Accéder au contenu principal

Journal d'une étudiante accueillie. - Chapitre 70 (2ème partie)

 



       Je descendis les escaliers en pleurant. Maman, qui enlevait ses bottes dans l’entrée, m’aperçut immédiatement :

-    Qu’est-ce que tu fais là, ma grande ?

-    Maman ! gémis-je en m’asseyant sur la marche sur laquelle je me trouvais, incapable de contrôler mes pleurs.

-    Oh Marie ! se lamenta Scarlett en me rejoignant le plus rapidement possible. Raconte à maman ce qui ne va pas !

-    Je ne peux pas ! réussis-je à articuler.

Ma mère s’assit à côté de moi et me prit dans ses bras. Je fus instantanément entourée par sa chaleur et son amour.

-    Marie ? demanda mon père depuis le rez-de-chaussée. Tu pleures ?

Scarlett me convainquit d’aller m’asseoir sur le canapé et me prépara un chocolat chaud qu’elle me servit. Mon mug tout chaud dans les mains, un plaid sur les épaules, mon père assis à ma droite et ma mère à ma gauche, j’aurais dû me sentir on ne peut mieux. Pourtant, j’avais l’impression que mon cœur pesait quinze tonnes !

-    Chérie, il faut absolument que tu nous dises ce qui se passe ! insista mon père. Nous devons t’aider !

-    Si je ne parle pas, je vous trahis ! dis-je, mes larmes s’étant légèrement estompées. Mais si je parle, je trahis mes sœurs ! Je ne sais vraiment pas quoi faire…

-    Une chose est sûre, tu ne peux pas rester dans cet état-là, me dit Scarlett pendant que son mari hochait la tête.

-    Anaïs et Louise sont les premières personnes que j’ai rencontrées depuis la réforme, vous comprenez ? Elles sont vraiment devenues mes sœurs, on a tout traversé ensemble… Je ne veux pas qu’elles s’attirent des ennuis par ma faute ! Je ne me le pardonnerai jamais !

-    Marie chérie, il faut vraiment que tu vides ton sac car tu commences à nous faire peur ! s’inquiéta ma mère.

-    Quelles seront les conséquences pour tes sœurs si tu parles ? se renseigna mon père.

-    Vous allez les punir, répondis-je.

-    Attends, tu te mets dans cet état-là pour une fessée ?! s’indigna mon père. Tu es en train de te rendre malade uniquement parce que tu ne veux pas que tes sœurs reçoivent une fessée, Marie ?! Rien que pour ça, tu en mériterais une également !

-    Michael, s’il te plaît ! le tempéra ma mère.

-    Ça me rend fou de la voir dans cet état-là ! pesta mon père en se levant.

Puis, il agita son index en ma direction et poursuivit :

-    Maintenant, tu vas nous dire ce qui se passe, et tu vas le faire immédiatement, Marie ! Sinon je vais me fâcher !

Les yeux rivés vers le sol, je pris une grande inspiration et lâchai :

-    Louise et Anaïs sont sorties en douce pour aller à la soirée chez Vincent.

Ma phrase fut suivie d’un long silence durant lequel mes parents accusèrent le coup. Puis, mon père me demanda, furieux :

-    Depuis combien de temps sont-elles parties ?!

-    Quinze minutes environ, hoquetai-je.

-    Je peux savoir pourquoi tu n’es pas avec elles ?!

-    Je craignais trop de prendre une fessée, répondis-je.

-    Tu as eu bien raison sur ce coup-là ! me fit remarquer Michael. Je vais immédiatement les chercher ! Elles vont entendre parler de la ville !

Je ne rectifiai pas mon père à la suite de son expression mal employée : il était bien trop en colère et moi, j’étais remplie de culpabilité.

 

       Ma mère continuait de me consoler après que son mari ait claqué la porte derrière lui.

-    Elles vont se faire tuer à cause de moi ! pleurai-je, la tête collée contre le torse de Scarlett.

