partir de ce soir ; ils arriveront pour le dîner.

L’annonce de ma mère nous laissait sans voix. Mon père prit derrière elle :

-    Nous savons qu’il y a eu beaucoup de passages et de changements ces temps-ci : Daryl qui n’est pas resté, les moments de garde des filles Dubois, l’arrivée d’Assa, celle d’Anaïs, le séjour de vos grands-parents, sans compter le changement de travail de votre mère. Ça doit faire beaucoup à digérer, pour vous. Nous vous remercions d’avoir été si résilientes ! Nous vous promettons que ça va se calmer. Votre oncle et sa famille ne dormiront chez nous que deux nuits, le temps que leurs meubles arrivent. Vous ne serez incommodées que ce soir, puisque vous rentrez dans vos familles biologiques demain. Pour l’exception, vous ne vous mettrez en pyjama qu’après le repas.

-    Ne t’en fais pas, papa, ça ne nous dérange pas ! dit Louise. Ça va être cool de connaître ton frère !

-    Marie, tu manges ! m’ordonna ma mère.

-    Je n’ai pas faim, répondis-je.

-    Tu crois que j’en ai quelque chose à faire ? demanda Scarlett.

-    Tu as trois minutes pour commencer à manger, avant de te prendre une fessée, annonça mon père en regardant sa montre connectée.

J’attendis néanmoins.

-    Plus qu’une minute, Marie !

J’insistai.

-    Dix secondes.

Je ne cédai pas. Le silence se fit autour de la table. Mon père se leva – j’aurais vraiment préféré que ce soit ma mère ! – et s’avança vers moi. Mon courage faiblit. Je pris ma fourchette.

-    Maintenant, tu manges ! ordonna papa en se tenant derrière moi.

Je restai comme figée.

-    Marie ! Tu manges ! insista-t-il.

-    Je n’y arrive pas, répondis-je tristement.

-    Parfait, dit Michael en prenant ma fourchette pour la remplir de purée.

Une fois ceci fait, il m’ordonna d’ouvrir la bouche. Il en approcha la fourchette mais je la gardai fermée. Je tournai la tête en disant :

-    C’est trop ! Il y en a trop !

-    Marie, ça suffit, maintenant ! gronda mon père. Tu manges !

Puisque je ne cédai pas, papa me sortit de table pour me coller une dizaine de claques sur le pantalon. Avant de me faire rasseoir, il me prévint :

-    J’enlève une couche de vêtement toutes les trois minutes et te collerai le double à chaque fois. A toi de voir avec quelle couleur tes fesses finiront le repas, et dans quelle tenue tu seras. J’utiliserai la même méthode à chaque repas jusqu’à ce que ton alimentation revienne à la normale. Ça peut prendre du temps. A toi de voir.

Résignée, je m’emparai de ma fourchette avec les larmes aux yeux.

-    Je te rappelle que je veux ton assiette vide, précisa mon père.

Tandis que mes parents me regardaient manger correctement, ma mère en profita pour nous redemander encore une fois notre liste pour Noël.

-    Nous nous y prenons déjà tard, ce serait bien que nous l’ayons rapidement, précisa Scarlett.

-    Aussi, puisque c’est l’anniversaire d’Anaïs dimanche, nous irons au restaurant le soir, annonça l’informaticien.

-    Euh, quoi ?! paniquai-je.

-    Tu auras donc intérêt à manger sans caprice si tu ne veux pas en prendre une – ou plusieurs - devant tout le monde, m’informa papa.

Si j’avais eu faim, celle-ci aurait été automatiquement coupée. Néanmoins, je continuai à me forcer pour ne pas m’attirer à nouveau les foudres paternelles.

 

-    J’ai mal au ventre, me plaignis-je alors que j’étais posée dans le canapé après le repas sous les yeux de mes parents. Je crois que je vais vomir.

-    Tu n’as pas intérêt, m’avertit ma mère.

-    Tu sais ce que tu as mangé ce midi ? questionna mon père.

-    De la purée de carottes et du cervelas, répondis-je étonnement.

-    Je parlais en termes de quantité, précisa Michael. En termes de quantité, tu as mangé comme un enfant de deux ans et demi. Tu as mangé cent grammes de légumes, cinquante grammes de viande, un yaourt et vingt grammes de fruits. C’est ce que mange un très jeune enfant.

-    J’ai mangé plus que ça ! protestai-je.

-    Je t’assure que non. Ta mère et moi avons nous-mêmes pesé tes aliments.

-    Alors pourquoi ai-je mal au ventre d’avoir trop mangé ? demandai-je.

