- Bonsoir à toutes les
quatre, nous accueillit Monsieur Lionel dans son bureau. Installez-vous,
je vous prie.
Nous prîmes place autour de la petite table désignée par le Directeur-Adjoint. Autour de cette table se trouvaient déjà Monsieur Éric et Monsieur Matthieu. Même si j’étais accompagnée de Mathilde, Pauline et Charlotte, j’étais pétrifiée de me retrouver à nouveau devant les trois membres de la Direction. Chaque fois que cela avait été le cas, ça avait très mal fini pour moi ; j’espérais très fortement que cette réunion change la donne !
- Chères représentantes, commença le Directeur après que nous ayons chacune pris place. Tout d’abord,
nous vous félicitons pour votre élection. C’est un rôle qu’il n’est pas aisé d’assumer,
nous espérons donc que vous le ferez avec honnêteté et bienveillance.
- En tant de
représentantes des élèves, poursuivit Monsieur Lionel, vous aurez le devoir de
nous avertir de n’importe quel incident.
- C’est-à-dire ?
demandai-je.
- Être représentantes des
élèves, répondit Monsieur Éric, c’est nous avertir de tout comportement irrespectueux
du règlement, que ce soit envers les élèves ou envers les encadrants.
- Vous nous demandez d’être
des balances ?! m’emportai-je.
- Baissez d’un ton !
me gronda immédiatement Monsieur Matthieu.
- Transgresser le
règlement n’est pas dans l’intérêt des élèves, expliqua le Directeur. Or, votre
rôle de représentante est justement d’œuvrer dans l’intérêt des élèves.
- On ne vendra pas nos
camarades ! protestai-je.
- Clémence, je vous ai déjà
demandée de baisser d’un ton ! insista le Surveillant Général. Adressez-vous
encore de cette façon au Directeur et vous finirez sur mes genoux !
- Mais…
- Il n’y a pas de « mais »
qui tienne ! insista Monsieur Matthieu. En revanche, Monsieur le Directeur
attend vos excuses sincères et immédiates !
Je tournai la tête vers Mathilde, Pauline et Charlotte :
aucune n’ouvrit la bouche. Je me sentais seule au monde. N’y-avait-il que moi
que cette situation révoltait ?
- Ohé ! tentai-je auprès
de mes amies. Ça vous semble normal, ce qu’on vient de nous dire, là ?! On
n’est plus en 39-45 à dénoncer les Juifs, quand même !!
- Clémence, vous exagérez !
intervint de nouveau Monsieur Matthieu. Et vos excuses n’ont toujours pas été
présentées !
C’en était trop pour moi. J’étais complètement
outrée ! Je me levai et entrepris de sortir de la salle ; mais le Surveillant
Général se leva et me rappela à l’ordre :
- Si vous ne voulez pas que
je me lève et vous rattrape pour vous flanquer une bonne fessée, vous allez regagner
votre place et présenter vos excuses au Directeur !
Je n’étais pas du tout prête à recevoir une
fessée : celle d’il y a quatre jours m’avait amplement calmée. J’avais néanmoins
trop de fierté pour m’excuser auprès du Directeur. Et puis, j’étais dans une colère
noire. Tellement noire, que j’avais vraiment du mal à la contrôler : c’était
en général ainsi que je réagissais à l’injustice. Cette colère m’enlevait toute
raison ; mon être tout entier était rouge sang. Je n’arrivais plus à réfléchir
correctement. Dans une totale déraison, je lançai au Surveillant Général : « Eh
bien, venez me chercher ! » avant de sortir en trombe du bureau et de
courir aussi vite que je le pouvais.
Sans m’arrêter – je savais que Monsieur
Matthieu était à ma poursuite mais j’espérais que son costard et ses chaussures
en croco le ralentiraient un peu ! – je courus à l’extérieur, traversai le
parc – et les « Clémence ! Venez ici ! » que j’entendais confirmaient
la présence du Surveillant Général à mes trousses ! – et m’enfonçai dans
la forêt, qui était plongée dans l’obscurité.