-    Non, pas à cause de toi, ma puce ! A cause d’elles et de leur bêtise !

-    Mais si je ne vous avais rien dit, elles ne se seraient pas fait prendre ! insistai-je.

-    Si, Marie, puisqu’en rentrant du travail, je serais allée vérifier si vous étiez toutes les trois couchées. Puisque le coup des oreillers et des peluches mises sous la couette pour faire illusion ne fonctionne pas avec moi, j’aurais forcément vu qu’elles n’étaient pas là. Et pour le coup, tu aurais certainement pris une fessée pour complicité !

J’avais donc vu juste. Sans le savoir, maman soulageait ma conscience.

Puisque c’était la soirée confidences, j’avouai à Scarlett que je ne voulais plus partager ma chambre avec Louise.

-    Pourquoi ? me demanda ma mère.

-    Nous n’avons pas le même rythme de sommeil, Louise se réveille très tôt et du coup, ça me réveille… Et puis elle me fait toujours des réflexions, je ne peux jamais faire ce que je veux, j’ai l’impression qu’elle est en train de m’épier… J’aimerais juste avoir un endroit à moi pour souffler un peu sans que personne ne m’embête.

-    Tu exagères, me gronda doucement ma mère, nous allons devoir tout redéménager !

-    Je suis désolée, dis-je. Sinon on reste comme ça, ce n’est pas grave…

Scarlett me regarda quelques instants puis me dit :

-    Bon, fais-nous un croquis de la nouvelle chambre que tu aimerais avoir et nous tâcherons de faire au mieux, d’accord ?

-    Merci maman ! dis-je en l’embrassant sur la joue.

-    Maintenant, au lit. Il est tard. Il faut que tu dormes. Et puis, je vais être occupée avec tes sœurs.

-    Ah…

-    Marie, arrête de culpabiliser. On l’aurait su de toute façon. Rien n’est ta faute, d’accord ! Je veux que tu t’enlèves ça de la tête. Aller, au lit mon p’tit cœur.

Ma mère me borda mais je ne pus bien évidemment pas m’endormir de suite.

 

-    Dépêchez-vous d’aller vous coucher !! entendis-je mon père vociférer depuis l’entrée. Et si j’en entends une de vous deux ouvrir la bouche, je lui en remets une !!

-    Chuuut ! lui dit ma mère. Marie dort !

Je n’entendis plus mes parents par la suite ; j’ouïs uniquement ma sœur entrer dans la chambre en pleurant comme une madeleine. Elle se mit en pyjama le plus discrètement possible et se coucha.

       Louise pleura jusque tard dans la nuit, ce qui me fit culpabiliser à nouveau, comme si les paroles de ma mère s’étaient envolées.

 

Jeudi 5 décembre 2019

 

-    Il nous a données une fessée devant tout le monde, Marie ! Tu te rends compte ?! Même devant Sacha ! J’étais morte de honte ! Je ne vais plus jamais pouvoir retourner à la fac !

-    C’était une déculottée ? demandai-je.

-    Non, la déculottée c’était en arrivant à la maison, dit Louise. Mais on s’est quand même prises cinq claques sur les fesses devant tout le monde !!

-    Oh, mais ce n’est rien ça ! Tout le monde en prend dans sa famille d’accueil, on n’est pas les seules !

-    Oui mais pas devant tout le monde !! insista Louise.

-    Si, rappelle-toi Raphaël, la semaine dernière à la fac… Et Elise aussi ! Et…

-    Oui bon, j’ai compris ! C’est juste que c’était trop la honte !

-    Je croyais qu’une soirée avec Sacha valait toutes les déculottées du monde.

-    Ta gueule ! me dit Louise.

Elle lâcha cette insulte au moment précis où maman passait devant notre chambre, une pile de linge propre plié dans les mains.

-    Comment est-ce que tu parles à ta sœur ?! la gronda-t-elle en entrant dans la pièce.

-    Je ne l’ai pas mal pris, maman ! dis-je pour défendre Louise.

