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Nouvelle rentrée, nouvelle vie ! - Chapitre 41 (2ème partie)

 


Samedi 23 octobre 2019

 

       Je me réveillai en sursaut et jetai un coup d’œil à ma montre à lumière automatique. Il était deux heures trente-trois du matin. Voilà seulement une heure et demie que je m’étais recouchée.

       Néanmoins, je ne réussissais pas à dormir paisiblement. Non seulement mon derrière me faisait terriblement souffrir mais en plus – malgré le sommeil – je n’arrivais pas à décolérer.

 

       Je décidai alors de me relever. Je sortis de la pièce sans réveiller Mathilde (ce qui relevait tout bonnement de l’exploit !) et me rendis dans les cuisines.

« Je n’arrive pas à décolérer !!! » hurlais-je en boucle en moi-même. Tandis que je remplissais un énorme seau en plastique avec de la farine, je songeais. Il allait falloir que je fasse payer cette humiliation nocturne au nouveau Surveillant Général ! A l’heure qu’il était, il devait s’être couché, se disant qu’il m’avait bien eue et calmée ! Il ne s’attendait donc pas à une revanche immédiate de ma part…

       Arrivée devant les appartements de John, j’entrouvris la porte d’entrée après avoir posé mon seau de farine par terre. Puis, à l’aide du marchepied également pris dans les cuisines (Madame Géraldine, la cuisinière est tellement petite qu’elle en a besoin au quotidien !), j’installai le seau de farine sur le haut de la porte. Mon but était bien qu’en sortant de ses appartements, Monsieur John soit recouvert de fécule blanche.

 

       Satisfaite de mon œuvre, j’allai me recoucher en me préparant à jouer mon meilleur rôle quelques heures plus tard.

 

 

-    Je vais te faire passer un sale quart d’heure ! me hurla Monsieur John alors qu’il me faisait entrer dans son bureau en me tirant l’oreille.

-    Monsieur ! Je vous jure que ce n’est pas moi ! m’époumonai-je à m’en casser la voix. Je vous jure que je n’ai rien fait ! Pitié, Monsieur !

-    Ben voyons ! me gronda-t-il. Et qui d’autre, hein ?!

-    Je n’en sais rien ! dis-je en réussissant à pleurer. Mais je vous jure que je n’ai rien fait ! Après que vous m’ayez punie, jamais je n’aurais osé refaire une bêtise ! Jamais, Monsieur !

Je devrais être très convaincante puisque Monsieur John se mit à douter. Je m’autofélicitai intérieurement, tout en continuant d’afficher une mine terrifiée.

Après tout, il y avait une part de vérité dans ce rôle d’innocente que je m’attribuais : j’étais vraiment épouvantée à l’idée de recevoir une nouvelle déculottée de la part du nouveau venu ! Si j’avais osé prendre ma revanche, c’est parce que je savais qu’il n’avait aucune preuve ; de plus, j’avais un alibi en béton : je venais d’être punie !

Me mettant à genoux – je me rappelai du conseil de mon amie d’enfance qui me disait autrefois : « Un mensonge : plus c’est gros, plus ça passe ! » - je commençai à supplier Monsieur John de toutes mes forces, lui assurant que je m’étais tenue tranquille, que Mathilde et Monsieur Éric pouvaient témoigner que je ne m’étais pas relevée de la nuit et que je n’aurais jamais osé faire une chose pareille !

       Je compris que j’avais obtenu gain de cause lorsque Monsieur John s’adoucit. Son regard coléreux se transforma en un regard compatissant.

-    Relève-toi Clémence. Je te crois.

Il me tendit une main pour m’aider à me remettre debout, ce que je fis avant d’essuyer mes larmes de crocodile.

-    As-tu une idée de qui aurait pu faire ça ? me demanda-t-il.

-    J’ai entendu Valentine parler de farine hier mais peut-être que ça n’a aucun rapport, mentis-je.

S’il fallait rejeter la faute sur quelqu’un, autant le faire sur ma pire ennemie, non ?

-    Je te remercie Clémence. Pardonne-moi de t’avoir tiré l’oreille et de t’avoir grondée. Tu peux retourner à tes occupations.

M’enfermant dans les toilettes, je m’assurai d’être bien seule avant d’effectuer une merveilleuse danse de la joie. Je me sentais comme la reine du monde ! Mon pouvoir semblait illimité ! Mouhahahaha !

 

       Mon cours de piano avec Monsieur Alexandre se termina à midi.

Durant le déjeuner, tout le monde élaborait des théories de pseudo-pistes sur la responsable de la douche farinée du Surveillant Général.

-    Moi en tout cas, je trouve que cette nana est un génie ! lança Pauline.

-    Je suis d’accord, acquiesça Lucille. Monsieur John va devenir fou à force de toutes nous interroger et de ne pas trouver la coupable !

Il était bien sûr hors de question que j’avoue à mes copines que j’étais le génie susmentionné : elle aurait vite fait de me balancer malgré elles après une bonne fessée made in Monsieur John !

 

       Cependant, les choses allaient se gâter. A quinze heures précises, alors que j’étais dans la bibliothèque en train de faire mes devoirs, j’entendis dans les haut-parleurs : « Rassemblement immédiat dans le réfectoire ! Rassemblement immédiat dans le réfectoire ! ».

