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Journal d'une étudiante accueillie. - Chapitre 73

 



Mardi 10 décembre 2019

 

-    C’est – quoi – ce – comportement - Marie ?!

Mon père avait ponctué chaque mot d’une bonne claque sur mon derrière ; dès le matin et sur le pyjama, c’était franchement cruel et cuisant !

-    Jeter des assiettes par terre, bon sang ! Est-ce que tes parents biologiques t’ont élevée comme ça ?!

-    Ben…

Michael et moi pensâmes certainement au même moment que si mes parents biologiques ne m’avaient pas encouragée à commettre ce genre de bêtises, ils ne les avaient pas réprimées pour autant.

-    Est-ce que ta mère et moi t’élevons comme ça ?! se reprit Michael.

-    Non papa, répondis-je sagement, pensant ne pas avoir d’autre option enviable.

-    C’est bien ce que je pensais !

-    Mais Justine m’a provoquée !

-    Il y avait bien d’autres façons de t’en sortir que de jeter une assiette par terre ! m’expliqua l’informaticien, agacé.

Je me tus. Je ne voulais pas augmenter la colère de mon père et qu’il se mette à parler de…

-    Et tes notes, on en parle ?! Ta mère et moi t’avons imposé 16/20 !! Tu aurais clairement pu faire un effort en ce qui concerne la culture littéraire ! Et pour ce qui est du torchon que tu nous as ramenés en littérature française, tu vas prendre une bonne fessée, Marie ! C’est vraiment inacceptable !

-    Je vais me rattraper, répondis-je apeurée.

-    Ah oui, et comment ?! Tu penses pouvoir rattraper un 6/20 dans la matière principale à deux jours du début des partiels ?! Tu vis dans quel monde, au juste ?! Je te préviens, cette école privée te pend de plus en plus au nez !!

-    Ne me donne pas la fessée, papa, s’il te plaît !

-    Oh que si tu vas la prendre ! Mais tu la prendras jeudi soir car ta mère tient à te la donner elle-même ! Elle est encore plus furieuse que je ne le suis !

D’un côté, j’étais soulagée de ne pas recevoir une déculottée spatiale made in Michael ; d’un autre côté, je savais que ma mère pouvait s’avérer redoutable, d’autant plus sur mes fesses meurtries. J’espérais de tout cœur que mon derrière soit guéri d’ici jeudi soir.

Mon père poursuivit :

-    Ton comportement ne convient pas, tes notes sont en baisse ; je te préviens, Marie : si tu nous ramènes un bulletin de premier semestre navrant et/ou si tu loupes tes partiels, tu entreras immédiatement à l’école Saint Nicolas gérée par les religieuses ! Pour information, maman et moi avons déjà effectué ta pré-inscription !

-    Tu bluffes ! lançai-je sans contrôle.

Michael sortit alors son téléphone de sa poche, pianota dessus et me montra un mail qui semblait venir de cette fameuse école, disant : « Nous avons bien pris en compte l’inscription de votre fille, Marie Webber […], sa place est conservée jusqu’au dimanche 2 janvier 2020. ».

-    Vous m’avez déjà trahie, alors ! aboyai-je à mon père.

-    Tu me parles sur un autre ton, Marie ! Et c’est toi qui as commencé par nous trahir à partir du moment où tu ne te tenais pas correctement en classe et où tu ne fournissais pas les efforts nécessaires à l’obtention de bons résultats !

Mon père avait raison sur ce point : je me la coulais douce à la fac.

-    Si cela peut te rassurer, nous avons également préinscrits tes sœurs. Ça ne vous fera pas de mal de passer dans une école privée d’excellence !

-    Je vous déteste maman et toi !! hurlai-je avant de courir dans ma chambre.

Me jetant sur mon lit, je pleurai toutes les larmes de mon corps. Je ne voulais pas quitter mes amis !!

Me voyant dans cet état, Louise qui sortait de la salle de bains, et Anaïs qui sortait des toilettes vinrent s’enquérir de l’objet de mon tracas.

-    Papa et maman nous ont inscrites toutes les trois dans la fac privée des bonnes sœurs !

-    Quoi ?!

-    C’est une blague !!

-    Ils ne peuvent quand même pas nous faire ça ?!

Outrées, mes sœurs et moi partîmes pour la fac sans adresser la parole à notre père. Par la suite, je m’en voulus : s’il arrivait quelque chose à Michael dans la journée et que les derniers mots entendus de ma part fussent « Je vous déteste ! », je m’en voudrais toute ma vie.

 

       Lorsque nous annonçâmes la nouvelle à notre bande d’amis, tous étaient autant furieux que tristes, sauf Jade, Marion et Angélique.

-    Nos parents ont dû parler ensemble, me dit Jade. C’est certain, même ! Car les miens m’ont également inscrite là-bas.