-    Ce n’est pas une question de susceptibilité, Marie ! dit la flic en posant le linge sur mon lit. C’est une question de langage !

Scarlett pencha Louise sous son bras et lui asséna une dizaine de claques sur le derrière.

-    Tu penses vraiment que c’est le moment de faire des tiennes, Louise ?!

-   

-    Tu me réponds quand je te parle ! gronda maman et lui redonnant une claque sur les fesses.

-    Non maman, répondit ma sœur toute penaude.

-    Alors fais-toi discrète !

Notre mère sortit de notre chambre après avoir repris le linge et je vis que Loulou se retenait de pleurer.

-    Pleure si tu en as envie, il ne faut pas garder ça en toi, lui conseillai-je alors qu’elle se frottait les fesses.

-    Je commence à comprendre ce que tu ressens, parfois ! me dit-elle en ignorant ma réplique.

 

L’après-midi fut heureusement plus joyeux. Nous le passâmes à transformer entièrement la maison en chalet du Père Noël.

Lorsque nous eûmes terminé, la magie opéra : c’était incroyable ! Le sapin, haut de deux mètres, captait le regard par sa beauté. Les guirlandes lumineuses réveillaient l’esprit des fêtes ; et les bougies pailletées donnaient vraiment l’impression que les lutins allaient débarquer d’une minute à l’autre.

-    Nous n’avons jamais eu une aussi belle maison pour Noël ! s’exclama Michael.

-    Espérons que les chats ne saccagent pas tout ! s’inquiéta Scarlett.

 

Au dîner, nous parlâmes des vacances de Noël. Nous nous mîmes tous les cinq d’accord : la famille Webber au complet fêtera Noël le 25 au soir. Le réveillon du 24 et le déjeuner du 25 se dérouleront dans nos familles biologiques. Aussi, j’annonçai à Michael et Scarlett que je souhaitais passer la deuxième semaine des vacances avec eux, contrairement à mes sœurs. Louise partait au ski avec ses parents biologiques, et Anaïs préférait passer sa deuxième semaine avec ses grands-parents biologiques. Je n’aurais donc Michael et Scarlett rien que pour moi et j’en étais déjà ravie !

-    A toi de nous dire où tu veux aller, ma chérie ! me dit mon père. C’est à toi de choisir notre destination !

-    Je vais y réfléchir, répondis-je.

 

Je préparais mon cartable pour le lendemain matin lorsque mon père entra dans ma chambre :

-    Coucou ma puce, je venais juste te rappeler que ta mère t’emmène à la clinique demain matin. Il faudra que tu te lèves un peu plus tard que d’habitude.

J’avais effectivement complètement oublié que je passais ma journée à la clinique demain pour faire une batterie d’examens ; ceux-ci ayant pour but de vérifier l’état de mes intestins. En fin de journée, je verrai également l’orthopédiste pour mon poignet avec une semaine d’avance. J’espérais de tout cœur qu’il accepte de me mettre une attelle.

       Mon père sortit de ma chambre et je laissai tomber mon cartable, me disant que je verrais donc cela dimanche soir. Cela allait me faire du travail en plus de récupérer les cours – surtout juste avant les partiels ! – mais j’étais tout de même heureuse de louper une journée ennuyeuse à la fac, d’autant plus que je n’aimais pas plus que ça les cours du vendredi.

      

A suivre…

La suite !

Commentaires

Les stars du blog :

Journal d'une étudiante accueillie (Chapitre 1)

Ça y est, nous y sommes. Mon pire cauchemar est arrivé. Monsieur X. a été élu à la Présidence de la République et il va appliquer son programme. Je m’appelle Marie, j’ai 18 ans, et je vais aller au bagne pour la première fois de ma vie. Enfin, au bagne... J'exagère légèrement. Je vais en fait aller en famille d’accueil, famille dans laquelle je vivrai la semaine ; je pourrai rentrer voir ma famille, dont l’homme de ma vie, le week-end. J’ai eu mon bac littéraire en juin dernier, mention très bien. J’ai décidé d’entamer une licence de Lettres afin de réaliser mon rêve : devenir professeure des écoles. Mais Monsieur le Président de la République l’a décrété : « Tous les étudiants de 18 à 25 ans seront accueillis en structure pour le bien de leurs études ». Pour le bien de nos études ? Pff, tu parles ! Encore des propos démagogues ! Alors me voilà inscrite à l’université Jules Verne de *****, dans laquelle je vais passer minimum trois ans, pour me former au métier de professeu

