Accéder au contenu principal

Journal d'une étudiante accueillie. - Chapitre 81

 



Dimanche 5 janvier 2020.

 

       Je me réveillai aux environs de onze heures. J’avais fait une sacrée nuit ! Je devais avouer que cela ne m’avait pas fait de mal : ces vacances au Sénégal, bien que magiques, n’avaient pas du tout été reposantes !

En descendant les escaliers, je n’avais pas le moral. Demain, c’était la reprise : et ce n’était pas n’importe quelle reprise ! Nouvelle école ultra-relou. Rien que d’imaginer des bonnes sœurs en tenue de nonne me filait la frousse. Ça me faisait penser à Conjuring 2.

       Même si je ne pensais pas cela possible, mon moral descendit encore plus bas lorsque je découvris la cuisine vide. Alors que je m’installais au bar dans un état de dépit, je vis Assa apparaître, une panière de linge vide en mains.

-    Bonjour Marie, me dit-elle poliment.

-    Bonjour, répondis-je. Tu ne saurais pas où sont mes parents, par hasard ?

-    Ils sont allés faire un footing, répondit-elle. C’est ce qu’ils font en général, après l’église.

-    Après l’église ? m’étonnai-je.

-    Oui, Michael et Scarlett sont protestants.

J’éclatai de rire avant de me remémorer leur prière sur la tombe de mon père biologique. J’interrogeai de nouveau Assa :

-    Mais c’est impossible ! Ils n’ont rien de chrétien dans la maison ! Pas de crucifix, pas de Bible… Rien !

-    C’est parce qu’ils sont bien cachés, rétorqua-t-elle avec un clin d’œil. Que veux-tu pour ton petit déjeuner ? Je te prépare ça tout de suite.

 

Je venais d’avaler mon médicament lorsque mes parents rentrèrent.

-    Vous êtes protestants ?! m’exclamai-je, encore abasourdie par la nouvelle.

-    Bonjour chérie, me répondit ma mère.

-    Euh oui, bonjour… Donc ?!

-    Nos croyances religieuses ne te regardent absolument pas, trancha Michael avant d’avaler une gorgée d’eau. Donc le débat est clos. Tu as bien dormi, ma puce ?

J’eus à peine le temps de répondre à la question que mes parents, dégoulinants de sueur, filèrent prendre leur douche dans leur nouvelle suite parentale. Je n’osai pas regarder l’heure : si je m’apercevais qu’ils mettaient trop de temps, je finirais par imaginer des choses qui ne me regardaient pas non plus. Avec Mathieu, c’était agréable de penser à cela. Mais mes parents tous les deux ? Beurk !!!


       Je décidai d’aller m’habiller de mon côté, me laver le visage, me brosser les dents et jouer un peu avec Berlioz qui réclamait mon attention.

-    Marie chérie, tu te prépares ? demanda Scarlett après avoir toqué à la porte de ma chambre.

-    Euh, on fait encore un voyage ? me renseignai-je pleine d’espoir.

-    Mais non ! ria ma mère. On va au centre commercial. Il faut acheter vos fournitures pour demain et on n’a pas encore eu le temps de le faire.

Chouette ! J’allais pouvoir choisir moi-même mes fournitures, et encore mieux : j’allais pouvoir choisir celles de mes frère et sœurs ! Mouhahahaha !

 

       Nous mangeâmes dans un bar à salades puis arpentâmes les magasins de fournitures de bureau. Papa avait la liste en mains :

-    Alors, il vous faut neuf cahiers chacun, un par matière. Vingt-quatre par trente-deux centimètres, grands carreaux, cent-quatre-vingts pages.

-    Vous allez sérieusement acheter quarante-cinq cahiers ?! demandai-je, affolée. Je ne suis même pas sûre qu’ils les aient en stock !

-    Nous sommes dans un magasin spécialisé : normalement, ils les ont ! se rassura ma mère.

