Lundi 30 décembre 2019.
J’arrivai
chez Michael et Scarlett, totalement revigorée par ces quelques jours passés
avec ma famille biologique. J’avais encore été vraiment gâtée par mes parents
pour mes dix-neuf ans : ma mère et mon beau-père, aidés de Mathieu, m’avaient
organisé une fête surprise avec tous mes amis et ma famille proche ; le
genre de fête qu’on n’organise normalement qu’aux changements de décennies.
Avec tous les cadeaux reçus, j’étais comblée ! Et ce fut vraiment dur de
tous les quitter, même si j’avais hâte de savoir ce que Michael et Scarlett
avaient prévu. De plus, Louise et Anaïs avaient choisi (après avoir âprement
négocié avec moi) de demeurer dans leurs familles biologiques pour le reste des
vacances : je m’étais retenue de sauter de joie. J’avais Michael et
Scarlett pour moi et rien que pour moi pour les quatre prochains jours !!
Que pouvais-je demander de mieux ?!
- Joyeux anniversaire
Marie chérie ! me dit Scarlett après que j’eus passé la porte d’entrée.
Ma mère me prit dans ses bras et me serra
contre elle ; elle fut suivie de mon père qui fit le même geste.
J’allais enlever mes chaussures lorsque mon
père me stoppa :
- Non, ne te déchausse
pas. Nous partons.
Je tournai la tête et
remarquai trois grosses valises en bas de l’escalier.
- Nous partons ?
m’étonnai-je.
- Oui, répondit ma mère.
- Mais… où ça ?
- C’est une
surprise !
Je me surpris à accepter de monter dans la
voiture malgré mon ignorance. En temps normal, je ne supporte pas de ne pas
savoir où l’on va et j’harcèle la personne qui me fait la surprise jusqu’à ce
qu’elle vende la mèche.
Cependant, aujourd’hui était mon anniversaire
et je ne voulais pas gâcher les efforts de mes parents d’accueil.
Dans
la voiture, ma mère mit la musique à fond et nous nous surprîmes tous les trois
à chanter à tue-tête sur des hits américains. Cela faisait beaucoup rire mes
parents que je chante en yaourt, alors qu’eux connaissaient bien évidemment les
paroles anglaises par cœur !
Lorsque nous entrâmes dans l’enceinte de l’aéroport de Roissy Charles de Gaulle, je crus que mon cœur allait cesser de battre tellement j’étais heureuse. Je ne savais pas encore où nous allions, mais ce serait forcément fabuleux !
Puisqu’il nous fallait être rentrés pour
dimanche et l’arrivée de Manoé et Mayeul, nous n’irions sûrement pas à l’autre bout
du monde. Un vol de vingt-quatre heures par exemple, enlèverait deux jours à
notre périple.
Je
ne sais quelle force en moi s’abstint de poser des questions à mes parents. Ce
ne fut que lorsque nous nous plantâmes devant le panneau d’affichage que
Michael me demanda :
- Alors, où penses-tu que
nous allons ?
Je restai silencieuse devant la longue liste
des départs.
- Un petit indice, ajouta
ma mère. Notre vol est à 23h50.
- Nous allons au Sénégal ?!
demandai-je en tentant de contrôler ma joie.
- Au mois d’avril, nous vous
emmènerons aux Etats-Unis pour que vous découvriez nos origines, me dit ma
mère. Il me semble logique que nous découvrions les tiennes.
Je sautai au cou de mes parents, les remerciant
mille fois. Je n’étais allée au Sénégal que trois fois : une première fois
au décès de mon père, une deuxième fois grâce au travail de ma mère, et une
troisième fois pour le mariage de ma mère et de mon beau-père. Cela faisait
bien onze ans que je n’y étais plus allée ! De plus, j’étais une enfant,
les souvenirs commençaient donc à s’effacer.
J’étais d’autant plus heureuse que ma mère, mon
beau-père et mon petit frère y étaient allés très récemment, sans moi qui étais
bloquée chez Tom et Dana.
Nous
dinâmes dans un des restaurants présents dans l’aéroport et je n’osai même pas
regarder le menu avec les prix dessus tellement j’étais gênée. Le fait que mes
parents d’accueil soient blindés me mettait toujours très mal à l’aise.
A
la fin du repas, alors que nous prenions une boisson chaude, mes parents me
tendirent un sac contenant un coffret.
- Bon anniversaire, ma
puce ! me dit Michael.
- Mais… Ce n’est pas le
voyage, mon cadeau d’anniversaire ? m’étonnai-je.
- Si, mais nous avons
prévu un supplément, me dit ma mère.