Ayant
une longueur d’avance, je me réfugiai dans un tronc d’arbre mort, creusé et
étalé sur le sol (la brindille que j’étais pouvait aisément s’y glisser) et m’y
cachai quelques instants, le temps de reprendre mon souffle et de semer définitivement
Monsieur Matthieu. S’il me trouvait, j’allais prendre la raclée de ma vie !
A
force d’être recroquevillée dans ce tronc d’arbre, ma colère laissa place à la
peur : j’étais toute seule dans une forêt sombre, en train de me cacher
dans un tronc d’arbre pour éviter une fessée. Et en plus, qu’est-ce qu’il
faisait froid !
Alors
que je continuais de grelotter comme un téléphone sur vibreur, je sentis
soudain qu’on m’attrapait le pied et qu’on me tirait par le bas ! J’hurlai
immédiatement de peur jusqu’à ce que je découvre le visage de celui qui m’avait
tirée ainsi : Monsieur Matthieu.
- Eh bien Clémence, je
suis venu vous chercher ! On va pouvoir régler nos comptes !
- Monsieur, je…
Je n’eus pas le temps de finir ma phrase :
le Surveillant Général fondit sur moi et m’embrassa. Il m’embrassa avec une
telle fougue que je ressentis des frissons dans tout mon corps ! Allongée par
terre dans une fraîche forêt sombre au début de la nuit, j’étais en train de
recevoir un baiser des plus divins. Lorsqu’il eut terminé, je lui lançai,
essoufflée :
- Merci de me laisser
respirer.
- Je n’aurais pas dû vous embrasser !
dit-il en se relevant.
- Si ! poursuivis-je en
l’attrapant par la cravate pour l’attirer à nouveau vers moi.
Un autre baiser passionné suivit le premier.
Long, intense, délicieux. J’étais réellement amoureuse de cet homme. Même si j’avais
voulu enfouir mes sentiments au plus profond de mon être, je ne pouvais les
nier !
Ce deuxième baiser terminé, Monsieur Matthieu
se releva sur ses avant-bras, me libérant de son poids délicieusement lourd. Je
pouvais le sentir contre ma cuisse. Ma première fois serait-elle pour ce
soir ? Je savais comment on faisait, Célestine m’avait expliqué.
Plongeant son regard dans le mien, il me
chuchota :
- Clémence…
- Matthieu, susurrai-je à
mon tour.
- Vivement la fin de
cette année scolaire pour que je puisse vous montrer à quel point je vous aime,
déclara-t-il en m’embrassant le bout du nez.
- Pourquoi ne pas me le
montrer maintenant ? soufflai-je, pleine de désir.
- Parce que je risquerais
de perdre mon job, répondit-il, et je prends beaucoup trop de plaisir à vous
donner la fessée pour ça !
Il se leva d’un coup et me releva ensuite d’une
seule main. Encore bouche bée par sa dernière phrase, je fus surprise de me retrouver
trois secondes plus tard penchée sur son épaule comme un vulgaire sac à patates !
- Eh mais, qu’est-ce que
vous faîtes ?! Lâchez-moi !
- Je vous ramène au
Pensionnat, Clémence, pour pouvoir vous donner la fessée que vous méritez !
- Vous n’allez quand même
pas faire ça ?!
- Oh que si, rétorqua-t-il
en me filant une tape sur les fesses, et comme je vous l’ai dit, je vais y prendre
un malin plaisir !
- Espèce de sadique !
hurlai-je.
- Certes, mais un sadique
plutôt séduisant, il faut l’avouer ! ria-t-il.
Alors que je continuais à hurler de rage et à l’exhorter
de me lâcher, le Surveillant Général resta sourd à mes protestations. Il ne me posa
à terre qu’à l’entrée du Pensionnat. Avant que nous pénétrions dans les bâtiments,
il me déclara :
- A partir de maintenant,
ce qui s’est passé dans la forêt, reste dans la forêt ! Je redeviens votre
Surveillant Général ! Vous avez compris, Clémence ?
- Et si je refuse d’accepter
cela ? le provoquai-je en croisant les bras.
Je devais avoir l’air fin avec les feuilles dans
mes cheveux, mes vêtements humides et froissés, et sûrement quelques insectes
qui devaient gambader je ne savais où sur ma veste.
