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Journal d'une étudiante accueillie. - Chapitre 74 (2ème partie)

 


Marie

 

     Je pris ma douche aussi vite que je pus. Sans allusion douteuse, j’avais le feu aux fesses ! Ma mère ne m’avait jamais autant amochée. En me concentrant presqu’uniquement sur Michael ces derniers temps, j’avais grandement sous-estimé Scarlett !

     Mon pyjama mis, j’attrapai mon classeur de géographie et commençai à réviser, priant pour que mon cerveau enregistre immédiatement chaque mot lu. La géographie était ma matière préférée, j’espérais m’en sortir correctement !

 

     A peine quelques minutes plus tard, ma mère frappa à la porte de ma chambre puis entra.

-    Tu fais bien de réviser ! me gronda-t-elle. Après le dîner, je t’interrogerai à ma manière ! J’espère vraiment que tu connais tes cours, Marie, sinon tu n’as pas fini d’avoir mal aux fesses !

Ma mère partie, j’essayai d’avaler l’énorme boule que j’avais dans la gorge : si je n’y parvenais pas, j’allais fondre en larmes.

Me retenant de toutes mes forces de pleurer, je lus mes cours, encore et encore. Et encore. Pourtant, j’avais l’impression que je ne retenais rien. Mon cerveau n’arrêtait pas de se déconnecter de la géographie pour aller se poser sur le prochain gros problème : le retour de mon père à la maison. Qu’allait-il dire ? Allait-il me fracasser, lui aussi ? Allait-il plutôt m’accorder sa clémence, vu que sa femme m’avait déjà bien punie ? J’avais beau être proche de mon père, il m’était impossible de prédire sa réaction ; tout comme il m’était impossible de réfléchir de façon rationnelle, étant donné que la peur s’était emparée de mon être tout entier.

 

-    A table ! appela ma mère aux alentours de dix-neuf heures trente.

Je lus quelques dernières phrases, fermai mon classeur avec un énorme soupir et le posai sur le lit. Puis, alors que j’allais sortir de ma chambre, j’entendis un bruit qui me terrifia : la porte d’entrée venait de s’actionner. Mon père rentrait du travail.

Il me fallut tout le courage du monde pour prendre sur moi et ne pas pleurer ; mais ma panique se traduisit immédiatement par des tremblements.

-    Ça va aller, Manou ! me dit tendrement Louise en me donnant une caresse dans le dos.

Je ne lui répondis pas, de peur d’être crue ou froide.

Avec l’aide de ma sœur, je descendis les escaliers et me rendis dans la salle à manger. Effectivement, mon père était rentré. Lorsqu’il me vit en pyjama, sa première question fut :

-    Qu’est-ce que tu as fait ?!

Je ne pus lui répondre.

-    Marie, ton père t’a posé une question ! commenta ma mère.

C’est alors que je fondis en larmes. Loin d’amadouer mes parents – bien qu’elles questionnassent tout de même Michael -, mes larmes ne servirent qu’à me soulager : c’était une chose de moins à contrôler.

-    J’attends que tu m’expliques !

-    Si je t’explique, tu vas me donner une fessée ! sanglotai-je. Et maman l’a déjà fait…

-    Tu en mérites largement une deuxième ! me coupa Scarlett.

-    Mais maman…

-    Vas-tu m’expliquer ce que tu as fait, oui ou non ?! tonna mon père.

-    J’ai triché, murmurai-je néanmoins assez fort pour que mon père entende. J’ai fait des anti-sèches pour les partiels.

-    Tu as quoi ?!?! s’exclama mon père.

-    Ta fille ne s’y est pas prise assez tôt pour réviser, poursuivit ma mère, elle a donc cru bon, en partisane du moindre effort, de faire des anti-sèches pour y avoir recours pendant ses examens !

-    T’es-tu fait attraper ?! me questionna l’informaticien.

-    Non papa, répondis-je en secouant la tête.

Lorsque je vis mon père me foncer dessus, je fermai fortement les yeux, serrai les fesses et contractai tout le reste de mon corps pour parer à l’ouragan qui allait s’abattre sur moi.

