Vendredi 10 janvier 2020
- Papa ?
interpelai-je alors que j’étais seule à la table du petit déjeuner avec mon
père.
- Oui ma princesse ?
- Est-ce que… Euh… Enfin
tu vois, Tom et Dana, quand ils se disputaient et que donc Tom n’était pas
content, il euh… Il donnait la fessée à Dana. Est-ce que toi et maman, vous…
- Dieu du Ciel,
non ! s’exclama Michael en m’épargnant le supplice de finir ma question. Ta
mère et moi n’usons pas de telles pratiques ! La fessée est une punition
exclusivement réservée à nos enfants dans un cadre éducatif, et seulement dans
ce cadre-là. Et puis, je ne supporterais pas d’avoir le dessus sur ta mère.
Elle non plus, d’ailleurs ! Elle me ferait immédiatement une prise d’art
martial et je me retrouverais à terre en deux secondes !
Papa se mit à rire, je répondis par un sourire
gêné, désolée d’avoir posé la question.
- C’était légitime que tu
me demandes si tu as vu Tom et Dana le faire, me rassura mon père en posant sa
main sur la mienne. Mais dans notre conception de la vie à ta mère et moi, la
fessée est uniquement dédiée à nos enfants désobéissants.
Si j’avais voulu connaître la réponse, je ne
savais maintenant pas quoi en faire. Etais-je soulagée de le savoir ?
Aucune idée.
Dans
la voiture qui nous menait à l’école, je profitai d’être assise sur le siège du
fond à côté de Mayeul pour demander à mon frère :
- Ça se passe comment
quand on est en retenue ?
- C’est l’ennui mortel,
me répondit Mayeul. T’es au coin, les mains derrière le dos, et tu n’as pas le
droit de bouger. Heureusement que papa et maman ont refusé qu’ils nous tapent,
sinon on prendrait des coups de règles sur la main ou les fesses dès qu’on
bouge ! C’est ce qui s’est passé avec les autres.
- Mais vu qu’ils ne
peuvent pas nous taper, on s’en fiche de bouger ou non, alors !
réfléchis-je à voix haute.
- Non, parce qu’ils
disent à nos parents le nombre de fois où on a bougé, m’expliqua mon frère. Tu
n’as pas remarqué que j’avais pris trois minutes de fessée hier soir ?
J’ai bougé trois fois…
Bon, la retenue était donc similaire au reste
de l’école : tellement stricte que c’était à peine si le droit de respirer
était maintenu !
En
nous déposant dans nos classes, maman nous prévint de ne pas faire de bêtises
avant de nous souhaiter une bonne journée et de s’éclipser. C’était si simple à
dire, et tellement compliqué à faire !!
Nous
commençâmes la journée avec la littérature française : notre professeure,
Sœur Anne de Dieu – quel nom ! – nous annonça la direction qu’il nous
faudrait prendre pour ce semestre :
- Vous allez devoir
choisir un classique la littérature du XIXème siècle dans sa version
intégrale, la lire et l’étudier. Cette œuvre que vous aurez choisie vous
guidera tout au long de votre semestre. Au mois d’avril, vous aurez créé un
dossier d’étude autour du roman choisi. Comprenez bien que la réussite de ce
travail est déterminante : si vous n’avez pas la moyenne, vous ne
validerez pas votre semestre !
Ok, ça foutait carrément les jetons ! Il
était absolument impossible que je redouble mon semestre : ajouter du
temps à passer dans cette école de malheur ? Très peu pour moi !
En bonne fan inconditionnelle de Victor Hugo,
je choisis le chef d’œuvre des Misérables. Depuis le temps que je
voulais lire ce roman dans sa version intégrale, l’occasion ne pouvait être
plus belle !
Louise choisit Les trois Mousquetaires,
de Dumas ; Ana opta pour Notre-Dame de Paris, du même auteur que
moi. Il n’y avait plus qu’à prendre connaissance des modalités d’étude et du
travail attendu ; et à nous de jouer !
