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Journal d'une étudiante accueillie. - Chapitre 69

 



Mardi 3 décembre 2019

 

-    Je ne suis vraiment pas contente après toi, Marie ! me gronda ma mère au petit déjeuner. J’espère que le message que t’a fait passer ton père est correctement gravé dans ta tête parce que je suis à 100% d’accord avec lui ! Ne t’avise pas de réitérer tes bêtises !

-    C’est bon, maman ! protestai-je, agacée.

-    Pardon ?! se chauffa-t-elle. Qu’est-ce que tu viens de me dire ?!

-    Vous m’engueulez depuis hier, je pense que j’ai compris, j’suis pas teubé !

A peine eus-je fini ma phrase que ma mère m’attrapa par les cheveux et me sortit de table avant de me coller cinq claques bien costaudes sur le derrière.

-    Quand on fait des bêtises grosses comme soi, Marie Webber, et qu’on se fait punir et gronder pour ça, il n’y a qu’une seule chose à faire : la boucler ! Tu n’es certainement pas en position de rétorquer quoique ce soit, et surtout pas avec un langage grossier ! D’ailleurs, tu as intérêt à bannir rapidement ces mots de ton vocabulaire !

-    Je le sais que je suis grosse, tu n’as pas besoin de le rappeler ! rétorquai-je alors que mon père se prenait la tête dans les mains.

-    Quoi ? s’étonna ma mère, ne comprenant pas ma réplique.

-    Tu as dit : « des bêtises grosses comme soi », dit Michael d’un ton pénitent. Marie, ce que ta mère voulait dire c’est que…

-    J’ai compris ce qu’elle voulait dire, coupai-je en continuant de me frotter le derrière. Je n’aurais pas dû lui répondre lorsqu’elle m’engu… euh… me… grondait. Mais l’expression n’a pas été choisie au hasard.

-    J’ai utilisé une expression, Marie, c’est tout ! tenta Scarlett pour me convaincre. Ça n’avait rien à voir avec ton physique !

-    Ben voyons ! lançai-je sarcastiquement.

-    Tu insinues que je suis une menteuse, là ?! s’emporta ma mère.

-    Pourquoi pas, puisque tu insinues que je suis grosse !

Ma mère me décolla immédiatement une gifle. Apparemment, ce n’était pas prémédité puisque qu’en redressant ma tête, je vis passer une lueur de surprise sur son visage. Néanmoins, elle se ressaisit instantanément pour tenter de ne pas perdre la face devant moi :

-    Je ne t’ai jamais insultée, ma fille ! Je trouve ton corps très bien tel qu’il est et jamais je n’aurais eu l’idée de penser à le dénigrer ! Néanmoins, je respecte ta vision de toi-même et ton choix de vouloir mincir pour te sentir mieux dans ta peau !

-    C’est pour ça que tu me forces à manger ?! rétorquai-je, énervée.

-    Tu veux finir sur mes genoux pour répondre à ta mère comme tu le fais ?! me cria Michael en se levant.

Devant la vision de l’armoire à glace qui me sert de père en colère, et le souvenir de la tannée d’hier, je me ravisai avec un petit :

-    Pardon. Je ne cherchais pas à être insolente.

-    Si nous te forçons à manger, reprit Scarlett, c’est pour que tu puisses mincir sans mettre ta santé en péril. Tu ne le comprends peut-être pas maintenant, Marie, mais nous t’aimons plus que tout au monde et nous te protégerons coûte que coûte, y compris contre toi-même ! Quant à tes bêtises à l’école, c’est ton avenir que nous cherchons à protéger, voilà pourquoi nous souhaitons t’empêcher de faire n’importe quoi ! L’argent, ça ne tombe pas du ciel !

-    On ne dirait pas, pourtant !

Je me rendis compte que j’avais parlé à haute voix en voyant mon père foncer sur moi.

-    Papa, non !! le priai-je, paniquée. J’suis désolée, j’suis désolée ! Je t’en supplie, je suis vraiment désolée !!

Sans mettre sa menace à exécution (ouf !), Michael m’asséna tout de même une dizaine de claques sur le pantalon, et celles-ci n’avaient rien à voir avec les cinq données par ma mère tout à l’heure. Je m’étais déjà frotté les fesses avec Scarlett, je vous laisse imaginer la douleur laissée par la main de mon père.