Contre toute attente, Michael s’arrêta soudainement, avant même d’arriver à ma hauteur. Me jetant un regard que je n’avais encore jamais vu chez lui, il me dit froidement :

-    Tu me déçois, Marie. Tu me déçois vraiment.

Ce fut la dernière phrase que mon père prononça de toute la soirée.

 

Cela me mit dans un tel état de tristesse, de culpabilité et de honte que, continuant de pleurer, je courus me réfugier dans ma chambre après le dîner, n’ayant même pas pris de dessert. Je priai pour que tout le monde me laisse tranquille, ce fut le cas. Ma mère ne mit pas ses menaces de révision à exécution. Tant mieux. De toute façon, je n’avais plus l’intention d’aller passer mes examens. Je n’avais plus l’intention de faire quoique ce soit d’autre. J’avais atteint le point de non-retour avec Michael et Scarlett. Ma mère ne m’avait jamais autant punie, signe que j’avais atteint une énorme limite ; quant à mon père, j’avais tellement dépassé les bornes qu’il n’avait même plus la volonté de me remettre sur les rails.

Je ne me sentais plus digne d’être leur fille. Je leur avais trop souvent désobéi ; ils avaient été trop de fois dupés puis déçus. Mieux valait pour eux que je sorte de leurs vies. Je ne méritais pas de tels parents.

 

Prenant ce chemin que j’avais emprunté tant de fois, je sortis par la porte du garage et marchai dans l’obscurité vers… je ne savais où.

 

 

Scarlett

 

     Michael et moi avions permis aux filles de remonter dans leurs chambres pour réviser.

Tandis que nous buvions un café, je demandai à mon mari :

-    Tu crois que Marie révise ? J’irais bien vérifier…

-    Elle m’a tellement déçu que je n’ai même plus envie de la surveiller. Du moins, pas ce soir.

-    Mike, ne me lâche pas ! le priai-je. Pas maintenant ! Marie a fait trop de progrès pour qu’on la lâche maintenant ! Et nous aussi, d’ailleurs !

-    Je ne veux absolument pas la lâcher, Scar ! protesta mon âme sœur. Loin de moi cette idée ! Seulement, je suis tellement déçu du comportement de notre fille qu’il me faut la soirée pour encaisser. Je te promets que dès demain, ça ira mieux.

Rassurée, j’embrassai mon homme après lui avoir lancé un regard compréhensif. Marie nous faisait vraiment les quatre cents coups et il était parfois compliqué de tenir.

 

     Nous avions presque terminé de débarrasser nos tasses lorsque nous entendîmes Louise crier :

-    Maman !! Papa !! Il faut que vous veniez !! Vite !!

Paniqués, nous courûmes à l’étage dans la chambre de notre fille. Nous découvrîmes notre Loulou en pleurs :

-    Marie est partie ! sanglota-t-elle en nous tendant un mot.

Fébrile, je pris le bout de feuille tendu par ma fille et lus :

« Je ne sais que je ne vous mérite pas. Vous serez bien mieux sans moi.

Merci pour tout ce que vous m’avez donné.

Je vous aime. Marie. »

-    Oh non ! m’exclamai-je, ne pouvant retenir mes larmes. Ma fille ! Mon p’tit bonheur ! Il faut la retrouver, Michael !

-    C’est ma faute ! culpabilisa immédiatement mon homme. Je sais que Marie est hypersensible et j’ai réagi comme un con ! Je n’aurais pas dû réagir ainsi, je….

-    Bon ! déclarai-je en essuyant mes larmes. Il faut la retrouver. Le plus tôt sera le mieux.

J’ordonnai à mes filles de rester à la maison au cas où Marie reviendrait ; puis Michael et moi appelâmes tous ceux qui pourraient être susceptibles de nous aider dans nos recherches : Caleb et Justine, Noah et Nathan, nos amis parents d’accueil, et Nolan, le meilleur ami de Michael, que nous n’avons pas vu depuis des mois mais qui n’habite pas loin et qui est toujours prêt à aider. J’appelai également mes collègues pour faire un signalement et lancer un avis de recherche.