Lorsque
l’heure de la cantine arriva, j’étais plutôt de bonne humeur : j’étais
toujours dans le vert, il y avait un soleil magnifique dehors et les nouvelles
de Marion données par Angélique étaient plutôt positives.
Le réfectoire est la seule pièce où nous
pouvons voir Mayeul ; malgré une séparation avec un plexiglas d’une
hauteur d’un mètre cinquante environ – le monde ne tourne vraiment pas
rond ! – Mayeul et ses nouveaux camarades s’installent toujours près de
nous, afin que nous puissions manger « ensemble ».
Nous attaquions notre dessert lorsque Manoé et
ses copines, ayant fini de manger, passèrent par notre table.
- Comment ça va les
bouseux ?! nous lança-t-elle.
- J’te signale qu’on fait
partie de la même famille, donc si on est des bouseux, toi aussi !
rétorqua Louise.
- Je ne serai jamais de
la même famille que des nanas qui ont le gabarit d’une vache ! rétorqua
Manoé.
Elle piquait là où ça faisait mal. Et elle
piquait fort. Anaïs entreprit de se lever mais je la retins fermement. Ce
n’était pas le moment de faire des vagues. J’étais dans le vert !
Mayeul, offusqué derrière son plexiglas, gronda
à notre petite sœur :
- Tu vas voir quand papa
et maman apprendront ce que tu as dit !
- J’les emmerde, ces
connards ! rétorqua Manoé.
Cette fois-ci, je ne retins pas Anaïs car je ne
me retins pas moi-même. Louise non plus ne se retint pas. Nous sautâmes toutes
les trois sur Manoé dans le but de lui faire ravaler son venin ; et armées
des béquilles de Louise, c’était un jeu d’enfant !
Notre frère avait entretemps escaladé la cloison
et était venu nous prêter main forte, les paroles de Manoé l’ayant également
mis hors de lui.
Les
religieuses mirent plusieurs minutes à nous séparer, devant se frayer un chemin
à travers la foule qui s’était rassemblée autour de nous.
La
Mère Supérieure mit une éternité à faire le tour de son bureau pour s’asseoir
dans son fauteuil. Elle avait l’air d’avoir cent soixante-dix ans. Si quelqu’un
était à la recherche de la pierre philosophale, je lui conseillerais très
fortement de fouiller dans le bureau de cette vieille femme.
- J’entends beaucoup trop
parler de vous, les Webber ! gronda-t-elle de sa voix étonnamment ferme.
Les lignes ne vous dissuadent pas, les retenues non plus !
- Ma Mère, nous sommes
vraiment désolées ! plaida Louise.
La Mère Supérieure nous scruta tous les cinq. J’avais
une boule de stress dans le ventre. Quelle décision allait-elle prendre ?
- J’annule vos retenues
pour aujourd’hui, déclara-t-elle devant notre incompréhension la plus totale.
- Merci ma Mère ! s’exclama
Louise.
- Ne me remerciez pas
trop vite, répondit la vieille. Je convoque vos parents.
Un silence de mort suivit l’annonce. Les larmes
me montèrent aux yeux.
- Retournez en classe, il
est l’heure ! annonça la directrice après que la sonnerie eut retenti. Vos
parents viendront vous chercher à 16h30 et nous nous réunirons dans ce bureau
pour parler de votre conduite. Tâchez de vous tenir correctement cette
après-midi !
Nous sortîmes du bureau en silence.
- On est morts. Déclara
Anaïs lorsque nous nous retrouvâmes dans le couloir.
- C’est clair,
répondis-je avec un trémolo dans la voix.
Je fournissais tous les efforts du monde pour
ne pas pleurer.
- Tout ça, c’est ta
faute ! hurla Louise à Manoé. T’es vraiment le déchet de notre
famille !
Sans répondre, Manoé partit rejoindre sa classe
en boîtant, son genou droit ayant été amoché par nos soins. Bien fait !
- Qu’est-ce que vous
fichez à traîner dans les couloirs ?! nous gronda Sœur Faustine qui
passait par là. Rentrez immédiatement dans vos classes avant que je me
fâche !
