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Journal d'une étudiante accueillie. - Chapitre 72

 



Lundi 9 décembre 2019.

 

       Mes fesses douloureuses furent la première chose que je sentis ce matin en m’asseyant sur mon lit. J’étais bien résolue à ne plus faire de vagues ; mais lorsque je pris mon petit déjeuner en compagnie de mes sœurs et de mon père, l’annonce de Michael me fit penser qu’être sage s’annoncerait plus compliqué que prévu :

-    Les filles, vous savez qu’en début de semaine, votre mère est totalement submergée par le travail. Vous ne la voyez que très peu, d’ailleurs. Eh bien, exceptionnellement ces prochains jours, cela va être mon cas aussi. Je suis nommé sur un nouveau projet dans ma boîte et je vais devoir aller sur site durant deux semaines à partir d’aujourd’hui. Vous me verrez au petit déjeuner le matin mais je ne rentrerai que lorsque vous serez couchées. A partir de jeudi, votre mère sera là pour vous gérer le midi et le soir mais pour ce qui est d’aujourd’hui, demain et après-demain, vous allez devoir vous passer de nous.

-    C’est Assa qui va nous garder ? demanda Anaïs en tentant de camoufler sa joie dans le ton de sa voix.

-    Non, répondit notre père. Assa est beaucoup trop gentille avec vous, nous savons très bien que vous ne feriez qu’une bouchée d’elle !

-    Mais alors, on va se gérer seules ? demanda Louise, pleine d’espoir.

-    Non plus, vous auriez vite fait de faire n’importe quoi !

Il ne restait plus qu’une solution. Oh non, je ne voulais pas l’entendre. Je ne voulais vraiment pas l’entendre…

-    C’est oncle Caleb, tante Justine et leurs fils qui vont venir vous garder, finit par déclarer papa.

-    Ils ont vraiment besoin d’être quatre ?! demandai-je, contrariée.

-    La plupart du temps, votre oncle et votre tante seront là, répondit Michael. Mais s’ils sont pris par le travail, leurs fils prendront le relais.

-    Ils vont dormir à la maison ? s’informa Louise.

-    Non, ils seront uniquement là jusqu’à ce que nous rentrions du travail votre mère et/ou moi.

-    Et le midi, on mangera à la fac ? interrogeai-je.

-    Vu comme tu es capricieuse avec la nourriture, c’est tout bonnement hors de question ! trancha l’architecte en informatique. Ils seront présents le midi.

-    Roh mais papa, ils sont trop sévères ! me plaignis-je. Je n’ai pas envie qu’ils s’occupent de nous !

-    Ce n’est que pour trois jours, ma princesse ! me rassura mon père.

-    Six ! rectifiai-je. Aujourd’hui, demain et après-demain ; et puis lundi, mardi et mercredi de la semaine prochaine !

-    Croyez-moi, j’en suis désolé, surtout que la semaine prochaine, ça tombe pendant vos partiels. Mais nous ne pouvons pas faire autrement.

Je partis donc à la fac en boudant. Même si mes parents n’y pouvaient rien, je leur en voulais de nous laisser avec Caleb et Justine.

 

 

       Mes sœurs et moi rentrâmes donc à la maison pour midi, les mains pleines de deux nouvelles notes : l’une en littérature française, l’autre en culture littéraire. Pour ma part, j’avais eu 6/20 à la première, 15/20 à la deuxième. J’étais bien contente de ne croiser ni mon père avant demain matin, ni ma mère avant jeudi matin car j’avais toujours leur barème en tête ; ce dernier n’était pas compatible avec la bonne santé de mes fesses. Cependant, j’ignorais totalement la réaction de mon oncle et de ma tante. Caleb et Justine appliqueraient-ils le barème de Michael et Scarlett ?

      

       Nous poussâmes la porte d’entrée avec une grande appréhension. La présence de notre oncle et de sa femme avait occupé toutes nos conversations de la matinée. Même nos amis étaient au courant puisque nous n’avions que l’inquiétude en tête. Vu comment s’était déroulé le dîner il y a dix jours, ça sentait vraiment mauvais pour ce midi ; surtout avec les deux notes qui venaient de tomber !