 

Ayant chacun enfilé une veste et des baskets, Michael et moi nous embrassâmes sur le perron avant de nous séparer.

-    On se tient au courant, lui dis-je.

-    Oui ! poursuivit-il. Sois prudente, je t’aime.

-    Je t’aime aussi.

J’empruntai un chemin au hasard, à la recherche de ma fille.

 

Marie

 

     A force de marcher pendant plus de deux heures, j’avais atterri au bord d’un lac dans la ville voisine. Je venais souvent me baigner ici avec mon petit frère avant la réforme. Aucun membre de ma famille d’accueil ne savait cela, c’était mon petit secret à moi.

     En regardant la surface du lac éclairée par la lune, je plongeai dans mes souvenirs de cet été : comme la fois où mon frère m’avait enterrée dans le sable, où l’autre fois où nous avions fait un concours d’apnée ; ou encore cette douce soirée de juillet où Mathieu était avec nous et où nous avions construit un immense château de sable.

     Mathieu. Il me manquait à un tel point que l’air en devenait irrespirable. Demain soir, j’aurais dû être dans ses bras. Au lieu de cela, je serai seule dans ma chambre, chez ma famille biologique, à dormir dans un grand lit froid.

Enfin, ça, c’était si je rentrais chez ma famille biologique ; puisque j’étais partie de ma famille d’accueil, j’étais officiellement considérée comme une déserteuse. Que deviendrai-je ? Je l’ignorais totalement. Il m’était impossible d’entrer à l’armée puisque j’étais inscrite à la faculté. Impossible de retourner chez Michael et Scarlett car je leur ai fait beaucoup trop de mal et je ne voulais pas les faire souffrir davantage. Impossible changer de famille d’accueil puisque c’était interdit ; et qu’en plus, cela ne servirait à rien de faire souffrir une autre famille !

J’étais donc une déserteuse en cavale. Si je me faisais prendre, j’atterrirais immédiatement dans une prison gouvernementale et subirais les pires sévices… Il allait donc falloir que je me débrouille seule.

 

     Au loin, je vis une maison illuminée par les guirlandes de Noël. Cela allait être la première année où je fêterais Noël seule, dehors. Je ne craignais pas la faim mais le froid et la solitude me terrifiaient. Je n’avais de plus, pris aucune affaire avant mon départ, si ce n’est ce que j’avais sur moi : par-dessus ma tenue du jour que j’avais remise, j’avais enfilé un léger manteau.

 

     La réforme n’était tout simplement pas faite pour moi. De toute façon, je n’avais jamais réussi à entrer dans le moule, ce moule voulu par la société. J’ai toujours été différente. D’ailleurs, ma mère biologique m’a toujours dit, tout au long de mon enfance : « Je t’aime parce que tu es unique. Tu es un vrai cadeau du ciel. Mon cadeau. ». Ce souvenir me fit couler les larmes. Vu à quel point j’avais fait souffrir mes parents biologiques puis Michael et Scarlett, je n’étais pas franchement un cadeau ! Ou alors un cadeau empoisonné !

 

     Je commençais à planifier mentalement ma cavale quand je vis un homme s’avancer vers moi. Grâce au lampadaire, je pus distinguer un grand blond un peu efféminé. Il avait l’air d’avoir une quarantaine d’années. Il me semblait l’avoir déjà vu quelque part mais je ne parvenais pas à me souvenir où.

-    Bonsoir, me dit-il soudain.

-    Bonsoir, répondis-je poliment.

-    Tu t’appelles Marie, c’est bien ça ?

-    Qu’est-ce que vous me voulez ?! aboyai-je. Qui êtes-vous ?!

-    Tu veux bien que je m’asseye à côté de toi ?

Je me sentais tellement seule que j’acceptai avec un hochement de tête.

-    Je m’appelle Nolan, dit l’homme après s’être assis. Je suis le meilleur ami de ton père, Michael.