 

Lorsque je vis Monsieur John monter sur l’estrade pour s’adresser à nous, je le sentis mal. Je le sentis vraiment mal. J’avais peut-être dansé ma victoire un peu trop précipitamment.

-    Tant que je n’aurai pas la coupable de ce canular puéril et grotesque, vous passerez toutes dans mon bureau, une par une ! Croyez-moi, je vais vous faire regretter d’être nées !!

Sur le coup, l’annonce du Surveillant Général me flanqua une boule dans le ventre. Les autres allaient payer pour mes bêtises ! Puis, je me ressaisis rapidement : elles prendraient une bonne fessée. Bon, et alors ? Elles n’allaient pas en mourir, tout de même ! Et puis, ça ferait même du bien à certaines, tiens !  

       En me dirigeant vers la salle de musique pour mon cours de violon, je croisai Adèle qui sortait du bureau de Monsieur John, en larmes. Mon cœur se serra. Elle pleurait à cause de moi. La culpabilité m’envahit ; mais je ne pouvais tout de même pas me dénoncer, si ?!

 

       Mon violon coincé sous mon menton m’amena une idée. Une idée qui arrangerait sûrement tout ! J’en fus d’ailleurs si soulagée que je fus une élève modèle durant tout le reste du cours : Madame Eabha me félicita en me récompensant d’une étoile. Youpi !

 

En sortant de mon cours de violon, je me rendis à la hâte dans le dortoir n°3 que je savais vide à ce moment du week-end ; entrant dans la chambre de Valentine, ma pire ennemie, je lui dérobai une boucle d’oreilles. Puis, je me cachai dans un renfoncement du couloir de la Direction, attendant, tapie dans l’ombre, que Monsieur John sorte de son bureau.

Ayant vue sur la porte, je voyais défiler toutes mes camarades innocentes. Elles sortaient toutes en pleurant à chaudes larmes de cette pièce de malheur ! La culpabilité se fit à nouveau star en moi. Je ne savais pas combien de temps j’allais encore tenir !

 

Quarante minutes plus tard, Monsieur John, libérant une Barbara complètement effondrée, sortit enfin de son bureau pour se rendre au petit coin : je devais saisir ma chance ! Je tapai le plus gros sprint de ma vie, entrai dans le bureau et fouillai dans le premier tiroir de gauche en espérant que Monsieur John avait laissé les affaires ainsi que Mathieu les avaient placées. Bingo, je vis la super-glue apparaître sous mes yeux : je m’en emparai et aspergeai allègrement le fauteuil en cuir du Surveillant Général. Je pris ensuite soin de déposer la boucle d’oreille de Valentine par terre, au pied du bureau, pour faire croire qu’elle était tombée par inadvertance. Puis, je reposai la super-glue à sa place et décidai qu’il était temps de partir.

Avec cette nouvelle stratégie, Monsieur John aurait l’attention détournée par cette sottise inédite et stopperait la punition collective. Son attention se tournerait alors sur la coupable ayant laissé un indice sur la scène de crime !

J’allais sortir du bureau du SG lorsque j’entendis du bruit : oh non ! Il revenait déjà !

-    Monsieur ! Je vous en prie ! Par pitié ! Je n’ai rien fait ! priait une voix qui ressemblait fortement à celle de Bertille.

-    C’est forcément l’une d’entre vous ! Aller, avance ! Avance, j’ai dit !

Les voix se rapprochaient ; Bertille et Monsieur John seraient là d’une seconde à l’autre. Que devais-je faire ? Je ne pouvais plus m’enfuir ! Mon cœur battait tellement fort qu’il me semblait trop gros pour ma poitrine. J’étais fichue.

 

A suivre…

Commentaires

  1. Elle ne manque vraiment pas d’imagination notre clemence
    Sa fait 1-2 et peut être 2-2
    Mais sa va mal finir pour elle si elle trouve pas où se cacher et va t’elle supporter que ses camarades se fasse punir à cause d’elle
    Où est-ce une technique de John ?
    Vivement la suite j’adore

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  2. Oh Clémence 😯
    Comment peut-elle sortir de ce piège dans lequel elle s'est fourrée sans dommages pour son derrière ???
    Trop de bêtises ! Ça va forcément finir mal
    Et ça risque de chauffer fort !!!

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  3. Et bien 🤔🤔 - J'espère que Clémence va assumer ses bêtises et faire preuve de maturité pour une fois.
    J'aimerai tellement la voir faire amende honorable et enfin comprendre que pour son bien, elle doit devenir plus responsable.
    Elle fait partie des meilleures mais son caractère en ce moment ne la met pas en valeur.
    Je préfère quand elle fait des bêtises pour des raisons valables plutôt que de se comporter comme une gamine qui souhaite faire punir son ennemi, c'est un peu trop puérile à mon goût.
    Elle est tellement plus attachante dans son rôle de petite rebelle face à une injuste que ces situations !

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    1. Elle va craquer, quand elle va voir sa camarade prête à prendre une fessée injuste, elle qui ne supporte pas l'injustice !


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  4. Laisser punir ses camarades à sa place ? C'est pas Clémence, ça, elle qui ne supporte pas l'injustice, elle crée elle-même cette injustice ? Hum... Elle tourne vraiment mal et je doute que Mathieu ne lui en veuille pas. Ça pourrait même briser son idylle avec lui...

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