-    Parce que tu n’as pas mangé depuis quatre jours, répondit mon père. Et parce que c’est dans ta tête.

-    Pour parler d’autre chose, c’est à ton tour de passer l’après-midi avec nous, me dit ma mère. Où souhaites-tu aller ?

-    Au musée du Louvre, répondis-je.

-    Alors nous irons, dit mon père. Je vais regarder les horaires de train. Il doit y en avoir un d’ici une demi-heure.

Une heure et demie de transports en commun plus tard, nous arrivions au musée.

 

   Cela me fit vraiment du bien de passer du temps seule avec mes parents, bien que je leur demande énormément d’attention en ce moment. Ma mère avoua même que s’ils n’avaient que moi, ils ne s’ennuieraient pas le moins du monde !


   Dans le train du retour, Scarlett vit bien que quelque chose me tourmentait.

-    Qu’est-ce qu’il y a, ma chérie ?

-    Est-ce que…

-    Est-ce que quoi ?

-    Est-ce que vous regrettez de m’avoir ? Est-ce que vous auriez préféré avoir une autre fille ? Je peux peut-être me renseigner pour aller chez oncle Caleb puisqu’il n’a pas encore d’enfant confié…

-    Qu’est-ce que tu es en train de dire ?! s’étonna mon père. Marie, nous t’aimons infiniment et inconditionnellement !

-    Nous t’aimons comme tu es, avec ton caractère de cochon et ton tempérament de rebelle !

-    Ne pense plus jamais ça, mon cœur ! Tu es notre fille ! Un enfant ne se négocie pas, il se chérit !

-    Mais vous êtes sans arrêt tracassés à cause de moi, dis-je.

-    C’est le métier de parent, répondit ma mère. Et tu ne vois pas le bonheur que tu nous apportes en contrepartie. Ce bonheur-là, il n’a pas de prix.

-    Ça ne fait que six semaines que je suis chez vous, dis-je. Comment pouvez-vous m’aimer de façon inconditionnelle ?

-    Comment fais-tu, toi, pour nous aimer de cette façon ? demanda mon père.

-    Comment sais-tu que c’est le cas ?

-    Parce que tu viens tout juste de proposer de sacrifier ton bonheur pour le nôtre, dit mon père. Ça, c’est de l’amour inconditionnel.

-    Je ne sais pas, je n’ai pas réfléchi, dis-je. Je vous aime, c’est tout.

-    C’est exactement pareil pour nous.

 

A l’heure où nous rentrâmes, la famille de mon père n’allait pas tarder à arriver. Assa s’était occupée du dîner et de dresser la table. Mes sœurs, elles, étaient en train de jouer à la console.

 

Le frère de papa a la même carrure que lui : tout en muscles et mesurant presque deux mètres. Il a également les mêmes yeux bleus que Michael. Cependant, Caleb a les cheveux noirs, longs (tellement longs qu'ils lui arrivent au milieu du dos) et ondulés. Il a également une courte barbe. Je ne connais pas encore mes grands-parents paternels mais ils ont clairement donné naissance à deux beaux et grands gaillards !

Ma tante Justine paraît toute frêle à côté de son mari. Contrairement à ma mère qui est mince mais musclée, Justine est une rousse aux yeux verts qui n’a que la peau sur les os. Elle est exactement comme j’aimerais être. Elle, au moins, n’a pas à se préoccuper de son poids !

Noah et Nathan se ressemblent non seulement comme deux gouttes d'eau, mais sont également les copies conformes de leur père : ils font presque un mètre quatre-vingt-dix et ont tous les deux passé plusieurs heures en salle de musculation ! Ils sont aussi bruns aux yeux bleus et leurs cheveux longs jusqu'aux épaules étaient noués, en queue de cheval pour l'un, en chignon pour l'autre.

 

       Nous nous mîmes à table.

-    Pourquoi est-elle servie en premier ? demanda ma tante. Les enfants doivent être servis après les parents !

-    Marie a des troubles alimentaires, expliqua mon père.

-    Ben voyons ! s’exclama Justine. Les troubles alimentaires, ça se règle avec des claques aux fesses !

-    Et avec de la communication et de la compréhension, ajouta ma mère. Toi qui es infirmière, tu dois savoir ça !

-    Les caprices se règlent avec une fessée, c’est tout ! insista l’infirmière en gériatrie.

-    Et je suppose que c’est toi qui la donnes ? lança ironiquement mon père. Oui, ça doit très vite se régler ! Tu es certainement redoutable !