Je me souvenais maintenant où je l’avais vu : il y avait plusieurs photos de lui dans le bureau de mon père.

-    Pourquoi je ne vous ai jamais vu en vrai, alors, si vous êtes son meilleur ami ? demandai-je.

-    Je viens de passer trois mois aux Etats-Unis pour le travail, dit-il. Je viens de rentrer. J'avais hâte de faire ta connaissance, même si j'aurais souhaité d'autres circonstances !

-    Michael m’a parlé de vous, me souvins-je. Vous êtes un des plus jeunes multimilliardaires du monde, qui a fait fortune grâce à l’intelligence artificielle, mais vous vivez seul.

-    C’est un bon résumé, sourit Nolan.

-    Qu’est-ce que vous me voulez ?

-    Sais-tu que tes parents sont en train de déplacer des montagnes pour essayer de te retrouver ?

-    Dîtes-leur d’arrêter, cela ne sert à rien. Je vais disparaître de leurs vies.

-    Pourquoi le souhaites-tu ?

-    Je leur ai fait beaucoup trop de mal. Depuis que je suis arrivée chez eux, ils n’ont que des problèmes avec moi. Je me suis cassé le poignet, j’ai fait des bêtises à l’école, j’ai de mauvaises notes, je sors en douce… Je ne leur apporte rien de bon.

-    Pourquoi fais-tu toutes ces bêtises ? se renseigna le jeune prodige.

-    Parce que je n’arrive pas à faire autrement, répondis-je. Les règles que m’imposent Michael et Scarlett sont trop strictes. Vous savez, il y a quatre mois de cela, j’avais un petit ami, je sortais tous les soirs si j’en avais envie, j’avais mon permis de conduire, j’étais majeure et libre ! A cause de la réforme, j’ai l’impression d’avoir de nouveau huit ans, soumise aux règles de mes parents, prenant la fessée quand je désobéis… J’ai beaucoup trop de mal à supporter ce mode de vie.

-    Je comprends que ta liberté te manque, avoua Nolan. Je dois te confier que moi-même, je suis contre cette réforme à la noix. Mais as-tu pensé à tout ce que cette réforme t’a apporté ? Tu as la chance d’avoir des sœurs, chose que – pardonne-moi si je me trompe – tu n’as jamais connue ! Tu as également eu la chance de connaître tes anciens parents d’accueil, ainsi que Michael et Scarlett ! Si tu te soucies de les faire souffrir, c’est que tu les aimes énormément, non ?

-    Bien plus que vous ne le pensez, murmurai-je.

-    Donc cette réforme t’a apporté autant de bien que de mal ! Et je dirais même, plus de bien que de mal, car j’ose prétendre qu’avoir Michael et Scarlett comme parents compense bien tout le reste.

Je ne pus répondre à cette réplique. La liberté, ça n’a quand même pas de prix !

-    C’est pareil pour toi, poursuivit Nolan. Oui, tu as apporté des ennuis à tes parents, mais tu leur as également apporté beaucoup de bien ! Je connais ton père depuis l’enfance et je peux te jurer, sur tout ce que je possède de plus précieux en ce bas monde, qu’il n’a jamais été aussi heureux que depuis qu’il est père. Et tu sais pertinemment qu’il a une relation spéciale avec toi.

Je ne répondis toujours pas. Je n’en avais pas la force.

-    Marie, tu es partie de chez toi parce que tu ne voulais plus faire souffrir tes parents, n’est-ce pas ?

J’acquiesçai d’un signe de tête.

-    Pourtant, continua Nolan, être partie comme tu l’as fait leur a infligé une souffrance innommable. C’est comme si tu avais trempé leurs cœurs dans l’acide.

 

Nolan et moi poursuivîmes notre discussion durant des heures. Tandis que je commençais à grelotter de froid, je demandai à Nolan :

-    Vous avez dit à mes parents que vous m’aviez retrouvée ?

-    Oui, répondit-il. Au moment où je t’ai aperçue sur ce banc, j’ai envoyé un message à tout le monde pour stopper les recherches.

-    Ah, dis-je seulement.