Le tutorat de Little Princess (séance 3)

Comme vous avez pu le voir, j'ai changé le titre de cette rubrique. D'abord parce que je le trouvais trop long, ensuite parce qu'il devenait mensonger : Thomas n'est plus mon "nouveau" tuteur mais mon tuteur, tout simplement !   Nous ne nous étions pas vus depuis le lundi 7 décembre. Du 7 décembre au 6 janvier : un mois de « mise à l’épreuve » après la rouste de la dernière fois.   A peine deux jours après ce recadrage musclé, j’avais de nouveau testé Thomas, mais cette fois-ci je m’étais bien assurée que ce soit à distance. Jusqu’ici, toutes mes tentatives de rébellion avaient purement et simplement échouées, et j’en avais payé les frais. Restait ma toute dernière carte et j’hésitais vraiment à la jouer. Et puis tant pis, je me lançai.                 Depuis le début du semestre, ça ne passe pas avec ma prof d’histoire : je ne vous referai pas ici le récit de mon altercation verbale avec elle et de l’avertissement qui s’en est suivi pour moi ; mais souh

Le tutorat de Little Princess - Partie 3 (Préambule (3) - Et m*rde...)

                  Il paraît que c’est cela que l’on appelle « avoir sacrément merdé »…                     Lorsque ma mère était enceinte de ma sœur et moi, ce fut une grossesse difficile : déni de grossesse les quatre premiers mois, puis perte de ma jumelle. A six mois et demi, s’ils voulaient me donner une chance de vivre, il fallait accoucher ma mère.                   L’une des grosses conséquences de cette naissance très prématurée : de nombreuses malformations dues au fait que mes organes n’ont pas eu le temps de se placer correctement. Si la plupart sont bénignes, en revanche ma malformation intestinale pose problème. J’ai ce qu’on appelle un « mésentère commun complet ». Une malformation intestinale tellement rare que même certains médecins n’ont aucune idée de ce que c’est.                 D’habitude, on découvre cette malformation à la naissance ou durant la petite enfance. On l’opère et tout roule. Ce ne fut pas mon cas…   Durant vingt-quatre ans, j’ai eu d

Nouvelle rentrée, nouvelle vie ! (Chapitre 17)

 Ce chapitre a été écrit par Marie, une fan du blog. Malgré mes quelques commentaires et réécritures, elle a fait un excellent travail ! Bravo à elle ! Mardi 17 septembre 2019.   Lorsque Monsieur Éric toqua à la porte pour nous réveiller, j’étais très motivée pour me lever (ce qui est très rare !). Aujourd’hui sera une belle journée : d’abord parce que le mardi reste la meilleure journée de la semaine grâce à Madame Kelly, la prof la plus adorable du Pensionnat ; ensuite parce que j’ai réfléchi à un plan pour me venger de Monsieur Jean et de Monsieur Nicolas. Ce sera discret (enfin autant que faire se peut), rapide et efficace. Je sais bien que lorsque nous nous ferons attraper la punition sera salée ; mais je ne supporte pas l’idée de laisser croire à nos professeurs qu’ils ont tout le pouvoir (même si ce n’est peut-être pas tout à fait faux). Pour mener à bien mon plan, il me faudrait l’aide de mes amies. Je vais tout faire pour les convaincre de me suivre, j’ai déjà des argume

Journal d'une étudiante accueillie (Chapitre 26)