- Bon ben, à tout à
l’heure, nous lança Mayeul avant de partir.
Louise, Ana et moi rejoignîmes la classe
bleue ; et à nos têtes, on aurait facilement pu croire que quelqu’un était
mort.
- Dépêchez-vous.
L’ordre donné par notre mère nous fit froid
dans le dos ; nous n’attendîmes pas qu’elle le dise deux fois. Je pris la
précaution de m’insérer entre Louise et Anaïs, mettant ainsi mes fesses hors de
portée de ma mère.
Scarlett
fit claquer ses talons aiguilles contre le carrelage tout au long du chemin
menant au bureau de la Mère Supérieure, ce qui ajouta illogiquement du stress à
mon anxiété.
Dans
le bureau se trouvaient déjà Michael, Mayeul et Manoé. Scarlett s’installa à
côté de son mari. A leur droite, se trouvaient Manoé et Mayeul, à leur gauche,
Louise, Anaïs et moi. J’avais choisi de m’asseoir le plus loin possible de mes parents
et le plus près possible de la porte. Place stratégique, au cas où il faudrait
fuir.
- Monsieur Webber, madame
Webber, nous entendons beaucoup trop parler de vos enfants et cela est
inadmissible ! les sermonna la directrice.
Elle ajoutait de l’huile sur le feu. Mes
parents n’apprécieraient vraiment pas de se faire gronder…
- Nous ne tolérerons plus
aucun écart de conduite de la part de vos enfants ! poursuivit la Mère
Supérieure sur le même ton. Nous terminons à peine la première semaine qu’ils
ont déjà tous les cinq un dossier disciplinaire ! Trouvez-vous cela
normal ?! Je vous le demande !
- Si vous commenciez par
nous dire ce qui s’est passé aujourd’hui pour que nous soyons assis ici ?!
rétorqua froidement papa.
La Mère Supérieure se radoucit un petit peu.
- Eh bien, Louise, je
vous en prie, racontez à vos parents ce qui s’est passé.
Ma sœur narra le conflit de ce midi en restant,
comme à son habitude, impartiale et en endossant sa part de responsabilité.
- Tu nous as insultés,
Manoé ? demanda papa en se tournant vers sa cadette à la fin du récit de
Louise.
- …
Devant l’absence de réponse de l’adolescente,
papa l’attrapa immédiatement et la bascula sur ses genoux sans prendre en
compte ses prières. Il la déculotta devant tout le monde en la
réprimandant :
- Que tu m’insultes moi,
ça ne serait déjà pas passé ; mais que tu insultes ta mère, là, tu vas
vraiment le regretter !
Manoé reçut une volée très, très salée. Pendant
que les claques tombaient violemment sur son fessier, mes frère et sœurs et moi
nous mîmes à pleurer. Manoé pour des raisons évidentes ; Mayeul, Louise,
Ana et moi en nous demandant si nous allions recevoir la même chose. Pour ma
part, cette seule pensée me terrifiait.
Papa releva sa fille et l’envoya au coin. Avec
cet épisode, le regard de la Mère Supérieure venait de changer ; mes
parents passaient de « parents irresponsables » à « parents
malchanceux ».
- Ecoutez ma Mère, mon
mari et moi n’avons, à aucun moment, fait preuve de quelque laxisme que ce
soit, dit Scarlett. Nous pouvons vous promettre que nous continuerons à
discipliner nos enfants afin qu’ils se tiennent les plus tranquilles possible, mais
nous ne pouvons en revanche pas être à côté de chacun d’eux toute la journée
pour les surveiller.
- Si vous nous autorisiez
à user de châtiments plus… rudes, les choses rentreraient davantage dans
l’ordre. Fit remarquer la directrice de l’école.
Mes parents s’échangèrent un regard durant
lequel mes frère et sœurs et moi arrêtâmes de respirer. Puis, Michael
répondit :
- Nous allons poursuivre
avec notre méthode actuelle pour le moment. Nous en reparlerons si nos enfants
ne s’assagissent pas.
