Vendredi 13 décembre
2019
Tel un zombie, je passai mon partiel avec un automatisme déconcertant.
Je n’avais pas vu Michael
et Scarlett ce matin : ma mère avait été appelée sur une urgence peu après
mon retour à la maison ; et mon père était parti tôt au bureau. Puisque
mon oncle n’avait pas non plus pu se libérer, c’était Nolan qui était venu s’occuper
de nous ce matin. Il avait dormi les quelques heures qu’il restait dans la
chambre d’amis.
En sortant
de mon épreuve, j’étais vidée, épuisée.
- J’ai hâte de pouvoir me
poser à la maison ! dis-je à mes sœurs.
- On ne vient pas avec
toi ce midi, répondit Louise.
- Quoi ?
m’étonnai-je. Comment ça ?
- Maman nous a demandé de
rester manger à la cantine pour pouvoir être seule avec toi, expliqua Anaïs.
Oh, oh. Une terrible angoisse se fit star en
moi : tellement, que je ne sus que répondre à mes sœurs. Louise vit
immédiatement que ça n’allait pas ; mon visage devait parler pour moi.
- Ne t’inquiète pas, ça
va bien se passer, me rassura-t-elle. Elle veut juste te parler.
- La dernière fois
qu’elle m’a parlée, pas plus tard qu’hier, j’ai passé un sale quart d’heure.
Depuis, j’ai du mal à m’asseoir !
- Je ne pense pas qu’elle
va te tomber dessus, exprima Louise. Elle veut juste débriefer de ta fugue de
cette nuit. Dépêche-toi : si tu traînes, elle va se poser des questions.
Quittant mes sœurs, je me dirigeai alors vers
la maison, seule.
- Bonjour Marie, me salua-t-elle froidement lorsque j’ouvris la porte, comme si elle
m’attendait dans le hall depuis plusieurs minutes. Comment s’est passé ton
partiel ?
- Je n’en sais rien,
avouai-je. J’ai fait ce que j’ai pu.
- Donne-moi ton sac, s’il
te plaît, me demanda la flic.
- Pourquoi ?
Scarlett haussa les sourcils : elle devait
sûrement se dire que je la défiais. Ne souhaitant pas qu’elle se fâche, je lui
donnai mon sac d’école avant même qu’elle réponde à ma question.
Ma mère l’emporta dans le séjour ; je la
suivis après avoir mis mes chaussons et enlevé mon manteau.
Scarlett posa mon cartable sur la table et se
mit à le fouiller. Elle en fouilla chaque recoin, chaque poche… Chaque
millimètre de mon cartable fut passé en revue. N’ayant rien trouvé, elle se
tourna vers moi et me demanda :
- Marie, est-ce que tu as
de nouveau triché ?
- Non maman, répondis-je
honnêtement.
- Tu me le jures ?
- Oui maman.
- Tu n’as pas jeté des
anti-sèches avant d’arriver ici pour être sûre que je ne découvre rien ?
- Non maman !
répétai-je avec un soupçon d’agacement. Je te jure que je n’ai pas
triché ! J’ai retenu la leçon !
- D’accord, admit ma
mère. Alors c’est à cause de la fatigue que tu tires une tête de trois pieds de
long ?
- Je suis épuisée,
avouai-je.
- On va se mettre à
table, annonça Scarlett. Tu manges, et ensuite tu iras te coucher.
- Je n’ai pas faim,
maman ! gémis-je. Et je n’ai pas envie d’aller me coucher. Je dois réviser
les autres partiels…
- Tu manges, me répéta fermement ma mère, et ensuite tu iras te coucher.
- Je vais perdre du temps
dans mes révisions ! protestai-je.
- Tu ne retiendras rien
avec cet épuisement. Ton cerveau ne sera pas efficace.