Effectivement, ils les avaient. Ils durent aller en chercher une trentaine en réserve, mais ils les avaient. Ils avaient également les cinq trousses et leurs nécessaires, les trente-cinq autres cahiers petit format demandés, les étiquettes-prénoms obligatoires (bienvenue en primaire !), les pochettes rigides à rabats, et les cinq répertoires pour le vocabulaire.

       Puisque je changeais d’école et que la nouvelle n’avait pas la même filière que la précédente, je passais de « Lettres Humanités » à « Lettres Modernes ». Certaines matières comme les mathématiques, la physique-chimie disparaissaient pour mon plus grand bonheur mais une nouvelle apparaissait : une option obligatoire. Pour cette option, trois choix s’offraient à moi : le latin, le grec ou l’hébreux. Il fallait s’en douter, dans une école de bonnes sœurs… L’hébreux n’étant absolument pas envisageable, et le grec me faisant beaucoup trop penser à madame Levillain, il ne me restait plus que le latin.

       M’entendant d’ailleurs râler à propos de cette matière lorsque les répertoires furent scannés à la caisse, mon père me prévint :

-    Tu as intérêt à t’impliquer, Marie. Même s’il y a des coefficients différents, toutes les matières sont importantes !

-    De toute façon, tu n’auras pas le choix que de travailler dans toutes les matières ! ajouta ma mère. Nous n’allons pas vous lâcher, ton frère, tes sœurs et toi !

Les quatre autres enfants de la famille n’étaient même pas encore arrivés que mes parents redevenaient déjà pénibles. J’étais nostalgique de ma semaine en Afrique.

 

       En rentrant à la maison, je m’attelais à faire toutes les pages de garde de mes cahiers selon les consignes précises demandées par l’établissement et transmises à mes parents via mail. Puis, je m’appliquais à remplir et coller les étiquettes-prénom sur chacune de mes fournitures. A la fin, j’avais tellement écrit « Marie Webber » que j’en avais presque mon nom en horreur !

 

       J’avais fini depuis à peine quelques minutes lorsqu’Anaïs rentra. Ça y est, le moment solo avec mes parents était bel et bien terminé. Même si j’aimais beaucoup Louise et Ana, que j’aurais aimé être fille unique !

       Peu de temps après, Louise arriva. Nous étions contentes de nous retrouver ! Nous nous échangeâmes nos souvenirs de vacances : tandis que je lui avais ramené des bracelets du Sénégal, elle m’avait apporté une boule à neige et un porte-clés des Alpes où elle était allée skier avec ses parents biologiques.

-    Et tiens, ça c’est pour ton anniversaire ! me dit-elle en me tendant un paquet soigneusement emballé.

-    Oh, Loulou ! m’exclamai-je. Il ne fallait pas !

-    Trop tard maintenant c’est fait. Aller, ouvre-le !

Je m’empressai de déballer mon présent et découvris deux extensions du jeu « Les Sims 4 ». Je n’y avais pas rejoué depuis mon troisième jour chez Tom et Dana. Ça faisait un bail !

-    Merci Loulou ! lui dis-je en lui sautant au cou.

-    Oh, oh ! s’inquiéta mon informaticien de père. Je vais vite installer une limite sur ce jeu sinon tu vas y passer tout ton temps, au détriment de tes études !

-    Oh non, papa ! me lamentai-je. C’est bon, je vais me gérer !

-    Tu as plein de qualités ma princesse, mais le fait d’être raisonnable n’en fait pas partie, me rappela mon père. Et tu dois regagner notre confiance. Donc pour le moment, je vais installer un contrôle parental.

J’arrêtai de bouder lorsqu’Anaïs m’offrit son cadeau : un coffret parfum d’une grande marque de cosmétiques. Je ne manquai pas de la remercier chaleureusement.

Puis, je pris plaisir à faire faire le tour du propriétaire à mes sœurs pour leur montrer les travaux effectués. Elles en étaient ravies !