       Anaïs, Louise et moi appliquâmes le rituel en vigueur à la maison, à savoir enlever nos manteaux, nous déchausser, enfiler nos chaussons et aller nous laver les mains. C’est en accomplissant cette dernière tâche que nous croisâmes Caleb et Justine dans la cuisine.

-    Bonjour les filles ! s’exclama notre oncle d’un ton enjoué.

-    Le repas sera bientôt prêt, je viens de le mettre au four, poursuivit Justine. Nous pourrons déjeuner dans quinze minutes !

-    C’est toi qui l’as cuisiné ? demandai-je à ma tante.

-    Oui, pourquoi ? s’étonna-t-elle.

-    D’habitude, expliquai-je, maman prépare tous les repas de la semaine le week-end et les met au congél’ pour gagner du temps le midi.

-    Eh bien ce midi, j’avais envie de cuisiner, dit Justine.

-    Tu as cuisiné quoi ? interrogeai-je.

-    Un gratin de brocolis, répondit-elle.

-    Je n’aime pas ça, avouai-je. Maman ne fait que des choses que j’aime manger.

-    Tu n’as même pas encore goûté, comment sais-tu que tu n’aimes pas cela ? se renseigna ma tante.

-    Je déteste les brocolis depuis toujours ! insistai-je.

-    Tu mangeras ce que tu auras dans ton assiette, Marie ! me gronda Justine en jetant un coup d’œil à son mari.

-    Exactement ! appuya Caleb.

Je demandai alors à mes sœurs leurs téléphones pour que je puisse appeler mes parents.

-    Tu ne vas certainement pas les déranger au travail, Marie ! me réprimanda Caleb. Mais enfin, qu’est-ce qui t’arrive ?! Tu ne vas commencer à nous agacer, d'accord ?! Tu n’as pas intérêt !

-    Monte dans ta chambre pour réfléchir un peu à ton comportement ! m’ordonna ma tante. Nous t’appellerons quand le repas sera prêt !

Alors que je tournais les talons en direction des escaliers, je pris le temps d’insulter mes sœurs de lâches et en particulier Anaïs : elle non plus n’aime pas les brocolis !

 

       Je montai donc dans ma chambre ; mais bien déterminée à ne pas me laisser faire, j’attrapai une paire de baskets dans mon dressing, enfilai une veste et m’enfuis de la maison par le garage. Je connaissais déjà bien trop ce chemin pour appréhender de me faire chopper.

       Une fois dans la rue, je me rendis devant la fac et hélai un taxi qui me déposa au fast-food le plus proche. Je fus surprise d’y retrouver quelques-uns de mes amis : je m’incrustai et mangeai avec eux après avoir récupéré ma commande.

-    Pourquoi Ana et Lou ne sont pas avec toi ? me demanda Marion avant de mordre dans son burger.

Je narrai alors toute l’histoire à ma bande de potes.

-    Tu as désactivé la géolocalisation sur ton tel’, j’espère ! me dit Guillaume.

-    Je suis privée de téléphone jusqu’à la Saint Glinglin, l’informai-je. Il est éteint et dans le coffre-fort de mes parents. Pas de risque à ce niveau-là.

-    Mais Marie, comment vas-tu faire ce soir ? me demanda Jade. Tu ne vas pas pouvoir te cacher jusqu’à ce que tes parents rentrent du travail ! Ils vont te tuer !

Lâchant un soupir désespéré, je me résignai :

-    Non, je rentrerai à la maison après les cours et prendrai la trempe que mon oncle et ma tante vont me filer. En espérant que ce soit ma tante qui s’en charge.

-    Pourquoi tu dis ça ?! demanda Guillaume. Elle n’est pas en mode « Lara Croft » comme ta mère ?

-    Nan, elle est plutôt en mode « sortie d’Auschwitz ».

-    Oh t’es gore !! s’exclama Angélique malgré l’éclat de rire général.