-    Pareil pour nous, poursuivit Angélique.

Punaise, c’était pire que ce que je pensais. Mes parents avaient brandi la menace pour que je me comporte et travaille mieux mais en fait, ils avaient déjà pris leur décision !

A l’instar de Caleb et Justine hier, notre future nouvelle école fut LE sujet de la matinée. A la pause du midi, nous nous rendîmes même sur le site internet de l’établissement.

-    Eh, regardez ça ! m’exclamai-je. L’uniforme est obligatoire, et tous les offices religieux aussi !

-    Oh punaise, il vous nous saouler avec leurs bondieuseries ! se lamenta Jade.

-    Ils ne parlent pas de châtiments corporels, dis-je en parcourant le site.

-    Tant mieux ! dit Ana. On a déjà bien assez à faire avec nos parents !

-    Papa a dit qu’ils donnaient des coups de règle sur les doigts et les fesses, rappelai-je.

-    Je pense sincèrement qu’il bluffait pour tenter de te faire réagir, affirma Marion.

-    En tout cas, ça n’a pas l’air gai du tout, votre truc ! commenta Guillaume. Heureusement que ce n’est que pour les filles ! Je ne voudrais y aller pour rien au monde !

 

Lorsqu’Anaïs, Louise et moi rentrâmes à la maison pour le repas du midi, nous étions toujours fâchées contre papa et maman. Oncle Caleb tenta de calmer le jeu lorsque nous fûmes tous servis en ratatouille et sauté de dinde, prêts à manger :

-    Les filles, vos parents ne méritent vraiment pas votre colère.

-    Ben moi, je crois que si ! dis-je en attrapant ma fourchette pour commencer à manger.

-    Ils font le choix de vous mettre dans le privé parce qu’ils sont persuadés que vous y recevrez un meilleur enseignement.

-    C’est pour nous punir ! protesta Ana.

-    C’est ce que Michael a voulu faire croire à Marie pour la faire réagir ; mais la vérité est qu’ils ne sont pas satisfaits de l’enseignement que vous recevez dans l’école où vous êtes.

-    Qu’est-ce qu’ils reprochent à notre fac ? demanda Louise.

-    L’emploi du temps est beaucoup trop léger : vous n’avez que vingt-deux heures de cours par semaine ! C’est vraiment peu ! De plus, ils trouvent les encadrants plutôt laxistes…

-    Ah bon ?! m’étonnai-je en coupant la parole à mon oncle.

-    Penses-tu sincèrement que tu aurais pu continuer ton manège avec le technicien informatique si tu avais été dans une fac plus attentive ?

-    Oui bon d’accord…

-    Avec tous tes écarts de comportement, Marie, tu aurais déjà dû passer en conseil de discipline depuis bien longtemps !

Je rivai les yeux vers mon assiette.

-    Il ne faut pas oublier, reprit mon oncle, que vos parents et moi-même avons fréquentés des établissements prestigieux et nous en sommes ravis. Vos parents ont les moyens de le faire avec vous également, et ils veulent le meilleur pour leurs filles.

-    Pourquoi ne pas nous avoir changées d’école plus tôt, alors ? s’étonna Anaïs.

-    Parce que Tom et Dana avaient décidé de vous laisser ici et Michael et Scarlett ne voulaient pas vous perturber davantage ; vous veniez déjà de changer de famille et de perdre tous vos repères ! Mais lorsque Louise et Marie sont arrivées, ils avaient déjà effectué des démarches pour inscrire Elsa et Victoire à l’école Saint Nicolas.

Caleb éclaircissait un peu les choses dans mon esprit.

-    Vos parents veulent vraiment le meilleur pour vous, les filles ! Alors oui, ce n’est peut-être pas très honnête d’avoir brandi la menace de cette école si finalement la décision était déjà prise ; mais je vous mets au défi, plus tard, d’être des mères parfaites avec trois filles de dix-huit ans qui débarquent chez vous et font les quatre cents coups !

Ma colère envers mes parents fut remplacée par la culpabilité. Je me sentais vraiment mal d’avoir agi comme je l’avais fait envers mon père ce matin.

       

       En me couchant le soir, j’écrivis un mot d’excuse à mes parents et le déposai sur leur lit. Puis, après avoir relu une dernière fois mes cours et parlé avec mes sœurs de notre avenir scolaire, je m’endormis paisiblement.

 

*****

 

       Michael et Scarlett rentrèrent quasiment en même temps du travail : il était presque vingt-deux heures. Caleb les attendait dans le salon, buvant un café et lisant un livre.

-    Ça a été avec les filles ? demanda Scarlett.

-    On a beaucoup parlé de leur future école, répondit son beau-frère. Je pense qu’elles ne sont plus fâchées.

-    J’ai été con de jouer le coup de la menace alors que la décision était déjà prise, avoua l’informaticien.