  Mercredi 9 octobre 2019.                   Pas de grasse matinée ce matin : Héloïse nous réveilla à neuf heures pour que nous puissions travailler un peu sur nos cours. J’étais grognon au possible en me réveillant, comme cela m’arrive rarement. En m’asseyant à table au petit déjeuner, je fus agacée par Anaïs, toujours pleine d’énergie et en forme le matin. Je déteste les gens du matin. Ou les gens. Ou le matin.                   Après m’être préparée et habillée pour la journée, je remontai dans ma chambre et me sentis toujours aussi grognon. Je ne savais pas encore pourquoi mais j’avais l’impression que cette journée allait être désagréable au possible. Personne n’avait intérêt à me voler dans les plumes : je m’étais levée du pied gauche !                 J’ouvris mes cahiers et commençai à travailler. Soudain, seulement quelques minutes après avoir commencé mes devoirs, j’entendis : -           Louise ! Anaïs ! Marie ! Descendez immédiatement ! Héloïse avait l’air f

Les stars du blog :

Journal d'une étudiante accueillie (Chapitre 1)

Ça y est, nous y sommes. Mon pire cauchemar est arrivé. Monsieur X. a été élu à la Présidence de la République et il va appliquer son programme. Je m’appelle Marie, j’ai 18 ans, et je vais aller au bagne pour la première fois de ma vie. Enfin, au bagne... J'exagère légèrement. Je vais en fait aller en famille d’accueil, famille dans laquelle je vivrai la semaine ; je pourrai rentrer voir ma famille, dont l’homme de ma vie, le week-end. J’ai eu mon bac littéraire en juin dernier, mention très bien. J’ai décidé d’entamer une licence de Lettres afin de réaliser mon rêve : devenir professeure des écoles. Mais Monsieur le Président de la République l’a décrété : « Tous les étudiants de 18 à 25 ans seront accueillis en structure pour le bien de leurs études ». Pour le bien de nos études ? Pff, tu parles ! Encore des propos démagogues ! Alors me voilà inscrite à l’université Jules Verne de *****, dans laquelle je vais passer minimum trois ans, pour me former au métier de professeu

Le tutorat de Little Princess (séance 3)

Comme vous avez pu le voir, j'ai changé le titre de cette rubrique. D'abord parce que je le trouvais trop long, ensuite parce qu'il devenait mensonger : Thomas n'est plus mon "nouveau" tuteur mais mon tuteur, tout simplement !   Nous ne nous étions pas vus depuis le lundi 7 décembre. Du 7 décembre au 6 janvier : un mois de « mise à l’épreuve » après la rouste de la dernière fois.   A peine deux jours après ce recadrage musclé, j’avais de nouveau testé Thomas, mais cette fois-ci je m’étais bien assurée que ce soit à distance. Jusqu’ici, toutes mes tentatives de rébellion avaient purement et simplement échouées, et j’en avais payé les frais. Restait ma toute dernière carte et j’hésitais vraiment à la jouer. Et puis tant pis, je me lançai.                 Depuis le début du semestre, ça ne passe pas avec ma prof d’histoire : je ne vous referai pas ici le récit de mon altercation verbale avec elle et de l’avertissement qui s’en est suivi pour moi ; mais souh

Le tutorat de Little Princess - Partie 3 (Préambule (3) - Et m*rde...)

                  Il paraît que c’est cela que l’on appelle « avoir sacrément merdé »…                     Lorsque ma mère était enceinte de ma sœur et moi, ce fut une grossesse difficile : déni de grossesse les quatre premiers mois, puis perte de ma jumelle. A six mois et demi, s’ils voulaient me donner une chance de vivre, il fallait accoucher ma mère.                   L’une des grosses conséquences de cette naissance très prématurée : de nombreuses malformations dues au fait que mes organes n’ont pas eu le temps de se placer correctement. Si la plupart sont bénignes, en revanche ma malformation intestinale pose problème. J’ai ce qu’on appelle un « mésentère commun complet ». Une malformation intestinale tellement rare que même certains médecins n’ont aucune idée de ce que c’est.                 D’habitude, on découvre cette malformation à la naissance ou durant la petite enfance. On l’opère et tout roule. Ce ne fut pas mon cas…   Durant vingt-quatre ans, j’ai eu d

