Mardi 3 décembre 2019
- Je ne suis vraiment pas
contente après toi, Marie ! me gronda ma mère au petit déjeuner. J’espère que
le message que t’a fait passer ton père est correctement gravé dans ta tête
parce que je suis à 100% d’accord avec lui ! Ne t’avise pas de réitérer tes
bêtises !
- C’est bon, maman !
protestai-je, agacée.
- Pardon ?! se
chauffa-t-elle. Qu’est-ce que tu viens de me dire ?!
- Vous m’engueulez depuis
hier, je pense que j’ai compris, j’suis pas teubé !
A peine eus-je fini ma phrase que ma mère m’attrapa
par les cheveux et me sortit de table avant de me coller cinq claques bien
costaudes sur le derrière.
- Quand on fait des
bêtises grosses comme soi, Marie Webber, et qu’on se fait punir et gronder pour
ça, il n’y a qu’une seule chose à faire : la boucler ! Tu n’es certainement
pas en position de rétorquer quoique ce soit, et surtout pas avec un langage
grossier ! D’ailleurs, tu as intérêt à bannir rapidement ces mots de ton
vocabulaire !
- Je le sais que je suis
grosse, tu n’as pas besoin de le rappeler ! rétorquai-je alors que mon
père se prenait la tête dans les mains.
- Quoi ? s’étonna ma
mère, ne comprenant pas ma réplique.
- Tu as dit : « des
bêtises grosses comme soi », dit Michael d’un ton pénitent. Marie, ce que
ta mère voulait dire c’est que…
- J’ai compris ce qu’elle
voulait dire, coupai-je en continuant de me frotter le derrière. Je n’aurais
pas dû lui répondre lorsqu’elle m’engu… euh… me… grondait. Mais l’expression n’a
pas été choisie au hasard.
- J’ai utilisé une
expression, Marie, c’est tout ! tenta Scarlett pour me convaincre. Ça n’avait
rien à voir avec ton physique !
- Ben voyons !
lançai-je sarcastiquement.
- Tu insinues que je suis une menteuse,
là ?! s’emporta ma mère.
- Pourquoi pas, puisque
tu insinues que je suis grosse !
Ma mère me décolla immédiatement une gifle. Apparemment,
ce n’était pas prémédité puisque qu’en redressant ma tête, je vis passer une
lueur de surprise sur son visage. Néanmoins, elle se ressaisit instantanément
pour tenter de ne pas perdre la face devant moi :
- Je ne t’ai jamais
insultée, ma fille ! Je trouve ton corps très bien tel qu’il est et jamais
je n’aurais eu l’idée de penser à le dénigrer ! Néanmoins, je respecte ta
vision de toi-même et ton choix de vouloir mincir pour te sentir mieux dans ta peau !
- C’est pour ça que tu me
forces à manger ?! rétorquai-je, énervée.
- Tu veux finir sur mes genoux
pour répondre à ta mère comme tu le fais ?! me cria Michael en se levant.
Devant la vision de l’armoire à glace qui me
sert de père en colère, et le souvenir de la tannée d’hier, je me ravisai avec
un petit :
- Pardon. Je ne cherchais
pas à être insolente.
- Si nous te forçons à manger,
reprit Scarlett, c’est pour que tu puisses mincir sans mettre ta santé en péril.
Tu ne le comprends peut-être pas maintenant, Marie, mais nous t’aimons plus que
tout au monde et nous te protégerons coûte que coûte, y compris contre toi-même !
Quant à tes bêtises à l’école, c’est ton avenir que nous cherchons à protéger,
voilà pourquoi nous souhaitons t’empêcher de faire n’importe quoi ! L’argent,
ça ne tombe pas du ciel !
- On ne dirait pas,
pourtant !
Je me rendis compte que j’avais parlé à haute
voix en voyant mon père foncer sur moi.
- Papa, non !! le
priai-je, paniquée. J’suis désolée, j’suis désolée ! Je t’en supplie, je suis
vraiment désolée !!
Sans mettre sa menace à exécution (ouf !),
Michael m’asséna tout de même une dizaine de claques sur le pantalon, et celles-ci
n’avaient rien à voir avec les cinq données par ma mère tout à l’heure. Je m’étais
déjà frotté les fesses avec Scarlett, je vous laisse imaginer la douleur laissée
par la main de mon père.