J’ouvris le paquet bien que j’étais on ne peut
plus gênée. Combien tout cela leur avait-il déjà coûté ?
Je déballai un magnifique écrin blanc, dans lequel se trouvait une superbe gourmette en or rose. En la regardant de plus près, je pus y lire : « You are our sunshine. ». Effectuant vite la traduction dans ma tête, les larmes me montèrent aux yeux. Avec délicatesse, je pris la gourmette dans mes mains et la retournai ; j’y découvris une autre inscription : « With love – M&S ». Cette nouvelle gravure fit rouler des larmes sur mes joues. Je bafouillai alors :
- Je… je… oh,
merci !
- Tu as beaucoup douté de
notre amour pour toi ces derniers temps, me dit Scarlett. Alors nous avons opté
pour ce cadeau. A chaque fois que tu douteras à nouveau, tu n’auras qu’à jeter
un coup d’œil à ton poignet pour être rassurée.
Je restai sans voix, essuyant mes larmes de
reconnaissance. J’avais vraiment la meilleure famille d’accueil du monde.
- La première gravure
vient d’une comptine que ma mère me chantait lorsque j’étais enfant, me dit
maman. Toute la comptine n’entrait pas alors nous n’avons mis que la première
phrase… Mais toutes les paroles du refrain de cette chanson décrivent ce que
nous ressentons pour toi.
Je m’empressai alors de prendre mon tout nouveau téléphone
et de regarder sur internet. J’y découvris rapidement le refrain en question :
You are my sunshine, my only sunshine (Tu es mon rayon de
soleil, mon unique rayon de soleil.)
You make me happy when skies are gray (Tu me rends heureux lorsque
les cieux sont gris)
You'll never know dear, how much I love you (Tu ne sauras jamais,
chérie, à quel point je t'aime.)
Please don't take my sunshine away (S'il te plaît n'emporte pas mon
rayon de soleil au loin.)
Je ne pus me retenir plus longtemps de serrer
mes parents dans mes bras. Grâce à ce midi puis à cette fin de journée, mes
dix-neuf ans représentaient le plus bel anniversaire de toute ma vie.
Michael
et Scarlett avaient vraiment pensé à tout pour mon confort : les
médicaments contre le paludisme, les bouchons d’oreille pour la pression lors du
décollage et de l’atterrissage, mes médicaments routiniers… Et pour la première
fois de ma vie : je voyageais en business class !
Nous
atterrîmes à Dakar après six heures de vol. Je retrouvai alors les odeurs et
les sensations qui m’étaient familières et qui m’avaient tant manquées. Un taxi
nous déposa dans notre luxueux hôtel où nous finîmes notre nuit.
Samedi 4 janvier 2020.
Mes
parents et moi passâmes la porte de la maison aux environs de dix-neuf heures. Ça
y est, nous étions rentrés en France.
Ce
voyage avec Michael et Scarlett nous avait plus que jamais rapprochés. Nous ne
nous étions pas fâchés, mes parents n’avaient même pas eu besoin d’hausser le
ton ne serait-ce qu’une fois. Nous avons cependant eu de profondes conversations, ce qui a approfondi nos connaissances des uns et des autres. Même si je le savais
déjà, ces discussions confirmèrent notamment que Michael et Scarlett avaient
traversé pas mal d’épreuves et qu’ils formaient un couple indestructible. Cela
me rassura : quelques soient les tempêtes dans la famille, ce fait
resterait figé !
En Afrique, nous faisions
sans arrêt face à la pauvreté : ces enfants des rues qui nous quémandaient
de l’argent dès que nous sortions de l’hôtel, ces vendeurs à la sauvette qui cherchaient
désespérément à ce que l’on leur achète quelque chose pour pouvoir nourrir leurs
familles… Niveau dépaysement et apprentissage de l’humilité, il n’y avait pas
mieux !
Je savais déjà que mes parents étaient généreux
mais je ne savais pas qu’ils l’étaient à ce point. Durant cette petite semaine
au Sénégal, ils dépensèrent sans compter, donnant des billets à qui le leur
réclamait – et se faisant bien souvent avoir malgré les avertissements de nos
guides !
Le
moment le plus important mais également le plus triste du voyage fut lorsque
nous allâmes nous recueillir sur la tombe de mon papa. J’étais en effet très
jeune lorsque je l’ai perdu. Ma mère l’avait alors fait rapatrier dans son pays
natal pour qu’il repose aux côtés de sa maman qu’il aimait profondément. De mon
père biologique, je n’ai que peu de souvenirs. Son visage s’efface dans ma mémoire
et seules les photos – et mon visage ! – me rappellent à quoi il
ressemblait. En revanche, je me souviens de ce que ça me faisait lorsque je le serrais
dans mes bras ; et je me souviens également de son parfum. Je m’étais
surprise à fondre en larmes sur sa tombe, entourée de Michael et Scarlett qui,
au passage, l’avaient remercié de m’avoir donné la vie.