Nouvelle rentrée, nouvelle vie ! (Chapitre 17)

 Ce chapitre a été écrit par Marie, une fan du blog. Malgré mes quelques commentaires et réécritures, elle a fait un excellent travail ! Bravo à elle ! Mardi 17 septembre 2019.   Lorsque Monsieur Éric toqua à la porte pour nous réveiller, j’étais très motivée pour me lever (ce qui est très rare !). Aujourd’hui sera une belle journée : d’abord parce que le mardi reste la meilleure journée de la semaine grâce à Madame Kelly, la prof la plus adorable du Pensionnat ; ensuite parce que j’ai réfléchi à un plan pour me venger de Monsieur Jean et de Monsieur Nicolas. Ce sera discret (enfin autant que faire se peut), rapide et efficace. Je sais bien que lorsque nous nous ferons attraper la punition sera salée ; mais je ne supporte pas l’idée de laisser croire à nos professeurs qu’ils ont tout le pouvoir (même si ce n’est peut-être pas tout à fait faux). Pour mener à bien mon plan, il me faudrait l’aide de mes amies. Je vais tout faire pour les convaincre de me suivre, j’ai déjà des argume

Journal d'une étudiante accueillie (Chapitre 26)

  Mercredi 9 octobre 2019.                   Pas de grasse matinée ce matin : Héloïse nous réveilla à neuf heures pour que nous puissions travailler un peu sur nos cours. J’étais grognon au possible en me réveillant, comme cela m’arrive rarement. En m’asseyant à table au petit déjeuner, je fus agacée par Anaïs, toujours pleine d’énergie et en forme le matin. Je déteste les gens du matin. Ou les gens. Ou le matin.                   Après m’être préparée et habillée pour la journée, je remontai dans ma chambre et me sentis toujours aussi grognon. Je ne savais pas encore pourquoi mais j’avais l’impression que cette journée allait être désagréable au possible. Personne n’avait intérêt à me voler dans les plumes : je m’étais levée du pied gauche !                 J’ouvris mes cahiers et commençai à travailler. Soudain, seulement quelques minutes après avoir commencé mes devoirs, j’entendis : -           Louise ! Anaïs ! Marie ! Descendez immédiatement ! Héloïse avait l’air f

Journal d'une étudiante accueillie (Chapitre 24).

  Je sais que beaucoup d'entre vous attendaient ce chapitre... Certains me le réclamaient même récemment alors qu'il était en cours d'écriture ! Le voici... C'est mon petit cadeau de Noël en avance... Régalez-vous ! Peace. L.P. Lundi 7 octobre 2019.      Ce matin, mes sœurs et moi pûmes nous reposer convenablement puisque nos professeurs étaient tous les deux absents. Nos parents partirent au travail sans nous réveiller, pensant sûrement que nous étions épuisées à la suite des émotions d’hier soir.                 En m’habillant, je pris le temps d’admirer mon popotin dans le miroir : plusieurs bleus s’étaient formés sur ma lune ronde, justifiant la difficulté que j’avais éprouvé à m’asseoir dans mon lit au réveil. Tom ne m’avait pas loupée ; mais alors, vraiment pas ! J’appris par mes sœurs que Dana n’avait guère été plus gentille avec elles : les deux instruments préférés de notre mère, à savoir le martinet et le tapetapis avaient été de sortie ; ils ont paraît-il f

Le tutorat de Little Princess - Partie 3 (Préambule)