Matthieu m’attrapa le menton et me fixa à nouveau
dans les yeux. C’était bien son truc, ça ! Il me demanda ensuite :
- Vous pensez vraiment pouvoir
refuser ?
J’arquai un sourcil en signe de défi.
- Parfait, déclara-t-il.
Il m’attrapa l’oreille et la tira jusque dans
son bureau – moi qui avais peiné à la suivre, j’avais trébuché plusieurs fois !
– et ferma la porte à clé une fois que nous fûmes à l’intérieur. Puis, il
attrapa une chaise, s’assit dessus et me bascula en travers de ses genoux. Malgré
mes protestations, il releva ma jupe et baissa ma culotte pour découvrir mes
deux globes charmants.
- Elles m’avaient manqué,
murmura-t-il néanmoins assez fort pour que je l’entende.
A ce moment-là, je me dis que j’étais vraiment
dans de sales draps, pour la… cent-quarante-quatrième fois depuis le début de l’année ?
J’avais perdu le compte.
- Monsieur, arrêtez, ce n’est
pas drôle ! plaidai-je. Ne me donnez pas la fessée, s’il vous plaît !
- J’ai pourtant toutes les
raisons de le faire, dit-il. Vous avez manqué de respect au Directeur à de
nombreuses reprises, vous m’avez provoqué, vous vous êtes enfuie dans la forêt,
et vous refusez de taire ce qui s’est passé entre nous. Je n’ai pas d’autre
choix, Clémence. Vous me défiez beaucoup trop. Et puis, je meurs d’envie de
voir rougir vos superbes fesses !
J’eus juste le temps de l’insulter une nouvelle
fois de sadique avant qu’il n’assène la première claque et débute ainsi la
fessée.
Pour le coup, il n’avait
pas blagué du tout : je reçus une déculottée manuelle sacrément salée !
Je m’en serais vraiment bien passée, de celle-là ! Je ne me souvenais pas
qu’il m’ait déjà gardée aussi longtemps sur ses cuisses (en même temps, vu le
nombre de corrections déjà reçu, c’était évident que je ne pouvais pas me
rappeler de toutes !) !
Avant
de me relever, il me posa une nouvelle fois la question :
- Tout cela restera bien
entre nous, Clémence ?
- Oui, Monsieur, répondis-je
entre deux larmes.
- C’est bien ce que je me
disais, conclut-il avant de me lâcher. Rien de tel qu’une fessée pour remettre
les idées en place !
Je mordis très fort ma langue pour ne pas répliquer. Je ne le pouvais pas. J’avais bien trop mal au derrière pour cela !
- La version officielle
sera que vous vous êtes enfuie dans la forêt : je vous ai retrouvée et
ramenée. Bonne nuit, Clémence.
Je déverrouillai la porte et sortis du bureau
en me frottant le derrière.
J’allais atteindre les appartements du
Directeur lorsqu’une surveillante m’interpella :
- Mademoiselle Clémence,
un appel pour vous.
Quelle bonne surprise de retrouver Clémence ! (Même si Marie me manque déjà 😏)
RépondreSupprimerDans quel pétrin Clémence s'est-elle mise en acceptant ce rôle !!!
J'espère qu'elle ne va pas encore apprendre une maauvaise nouvelle au téléphone ?
Il me semble que son frère lui avait promis de venir lui régler son compte si elle fuguait de nouveau... et s'échapper en forêt y ressemble non ?
RépondreSupprimerJ'ai bien peur qu'il vienne lui mettre les fesses hors course pour 2 semaines minimum ...😱😱
Ah oui ... j'avais oublié ça 😒
SupprimerMais ce n'est pas vraiment une fugue ? Elle n'a pas franchi les grilles quand-même 🤔
Et son frère aurait déjà été prévenu ?
Quel récit !!!
RépondreSupprimerJ’adore
Comment monsieur mathieu et passer de je n’aime pas vous claquer les fesses à j’aime le faire qu’elle cachotier 😁
Vivement la suite ( Marie et Zoé me manque aussi )