 

 

       Dix-huit heures trente. Papa jouait avec nous au Uno et maman cuisinait lorsque l’on sonna à la porte.

-    Tiens voilà nos nouveaux enfants ! dit ma mère en allant ouvrir.

Je me souvins alors de la première impression que j’avais eue sur Michael et Scarlett : je les avais appelés Ken et Barbie. Il m’arrive encore de le faire, d’ailleurs !

       Notre curiosité était bien trop grande pour être contrôlée : nous laissâmes notre partie en suspend et suivîmes ma mère dans l’entrée. Un garçon et une fille, tous deux porteurs d’une valise, entrèrent dans la maison.

Mayeul faisait à peu près ma taille, soit un mètre soixante-cinq. Il était mince, châtain, les yeux noirs et semblait craindre son ombre. Cela ne faisait aucun doute qu’il avait des origines asiatiques. Il paraissait nerveux.

-    Il a l’air aussi spécial que son prénom, murmurai-je avant de me prendre un léger coup de coude de la part de mon père.

Du haut de ses seize ans, Manoé était une antillaise brune aux yeux noirs dont le visage affichait un mépris pour la terre entière. Les traits de sa figure étaient difficilement visibles sous les huit couches de maquillage qu’elle semblait avoir mises. Elle était tellement bien habillée qu’elle aurait pu traverser le tapis rouge de Cannes sans soucis, perchée sur des talons que je mesurais à vue d’œil à sept centimètres. Son smartphone à la main, elle était en train de se filmer et de parler à ses abonnés en disant : « Alors voilà ma nouvelle famille ! ».

       Ma mère lui prit instantanément le téléphone des mains, arrêta la vidéo et la supprima.

-    Hey ! protesta Manoé. Rends-moi mon téléphone !

-    Tu n’en as pas besoin pour le moment, dit Scarlett.

-    Rends-le-moi, j’t’ai dit !

-    Continue de me parler sur ce ton et tu vas déjà t’attirer des problèmes ! gronda ma mère.

C’est alors que Manoé poussa Scarlett. Ou du moins, elle tenta de la pousser car ma mère ne bougea presque pas.

-    Rends-moi mon téléphone, espèce de folle !

Michael fit un pas en avant mais sa femme le stoppa d’une main en disant : « Laisse, je gère. ». Puis, elle rangea le téléphone de sa nouvelle fille dans la poche arrière de son jean et empoigna le bras de Manoé. Cette dernière se débattit violemment et tenta par tous les moyens de récupérer son téléphone dans la poche de notre mère, sous nos yeux effarés à Michael, mes sœurs, Mayeul et moi.

Manoé se débattait tellement que ma mère n’eut d’autre choix que de la mettre à terre grâce à une prise d’art martial. Manoé était désormais à plat ventre sur le sol, maman lui faisant une clé au bras gauche.

-    Aïe !! cria ma nouvelle sœur. Putain mais lâche-moi, sale folle !!

Ma mère attrapa le bras droit de l’influenceuse, et desserra sa clé de sorte à pouvoir immobiliser les deux mains de Manoé dans le creux de ses reins. Puis, malgré les hurlements de la nouvelle, Scarlett souleva sa robe et se mit à la fesser, à même le sol, sur sa culotte en dentelle. Papa la regardait faire, les bras croisés sur sa poitrine gonflée de fierté. Mayeul était terrifié. Anaïs, Louise et moi étions mi-fières de notre mètre, mi-compatissantes pour Manoé.

       Scarlett ne cessa de claquer le derrière de Manoé qu’au moment où cette dernière arrêta de hurler et s’avoua vaincue. Après avoir asséné la dernière claque, Scarlett se pencha vers l’oreille de sa nouvelle fille et lui dit fermement :

-    Bonsoir Manoé. Puisque nous n’avons pas pu faire les présentations, je suis Scarlett, ta nouvelle mère. L’homme dont tu vois les pieds devant toi est Michael, ton nouveau père. Maintenant que tu sais qui nous sommes, il y a quelques petites choses que tu dois savoir !

