Nouvelle rentrée, nouvelle vie ! - Chapitre 39 *Bonus n°2*

 

       Il était très tard, pourtant il avait vu de la lumière dans le bureau du Directeur : il savait qu’il travaillait encore. Faisant les cent pas devant la porte, Matthieu se décida enfin à s’arrêter. Il respira un grand coup puis frappa à la porte.

-    Entrez ? dit Éric, d’un ton étonné, alors que Matthieu entrait dans la pièce. Tu ne dors pas ?

-    Et toi ? rétorqua le Surveillant Général.

-    Je dois envoyer le rapport de la réunion avec les représentantes au siège avant demain matin.

-    Oh, alors je repasserai demain, décida Matthieu.

-    Non, reste ! Une pause me fera du bien. Que me vaut ta visite ?

Matthieu s’avança et lui tendit une enveloppe.

-    Qu’est-ce que c’est ? interrogea le Directeur en la prenant.

-    Ma demande de mutation, répondit Matthieu.

-    Ok, bonne vanne ! rit Éric.

-    Ce n’est pas une vanne, précisa Matthieu en tentant de rester le plus sérieux possible.

-    Matt, Lionel et toi êtes mes meilleurs éléments. Tu ne peux pas me faire ça ! Qu’est-ce qui t’arrive, il s’est passé quelque chose ?!

-    Oui, affirma Matthieu.

-    Si tu me demandes ta mutation, j’exige de savoir pourquoi ! ordonna le Directeur en tentant de contrôler sa tristesse.

-    Clémence est tombée amoureuse de moi, lâcha Matthieu.

-    Ce n’est pas la première fois qu’une élève tombe amoureuse de toi, Matthieu ! Tu es un tombeur !

-    Mais cette fois-ci, c’est réciproque.

Un silence suivit la réplique du Surveillant. A la suite, Éric reprit :

-    Je vois. On peut peut-être faire comme si je n’étais pas au courant…

-    C’est ce que nous avons fait depuis des semaines, dit Matthieu devant un Directeur choqué. Mais ce n’est désormais plus possible. Tout à l’heure, lorsque je l’ai retrouvée dans la forêt j’ai dû user de toute la volonté du monde pour éviter de… d’aller plus loin qu’un baiser langoureux.

Un nouveau silence s’installa. Éric était on ne peut plus embêté. Il répondit :

-    Matthieu, je ne peux pas trouver un SG pour demain matin !

-    Pas besoin de chercher, j’en ai trouvé un. J’aimerais, si tu es d’accord, échanger ma place avec lui. Son directeur est ok, il ne me manque plus que ton accord.

-    Euh…

-    Il est actuellement au Pensionnat de Toulouse, expliqua Matthieu. Il s’appelle John, il a quarante-deux ans. C’est vraiment quelqu’un de bien, Éric, je te l’assure. Il s’avère être une véritable teigne avec les récalcitrantes mais c’est l’homme d’honneur le plus admirable que je connaisse.

-    A ce point ?

-    C’est lui m’a tout appris, précisa Matthieu sans aller plus loin.

-    Ça ne le gêne pas de s’enterrer dans la Creuse ? Ça va le changer de Toulouse !

-    Non justement, il souhaite se mettre au vert depuis longtemps, justifia le futur-ex Surveillant. Quant à moi, aller à Toulouse me permettra de me rapprocher de ma mère.

-    Que fais-tu de Clémence ? demanda Éric. Je vais devoir la ramasser à la petite cuillère…

-    Je lui ai laissé une lettre, dit Matthieu en tendant une autre enveloppe à Eric. Mets-la sous son oreiller, s’il te plaît. Je l’appellerai trois fois par semaine et lui rendrai visite chez son frère et sa sœur pendant les vacances, si ceux-ci sont d’accords. Je veux pouvoir vivre et exposer mes sentiments pour elle sans risquer mon job.

-    Je ne peux donc faire autrement que d’accéder à ta requête, se lamenta Éric.

-    Je te remercie, dit Matthieu. Un taxi sera là d’ici vingt minutes. John est déjà sur la route, il arrivera dans deux à trois heures.

-    Tu savais déjà que j’allais accepter dès ce soir ! grommela le Directeur.

-    Tu ne peux rien me refuser, sourit Matthieu.

Éric se leva, fit le tour de son bureau, s’avança vers Matthieu et le serra dans ses bras.

-    Tu vas me manquer, mon ami ! dit le Directeur, les yeux larmoyants.

-    Toi aussi, tu as été un vrai repère pour moi, ici.

-    Clémence va faire la guerre à ton remplaçant !

-    J’y compte bien ! ria Matthieu. Je l’ai déjà prévenu. Je lui ai fait un sacré topo sur Clémence et toutes les autres récalcitrantes.

-    Bon, très bien.

-    Éric, puis-je te demander une dernière chose ?

-    Tout ce que tu veux, répondit le Directeur.

-    Je sais que tu ne connais pas encore John, mais je te demande vraiment de lui faire pleinement confiance. Chacune de ses paroles est emplie de vérité et de sagesse. Il est doué comme personne pour cerner les gens et c’est le meilleur dans son domaine.

-    Quel est son nom de famille ?

-    Berger, répondit Matthieu.

-    Alors j’ai déjà entendu parler de lui ! se souvint Éric. Tous les directeurs se l’arrachent ! C’est une pointure dans son domaine. C’est un véritable cadeau que tu me fais là, Matt’ !

-    C’est mon cadeau d’au revoir, sourit ce dernier.

Après une dernière accolade, Matthieu sortit du bureau. Se retrouvant seul dans la pièce, Éric libéra sa tristesse de voir partir l’un de ses plus fidèles amis.

 

A suivre…