- Comme vous voudrez,
monsieur Webber, poursuivit poliment la Mère Supérieure, visiblement
contrariée.
- En attendant, veuillez agréer
ce chèque en compensation des désagréments causés par nos enfants.
Je ne vis pas le montant mais je me doutai
qu’il était conséquent lorsque Louise écarquilla les yeux.
En recevant le bout de papier signé, la
directrice afficha un grand sourire et rétorqua qu’elle comptait sur mes
parents pour faire régner la discipline au sein de la famille.
- Bien entendu, répondit
Scarlett. Nous partons, les enfants. Dîtes au revoir à la Mère Supérieure et
promettez-lui d’être sages à l’avenir. De toute façon, vous n’aurez pas d’autre
choix.
Nous promîmes tous un par un, histoire
d’essayer d’instaurer un soupçon de clémence dans le cœur de nos parents.
Personne
ne moufta dans la voiture et ce, même après que nous nous soyons aperçus que
nous ne prenions pas le chemin de la maison. Papa finit par se garer devant une
quincaillerie et nous ordonna de sortir du véhicule.
Nous suivîmes nos parents à l’intérieur du
magasin, intrigués. Ils allaient faire des courses ? Là ?
Maintenant ?
Je ne compris leur stratagème que lorsque nous arrivâmes
au rayon « outils domestiques ». Scarlett prit alors dans ses
mains une petite planche en bois. Elle avait la forme d’une raquette de
ping-pong mais était plus imposante et beaucoup plus épaisse !
- Ceci s’appelle un
paddle, nous dit ma mère. C’est avec ça que vos grands-parents nous punissaient
mes sœurs et moi lorsque nous nous disputions étant ados. Vos tantes et moi savions
que si nous étions méchantes les unes envers les autres, nous recevions une
fessée au paddle ; et croyez-moi, ça dissuade !
- Nous allons faire
exactement la même chose avec vous, poursuivit mon père. Aujourd’hui vous avez
tous les cinq, à un moment ou un autre de la journée, été méchants les uns
envers les autres. Donc en rentrant à la maison, vous prendrez tous une fessée
au paddle ; et nous le laisserons en évidence à la maison pour que vous
pensiez à vous respecter mutuellement !
- Mais…
- Chut ! gronda
papa, coupant la parole à Ana. Je ne veux pas vous entendre ! Des frères
et sœurs ne s’insultent ni ne se bagarrent entre eux ! Ce comportement est
inadmissible ! Et vous nous avez fait convoquer à l’école, en plus !
Vous vous attendiez à quoi, exactement ? A ce qu’on tourne la page ?
A ce qu’on vous donne une petite tape sur la main en vous disant que ce n’était
pas bien, c’est ça ?! Il était évident que nous allions marquer le coup de
la façon la plus durable possible ! Vous allez très vite être calmés, les
enfants ! Je peux vous le dire !
- Rentrons, continua
Scarlett avec la petite planche en mains. Ce paddle est neuf et il a déjà du
travail !
Par sécurité – ou sadisme ! –, mon père
acheta un autre paddle, au cas où il arriverait malheur au premier. Ce n’était
pas bête de sa part : avant même d’arriver à la caisse, je projetais déjà
de balancer cette fichue planche en bois de malheur dans le poêle à granulés !
Dans
la voiture, nous pleurions tous les cinq silencieusement. Commençant à bien
connaître mes parents, j’étais persuadée que nous voir dans cet état leur
faisait énormément de peine ; mais ils devaient mettre leurs menaces à
exécution et j’en étais bien consciente.
Pour avoir déjà reçu le paddle chez Tom et
Dana, je savais ô combien cet instrument était redoutable ; et encore, Tom
et Dana n’étaient pas aussi sévères que Michael et Scarlett !
Michael
gara la voiture dans le garage, tira le frein à main, éteignit le moteur et
nous ordonna :
- Descendez de la voiture
et rentrez à la maison.