Règle numéro un : Ici, c’est Michael et moi qui décidons ! Tu n’as absolument pas voix au chapitre !

Règle numéro deux : Tu t’adresses à n’importe quel membre de cette famille avec respect !

Règle numéro trois : Je suis ceinture noire de trois arts martiaux différents donc n’essaie même plus de te battre contre moi car tu perdras à coup sûr ! Pareil pour ton père !

Règle numéro quatre : Si à n’importe quel moment tu ne te conduis pas correctement, tu recevras une bonne fessée comme celle que tu viens de prendre ! Et je n’hésiterai pas à te déculotter si le message n’est pas passé, ma grande, tiens-le-toi pour dit ! Idem avec Michael !

Est-ce que tout ceci est enregistré ou est-ce qu’il faut que je te redonne une fessée ?!

Manoé, dont on pouvait voir à travers la dentelle les fesses rouges, répondit un léger et tremblotant :

-    C’est enregistré.

-    Je vais donc te laisser te relever et tu vas prendre connaissance des autres règles de cette maison.

Ma mère lâcha Manoé et la laissa libre de se remettre debout, ce qu’elle fit, sonnée. On pouvait voir des traces de rouges à lèvres et d’autres produits de maquillage sur le marbre, là où était posée la figure de ma nouvelle sœur quelques secondes avant.

Elle rabaissa sa robe, puis ma mère se tourna vers Mayeul en lui disant : « Désolée, j’aurais aimé une autre arrivée pour vous deux. ». Papa s’avança à son tour et se présenta à ses nouveaux enfants avant de dire :

-    Voici vos sœurs : Anaïs, Louise et Marie.

Je fis un petit signe de la main pour les saluer.

-    Enlevez vos chaussures et vos manteaux, je vais vous montrer vos chambres, dit ma mère.

Sans broncher, Mayeul et Manoé obéirent et montèrent à l’étage avec ma mère. Michael se tourna alors vers nous et nous dit :

-    Je sens que je vais finir chauve avant la fin de l’année.

-    Ça va aller, papa ! le rassura Louise après avoir ri avec Ana et moi.

-    Tu seras vachement moins séduisant sans cheveux, le taquinai-je. Je ne pourrai plus te comparer à Ken !

-    File ranger les cartes et mettre la table au lieu de dire des bêtises ! rétorqua mon père sur un ton léger.

 

Mayeul, Manoé et maman ne redescendirent que lorsque la table fut mise et le plat chaud.

-    Nous allons regarder sur internet les vêtements qui pourraient convenir pour le week-end, annonça Scarlett à Manoé tandis que nous mangions. Toute ta garde-robe est à refaire !

-    Mes vêtements sont très bien comme ils sont ! se défendit agressivement Manoé.

-    Ne réponds pas à ta mère ! la gronda Michael. Tu ne portes pas les vêtements d’une jeune fille convenable de seize ans. La semaine, tu porteras ton uniforme donc le problème sera réglé : mais pour le week-end, il faut que tu aies des vêtements convenables.

-    Nous allons faire le tri, assura Scarlett.

-    Je peux le faire toute seule ! trancha ma nouvelle sœur.

-    Je t’ai déjà dit de ne pas répondre ! gronda plus fortement papa. Si je dois encore te reprendre, gare à tes fesses !

Manoé se tut mais je voyais que cela lui coûtait. Je me voyais en elle. Mes débuts en famille d’accueil avaient été on ne peut plus compliqués.

Michael reprit :

-    Ta mère fera le tri de tes affaires avec toi. Il vaut mieux que ce soit elle ; si c’est moi, ce ne sera pas la même histoire !

-    C’est clair, chuchotai-je pour moi-même.

-    Quand est-ce que je pourrais récupérer mon téléphone ? demanda Manoé.