-    Alors, cherche pas ! reprit Guillaume après avoir fini de rire. C’est forcément ton oncle qui va t’en coller une ! Si ta tante est aussi maigre que tu le dis, elle ne pourra pas te maîtriser !

-    Par contre, mon oncle est le même genre d’armoire à glace que mon père, précisai-je. Si effectivement c’est lui qui me tombe dessus, je n’aurai que mes yeux pour pleurer ! Vu comme mes parents m’ont déjà tuée ce week-end, je ne sais pas si j’arriverai à supporter une autre trempe !

-    Ça s’trouve, ils seront plus indulgents que tes parents, vu que tu n’es pas leur fille ! pensa tout haut Jade.

-    Je prie pour que tu aies raison, conclus-je.

 

 

Je retournai à la fac pour 13h15 espérant pouvoir parler avec mes sœurs avant le début des cours. Comme je l’imaginais, elles avaient eu la présence d’esprit de me ramener mon sac de cours, que j’avais bien sûr laissé à la maison avant de fuguer.

-    Tiens, reprends ton sac ! me dit Anaïs en me le lançant. Il pèse une tonne !

-    C’est le poids des lingots d’or, répondis-je ironiquement. Alors, ils sont fâchés à quel point ?

-    Ah bah c’est clair que tu vas t’en prendre une quand tu vas rentrer ! m’informa Ana. Et plus tu vas tarder, pire ce sera !

-    Ils sont vraiment hyper fâchés ? questionnai-je encore pour être sûre.

-    Oncle Caleb, ça a l’air d’aller à peu près, dit Louise. Par contre, l’autre cure-dents est furieuse ! Elle veut ta mort !

-    Sérieusement ?! m’étonnai-je.

-    Louise exagère légèrement, continua Anaïs après avoir levé les yeux au ciel. Par contre, c’est sûr qu’elle va travailler son mari au corps pour qu’il te colle la fessée de ta vie ! A savoir si elle va réussir ou non…

-    Et quand papa et maman apprendront ça… enchaîna Louise.

-    Oui bon ben ça va ! m’exclamai-je pour les faire taire. Il n’est pas l’heure d’aller en cours, là ?!

 

J’eus bien du mal à me concentrer, que ce soit en anglais ou en mathématiques. J’aime pourtant beaucoup les matières du lundi après-midi mais j’appréhendais le retour à la maison. A quelques jours des partiels, le petit ange dans ma tête prit la ferme résolution que la bêtise de ce midi était la dernière de ces prochaines semaines ; ce à quoi le petit diable répondit : « Ben voyons ! ».

 

Oncle Caleb et tante Justine étaient assis dans le canapé devant la télé lorsque mes sœurs et moi rentrâmes à la maison. La boule dans mon ventre me gênait énormément. Heureusement, elle serait bientôt partie.

-    Viens ici, mademoiselle !! me gronda ma tante dès qu’elle m’aperçut.

-    Pardon pour mon comportement tante Justine, dis-je en espérant limiter la casse pour mon postérieur. Pardon pour mon comportement oncle Caleb.

Je pris visiblement ma tante de cours puisqu’elle se stoppa, la bouche ouverte et son index pointé sur moi, ne sachant plus quoi dire. Elle ferma ensuite la bouche puis la rouvrit pour me gronder :

-    Tu peux t’excuser, oui ! Tu as enchaîné un caprice et une fugue en moins de cinq minutes ! Ton oncle et moi étions morts d’inquiétude ! Il aurait pu t’arriver n’importe quoi !

-    Je suis juste allée manger au fast-food le plus proche, répondis-je.

-    Et comment pouvions-nous le savoir ?! s’enquit Justine.

-    Je t’ai dit que je n’aimais pas les brocolis.

Elle me décolla une gifle, plutôt costaude pour une femme de sa carrure ; mais je préférais cela à une fessée.

-    Quelle insolence !

-    Je dis seulement la vérité, rétorquai-je.

Elle brandit à nouveau sa main, prête à l’abattre sur mon autre joue : ce fut son mari qui la stoppa.

-    Arrête, Ju ! lui ordonna-t-il.

-    Tu entends cette insolente ?! s’offusqua sa femme. Tu l’entends ?!

