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Journal d'une étudiante accueillie. - Chapitre 79

 


Mardi 24 décembre 2019.

 

       Puisque Michael et Scarlett avaient leur avion pour la Finlande à dix heures (ils passaient le 24 soir et le 25 midi là-bas avec leurs familles), nous fûmes réveillées aux aurores. Lorsque Mathieu vint me chercher, j’étais encore en pyjama. Après avoir pris un bon petit déjeuner chez mes parents biologiques, mon amoureux et moi montâmes dans ma chambre et nous rendormîmes dans les bras l’un de l’autre pour une sieste qui dura toute la matinée. Nous prîmes la route en début d’après-midi direction Alençon pour aller fêter Noël dans la grande maison de mes grands-parents maternels.

 

       Fêter Noël chez papy et mamie, entourée de ces derniers, mon amoureux, mes parents, mon petit frère, mes oncles et tantes et mes cousins-cousines me fit plus de bien que je ne l’aurais pensé. J’aimais beaucoup ma famille biologique, oui, mais les quatre personnes qui me manquaient le plus lorsque j’étais chez les Webber étaient Mathieu, mon petit frère, ma mère et mon grand-père. Je n’avais pas réalisé que le reste de la famille me manquait également.

Mathieu était vraiment le soleil autour duquel gravitait ma planète ; et savoir que nous ne nous verrions désormais plus du tout le week-end (la récente réforme nous astreignait à passer nos fins de semaine dans nos familles d’accueil) était un déchirement pour moi et pour lui.

Savoir également que je ne verrais dorénavant mes parents et surtout mon petit frère que durant la moitié des vacances scolaires me serrait profondément le cœur. Paul n’avait que dix ans et à cause de cette réforme à la noix, il grandirait sans la présence quotidienne de sa grande sœur. Je me promis d’être là pour lui autant que je le pourrais durant les semaines où je rentrerais.

J’adorais Scarlett mais elle ne comblait bien évidemment pas l’absence et le manque de ma mère biologique.  

Quant à mon grand-père, Gaston, qui a toujours été l’un des piliers de ma vie (depuis ma naissance, j’entretiens une profonde fusion avec lui), il n’avait que soixante-treize ans et était en bonne santé : mais combien de temps cela durerait-il ?

 

       Cette soirée de Noël me rappela ô combien le temps passé dans ma famille d’accueil m’éloignait de ma famille biologique.

-    Tu sais, si tu étais en internat, ce serait la même chose ! me dit ma cousine Amélie qui avait choisi l’armée. D’ailleurs, c’est une forme d’internat !

-    Tu ne culpabilises pas de passer moins de temps avec tes proches, toi ? la questionnai-je.

-    Non, répondit-elle. Je les vois pendant les vacances et c’est super ! Ça évite qu’on se dispute : on ne se voit que pour les bons moments, et ça nous rapproche !

Je réfléchis et me dis qu’effectivement, je ne m’étais pas disputée avec mes proches depuis des lustres. Amélie avait sans doute raison ! Il fallait que j’essaie d’ôter la culpabilité présente dans mon cœur. En plus de ça, je n’y pouvais rien : j’étais soumise à la dictature gouvernementale, comme chacun dans ce pays !

Cependant, ma cousine n’avait pas cette dualité famille biologique / famille d’accueil. Elle n’avait pas cette impression de « trahir » sa mère naturelle en appelant sa mère d’accueil « maman », par exemple. Amélie était à l’armée.

Néanmoins, mon cousin Jacques avait choisi les études, lui. Mais c’était un garçon. « Tu te prends trop la tête ! » m’avait-il balancé. « Ton cœur est assez grand pour tout le monde, non ? C’est tout ce qui compte ! ». Peut-être avait-il raison.

 

 

Mercredi 25 décembre 2019.

 

       Comme tous les ans, nous avions dormi sur place ; et nous réveiller en famille pour découvrir nos cadeaux tous ensemble fut un véritable plaisir !

Grâce au récent virement de Michael et Scarlett (« On ne les remerciera jamais assez ! » disait en boucle ma mère), mes parents avaient pu, en plus d’effectuer des travaux dans leur modeste maison qui en avait bien besoin, grandement nous gâter Paul et moi. Si mon frère avait été très correctement choyé, je n’étais pas en reste. En effet, mes parents m’avaient offert une guitare (oh, quatre bonnes années que je la réclamais, cette guitare !), du parfum, des poupées de collection, un sac à mains « Lounge Fly », des chaussures, des cartes-cadeaux, un bonnet bluetooth, des tas de livres dont une saga que j’avais hâte de dévorer, un purificateur d’air pour ma chambre et des petits jouets interactifs pour Berlioz. Mathieu m’avait fait cadeau d’un pendentif en forme de signe « infini » avec nos deux prénoms gravés dessus, assortis de nos pierres de naissance ; magnifique ! Mes oncles et tantes et cousins-cousines m’avaient également comblée. Waouh, quel Noël ce fut !