C’était d’ailleurs lorsque mes parents d’accueil
avaient récité une prière à l’unisson que j’appris qu’ils étaient croyants. Ils
n’avaient jamais mentionné ce fait en notre présence. En sortant du cimetière,
je ne leur avais posé aucune question.
Nous
avions ramené beaucoup de souvenirs pour toute la famille. Papa et maman
étaient bien bronzés, et ma peau métisse avait également bien foncé. Nous
avions la tête de parfaits vacanciers revenant d’un pays ensoleillé en plein
hiver !
Avant
même de déballer nos bagages, nous câlinâmes nos chats qui avaient été bien
chouchoutés par Assa ; puis nous allâmes à l’étage pour découvrir les
changements qui s’étaient opérés. En effet, Nolan avait trouvé des ouvriers
pour effectuer les travaux voulus par mes parents.
- Je ne sais jamais d’où
il sort ses contacts mais il trouve toujours de quoi nous contenter ! s’exclama
mon père en montant les escaliers.
Ma chambre était magnifique. Je la trouvais d’ailleurs
tellement magnifique que je mis un temps fou à jeter un coup d’œil aux autres
pièces. Je m’en fichais finalement pas mal : mon refuge, lui, était
parfait.
Nolan
apporta des pizzas pour le dîner : il se doutait que maman n’aurait pas
envie de cuisiner après ce long périple. Nous partageâmes un très chouette
moment !
Je
ne voulus pas me coucher tard car j’étais épuisée. Lorsque Michael et Scarlett
vinrent me border, je leur demandai de me raconter une histoire.
- Une histoire ? s’étonna
ma mère. Tu es sérieuse ?
- C’est la dernière soirée
où je vous ai rien que pour moi, leur dis-je d'une voix triste. Demain, Louise et Anaïs
reviendront, et Manoé et Mayeul arriveront…
- D’ailleurs, il va vous
falloir des surnoms ! ria Michael. Marie, Manoé, Mayeul… Ça fait beaucoup
de « Ma » !
- Sérieusement, papa !
le repris-je. Je vais devoir vous partager de nouveau, et vous allez redevenir
ultra-sévères…
- On n’a jamais cessé d’être
stricts, Marie chérie ! m’informa Scarlett. Seulement, comme tu avais
toute notre attention cette semaine, tu n’avais pas besoin de te faire
remarquer…
- Et puis tu n’étais pas
dans ton environnement quotidien donc tu n’avais pas matière à désobéir,
poursuivit mon père.
- N’empêche que ça ne va
plus être pareil, boudai-je.
- Ils n’arrivent qu’à
partir de demain après-midi, me dit mon père. On aura donc encore un peu de
temps ensemble.
-
Aller,
dors bien ma puce. A demain. On t’aime fort.
- Moi aussi mais je vais
devoir vous partager ! râlai-je alors que mes parents s’éloignaient.
Avant de sortir, ma mère tapota son poignet
avec son index pour me dire de regarder le mien, ce que je fis.
« You
are our sunshine ». Je m’endormis, rassurée.
A
suivre…
Marie reste vraiment ma préférer je m'identifie beaucoup à elle sur certain point
RépondreSupprimerelle est vraiment très attachante encore plus que Zoé et Clémence qui le sont elle aussi mais je m'identifie beaucoup moins à ces dernières
Je me demande comment va se passer la journée avec les nouveaux arrivant
Je sent que même si Marie le montre pas elle risque de faire payer ses nouveaux frères et sœurs qui vont lui prendre l'amour de ses parents
Louise le prend bien et Anaïs à été un peu près rassurer
mais je sent bien une alliance entre Anaïs et Marie pour faire vivre un enfer aux nouveaux arrivant
Et je suis sur que Scarlett et Michael seront aux rendez-vous pour faire filler droit tous se petit monde
Trop hâte de connaitre la suite des aventures de Marie
J'adore vraiment se que tu fait LP
Mille mercis pour ton commentaire et ton soutien ! ça fait chaud au coeur et ça m'encourage à continuer ! Merciiiii <3
SupprimerQuelle merveilleuse surprise a eue Marie pour son anniversaire ! Michael et Scarlett ont vraiment un grand coeur 😘 Marie a beaucoup de chance et elle le sait.
RépondreSupprimerOn ressent vraiment leur attachement réciproque.
Ce chapitre est particulièrement touchant
Un grand BRAVO !