- Clémence ? s’étonna
Monsieur John, tenant Bertille sanglotante par l’oreille. Qu’est-ce que tu
fais là ?
- Je voulais vous parler,
Monsieur, improvisai-je.
- Et tu t’es dit que pour
cela, il te fallait entrer dans mon bureau sans ma permission ?!
- Non, Monsieur ! C’est
juste que…
- Que quoi ?! me
coupa le Surveillant Général. Je t’écoute !
Je devais trouver quelque chose, je devais
trouver quelque chose…
- Je pense juste que quelqu’un
m’a fait une farce, inventai-je.
- Comment ça ?
- Une de mes camarades m’a
fait croire qu’il y avait le feu dans votre bureau, mentis-je. J’ai alors couru
à toute vitesse pour l’éteindre, jusqu’à ce que je me rende compte que l’on s’était
joué de moi. Et vous êtes arrivé deux secondes plus tard…
Monsieur John me fixa avec un regard dubitatif.
Après quelques secondes de silence, il me dit :
- Et si tu me disais la
vérité, maintenant ?!
Bertille, qui me suppliait du regard de lui
accorder encore un peu plus de répit, était paralysée dans l’attente de ma
réponse.
- Monsieur, je vous dis
la vérité ! insistai-je en m’enfonçant plus profondément dans mes fourberies.
Le Surveillant Général lâcha l’oreille de
Bertille et s’avança vers moi. Il se pencha à ma hauteur et soutint mon regard.
Après avoir scruté mes iris bleus pendant de longues secondes, il décréta :
- Tu me mens, Clémence !
- Non Mons…
Je ne pus pas finir ma phrase : il m’asséna
trois bonnes claques sur ma jupe. Il reprit ensuite :
- Je déteste le mensonge !
- Mais je…
- Tu persistes ?!
Je ne pus répondre, terrorisée à l’idée de prendre
de nouvelles claques. Néanmoins, j’eus bien conscience que mon silence était une
preuve de ma culpabilité.
- Bertille, retourne en
salle des devoirs. Je m’occuperai de toi tout à l’heure ! ordonna Monsieur
John.
Ma camarade n’attendit pas de se le faire dire
deux fois avant de déguerpir à la vitesse d’un guépard.
Le Surveillant Général ferma la porte derrière
Bertille. Je me retrouvai donc face à lui, seule dans cette grande pièce qui m’avait
attiré tant d’ennuis.
- A nous deux !
annonça Monsieur John. Maintenant, tu vas me dire la vérité. Qu’est-ce que tu fichais dans mon bureau, Clémence ?!
- Je vous l’ai dit,
Monsieur… dis-je à mi-voix, à la limite du chuchotement.
- Très bien.
Monsieur John fonça sur son mini-frigo dont il
ouvrit la porte d’un coup sec. Pensant qu’il allait en sortir une cannette de
soda, je fus interloquée. Mais en regardant de plus près, je me rendis vite
compte que ce mini-frigo était en fait un mini-congélateur ; et Monsieur John
venait d’en sortir un sac de petits pois congelés.
Sous mon regard apeuré, le S.G. ouvrit le sac
et versa des petits pois par terre, au milieu de la pièce. Puis, les pointant
du doigt, il m’ordonna :
- A genoux !
- Euh… quoi ? demandai-je,
hébétée.
- A genoux ! répéta-t-il.
- Sur… les petits pois ?
Comme réponse, Monsieur John m’attrapa par le
bras, enleva ma jupe et m’obligea à m’agenouiller sur les petites boules vertes
congelées.
L’inconfort fut instantané et se transforma vite
en douleur, malgré la fraîcheur de l’aliment.
- Mains sur la tête !
ajouta-t-il avant que j’obéisse. Tu restes comme ça jusqu’à ce que tu daignes
me dire la vérité !
- Vous êtes malade !
m’exclamai-je.
Il était absolument hors de question que je reste
dans cette position : je me relevai immédiatement. Peu importe ce qu’il
allait me faire : hors de question que je me fasse torturer ainsi !