-    Tu n’as pas été con du tout, répliqua son grand frère. Tu as cru bien faire. Il n’existe pas de parent parfait, tu le sais bien !

-    Certes, mais les filles sont à un âge où l’on juge les moindres faits et gestes de ses parents ! expliqua Michael. Nous n’avons pas droit à l’erreur ! J’ai vraiment déconné.

-    Marie vous a écrit une lettre qu’elle a posée sur votre lit, dit Caleb. Ça vous donnera une idée d’à quel point vous avez déconné ! Et... Je n'ai pas eu le cœur à la punir.

-    Oh, Caleb ! se lamenta Michael.

-  Je sais, Mike ! Ecoute, cette petite me fait craquer. Elle est exaspérante mais terriblement attachante. Je n'avais pas le cœur à lui claquer à nouveau le derrière.

-   Tu as de la chance d'être son oncle, remarqua Scarlett. Nous, même si cela nous démange parfois, ne pouvons pas nous permettre ce genre de laxisme. Et nous savons ô combien Marie est craquante !

-   Surtout quand elle nous regarde avec ses yeux suppliants, ajouta Michael. Rah, c'est vraiment dur de ne pas céder dans ces moments-là !

-  Ok les parents gagas ! ria Caleb. Sur ce, je rentre chez moi !

-    Merci beaucoup Caleb, dit Scarlett. Merci vraiment pour tout.

A peine la porte se fut-elle refermée sur le comptable que le couple monta à toute vitesse et sans plus attendre les marches de l’escalier pour lire la lettre de Marie.

-    Tu es prêt ? demanda Scarlett à son mari lorsqu’ils furent tous deux assis sur leur lit, lettre en mains.

-    Déplie cette feuille, Scar ! ordonna Michael, ne tenant plus.

 

    Maman, papa,

       Je suis profondément désolée. Je m’en veux de vous avoir dit que je vous détestais. La vérité, c’est que je ne pourrai jamais vous détester. Jamais. Je vous aime beaucoup trop pour ça. La vérité, c’est que j’étais en colère contre vous, mais oncle Caleb m’a expliqué pourquoi vous nous changiez d’école et j’ai compris, maintenant. Je risque quand même de vous refaire la tête si la nouvelle école est trop stricte ; et je suis allée voir le site internet : elle a l’air vraiment stricte !

       Je sais que vous faîtes du mieux que vous pouvez, et comme je suis chiante (genre vraiment chiante), que je n’arrive pas à obéir et que j’aime bien faire ce que je veux, je me doute que ce n’est pas facile tous les jours.

       Alors ben, encore désolée. Et je ne vous déteste pas, hein ! Je vous aime fort. Je vous aime plus loin que les étoiles. Et c’est loin, les étoiles !

Marie.

PS : Si vous voulez me faire un bisou, essayez de ne pas me réveiller.

-    Cette gamine est vraiment un cadeau du ciel, dit Scarlett, les yeux humidifiés par l'émotion. On va lui faire, ce bisou ?

-    Oh que oui ! répondit Michael en se levant. Mais avant, nous allons lui répondre.

Michael s’approcha du secrétaire présent dans la chambre conjugale et s’empara d’un morceau de papier blanc et d’un stylo, qu’il tendit à sa femme, pensant qu’elle écrivait bien mieux que lui.

Après quelques minutes de concertation avec son mari, Scarlett écrivit :

    Merci pour ta gentille lettre. Tu es un amour de chipie. Nous voudrons toujours le meilleur pour toi et ferons en sorte que tu l’aies, même si cela veut dire que tu nous en voudras quelques fois. Nous t’aimons plus loin que les dix prochaines galaxies. Et c’est loin, les galaxies !

Papa et maman.

PS : ça ne t’empêchera quand même pas de prendre une fessée jeudi soir !

 

La lettre terminée, ils se dirigèrent vers la chambre de Louise et Marie, ouvrirent la porte le plus discrètement possible et s’avancèrent vers l’autrice de la première lettre. Ils déposèrent chacun un baiser sur le front de leur fille qui dormait profondément, en la regardant avec des yeux remplis d’amour. Tandis que Michael posait la réponse sur la table de nuit de Marie, Scarlett se déplaça un instant pour repositionner la couverture de Louise, qui semblait prête à tomber. Puis, après que Michael ait déposé un baiser délicat sur la joue de son autre fille, ils sortirent de la pièce.

 

Après une bonne douche et un instant d’intimité conjugale, ils purent s’endormir d’épuisement !

 

A suivre…

La suite !

Commentaires

  1. Whaaah ...il n'a pas fallu attendre longtemps pour avoir la suite ...merci pour cette belle surprise!
    Encore un changement pour les filles, ça va être dur !!!




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  2. Très belle suite
    Hâte de connaître la suite
    Marie et vraiment très attachante 😊😊

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