-    Je ne suis pas insolente, je ne fais que dire la vérité ! plaidai-je.

-    Tu réponds à ta tante pendant qu’elle te sermonne ! me gronda Caleb. Je considère également que c’est de l’insolence ! Je te conseille de faire profil bas, Marie !

La grosse voix de mon oncle était beaucoup plus impressionnante que celle de Justine. Je n’eus pas le courage de lui répondre.

-    Ton comportement est fortement répréhensible ! poursuivit Caleb. Tu as manqué de respect à ta tante qui s’était donné du mal à cuisiner le repas…

-    Elle n’en avait pas besoin, murmurai-je sans que personne ne m’entende.

-    … Et toi, non seulement tu balaies son travail du revers de la main mais en plus tu décides d’aller manger ailleurs ! Te rends-tu compte de l’impertinence de ton attitude ?!

-    Je suis désolée, oncle Caleb, dis-je timidement. La nourriture est un sujet sensible pour moi et je…

-    Et tu n’es visiblement pas assez punie ! me coupa Justine. Sinon, tu te comporterais autrement !

-    Ça n’a rien à voir ! rétorquai-je, ignorant le coup de coude de Louise. La nourriture, c’est compliqué pour moi ! Vous devriez déjà vous estimer heureux que j’aie mangé ce midi !

C’en fut trop pour Caleb qui m’attrapa par le bras et me colla cinq claques sur les fesses. Pas de doute, il avait la même force que son petit frère !

-    Tu me parles sur un autre ton ! me gronda-t-il. Et qui nous prouve que tu as mangé, hein ?!

-    J’étais avec des amis, ils vous le confirmeront ! grommelai-je en me massant le derrière. J’ai mangé cinq nuggets et un yaourt à boire !

-    C’est bien en-dessous de la portion que tu dois manger à chaque repas !

Zut, un point pour lui. Je rebondis :

-    Mais au moins j’ai mangé ! J’aurais pu sauter un repas !

-    Si tu avais fait cela, je t’aurais flanqué la déculottée du siècle !!

-    Parce que tu ne vas pas le faire ?! s’offusqua Justine. Ta nièce me manque de respect, fugue pour aller manger ailleurs sans rien nous dire, ne respecte pas ses prescriptions alimentaires, et se permet d’être incommensurablement insolente en rentrant à la maison ; et tu ne vas pas la fesser ?!

J’eus envie de lui balancer un énorme « Ta gueule ! » mais cela aurait signé mon arrêt de mort.

Je vis dans son regard que le comptable réfléchissait profondément.

-    Caleb ?! insista Justine.

Il ne répondit pas et continua de me fixer du regard.

-    Caleb ?!?! réitéra l’infirmière.

Mon oncle réfléchit encore quelques secondes puis m’empoigna l’avant-bras. Je me mis alors à le prier ; il y avait un peut-être un espoir de le faire plier. Si sa saleté de femme ne l’avait pas poussé à me punir…

       Malgré mes prières, Caleb s’assit sur le canapé et me renversa sur ses genoux. Contre toute attente, il me laissa mes vêtements : je pris alors une salve sur mon jeans ; salve que je sentis nettement passer. Mes fesses me brûlaient, même avec les couches de vêtements que je portais. Les trempes de Caleb étaient vraiment à la hauteur de celles de Michael !

-    Baisse-lui son pantalon, Caleb ! ordonna ma tante, hors d’elle. Elle le mérite amplement !

Mais mon oncle ne l’écoutait pas et continuait d’abattre sa main sur mon jeans. Les claques étaient telles que je commençais à gigoter sérieusement. Je me surpris même à négocier avec mon bourreau :

-    Oncle Caleb, je te jure que je vais me tenir correctement ! Je te le promets ! Arrête, s’il  te plaît ! S’il te plaît, arrête !

-    Caleb, baisse-lui son pantalon !! insistait ma tante.

-    Si tu ne te tais pas immédiatement, c’est le tien que je vais baisser !! lui rétorqua alors son mari devant les mines ahuries de mes sœurs et moi.