  * 2 exclusions pour insolence (abusives, les exclusions. Je le précise quand même…) * excès de vitesse quotidiens * textos au volant * médicament pris occasionnellement * devoirs non faits * couvre-feu respecté mais plus par réelle fatigue que par volonté Voilà le palmarès. Depuis l’arrêt du tutorat avec Thomas puis avec Antoine, voilà le palmarès. Mon palmarès.                   Evidemment, Yves, mon nouveau tuteur n’est pas content. Mais pour le moment, je suis loin de sa main et je me fiche complètement qu’il soit content ou non : je fais ce que je veux quand je veux où je veux.                   Cependant, cela risque de me coûter cher. Selon le tableau mis en place, à l’heure actuelle j’en suis à exactement cinquante-cinq minutes de fessée et deux cent dix claques supplémentaires. J’attends de voir. Je sais qu'Yves ne peut pas tout punir : cela fait beaucoup trop de choses (vous allez me dire que c'était ce que je disais pour Thomas et au final il

Les aventures de Little Princess avec son nouveau tuteur (séance 1)

                   Depuis plus d’un an, j’avais un super tuteur (que nous appellerons Gabriel). Tout se passait bien entre Gabriel et moi, et un réel équilibre s’était créé entre lui et mon fiancé (que nous appellerons Hugo), qui se chargeaient ensemble de ma discipline.                 Et puis un jour, ça n’a plus été et nous avons dû cesser notre relation. Si Hugo et moi gardons notre forte amitié avec Gabriel, le tutorat prit fin. Retour à la case départ. Il fallait de nouveau trouver un tuteur.                 C’est pour cela que je postais une annonce ici même. Cette annonce était de ce type :   « À la suite d’un superbe tutorat d’un an, nous avons été contraints de nous séparer… Quel dommage… ! Mais mes études n’étant pas terminées (encore 3 ans !) j’ai toujours besoin d’un tuteur ! Je suis donc une jeune (enfin plus si jeune que ça, en fait !) étudiante de 28 ans, recherchant un tuteur / une tutrice : –          de minimum 30 ans (difficile d’accepter l’autorité de

Années 1950 : le guide de survie d'Alice (Chapitre 2)

  Dimanche 15 octobre 1950        Neuf heures : maman vient me réveiller. Le dimanche, nous allons à la messe qui débute à dix heures et demie. Du coup, maman nous lève relativement tôt pour pouvoir vérifier que tout le monde est bien apprêté pour le Seigneur.          A la messe, nous nous consacrons entièrement au Seigneur. Victor et Gus font partie des enfants de chœur qui servent la messe aux côtés du père Antoine (qui n’est autre que le grand frère de papa), ils se doivent d’être irréprochables !        L’église est le seul endroit où j’arrive à me tenir sage longtemps car j’aime beaucoup chanter. Cependant, je n’aime vraiment pas la sortie de messe. Mes parents et grands-parents ont toujours des tas de gens avec qui discuter et moi, ça m’ennuie beaucoup ! Victor et Nono proposèrent alors de nous ramener à la maison pour que les adultes puissent continuer à discuter tranquillement ; papa accepta.          Lorsque nous rentrâmes à la maison, nous effectuâmes les mêmes

Un joli fantôme du passé (Chapitre 19)

  -           Quoi ?! s’exclama Manon. Depuis quand tu as une petite copine ?! -           Cela fait plusieurs mois maintenant, répondit papa. Peut-être cinq ou six. Je voulais être sûr que cela fonctionne. Il est maintenant temps de vous la présenter. -           Cinq ou six mois, et tu ne nous en parles que maintenant ?! s’offusqua mon frère. -           Je vous signale qu’avant d’être votre père, je suis un homme qui a le droit à sa vie privée ! milita papa. -           Non ! protesta Manon. Non et non ! C’est ton tout premier job d’être notre père ! Tu nous as toujours dit que tes enfants passaient avant tout ! -           C’est le cas, se défendit papa. Cela ne veut pas dire que je dois tout vous dire ! -           Bien sûr que si ! insista Romain. -           Ah oui ?! rétorqua papa. Et vous me dîtes tout, vous ?! Un silence suivit. Mon frère finit par le briser : -           Ce n’est pas pareil ! Il y a des trucs qu’on ne te dit pas pour te protéger ! -