-    Je te mettrai autant de fessées qu’il le faut pour te faire fermer ta petite bouche d’insolente ! rugit mon père. Je ne sais pas quelle mouche t’a piquée aujourd’hui, mais tu vas très vite retrouver ton état normal ! Je te le dis, moi ! Tu te crois où pour parler comme ça à ta mère ?! Tu te crois où pour parler comme ça à ma femme ?! Encore un mot, Marie, un seul mot et je te flanque une déculottée dont tu te souviendras toute ta vie ! Tu m’entends ?! Toute ta vie ! Maintenant, tu vires ! Je ne veux plus te voir pour ce matin ! Si je te croise avant ton départ pour la fac, tu ne pourras pas t’asseoir en cours aujourd’hui ! File, j’ai dit !

Jamais Michael n’était autant sorti de ses gonds, même la fois où il m’avait retrouvée chez Angélique et Marion. Sans dire mot, je me rendis dans ma chambre en quatrième vitesse afin de me préparer pour l’école. Lorsque je fus prête, j’évitai soigneusement mon père jusqu’à être dehors.

 

-    Punaise, tu l’as sacrément mis en rogne ! me dit Louise sur le chemin de l’école.

-    Ça va, tes fesses ? s’inquiéta Anaïs.

-    Ils ne m’ont pas loupée, répondis-je. Surtout papa.

-    En tout cas, tu n’as plus la marque de la main de maman sur la joue, c’est bon signe ! positiva Louise. Personne ne saura que tu t’es fait punir si on ne prend pas garde à la délicatesse avec laquelle tu t’assiéras !

 

 

Dois-je vraiment préciser que je ne fis absolument aucune vague durant la journée ? Je me comportais comme une jeune fille digne d’être canonisée !

 

Lorsque nous rentrâmes, Scarlett était rentrée, elle aussi.

-    Maman ? s’étonna Anaïs. Tu es déjà là ?

-    J’ai pu rentrer plus tôt, je me disais qu’on pourrait aller faire les magasins tous les cinq pour acheter les décorations de Noël.

-    Trop bien !! s’exclamèrent mes sœurs alors que j’affichais une mine triste.

-    Ça ne va pas, Marie chérie ?

-    Papa a dit qu’il ne voulait pas me voir…

-    Ton père est calmé, me rassura ma mère avant de m’embrasser sur le front. Nous ne sommes plus en colère. Tout ce que nous voulons, c’est passer un bon moment avec vous trois. Prenez votre goûter, ensuite nous irons faire les boutiques !

 

Mes sœurs et moi nous disputâmes sur la couleur des boules et des guirlandes, si bien que ma mère trancha, se rangeant de mon côté. Je savais bien que j’avais raison ! Les couleurs rouge et blanc seront parfaites !

 

Mes parents dépensèrent une somme astronomique pour les décorations ; nous fîmes huit magasins différents. Puisqu’il était déjà vingt heures lorsque nous sortîmes du dernier (qui fermait d’ailleurs ses portes !), mes parents nous emmenèrent dîner au fast-food, ce qui évidemment me posa un gros problème.

-    Marie, ce n’est pas parce que tu vas manger un hamburger que tu vas grossir ! tenta de me raisonner mon père. Regarde-nous ta mère et moi ! On va s’enfiler un double hamburger !

-    Oui mais vous, vous êtes Ken et Barbie, dis-je.

-    Comment ça ? s’étonna mon père en explosant de rire.

-    Vous êtes en plastique. Vous ne pouvez pas grossir.

Une fois que mes parents eurent fini de rire, ma mère me dit :

-    Eh bien prends une salade, au moins !

-    Même leurs salades font grossir, m’entêtai-je.

Mes parents durent me menacer pour que je me résolve à commander un menu enfant, en choisissant bien les ingrédients contenant le moins de calories possibles.

 

       Lorsque nous rentrâmes, il était trop tard pour commencer à décorer : Michael et Scarlett vérifièrent que nous n’avons effectivement pas trop de devoirs, puis nous envoyèrent nous coucher.

 

-    J’ai hâte de décorer la maison, me dit Louise alors que notre chambre était plongée dans le noir. Noël est ma fête préférée !

-    Je sais, tu l’as déjà dit ! râlai-je. Bonne nuit Loulou !

-    Bonne nuit, Manou.

 

A suivre…

La suite !

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