J’attendis qu’il se rasseye derrière son bureau
puis me relevai d’un seul coup et courus vers la porte.
- Clémence ! hurla-t-il.
S’en suivit une course-poursuite. En chemise, petite
culotte, chaussettes blanches et souliers vernis, je courais aussi vite que je
le pouvais, bousculant les éventuelles personnes sur mon passage.
J’avais pris la direction des toilettes dans l’espoir
de m’y enfermer lorsque l’on m’attrapa le bras : Monsieur John, avec ses très
grandes jambes, m’avait rattrapée.
- Lâchez-moi !
hurlai-je. Lâchez-moi, espèce de psychopathe !!
Je me débattis tant et tant que le Surveillant
Général n’eut d’autre choix que de me balancer sur son épaule comme un vulgaire
sac à patates. Je continuais de hurler.
- En cellule, jusqu’à ce
que tu sois calmée ! m’annonça Monsieur John.
La cellule ?! Je me remémorai alors les
propos d’Abigaëlle : « C’est un peu comme la salle grise mais t’es
seule. C’est une salle au sous-sol avec une toute petite fenêtre. Dedans y’a un
lit, une table de nuit, un bureau et une chaise. Dans un petit renfoncement,
t’as une douche, un lavabo et des toilettes. Suivant le nombre d’heures que tu
as prises – moi, j’avais pris quarante-huit heures – tu restes enfermée
là-dedans. Y’a juste une surveillante qui t’apporte les repas et les devoirs.
De temps en temps dans la journée, t’as un membre de la Direction ou une
surveillante générale qui vient te flanquer une déculottée, histoire que t’aies
pas envie de recommencer. Pour en sortir, t’es obligée de montrer que t’as bien
fait tous les devoirs qu’ils t’ont amenés. Sinon, tu ne sors pas. Et il faut
aussi que t’aies bien retenu la leçon. C’est le Dirlo qui décide de te libérer
ou pas. »
- Nan ! criai-je. Nan,
pas la cellule ! Pas la cellule ! Pas la cellule !
Alors qu’il allait emprunter les escaliers
menant au sous-sol, Monsieur John s’arrêta et me posa à terre. Je m’étais mise
à pleurer.
- Je tiens à ce que tu m’écoutes
très attentivement, Clémence ! me dit fermement Monsieur John en plongeant
ses yeux bleus dans les miens. S’il y a un conflit entre toi et moi, tu ne le
remporteras jamais ! Jamais, tu entends ?! Tu seras toujours perdante,
Clémence, puisque ce n’est pas toi qui décides ici, c’est moi ! Moi, Monsieur
Éric et Monsieur Lionel ! Tu es une pensionnaire comme les autres, ici !
Si nous sommes capables d’enrayer une mutinerie, tu penses bien que nous serons
également capables de te gérer ! Tes fesses ne sont vraiment pas en état
de recevoir une nouvelle déculottée de ma part, donc j’utilise les autres
options que j’ai à ma disposition ! Donc je te laisse trois options :
soit tu me dis la vérité, soit tu retournes t’agenouiller dans mon bureau, soit
tu vas vingt-quatre heures en cellule. C’est toi qui choisis !
- Si je vous dis la
vérité, vous me laisserez tranquille ?
- Certainement pas !
- Mais vous venez de dire
que je ne peux pas recevoir une nouvelle déculottée !
- Ça ne veut pas dire qu’elle
ne sera pas différée ! Dès demain, tu pourras en recevoir une sans
problème !
- Mais…
- Je sais que tu as
quelque chose à te reprocher, Clémence ! me coupa Monsieur John. Cela veut
dire que tu as fait une bêtise ! Et tu voudrais t’en sortir en toute
impunité ? Ce n’est vraiment pas ainsi que fonctionnent les choses,
Clémence, et tu le sais très bien ! Maintenant, j’attends ta décision. Et
je ne vais pas attendre très longtemps, je te le dis !
Que devais-je faire ? Avouer ? Ne pas avouer ? J’étais totalement
perdue.
A suivre…
Que va faire Clémence avouer ses deux bêtises??