Ma tante devint aussi rouge que mes fesses devaient l’être et se tut. Enfin !!

Quant à moi, je continuais de gigoter sur les cuisses de mon oncle. Ça commençait vraiment à chauffer !

       Une dizaine de claques plus tard, Caleb s’arrêta. Sans pour autant me laisser me relever, il me prévint :

-    Je ne veux pas que tu sois capricieuse ou insolente, Marie ! Tu vas manger sans caprice ce soir et tu ne nous répondras pas lorsque nous te ferons une réflexion ! C’est compris ?!

-    Oui, oncle Caleb, répondis-je, haletante.

-    Tu as mal commencé la semaine ! Au prochain écart de conduite, ça ira mal !

Il me lâcha et je pus me relever.

-    Allez vous laver, vous mettre en pyjama, et faire vos devoirs, annonça-t-il.

Toutes les trois calmées par ma forte tannée, nous ne bronchâmes pas.

 

       J’étais une fois de plus résolue à ne plus faire de vagues ; mais lorsque nous nous mîmes à table et que tout le monde put manger les lasagnes de Scarlett sauf moi, à qui ma tante avait gardé une assiette de gratin de brocolis, mon sang ne fit qu’un tour.

-    Ta femme me cherche ! dis-je à Caleb.

-    Donne des lasagnes à Marie, s’il te plaît, chérie ! demanda mon oncle à sa femme.

-    Non, elle va manger des brocolis ! insista Justine.

N’en pouvant plus, je sortis de mes gonds et envoyai valser l’assiette par terre, manquant de peu Toulouse, qui détala à toute vitesse.

Ma tante me hurla de nettoyer, je lui envoyai mon verre d’eau à la figure.

-    Toi, tu montes dans ta chambre et tu m’y attends !! tonna Caleb. Toi, tu nettoies les dégâts avant que les chats se blessent avec les morceaux de porcelaine, continua-t-il à l’adresse de sa femme.

-    Tu plaisantes, j’espère ?! s’offusqua Justine.

-    C’est ta faute, cette histoire ! Donc tu nettoies les dégâts !

-    Mais…

-    Justine !! cria Caleb.

A nouveau, mes sœurs et moi affichâmes des mines effarées en voyant notre tante se lever et obéir à son mari.

-    Marie ! poursuivit-il sur le même ton. Vas-tu obéir pour une fois dans ta vie ou faut-il que je te claque le derrière pour te faire avancer ?!

Pleurant de tristesse, de rage et de honte, je montai l’escalier.

       Prenant mon oncle de cours, je courus dans la chambre d’Anaïs, attrapai son téléphone et m’enfermai à double tour dans sa salle de bains.

-    Marie !! criait mon oncle en tapant à la porte. Ouvre cette porte !! Ouvre cette porte, Marie !!

Sans répondre, je déverrouillai le smartphone d’Anaïs (et remerciai l’univers de connaître son code !) puis appelai mon père. Il répondit immédiatement :

-    Ana ? Il y a un problème ?

-    Papa, c’est Marie ! Il faut absolument que tu rentres : oncle Caleb veut me tuer !!

Mon oncle ayant très certainement entendu que j’étais au téléphone avec son frère, cessa de tambouriner à la porte de la salle de bains.

-    Attends ma puce, me dit calmement mon père. Explique-moi toute l’histoire depuis le début, s’il te plaît.

Je narrai alors ma journée à Michael, des mauvaises notes aux brocolis, en passant par ma fugue au fast-food. Je lui racontai absolument tout dans les moindres détails et mon père m’écouta patiemment tout comme – j’en étais persuadée ! – son frère de l’autre côté de la porte.

-    D’accord Marie, conclut mon père. Passe-moi ton oncle, s’il te plaît.

-    Mais si j’ouvre la porte, il va me tuer !

-    Fais-moi confiance et ouvre la porte, Marie !

J’obéis alors avec appréhension et découvris mon oncle, debout, les bras croisés et le regard mécontent.

-    Papa veut te parler, lui dis-je timidement en lui tendant le téléphone.