-    Nous allons déjà supprimer tes réseaux sociaux et compagnie dessus…

-    Quoi ?! s’exclama l’adolescente.

-    Je te signale que c’est légalement interdit, reprit ma mère. Les mineurs n’ont plus le droit d’avoir quelque réseau social que ce soit ! Il est hors de question que tu nous apportes des problèmes judiciaires. Donc nous allons supprimer tout cela de ton téléphone. Et ensuite, nous te le rendrons lorsque tu te seras assagie.

-    Et c’est quand ? demanda-t-elle agacée.

-    Pas demain la veille, répondit Michael.

-    Si vous ne me le rendez pas, je vais retourner votre barraque ! s’emporta Manoé.

-    C’est une menace ? se raidit papa.

La jeune fille ne répondit pas.

-    Essaie de nous tester, reprit l’informaticien. Tu n’as pas fini de pleurer.

-    Ouais, c’est ça ! lâcha Manoé sans contrôle.

Dans l’instant qui suivit, elle reçut dix claques paternelles sur son derrière, tellement fortes qu’elles résonnèrent dans toute la maison. La nouvelle venue fondit en larmes.

-    Répète ce que tu as dit ?! lui gronda notre armoire à glace de père.

Manoé resta silencieuse. Elle se rassit et termina son repas sans moufter.

 


-    Maman, je crois que Mayeul est terrorisé ! dis-je à Scarlett lorsque celle-ci vint me border.

-    Ne t’inquiète pas, répondit ma mère. Lorsque je leur ai fait visiter la maison, je me suis isolée dans sa chambre avec lui et nous avons bien discuté. Il a vraiment l’air d’être un chouette garçon. Il doit juste prendre ses marques, c’est tout.

-    Mais il n’a pas ouvert la bouche devant nous depuis son arrivée ! fis-je remarquer.

-    Il est très timide, m’informa ma mère. Fais-moi confiance, ça va aller. Il faut juste qu’on apprenne à s’apprivoiser les uns les autres.

-    Et Manoé ? Qu’est-ce que tu en penses ? C’est une vraie peste !

-    Elle ne va pas le rester longtemps, répondit ma mère.

-    Et si elle s’en fiche de la fessée ? Et si elle ne vous craint pas, à la longue ? Et si…

-    Marie, s’il te plaît, laisse-nous faire ton père et moi. Ce n’était que la première soirée. Je te garantis qu’on va la faire plier. Je te demande de nous faire confiance. Aller, dors ma puce. Demain est un grand jour !

-    Bonne nuit maman, lui dis-je.

-    Oh, cette nuit ne sera pas bonne pour moi, se lamenta ma mère. Ta nouvelle sœur va vouloir récupérer son téléphone par tous les moyens… Je me reposerai davantage demain lorsque vous serez à l’école. Je t’aime Marie chérie. Fais de beaux rêves.

-    Moi aussi je t’aime.

 

Si j’avais hâte de connaître Mayeul, cette Manoé n’avait pas intérêt à faire souffrir mes parents sinon elle me trouverait en travers de son chemin ! Ce n’était quand même pas une gamine de seize ans qui allait faire disjoncter MA famille ! Non mais oh !

 

-    Marie ! Marie !

Je me réveillai en sursaut. Manoé était penchée sur moi.

-    Qu’est-ce que tu veux ? lui demandai-je d’une voix à moitié endormie.

-    Tu peux m’aider à sortir de la maison ? Il faut que j’aille voir la police. Ces gens sont des malades !

-    Alors, dis-je en me redressant dans mon lit. Premièrement, j’ai déjà essayé d’aller à la police : mauvais plan. Non seulement les policiers se sont foutus de ma gueule mais en plus papa m’a flanquée une déculottée devant eux.

-    T’es sérieuse ?

-    Très sérieuse, répondis-je. Et deuxièmement : laisse-leur une chance, Manoé. Quand je suis arrivée, j’étais comme toi mais je peux t’assurer que ce sont des parents merveilleux.