Cette réplique fit rire mes cousins ; mais ceux-ci se ressaisirent à la suite d’un regard menaçant de leur mère.

 

-    Tante Justine n’est vraiment pas commode, commenta Louise alors que nos parents venaient nous border.

-    Et oncle Caleb se mêle effectivement de tout, ajoutai-je.

Mon oncle m’avait effectivement fait plusieurs remontrances (et menaces !) avant que mon père n’intervienne : « Je m’occupe de ma fille, Caleb ! ».

-    Ne parlez pas trop fort, dit maman, la chambre d’amis est collée à la vôtre, ils pourraient vous entendre !

-    Vous êtes là pour nous défendre, non ? m’enquis-je.

-    Pour ce soir, oui. Admit papa. Mais ce ne sera pas toujours le cas !

-    C’est-à-dire ? questionnai-je.

-    S’il leur arrive de vous garder… révéla maman.

-    Vous ne nous ferez pas ça, quand même ! D’après tante Justine, oncle Caleb aurait dû nous donner la fessée au moins huit fois en l’espace d’un repas ! répliquai-je.

-    Nous n’en sommes pas encore là, dit papa. Pour le moment, vous devez dormir.

-    En tout cas, Noah et Nathan ont l’air vraiment sympa ! s’exclama Louise d’un ton enjoué.

-    Il y a des fois où ils étaient d’accord avec leurs parents, poursuivis-je. Je me méfie d’eux.

-    Aller, dormez bien mes princesses ! dit papa en nous embrassant tour à tour.

Après que maman l’eut imité, ils sortirent de la chambre. Louise et moi chuchotâmes, n’étant pas prêtes à sombrer dans les bras de Morphée. Nous ne nous endormîmes que tard dans la nuit.

 

A suivre…

La suite !

Commentaires

  1. Une bonne nouvelle pour Louise qui est enfin libérée de son secret !
    Pour Marie, ce n'est pas gagné ... sans surveillance dès ce week-end, elle va sans doute faire n'importe quoi !!! Ce n'est vraiment pas simple comme prise en charge 🤔

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  2. Coucou,

    L'anorexie de Marie est vraiment à traiter de façon psychologique. Ce n'est pas un caprice. Visiblement, elle n'accepte pas son propre corps. Ce n'est pas qu'une histoire de discipline ou de diététique. Il faut creuser, car il y a un trouble plus profond. Je sais que ce n'est que le personnage d'une histoire fictive, mais ce personnage a sa propre histoire, finalement. Oh mais... N'est-ce pas un peu la tienne, Lucie ?

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    1. Hé non ! Pour le coup, c'est vraiment l'histoire de Marie, pas la mienne ! :D Pas de troubles alimentaires pour moi, et heureusement : Robin a bien assez à faire comme ça !

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  3. J'ai vraiment hâte de découvrir la suite 🙏

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                  Il paraît que c’est cela que l’on appelle « avoir sacrément merdé »…                     Lorsque ma mère était enceinte de ma sœur et moi, ce fut une grossesse difficile : déni de grossesse les quatre premiers mois, puis perte de ma jumelle. A six mois et demi, s’ils voulaient me donner une chance de vivre, il fallait accoucher ma mère.                   L’une des grosses conséquences de cette naissance très prématurée : de nombreuses malformations dues au fait que mes organes n’ont pas eu le temps de se placer correctement. Si la plupart sont bénignes, en revanche ma malformation intestinale pose problème. J’ai ce qu’on appelle un « mésentère commun complet ». Une malformation intestinale tellement rare que même certains médecins n’ont aucune idée de ce que c’est.                 D’habitude, on découvre cette malformation à la naissance ou durant la petite enfance. On l’opère et tout roule. Ce ne fut pas mon cas…   Durant vingt-quatre ans, j’ai eu d

Le tutorat de Little Princess (séance 3)

Comme vous avez pu le voir, j'ai changé le titre de cette rubrique. D'abord parce que je le trouvais trop long, ensuite parce qu'il devenait mensonger : Thomas n'est plus mon "nouveau" tuteur mais mon tuteur, tout simplement !   Nous ne nous étions pas vus depuis le lundi 7 décembre. Du 7 décembre au 6 janvier : un mois de « mise à l’épreuve » après la rouste de la dernière fois.   A peine deux jours après ce recadrage musclé, j’avais de nouveau testé Thomas, mais cette fois-ci je m’étais bien assurée que ce soit à distance. Jusqu’ici, toutes mes tentatives de rébellion avaient purement et simplement échouées, et j’en avais payé les frais. Restait ma toute dernière carte et j’hésitais vraiment à la jouer. Et puis tant pis, je me lançai.                 Depuis le début du semestre, ça ne passe pas avec ma prof d’histoire : je ne vous referai pas ici le récit de mon altercation verbale avec elle et de l’avertissement qui s’en est suivi pour moi ; mais souh