Mon oncle prit le téléphone et sortit de sa chambre, ses cheveux longs volant dans son dos. J’en profitai pour aller dans ma chambre et m’asseoir sur mon lit. Fébrile, j’attendis que la discussion entre les deux frères se termine. J’espérais que cette histoire prenne une bonne tournure pour mes fesses et moi.

 

       Quelques minutes plus tard, peut-être trois ou quatre, Caleb me rendit le téléphone d’Anaïs et s’assit à côté de moi sur mon lit.

-    Bon, j’ai parlé avec ton père.

-    Je me doute, répondis-je.

-    Il ne cautionne pas du tout ton comportement et si cela avait été lui, tu n’aurais pas gardé ton jeans tout à l’heure.

-    Je me doute aussi, répétai-je.

-    Néanmoins, il reconnaît que le comportement de ta tante n’a pas été correct. Nous avons donc pris la décision que durant les prochains jours, je viendrai vous garder seul, sans Justine. Et si je suis absent, l’un de nos fils prendra le relais.

-    Oh, merci oncle Caleb !! m’exclamai-je en lui sautant au cou.

Je commençais réellement à aimer mon oncle.

-    Attends Marie, tempéra le comptable. Michael m’a quand même demandé de te flanquer une fessée pour tes notes et pour avoir balancé l’assiette de ta tante par terre.

-    Mais je…

Caleb leva la main pour me faire taire, puis reprit :

-    Je ne vais pas le faire. Vu comme Justine t’a embêtée aujourd’hui, je n’ai pas le cœur à te punir à nouveau. Cela ne te protège pas de ton père demain matin ou de ta mère jeudi ; mais moi, je ne te punirais plus ce soir.

Je l’aimais vraiment beaucoup.

 

       Grâce à oncle Caleb, je pus manger les succulentes lasagnes de ma mère ; et même si Anaïs m’incendia d’avoir utilisé son téléphone sans son autorisation, je passai une soirée plutôt paisible.

 

A suivre…

La suite !

Commentaires

  1. Génial comme toujours
    Alala Marie en loupe vraiment pas une
    Que vont faire Mickael et Scarlett
    Trop hâte de connaître la suite

    RépondreSupprimer
  2. J'adore comme toujours 🤗 et comme toujours, vous savez créer la surprise ... super !
    Marie n'a pas tardé à faire chavirer le cœur de Caleb ! Ça promet 😉
    Vivement la suite !!!

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Comme vous avez pu le voir, j'ai changé le titre de cette rubrique. D'abord parce que je le trouvais trop long, ensuite parce qu'il devenait mensonger : Thomas n'est plus mon "nouveau" tuteur mais mon tuteur, tout simplement !   Nous ne nous étions pas vus depuis le lundi 7 décembre. Du 7 décembre au 6 janvier : un mois de « mise à l’épreuve » après la rouste de la dernière fois.   A peine deux jours après ce recadrage musclé, j’avais de nouveau testé Thomas, mais cette fois-ci je m’étais bien assurée que ce soit à distance. Jusqu’ici, toutes mes tentatives de rébellion avaient purement et simplement échouées, et j’en avais payé les frais. Restait ma toute dernière carte et j’hésitais vraiment à la jouer. Et puis tant pis, je me lançai.                 Depuis le début du semestre, ça ne passe pas avec ma prof d’histoire : je ne vous referai pas ici le récit de mon altercation verbale avec elle et de l’avertissement qui s’en est suivi pour moi ; mais souh

Le tutorat de Little Princess - Partie 3 (Préambule (3) - Et m*rde...)