-    Ils m’ont frappée toute la soirée ! se plaignit l’adolescente.

-    En même temps, à peine arrivée tu as bousculé Scarlett. Tu étais en train de nous filmer, tu ne nous as même pas dit bonjour ! Et tu étais ultra agressive à table…

Manoé se tut un instant puis me répondit, les yeux rivés vers le sol :

-    Je ne voulais pas être en famille d’accueil.

-    Moi non plus, lui dis-je.

-    Je veux rentrer chez moi.

-    Chez toi, c’est ici désormais. Au moins jusqu’aux vacances de février. Tu as un mois et demi avant de rentrer chez toi. Il faut que tu t’habitues…

Manoé se mit à pleurer, ce qui me fit éprouver de la compassion pour elle. Je lui demandai alors de me regarder puis lui dit calmement :

-    Je te promets que Michael et Scarlett sont des gens bien. Ce ne sont pas des monstres, loin de là ! Oui, ils sont très stricts, ça c’est vrai ! Et oui, tu vas prendre pas mal de fessées dans les semaines qui vont arriver mais si ça peut te rassurer, je vais certainement en prendre aussi, et Anaïs aussi ! Mais je peux te jurer sur tout ce que j’ai de plus cher que nos parents d’accueil sont des gens merveilleux. Ils seront toujours là pour toi, ils ne te laisseront jamais tomber et plus ils apprendront à te connaître, plus tu ressentiras l’amour qu’ils développeront petit à petit pour toi. Et toi, tu ne pourras faire autrement que de les aimer en retour. Je te promets que tu vas te plaire, ici. Il te faut juste un petit peu de temps. D’accord ?

-    Merci Marie ! dit-elle en me serrant dans ses bras.

Ayant Manoé contre moi, j’avais vue sur la porte de ma chambre entrouverte : j’aperçus Michael, un léger sourire sur le visage. Il hocha la tête en signe d’approbation puis retourna se coucher.

-    Est-ce que tu veux dormir avec moi pour cette nuit ? lui demandai-je.

Ma nouvelle sœur acquiesça. Elle prit place dans mon lit queen size et nous nous rendormîmes.

 

A suivre…

La suite ! 

Commentaires

  1. Ah ... ben voilà une arrivée en fanfare ! Une deuxième Marie qui s'est pris deux fessées d'entrée de jeu ? Michael et Scarlett n'ont pas tardé à cerner leur nouvelle fille 😮 et lui annocer la couleur !!!
    Marie qui console et chouchoute Manoé, quel tendre moment ... Michael ne peut que fondre 😊
    Plutôt que faire la guerre à ses nouveaux frère et sœur, elle se fait du souci pour Mayeul et réconforte Manoé.
    Marie est vraiment adorable 😘


    RépondreSupprimer
  2. Top merci pour ces nouveaux chapitres

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Alors ? Qu'en avez-vous pensé ?

Les stars du blog :

Journal d'une étudiante accueillie (Chapitre 1)

Ça y est, nous y sommes. Mon pire cauchemar est arrivé. Monsieur X. a été élu à la Présidence de la République et il va appliquer son programme. Je m’appelle Marie, j’ai 18 ans, et je vais aller au bagne pour la première fois de ma vie. Enfin, au bagne... J'exagère légèrement. Je vais en fait aller en famille d’accueil, famille dans laquelle je vivrai la semaine ; je pourrai rentrer voir ma famille, dont l’homme de ma vie, le week-end. J’ai eu mon bac littéraire en juin dernier, mention très bien. J’ai décidé d’entamer une licence de Lettres afin de réaliser mon rêve : devenir professeure des écoles. Mais Monsieur le Président de la République l’a décrété : « Tous les étudiants de 18 à 25 ans seront accueillis en structure pour le bien de leurs études ». Pour le bien de nos études ? Pff, tu parles ! Encore des propos démagogues ! Alors me voilà inscrite à l’université Jules Verne de *****, dans laquelle je vais passer minimum trois ans, pour me former au métier de professeu...