Journal d'une étudiante accueillie (Chapitre 1)

Ça y est, nous y sommes. Mon pire cauchemar est arrivé. Monsieur X. a été élu à la Présidence de la République et il va appliquer son programme. Je m’appelle Marie, j’ai 18 ans, et je vais aller au bagne pour la première fois de ma vie. Enfin, au bagne... J'exagère légèrement. Je vais en fait aller en famille d’accueil, famille dans laquelle je vivrai la semaine ; je pourrai rentrer voir ma famille, dont l’homme de ma vie, le week-end. J’ai eu mon bac littéraire en juin dernier, mention très bien. J’ai décidé d’entamer une licence de Lettres afin de réaliser mon rêve : devenir professeure des écoles. Mais Monsieur le Président de la République l’a décrété : « Tous les étudiants de 18 à 25 ans seront accueillis en structure pour le bien de leurs études ». Pour le bien de nos études ? Pff, tu parles ! Encore des propos démagogues ! Alors me voilà inscrite à l’université Jules Verne de *****, dans laquelle je vais passer minimum trois ans, pour me former au métier de professeu

Nouvelle rentrée, nouvelle vie ! (Chapitre 17)

 Ce chapitre a été écrit par Marie, une fan du blog. Malgré mes quelques commentaires et réécritures, elle a fait un excellent travail ! Bravo à elle ! Mardi 17 septembre 2019.   Lorsque Monsieur Éric toqua à la porte pour nous réveiller, j’étais très motivée pour me lever (ce qui est très rare !). Aujourd’hui sera une belle journée : d’abord parce que le mardi reste la meilleure journée de la semaine grâce à Madame Kelly, la prof la plus adorable du Pensionnat ; ensuite parce que j’ai réfléchi à un plan pour me venger de Monsieur Jean et de Monsieur Nicolas. Ce sera discret (enfin autant que faire se peut), rapide et efficace. Je sais bien que lorsque nous nous ferons attraper la punition sera salée ; mais je ne supporte pas l’idée de laisser croire à nos professeurs qu’ils ont tout le pouvoir (même si ce n’est peut-être pas tout à fait faux). Pour mener à bien mon plan, il me faudrait l’aide de mes amies. Je vais tout faire pour les convaincre de me suivre, j’ai déjà des argume

Journal d'une étudiante accueillie (Chapitre 26)

  Mercredi 9 octobre 2019.                   Pas de grasse matinée ce matin : Héloïse nous réveilla à neuf heures pour que nous puissions travailler un peu sur nos cours. J’étais grognon au possible en me réveillant, comme cela m’arrive rarement. En m’asseyant à table au petit déjeuner, je fus agacée par Anaïs, toujours pleine d’énergie et en forme le matin. Je déteste les gens du matin. Ou les gens. Ou le matin.                   Après m’être préparée et habillée pour la journée, je remontai dans ma chambre et me sentis toujours aussi grognon. Je ne savais pas encore pourquoi mais j’avais l’impression que cette journée allait être désagréable au possible. Personne n’avait intérêt à me voler dans les plumes : je m’étais levée du pied gauche !                 J’ouvris mes cahiers et commençai à travailler. Soudain, seulement quelques minutes après avoir commencé mes devoirs, j’entendis : -           Louise ! Anaïs ! Marie ! Descendez immédiatement ! Héloïse avait l’air f

Le tutorat de Little Princess - Partie 3 (Préambule)

  * 2 exclusions pour insolence (abusives, les exclusions. Je le précise quand même…) * excès de vitesse quotidiens * textos au volant * médicament pris occasionnellement * devoirs non faits * couvre-feu respecté mais plus par réelle fatigue que par volonté Voilà le palmarès. Depuis l’arrêt du tutorat avec Thomas puis avec Antoine, voilà le palmarès. Mon palmarès.                   Evidemment, Yves, mon nouveau tuteur n’est pas content. Mais pour le moment, je suis loin de sa main et je me fiche complètement qu’il soit content ou non : je fais ce que je veux quand je veux où je veux.                   Cependant, cela risque de me coûter cher. Selon le tableau mis en place, à l’heure actuelle j’en suis à exactement cinquante-cinq minutes de fessée et deux cent dix claques supplémentaires. J’attends de voir. Je sais qu'Yves ne peut pas tout punir : cela fait beaucoup trop de choses (vous allez me dire que c'était ce que je disais pour Thomas et au final il

Journal d'une étudiante accueillie (Chapitre 24).