-    Ça veut dire que tes parents t’attendent à la maison, Marie. Ils n’attendent qu’une chose, c’est que tu rentres ! Et tes sœurs aussi !

-    Il n’y a que des problèmes qui m’attendent à la maison, dis-je. Mes parents seront peut-être rassurés que je sois rentrée mais ensuite, ils me prendront sur leurs genoux pour leur avoir fait une peur pareille. Et puis demain, je devrai passer un partiel pour lequel je n’ai absolument pas révisé.

-    Si tu demeures déserteuse, tu affronteras des problèmes bien plus grands qu’une bonne fessée et le ratage d’un examen, m’expliqua Nolan. Et puis, toi qui souhaites tant te conduire en adulte, dis-toi que tu ne pourras pas toujours fuir les soucis. Être adulte, c’est affronter ses problèmes, même si ce n’est pas agréable.

 

Il était trois heures du matin lorsque Nolan me raccompagna chez moi dans son 4X4 de luxe.

A peine ouvris-je la porte que ma mère me courut dans les bras, pleurant toutes les larmes de son corps. « Mon p’tit cœur ! Ma p’tite chérie ! » disait-elle. Mon père vint à son tour m’enlacer. A ma grande surprise, il pleurait aussi.

Son étreinte terminée, il me prit par les épaules et me secoua en me grondant :

-    Plus jamais tu ne nous fais un coup comme ça, tu as compris ?! Plus jamais, Marie !! Je te jure que si tu t’avises de refaire une fugue, je t’enterre vivante !!

-    On parlera demain, m'informa ma mère en continuant de pleurer. Il faut absolument que tu ailles te coucher, tu as un partiel dans cinq heures !

 

Epuisée après des retrouvailles pleines d'émotion avec mes parents, j’enfilai mon pyjama pour la deuxième fois de la soirée et allai me coucher.

 

A suivre…

Commentaires

  1. Merci pour cette suite aussi inattendue qu'émouvante 😊
    La réaction de Michael a beaucoup perturbé Marie !
    Elle n'a pas pensé à la douleur de sa famille en fuyant ainsi, de nuit !!!
    Merci Dylan de l'avoir retrouvée et d'avoir pris un peu de temps pour bavarder avec elle 🙏
    Le suspens est entier 🙄


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  2. Super émouvant
    Hâte de connaître la suite

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  3. Hâte de connaître la suite !

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  4. Qu’elle suite je comprend le point de vue de Marie
    Comment vont réagir Scarlett et mickael à la figue de leur fille
    Que va faire Marie
    Va t’elle aller à ses partiels ou va t’elle de nouveau fuir ???
    Hâte de lire la suite

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  Je sais que beaucoup d'entre vous attendaient ce chapitre... Certains me le réclamaient même récemment alors qu'il était en cours d'écriture ! Le voici... C'est mon petit cadeau de Noël en avance... Régalez-vous ! Peace. L.P. Lundi 7 octobre 2019.      Ce matin, mes sœurs et moi pûmes nous reposer convenablement puisque nos professeurs étaient tous les deux absents. Nos parents partirent au travail sans nous réveiller, pensant sûrement que nous étions épuisées à la suite des émotions d’hier soir.                 En m’habillant, je pris le temps d’admirer mon popotin dans le miroir : plusieurs bleus s’étaient formés sur ma lune ronde, justifiant la difficulté que j’avais éprouvé à m’asseoir dans mon lit au réveil. Tom ne m’avait pas loupée ; mais alors, vraiment pas ! J’appris par mes sœurs que Dana n’avait guère été plus gentille avec elles : les deux instruments préférés de notre mère, à savoir le martinet et le tapetapis avaient été de sortie ; ils ont paraît-il f

Le tutorat de Little Princess - Partie 3 (Préambule)