Le tutorat de Little Princess (séance 3)

Comme vous avez pu le voir, j'ai changé le titre de cette rubrique. D'abord parce que je le trouvais trop long, ensuite parce qu'il devenait mensonger : Thomas n'est plus mon "nouveau" tuteur mais mon tuteur, tout simplement !   Nous ne nous étions pas vus depuis le lundi 7 décembre. Du 7 décembre au 6 janvier : un mois de « mise à l’épreuve » après la rouste de la dernière fois.   A peine deux jours après ce recadrage musclé, j’avais de nouveau testé Thomas, mais cette fois-ci je m’étais bien assurée que ce soit à distance. Jusqu’ici, toutes mes tentatives de rébellion avaient purement et simplement échouées, et j’en avais payé les frais. Restait ma toute dernière carte et j’hésitais vraiment à la jouer. Et puis tant pis, je me lançai.                 Depuis le début du semestre, ça ne passe pas avec ma prof d’histoire : je ne vous referai pas ici le récit de mon altercation v...

Le tutorat de Little Princess - Partie 3 (Préambule (3) - Et m*rde...)

                  Il paraît que c’est cela que l’on appelle « avoir sacrément merdé »…                     Lorsque ma mère était enceinte de ma sœur et moi, ce fut une grossesse difficile : déni de grossesse les quatre premiers mois, puis perte de ma jumelle. A six mois et demi, s’ils voulaient me donner une chance de vivre, il fallait accoucher ma mère.                   L’une des grosses conséquences de cette naissance très prématurée : de nombreuses malformations dues au fait que mes organes n’ont pas eu le temps de se placer correctement. Si la plupart sont bénignes, en revanche ma malformation intestinale pose problème. J’ai ce qu’on appelle un « mésentère commun complet ». Une malformation inte...

Nouvelle rentrée, nouvelle vie ! (Chapitre 17)

 Ce chapitre a été écrit par Marie, une fan du blog. Malgré mes quelques commentaires et réécritures, elle a fait un excellent travail ! Bravo à elle ! Mardi 17 septembre 2019.   Lorsque Monsieur Éric toqua à la porte pour nous réveiller, j’étais très motivée pour me lever (ce qui est très rare !). Aujourd’hui sera une belle journée : d’abord parce que le mardi reste la meilleure journée de la semaine grâce à Madame Kelly, la prof la plus adorable du Pensionnat ; ensuite parce que j’ai réfléchi à un plan pour me venger de Monsieur Jean et de Monsieur Nicolas. Ce sera discret (enfin autant que faire se peut), rapide et efficace. Je sais bien que lorsque nous nous ferons attraper la punition sera salée ; mais je ne supporte pas l’idée de laisser croire à nos professeurs qu’ils ont tout le pouvoir (même si ce n’est peut-être pas tout à fait faux). Pour mener à bien mon plan, il me faudrait l’aide de mes amies. Je vais tout faire pour les convaincre de me...

Journal d'une étudiante accueillie (Chapitre 26)

  Mercredi 9 octobre 2019.                   Pas de grasse matinée ce matin : Héloïse nous réveilla à neuf heures pour que nous puissions travailler un peu sur nos cours. J’étais grognon au possible en me réveillant, comme cela m’arrive rarement. En m’asseyant à table au petit déjeuner, je fus agacée par Anaïs, toujours pleine d’énergie et en forme le matin. Je déteste les gens du matin. Ou les gens. Ou le matin.                   Après m’être préparée et habillée pour la journée, je remontai dans ma chambre et me sentis toujours aussi grognon. Je ne savais pas encore pourquoi mais j’avais l’impression que cette journée allait être désagréable au possible. Personne n’avait intérêt à me voler dans les plumes : je m’étais levée du pied gauche !          ...