- Je te mettrai autant de
fessées qu’il le faut pour te faire fermer ta petite bouche d’insolente !
rugit mon père. Je ne sais pas quelle mouche t’a piquée aujourd’hui, mais tu
vas très vite retrouver ton état normal ! Je te le dis, moi ! Tu te
crois où pour parler comme ça à ta mère ?! Tu te crois où pour parler comme
ça à ma femme ?! Encore un mot, Marie, un seul mot et je te flanque une
déculottée dont tu te souviendras toute ta vie ! Tu m’entends ?!
Toute ta vie ! Maintenant, tu vires ! Je ne veux plus te voir pour ce
matin ! Si je te croise avant ton départ pour la fac, tu ne pourras pas t’asseoir
en cours aujourd’hui ! File, j’ai dit !
Jamais Michael n’était autant sorti de ses
gonds, même la fois où il m’avait retrouvée chez Angélique et Marion. Sans dire
mot, je me rendis dans ma chambre en quatrième vitesse afin de me préparer pour
l’école. Lorsque je fus prête, j’évitai soigneusement mon père jusqu’à être
dehors.
- Punaise, tu l’as
sacrément mis en rogne ! me dit Louise sur le chemin de l’école.
- Ça va, tes fesses ?
s’inquiéta Anaïs.
- Ils ne m’ont pas
loupée, répondis-je. Surtout papa.
- En tout cas, tu n’as
plus la marque de la main de maman sur la joue, c’est bon signe ! positiva
Louise. Personne ne saura que tu t’es fait punir si on ne prend pas garde à la
délicatesse avec laquelle tu t’assiéras !
Dois-je vraiment préciser que je ne fis absolument aucune vague durant la journée ? Je me
comportais comme une jeune fille digne d’être canonisée !
Lorsque nous rentrâmes,
Scarlett était rentrée, elle aussi.
- Maman ? s’étonna
Anaïs. Tu es déjà là ?
- J’ai pu rentrer plus
tôt, je me disais qu’on pourrait aller faire les magasins tous les cinq pour
acheter les décorations de Noël.
- Trop bien !! s’exclamèrent
mes sœurs alors que j’affichais une mine triste.
- Ça ne va pas, Marie
chérie ?
- Papa a dit qu’il ne
voulait pas me voir…
- Ton père est calmé, me
rassura ma mère avant de m’embrasser sur le front. Nous ne sommes plus en
colère. Tout ce que nous voulons, c’est passer un bon moment avec vous trois.
Prenez votre goûter, ensuite nous irons faire les boutiques !
Mes sœurs et moi nous
disputâmes sur la couleur des boules et des guirlandes, si bien que ma mère
trancha, se rangeant de mon côté. Je savais bien que j’avais raison ! Les
couleurs rouge et blanc seront parfaites !
Mes parents dépensèrent
une somme astronomique pour les décorations ; nous fîmes huit magasins
différents. Puisqu’il était déjà vingt heures lorsque nous sortîmes du dernier
(qui fermait d’ailleurs ses portes !), mes parents nous emmenèrent dîner au
fast-food, ce qui évidemment me posa un gros problème.
- Marie, ce n’est pas
parce que tu vas manger un hamburger que tu vas grossir ! tenta de me
raisonner mon père. Regarde-nous ta mère et moi ! On va s’enfiler un double
hamburger !
- Oui mais vous, vous
êtes Ken et Barbie, dis-je.
- Comment ça ? s’étonna
mon père en explosant de rire.
- Vous êtes en plastique.
Vous ne pouvez pas grossir.
Une fois que mes parents eurent fini de rire,
ma mère me dit :
- Eh bien prends une salade,
au moins !
- Même leurs salades font
grossir, m’entêtai-je.
Mes parents durent me menacer pour que je me résolve
à commander un menu enfant, en choisissant bien les ingrédients contenant le
moins de calories possibles.
Lorsque
nous rentrâmes, il était trop tard pour commencer à décorer : Michael et
Scarlett vérifièrent que nous n’avons effectivement pas trop de devoirs, puis
nous envoyèrent nous coucher.
- J’ai hâte de décorer la
maison, me dit Louise alors que notre chambre était plongée dans le noir. Noël
est ma fête préférée !
- Je sais, tu l’as déjà
dit ! râlai-je. Bonne nuit Loulou !
- Bonne nuit, Manou.
A suivre…
Marie, la rebelle dans toute sa splendeur !
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