RépondreSupprimerJuste celle de la colle?
où ne va t'elle rien dire et finir dans le cellule, où sur les petits poids???
que de suspens quoi qu'elle fasse elle sera effectivement perdante en plus le dirlo risque de lui tomber dessus....
hâte de connaître la suite :))
Ça ne s'arrange absolument pas pour Clémence !
RépondreSupprimerQuoi qu'elle décide, la correction va tomber !!!
Elle aurait mieux fait d'avouer dès le départ ...
Va-t-elle goûter a la cellule ? Ou prendre la fessée du siècle ?
Gros suspens !!!
Elle n'a plus le choix, sinon, le dirlo, et même Mathieu risquent de lui tomber dessus à bras raccourcis ! Et puis faire punir les autres à sa place, ça ne lui ressemble pas !
RépondreSupprimerSon comportement n'est pas vraiment digne de la Clémence qu'on connaît.
RépondreSupprimerA mon avis, elle doit souffrir du départ de son Mathieu bien plus que ce qu'elle le croit et ne sait pas comment faire face. Elle déconne complètement en accusant les autres... elle doit absolument assumer et vider sa colère pour aller mieux
je suis d'accord, elle n'accepte pas que son Mathieu soit partie, qu'il l'ai abandonner.
SupprimerIl faut qu'elle se reprenne en main, qu'elle évacue toute sa colère et vite
et je pense que John va pouvoir l'y aider... avec l'aide du dirlo et du psychologue
Malheureusement, accuser les autres et en avoir fait punir à sa place ne va pas l'aider à garder ses amitiés... à moins que John ait bluffé avec ses camarades ?? Stratégie tordue mais efficace ?
SupprimerEn tout cas, ses fesses ne vont pas s'en sortir indemne même si, peut-être, ils vont pouvoir faire preuve de compréhension ?
Mathieu va t'il assumer et venir lui parler en personne pour qu'elle puisse au moins lui dire "à bientôt" sans se sentir rejeter ?
Un dernier baiser avant les prochaines vacances... il aurait dû y penser ! Grrrr ces mecs, ils pensent vraiment qu'on peut tout gérer sans en souffrir...
J'espère que John a bluffé car ce n'est pas correct de punir des innocentes juste pour découvrir la vérité !!!
SupprimerJe sais qu'il n'est pas le premier à le faire mais quand-même !!!
Et j'espère vraiment que Clémence va avouer ses différentes bêtises, la farine, le vol de la boucle d'oreille, la colle ...
C'est vrai que si John bluffe, c'est assez tordu mais ce serait bien joué en demandant aux autres filles de jouer la comédie pour découvrir la vérité. Clémence n'a pas beaucoup de choix, elle est au pied du mur. OK, elle souffre de la séparation peu élégante d'avec Mathieu, mais ce n'est pas une raison pour faire supporter sa souffrance aux autres. Elle mérite cette punition pour avoir déclenché une guerre perdue d'avance. Par contre, John va devoir la punir avec beaucoup de psychologie, sinon, ce ne sera qu'une fessée de plus, sans réelle efficacité.
SupprimerMathieu n'avait pas le choix ... il fallait qu'il parte discrètement et Vite.
SupprimerMr Éric ne pouvait pas le laisser voir Clémence. Il a déjà fait preuve de bienveillance face à cette situation.
Ce commentaire est pour Sonia : Certes, déontologiquement, Mathieu n'avait pas le choix sauf si Mr Eric avait voulu le couvrir. Mais la situation aurait été intenable à très court terme. Par contre, Mathieu aurait dû avoir une entrevue avec Clémence. Entrevue privée, hors fonctions scolaires pour lui expliquer son départ de vive voix. C'est une maladresse de Mathieu qui est en train de détruire Clémence et ce n'est pas juste pour elle. Il l'aime ? Soit ! Alors on protège celle qu'on aime, on ne la détruit pas sciemment, même pour se protéger soi-même. Là est l'ambiguïté des sentiments de Mathieu envers Clémence. J'espère que l'auteur nous éclairera sur ce point à très court terme...
RépondreSupprimerAttendons la suite ...
Supprimer