- Mais…
- Marie : repas
puis sieste obligatoires, trancha ma mère. Ne m’oblige pas à me fâcher. Pas
après la nuit et la matinée que j’ai eues. Je risque de manquer terriblement de
patience et de t’allonger sur mes genoux plus rapidement que d’habitude. De
plus, je doute que ton derrière soit en service. Donc repas puis sieste
obligatoires. Fin de la discussion.
Je me tus. Sachant désormais de quoi ma mère
était capable, je n’avais pas envie de la défier.
- Pourquoi est-ce que tu
as dit à Louise et Anaïs de rester à la cantine ? demandai-je alors que ma
mère remplissait mon assiette.
- Parce qu’il fallait que
je passe un moment seule avec toi. Je veux comprendre le pourquoi de ta fugue.
- J’ai cru que j’avais
atteint un point de non-retour avec papa et toi. Tu ne t’étais jamais autant
fâchée contre moi, et papa, eh bien… Je ne l’avais jamais autant déçu. J’ai
pensé que vos vies s’amélioreraient si je n’étais plus là.
- Il ne t’est pas venu en
tête que tu avais juste fait une bêtise pour laquelle nous te punissions, et
que cela s’arrêtait là ?
- Oui mais tu m’as
vraiment beaucoup punie…
- Parce que c’était vraiment une grosse bêtise ! répondit ma mère.
- Et papa m’a dit qu’il
était vraiment déçu de moi…
- Sa déception était ta
punition, rétorqua ma mère. S’il t’avait punie à la hauteur de sa déception,
crois-moi, tu n’aurais plus de derrière à l’heure actuelle. Il a préféré se
cantonner aux mots.
Certes, mais les mots font parfois plus mal
qu’une fessée. Enfin, ça dépend de quelle fessée on parle, bien entendu !
Durant notre discussion, je sentais que
Scarlett était agacée : elle avait un ton sec. J’osai alors l’interroger :
- Pourquoi es-tu aussi
froide avec moi ?
- Ce n’est pas
volontaire, expliqua-t-elle. J’ai juste du mal à digérer le fait que tu sois
partie comme tu l’as fait. Et ça me démange vraiment de te flanquer une fessée
monumentale pour éviter que tu recommences.
- Qu’est-ce qui te
retient de le faire ?
- La peur que tu
t’enfuies de nouveau, répondit-elle.
La flic ne put empêcher ses larmes de lui
monter aux yeux.
- Maman, je suis vraiment
désolée. J’ai vraiment cru que vous ne m’aimiez plus à cause de toutes mes
bêtises…
- Notre amour pour toi
n’a rien à voir avec tes bêtises ! s’emporta-t-elle. Tu crois vraiment que
des parents peuvent arrêter d’aimer leur enfant parce qu’il enchaîne les
conneries ?! Si on inverse la situation, vas-tu arrêter de nous aimer
parce que l’on te punit à chaque fois que tu sors du cadre que nous
t’imposons ?!
- Non, bien sûr que
non !
- C’est pareil pour nous,
Marie ! Effectivement, tu n’es pas une enfant sage. C’est comme ça. Nous
t’aimons comme tu es ! Ce n’est pas une raison de partir sous prétexte que
tu ne nous mérites pas ! Tu nous as fait bien plus de mal en partant ainsi
qu’en restant pour assumer tes conneries !
- Je ne recommencerai
pas, maman.
- Qui me dit que tu vas
tenir cette parole ?!
- A chaque fois que j’ai
dit que je ne recommencerais pas, j’ai tenu parole, précisai-je.
- Effectivement, se
radoucit ma mère. Tu as fait d’autres bêtises mais tu n’as pas recommencé
celles pour lesquelles tu as déjà été punie. Du moins, la plupart du temps. Il
y en a dont on pourrait néanmoins discuter.
- Que puis-je faire pour
que tu me croies ? demandai-je tristement.
- Rien. Il n’y a que le
temps qui me prouvera que je peux te croire.
Je ne répondis pas.
- Par contre, j’ai quand
même des choses à t’annoncer, m’expliqua ma mère en pointant un index sur moi.