  Je sais que beaucoup d'entre vous attendaient ce chapitre... Certains me le réclamaient même récemment alors qu'il était en cours d'écriture ! Le voici... C'est mon petit cadeau de Noël en avance... Régalez-vous ! Peace. L.P. Lundi 7 octobre 2019.      Ce matin, mes sœurs et moi pûmes nous reposer convenablement puisque nos professeurs étaient tous les deux absents. Nos parents partirent au travail sans nous réveiller, pensant sûrement que nous étions épuisées à la suite des émotions d’hier soir.                 En m’habillant, je pris le temps d’admirer mon popotin dans le miroir : plusieurs bleus s’étaient formés sur ma lune ronde, justifiant la difficulté que j’avais éprouvé à m’asseoir dans mon lit au réveil. Tom ne m’avait pas loupée ; mais alors, vraiment pas ! J’appris par mes sœurs que Dana n’avait guère été plus gentille avec elles : les deux instruments préférés de notre mère, à savoir le martinet et le tapetapis avaient été de sortie ; ils ont paraît-il f

Les aventures de Little Princess avec son nouveau tuteur (séance 1)

                   Depuis plus d’un an, j’avais un super tuteur (que nous appellerons Gabriel). Tout se passait bien entre Gabriel et moi, et un réel équilibre s’était créé entre lui et mon fiancé (que nous appellerons Hugo), qui se chargeaient ensemble de ma discipline.                 Et puis un jour, ça n’a plus été et nous avons dû cesser notre relation. Si Hugo et moi gardons notre forte amitié avec Gabriel, le tutorat prit fin. Retour à la case départ. Il fallait de nouveau trouver un tuteur.                 C’est pour cela que je postais une annonce ici même. Cette annonce était de ce type :   « À la suite d’un superbe tutorat d’un an, nous avons été contraints de nous séparer… Quel dommage… ! Mais mes études n’étant pas terminées (encore 3 ans !) j’ai toujours besoin d’un tuteur ! Je suis donc une jeune (enfin plus si jeune que ça, en fait !) étudiante de 28 ans, recherchant un tuteur / une tutrice : –          de minimum 30 ans (difficile d’accepter l’autorité de

Années 1950 : le guide de survie d'Alice (Chapitre 2)

  Dimanche 15 octobre 1950        Neuf heures : maman vient me réveiller. Le dimanche, nous allons à la messe qui débute à dix heures et demie. Du coup, maman nous lève relativement tôt pour pouvoir vérifier que tout le monde est bien apprêté pour le Seigneur.          A la messe, nous nous consacrons entièrement au Seigneur. Victor et Gus font partie des enfants de chœur qui servent la messe aux côtés du père Antoine (qui n’est autre que le grand frère de papa), ils se doivent d’être irréprochables !        L’église est le seul endroit où j’arrive à me tenir sage longtemps car j’aime beaucoup chanter. Cependant, je n’aime vraiment pas la sortie de messe. Mes parents et grands-parents ont toujours des tas de gens avec qui discuter et moi, ça m’ennuie beaucoup ! Victor et Nono proposèrent alors de nous ramener à la maison pour que les adultes puissent continuer à discuter tranquillement ; papa accepta.          Lorsque nous rentrâmes à la maison, nous effectuâmes les mêmes

Un joli fantôme du passé (Chapitre 19)

  -           Quoi ?! s’exclama Manon. Depuis quand tu as une petite copine ?! -           Cela fait plusieurs mois maintenant, répondit papa. Peut-être cinq ou six. Je voulais être sûr que cela fonctionne. Il est maintenant temps de vous la présenter. -           Cinq ou six mois, et tu ne nous en parles que maintenant ?! s’offusqua mon frère. -           Je vous signale qu’avant d’être votre père, je suis un homme qui a le droit à sa vie privée ! milita papa. -           Non ! protesta Manon. Non et non ! C’est ton tout premier job d’être notre père ! Tu nous as toujours dit que tes enfants passaient avant tout ! -           C’est le cas, se défendit papa. Cela ne veut pas dire que je dois tout vous dire ! -           Bien sûr que si ! insista Romain. -           Ah oui ?! rétorqua papa. Et vous me dîtes tout, vous ?! Un silence suivit. Mon frère finit par le briser : -           Ce n’est pas pareil ! Il y a des trucs qu’on ne te dit pas pour te protéger ! -