  * 2 exclusions pour insolence (abusives, les exclusions. Je le précise quand même…) * excès de vitesse quotidiens * textos au volant * médicament pris occasionnellement * devoirs non faits * couvre-feu respecté mais plus par réelle fatigue que par volonté Voilà le palmarès. Depuis l’arrêt du tutorat avec Thomas puis avec Antoine, voilà le palmarès. Mon palmarès.                   Evidemment, Yves, mon nouveau tuteur n’est pas content. Mais pour le moment, je suis loin de sa main et je me fiche complètement qu’il soit content ou non : je fais ce que je veux quand je veux où je veux.                   Cependant, cela risque de me coûter cher. Selon le tableau mis en place, à l’heure actuelle j’en suis à exactement cinquante-cinq minutes de fessée et deux cent dix claques supplémentaires. J’attends de voir. Je sais qu'Yves ne peut pas tout punir : cela fait beaucoup trop de choses (vous allez me dire que c'était ce que je disais pour Thomas et au final il

Les aventures de Little Princess avec son nouveau tuteur (séance 1)

                   Depuis plus d’un an, j’avais un super tuteur (que nous appellerons Gabriel). Tout se passait bien entre Gabriel et moi, et un réel équilibre s’était créé entre lui et mon fiancé (que nous appellerons Hugo), qui se chargeaient ensemble de ma discipline.                 Et puis un jour, ça n’a plus été et nous avons dû cesser notre relation. Si Hugo et moi gardons notre forte amitié avec Gabriel, le tutorat prit fin. Retour à la case départ. Il fallait de nouveau trouver un tuteur.                 C’est pour cela que je postais une annonce ici même. Cette annonce était de ce type :   « À la suite d’un superbe tutorat d’un an, nous avons été contraints de nous séparer… Quel dommage… ! Mais mes études n’étant pas terminées (encore 3 ans !) j’ai toujours besoin d’un tuteur ! Je suis donc une jeune (enfin plus si jeune que ça, en fait !) étudiante de 28 ans, recherchant un tuteur / une tutrice : –          de minimum 30 ans (difficile d’accepter l’autorité de

Années 1950 : le guide de survie d'Alice (Chapitre 2)

  Dimanche 15 octobre 1950        Neuf heures : maman vient me réveiller. Le dimanche, nous allons à la messe qui débute à dix heures et demie. Du coup, maman nous lève relativement tôt pour pouvoir vérifier que tout le monde est bien apprêté pour le Seigneur.          A la messe, nous nous consacrons entièrement au Seigneur. Victor et Gus font partie des enfants de chœur qui servent la messe aux côtés du père Antoine (qui n’est autre que le grand frère de papa), ils se doivent d’être irréprochables !        L’église est le seul endroit où j’arrive à me tenir sage longtemps car j’aime beaucoup chanter. Cependant, je n’aime vraiment pas la sortie de messe. Mes parents et grands-parents ont toujours des tas de gens avec qui discuter et moi, ça m’ennuie beaucoup ! Victor et Nono proposèrent alors de nous ramener à la maison pour que les adultes puissent continuer à discuter tranquillement ; papa accepta.          Lorsque nous rentrâmes à la maison, nous effectuâmes les mêmes

Un joli fantôme du passé (Chapitre 19)

  -           Quoi ?! s’exclama Manon. Depuis quand tu as une petite copine ?! -           Cela fait plusieurs mois maintenant, répondit papa. Peut-être cinq ou six. Je voulais être sûr que cela fonctionne. Il est maintenant temps de vous la présenter. -           Cinq ou six mois, et tu ne nous en parles que maintenant ?! s’offusqua mon frère. -           Je vous signale qu’avant d’être votre père, je suis un homme qui a le droit à sa vie privée ! milita papa. -           Non ! protesta Manon. Non et non ! C’est ton tout premier job d’être notre père ! Tu nous as toujours dit que tes enfants passaient avant tout ! -           C’est le cas, se défendit papa. Cela ne veut pas dire que je dois tout vous dire ! -           Bien sûr que si ! insista Romain. -           Ah oui ?! rétorqua papa. Et vous me dîtes tout, vous ?! Un silence suivit. Mon frère finit par le briser : -           Ce n’est pas pareil ! Il y a des trucs qu’on ne te dit pas pour te protéger ! -