                  Il paraît que c’est cela que l’on appelle « avoir sacrément merdé »…                     Lorsque ma mère était enceinte de ma sœur et moi, ce fut une grossesse difficile : déni de grossesse les quatre premiers mois, puis perte de ma jumelle. A six mois et demi, s’ils voulaient me donner une chance de vivre, il fallait accoucher ma mère.                   L’une des grosses conséquences de cette naissance très prématurée : de nombreuses malformations dues au fait que mes organes n’ont pas eu le temps de se placer correctement. Si la plupart sont bénignes, en revanche ma malformation intestinale pose problème. J’ai ce qu’on appelle un « mésentère commun complet ». Une malformation intestinale tellement rare que même certains médecins n’ont aucune idée de ce que c’est.                 D’habitude, on découvre cette malformation à la naissance ou durant la petite enfance. On l’opère et tout roule. Ce ne fut pas mon cas…   Durant vingt-quatre ans, j’ai eu d

Nouvelle rentrée, nouvelle vie ! (Chapitre 17)

 Ce chapitre a été écrit par Marie, une fan du blog. Malgré mes quelques commentaires et réécritures, elle a fait un excellent travail ! Bravo à elle ! Mardi 17 septembre 2019.   Lorsque Monsieur Éric toqua à la porte pour nous réveiller, j’étais très motivée pour me lever (ce qui est très rare !). Aujourd’hui sera une belle journée : d’abord parce que le mardi reste la meilleure journée de la semaine grâce à Madame Kelly, la prof la plus adorable du Pensionnat ; ensuite parce que j’ai réfléchi à un plan pour me venger de Monsieur Jean et de Monsieur Nicolas. Ce sera discret (enfin autant que faire se peut), rapide et efficace. Je sais bien que lorsque nous nous ferons attraper la punition sera salée ; mais je ne supporte pas l’idée de laisser croire à nos professeurs qu’ils ont tout le pouvoir (même si ce n’est peut-être pas tout à fait faux). Pour mener à bien mon plan, il me faudrait l’aide de mes amies. Je vais tout faire pour les convaincre de me suivre, j’ai déjà des argume

Journal d'une étudiante accueillie (Chapitre 26)

  Mercredi 9 octobre 2019.                   Pas de grasse matinée ce matin : Héloïse nous réveilla à neuf heures pour que nous puissions travailler un peu sur nos cours. J’étais grognon au possible en me réveillant, comme cela m’arrive rarement. En m’asseyant à table au petit déjeuner, je fus agacée par Anaïs, toujours pleine d’énergie et en forme le matin. Je déteste les gens du matin. Ou les gens. Ou le matin.                   Après m’être préparée et habillée pour la journée, je remontai dans ma chambre et me sentis toujours aussi grognon. Je ne savais pas encore pourquoi mais j’avais l’impression que cette journée allait être désagréable au possible. Personne n’avait intérêt à me voler dans les plumes : je m’étais levée du pied gauche !                 J’ouvris mes cahiers et commençai à travailler. Soudain, seulement quelques minutes après avoir commencé mes devoirs, j’entendis : -           Louise ! Anaïs ! Marie ! Descendez immédiatement ! Héloïse avait l’air f

Journal d'une étudiante accueillie (Chapitre 24).

  Je sais que beaucoup d'entre vous attendaient ce chapitre... Certains me le réclamaient même récemment alors qu'il était en cours d'écriture ! Le voici... C'est mon petit cadeau de Noël en avance... Régalez-vous ! Peace. L.P. Lundi 7 octobre 2019.      Ce matin, mes sœurs et moi pûmes nous reposer convenablement puisque nos professeurs étaient tous les deux absents. Nos parents partirent au travail sans nous réveiller, pensant sûrement que nous étions épuisées à la suite des émotions d’hier soir.                 En m’habillant, je pris le temps d’admirer mon popotin dans le miroir : plusieurs bleus s’étaient formés sur ma lune ronde, justifiant la difficulté que j’avais éprouvé à m’asseoir dans mon lit au réveil. Tom ne m’avait pas loupée ; mais alors, vraiment pas ! J’appris par mes sœurs que Dana n’avait guère été plus gentille avec elles : les deux instruments préférés de notre mère, à savoir le martinet et le tapetapis avaient été de sortie ; ils ont paraît-il f

Le tutorat de Little Princess - Partie 3 (Préambule)