Ton père et moi avons parlé de tout ça après ton retour cette nuit, et nous
avons pris certaines décisions.
J’avalai bruyamment ma salive. Scarlett avala
une fourchetée de légumes, but une gorgée d’eau, puis reprit :
- Premièrement, nous
t’avons acheté une montre connectée que tu devras porter non-stop. Tu auras
interdiction formelle de l’enlever. Si tout va bien, ton père rentrera avec ce
soir. Localiser ton téléphone ne suffit plus, nous voulons que tu portes une
montre en plus.
- Ça a des airs de
bracelet électronique pour les criminels ! protestai-je.
- Dis ce que tu veux, je
m’en fiche royalement. Tu n’auras le droit de l’enlever que pour la charger
pendant la nuit. Si tu l’enlèves pour un autre prétexte, tu prendras la pire volée
de ta vie. S’il s’avère qu’elle ne fonctionne plus par manque de batterie, tu
prendras la pire volée de ta vie. Si tu la désactives ou autre, tu prendras la
pire volée de ta vie. Si…
- J’ai compris, maman.
Murmurai-je, penaude.
- Et après avoir pris la
pire volée de ta vie, je te planterai une puce sous-cutanée ! reprit ma
mère.
Je n’eus pas le cran de lui demander si elle
blaguait ou pas. Scarlett poursuivit :
- Autre point : si
tu fais à nouveau une fugue, assure-toi qu’on ne te retrouve jamais ; car
si c’est le cas, tu ne pourras plus t’asseoir de toute ta vie.
La mère de famille avait dit ça avec une telle
froideur qu’elle en faisait peur !
- Tu as compris ?!
- Oui maman, répondis-je,
apeurée.
- Tu n’as plus jamais
intérêt à nous refaire une fugue, Marie Noémie Juliette Webber ! continua
Scarlett sur le même ton.
- D’accord maman.
Était-ce moi, ou mon sang commençait à se
glacer dans mes veines ?
- Et dernière
chose : nous allons être derrière tes fesses comme tu n’as pas idée, ma
fille ! annonça ma mère. Tu vas en avoir marre mais tant pis pour toi. Tu
n’avais qu’à assumer tes bêtises au lieu de fuir. Au moindre faux pas, tu
prendras une bonne fessée, Marie ! Tu entends ?!
- Oui maman, répétai-je,
lasse.
- Alors commence déjà par
finir ton assiette.
- Je n’ai plus faim,
décrétai-je.
- Je n’ai pas envie de
batailler avec ton caprice anorexique à deux balles. Tu finis ton assiette, un
point c’est tout.
Je ne pouvais pas lutter. J’étais trop fatiguée
pour cela, et les récentes annonces de ma mère avaient eu le don de me calmer
net ! Je terminai mon assiette et allai me coucher à contrecœur.
En
me réveillant de la sieste, je dus bien avouer que ma mère avait eu raison de m’obliger
à aller me coucher. J’étais requinquée et prête à affronter le reste de la journée.
Mon prochain partiel était pour lundi matin, je devais mettre les bouchées
doubles si je voulais valider mon semestre.
Je pris tout de même mon vendredi soir pour passer du temps avec mes parents biologiques et mon petit frère. Un énorme week-end de révision s’annonçait, et Scarlett m’avait prévenue qu’elle m’interrogerait dimanche soir pour vérifier que j’avais bien travaillé. Hors de question de la décevoir. Je n'osais même pas imaginer les conséquences !
A suivre…
Marie a vraiment du soucis à se faire cette fois
RépondreSupprimerScarlett et super remonter j’ose même pas imaginer Michael
Je me demande comment va réagir Marie à se flicage plus plus
Trop hâte de lire la suite
J’adore 🥰
Merci pour ce beau débriefing mère/fille, plein de sensibilité mais aussi de fermeté.
RépondreSupprimerLe cadre se renforce pour Marie ...
Mickael va-t-il avoir cette discussion avec sa fille ?