 

       Je rentrai chez les Webber pour dix-huit heures. Mes parents avaient transformé la maison en véritable chalet du Père Noël ! C’était tellement beau que je n’osai même pas leur demander s’ils avaient fait appel à des décorateurs ou s’ils avaient tout fait eux-mêmes.

-    Joyeux Noël mes princesses ! nous avait lancé Michael, un bonnet du Père Noël sur la tête et un large sourire aux lèvres.

Je fus la seule à me jeter contre lui pour un long câlin, comme d’habitude. Louise et Anaïs sont bien moins tactiles que moi.

Après avoir enlacé tendrement ma mère, nos parents nos invitèrent à prendre place au salon pour l’apéritif. Oncle Caleb était présent avec tante Justine et leurs fils ; Nolan était là également. Assa, qui avait passé Noël en Finlande avec mes parents, était également rentrée à leurs côtés. Toute la famille était au complet !

 

       Michael et Scarlett me gâtèrent beaucoup trop. Avec toutes mes bêtises de cette année, je me demandais bien comment j’avais pu mériter tout cela : un nouveau smartphone avec son étui, une balance connectée pour mieux suivre mon poids, un an de cours de guitare (youpi !), une carte du monde à gratter, un road trip des Etats-Unis et des billets pour le concert de mon idole.

-    Nous irons en Amérique durant les vacances de février, annonça Michael. Nous vous avons toutes les trois offert ce voyage car nous aimerions vous montrer notre pays d’origine.

-    C’est une super idée ! m’exclamai-je. Merci beaucoup papa et maman !

En ce qui concernait mon nouveau smartphone, j’étais gênée : j’étais censée être privée de téléphone jusqu’au 31 décembre inclus. Devais-je l’allumer ou non ? Voyant mon hésitation, Scarlett m’éclaira :

-    Tu en étais effectivement privée jusqu’au 31 décembre, mais ce serait cruel de te démunir d’utiliser tes nouveaux cadeaux de Noël, surtout que la plupart sont connectés. Donc nous te faisons une fleur pour cette fois, Marie. Ne nous déçois pas !

-    Promiiiiiis ! chantonnai-je, folle de joie.

 

Après l’ouverture des cadeaux, nous prîmes le dessert et jouâmes à quelques jeux de société. Pour le coup, ma tante Justine ne fut pas chiante du tout ! Comme quoi, elle savait se tenir ! Elle faisait vraiment exprès d’être une peste, parfois !

 

Mon premier Noël dans ma famille d’accueil fut bien plus féérique que ce à quoi je m’attendais !

 

Jeudi 26 décembre 2019.


       Le lendemain matin, nous dûmes retourner dans nos familles biologiques pour y terminer la première semaine de vacances. Pour ma part, j’avais décidé d’y rester jusqu’à lundi après-midi pour pouvoir fêter mes dix-neuf ans avec mes parents biologiques et mon petit frère. Je rentrerais alors lundi en début de soirée chez Michael et Scarlett pour y finir ma journée d’anniversaire.

 

A suivre…

La suite !

Commentaires

  1. On dit que le Père-noël récompense les enfants sages 🤔
    Marie a beaucoup de chance d'avoir été gâtée à ce point ... et va peut-être éviter les bêtises pendant quelques jours ?
    Que peut-elle bien avoir de plus pour son anniversaire ?
    Pa de fessée en vue au moins jusqu'à mardi 👍
    J'espère qu'elle va bien prendre son médicament ces prochains jours, car sans surveillance ce n'est pas gagné !
    Impatiente de voir le retour chez les Webber 😏

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    Réponses
    1. Merci pour tous tes commentaires, Sonia ! ça m'encourage à continuer <3 Et avoir un petit signe de toi sur chaque chapitre est un bonheur sans nom !! Mille mercis <3<3<3

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    2. Je suis accro à tes écrits, chapitre après chapître.

      Marie est ma préférée avec ses bêtises et les fessées qui suivent, c'est son côté petite fille et l'aspect familial de l'histoire qui me séduisent, je crois. Et je dois avouer qu'Anaïs me touche.
      Mais ... lorsque Clémence ou Zoé réapparaissent., je me surprends à les aimer presqu'autant 😀
      Tu sais déclencher l'impatience 😆 Je guette l'arrivée de chaque nouvel épisode et quand ils s'enchaînent rapidement, je suis comblée. Je les lis et relis plusieurs fois d'affilée 😄
      Merciiii et surtout, n'arrête pas 🤗🙏

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