  * 2 exclusions pour insolence (abusives, les exclusions. Je le précise quand même…) * excès de vitesse quotidiens * textos au volant * médicament pris occasionnellement * devoirs non faits * couvre-feu respecté mais plus par réelle fatigue que par volonté Voilà le palmarès. Depuis l’arrêt du tutorat avec Thomas puis avec Antoine, voilà le palmarès. Mon palmarès.                   Evidemment, Yves, mon nouveau tuteur n’est pas content. Mais pour le moment, je suis loin de sa main et je me fiche complètement qu’il soit content ou non : je fais ce que je veux quand je veux où je veux.                   Cependant, cela risque de me coûter cher. Selon le tableau mis en place, à l’heure actuelle j’en suis à exactement cinquante-cinq minutes de fessée et deux cent dix claques supplémentaires. J’attends de voir. Je sais qu'Yves ne peut pas tout punir : cela fait beaucoup trop de choses (vous allez me dire que c'était ce que je disais pour Thomas et au final il

Les aventures de Little Princess avec son nouveau tuteur (séance 1)

                   Depuis plus d’un an, j’avais un super tuteur (que nous appellerons Gabriel). Tout se passait bien entre Gabriel et moi, et un réel équilibre s’était créé entre lui et mon fiancé (que nous appellerons Hugo), qui se chargeaient ensemble de ma discipline.                 Et puis un jour, ça n’a plus été et nous avons dû cesser notre relation. Si Hugo et moi gardons notre forte amitié avec Gabriel, le tutorat prit fin. Retour à la case départ. Il fallait de nouveau trouver un tuteur.                 C’est pour cela que je postais une annonce ici même. Cette annonce était de ce type :   « À la suite d’un superbe tutorat d’un an, nous avons été contraints de nous séparer… Quel dommage… ! Mais mes études n’étant pas terminées (encore 3 ans !) j’ai toujours besoin d’un tuteur ! Je suis donc une jeune (enfin plus si jeune que ça, en fait !) étudiante de 28 ans, recherchant un tuteur / une tutrice : –          de minimum 30 ans (difficile d’accepter l’autorité de

Années 1950 : le guide de survie d'Alice (Chapitre 2)

  Dimanche 15 octobre 1950        Neuf heures : maman vient me réveiller. Le dimanche, nous allons à la messe qui débute à dix heures et demie. Du coup, maman nous lève relativement tôt pour pouvoir vérifier que tout le monde est bien apprêté pour le Seigneur.          A la messe, nous nous consacrons entièrement au Seigneur. Victor et Gus font partie des enfants de chœur qui servent la messe aux côtés du père Antoine (qui n’est autre que le grand frère de papa), ils se doivent d’être irréprochables !        L’église est le seul endroit où j’arrive à me tenir sage longtemps car j’aime beaucoup chanter. Cependant, je n’aime vraiment pas la sortie de messe. Mes parents et grands-parents ont toujours des tas de gens avec qui discuter et moi, ça m’ennuie beaucoup ! Victor et Nono proposèrent alors de nous ramener à la maison pour que les adultes puissent continuer à discuter tranquillement ; papa accepta.          Lorsque nous rentrâmes à la maison, nous effectuâmes les mêmes

Un joli fantôme du passé (Chapitre 19)

  -           Quoi ?! s’exclama Manon. Depuis quand tu as une petite copine ?! -           Cela fait plusieurs mois maintenant, répondit papa. Peut-être cinq ou six. Je voulais être sûr que cela fonctionne. Il est maintenant temps de vous la présenter. -           Cinq ou six mois, et tu ne nous en parles que maintenant ?! s’offusqua mon frère. -           Je vous signale qu’avant d’être votre père, je suis un homme qui a le droit à sa vie privée ! milita papa. -           Non ! protesta Manon. Non et non ! C’est ton tout premier job d’être notre père ! Tu nous as toujours dit que tes enfants passaient avant tout ! -           C’est le cas, se défendit papa. Cela ne veut pas dire que je dois tout vous dire ! -           Bien sûr que si ! insista Romain. -           Ah oui ?! rétorqua papa. Et vous me dîtes tout, vous ?! Un silence suivit. Mon frère finit par le briser : -           Ce n’est pas pareil ! Il y a des trucs qu’on ne te dit pas pour te protéger ! -