Nous nous exécutâmes en continuant de pleurer
silencieusement. Ni Louise, ni Ana, ni Mayeul, ni Manoé, ni moi ne parvenions à
cesser de pleurer. Si les larmes de Manoé étaient amplement méritées, les nôtres
me semblaient profondément injustes.
- Allez vous asseoir sur le
canapé, dit Scarlett d’un ton ferme après que nous ayons accompli le rituel
habituel lorsque l’on rentre à la maison.
Enlever les chaussures, enfiler les chaussons,
enlever les manteaux et les accrocher au porte-manteau, aller se laver les
mains… Et tout ça dans l’ordre. Ainsi était le rituel obligatoire à chaque fois
que nous passions la porte d’entrée.
Assis
tous les cinq, collés les uns contre les autres, nos parents debouts face à nous,
papa ayant le paddle à la main, nous n’étions vraiment pas fiers du tout. Maman
nous gronda alors :
- Chacun d’entre vous a quelque
chose à se reprocher ! Manoé n’avait pas à nous insulter, certes, mais vous
n’avez pas à faire justice vous-mêmes ! Il est hors de question que
quelque chose de similaire se reproduise, est-ce que c’est bien compris ?
- Oui maman,
répondîmes-nous presque en chœur.
Scarlett s’assit alors dans un des deux
fauteuils, puis Michael ordonna :
- Manoé, lève-toi. Baisse
ta culotte et penche-toi sur l’accoudoir du canapé.
Ma sœur ne bougea pas ; je ne savais pas
si c’était par crainte ou par défi.
- Si je dois le faire
moi-même, tu prendras six coups supplémentaires, menaça papa.
Manoé ne bougea toujours pas. Papa la sortit
alors lui-même du canapé. Tandis qu’elle hurlait, il la déculotta et la pencha
sur l’accoudoir du canapé, face à nous. Il retroussa sa jupe. Pour le coup, Manoé
nous lançait des regards transpirant la détresse mais nous n’étions pas
attendris pour un sou. C’était à cause d’elle que nous étions dans cette situation !
- Tu étais censée prendre
vingt coups, tu en prendras vingt-six, trancha papa. Tant pis pour toi. La
prochaine fois, tu obéiras.
Michael asséna le premier coup et Manoé hurla à
travers toute la maison. Elle tenta immédiatement de se débattre mais papa l’immobilisa
en bloquant ses mains dans le creux de ses reins et en exerçant assez de
pression pour que ma petite sœur ne puisse pas se relever. Il prit alors de l’élan
et asséna le deuxième coup. Manoé hurla de nouveau, pleurant bruyamment et
priant mon père d’arrêter. Scarlett, elle, était stoïque dans son fauteuil.
Les vingt-quatre autres coups tombèrent sur les
fesses de Manoé avec une pénibilité inégalée. Nous la voyions hurler, pleurer,
supplier sans rien pouvoir y faire ; et lorsque papa l’envoya au coin et
que nous vîmes les deux énormes bleus apparents sur ses fesses, nos larmes doublèrent.
- Anaïs, c’est à ton tour !
annonça papa. Baisse ta culotte et penche-toi sur l’accoudoir.
Ne voulant pas augmenter le nombre de coups, Anaïs
rassembla tout son courage pour obéir à Michael, même si elle pleurait abondamment
et tremblait de tout son corps.
Anaïs,
loin d’être chochotte, hurla elle aussi. A chaque coup. C’était insoutenable
pour elle, tellement insoutenable ! Et c’était extrêmement dur pour nous
de la voir dans cet état. Entre l’appréhension d’y passer et notre solidarité
pour notre sœur, rien n’était facile à gérer.
- Mayeul, à toi ! dit
papa tel un robot, lorsqu’Anaïs fut également envoyée au coin.
Anaïs, blanche de peau, arborait un fessier
bleui encore plus spectaculaire que celui de Manoé. Je n’osai regarder Louise
par peur qu’elle accentue ma terreur de façon exponentielle.
Mayeul
hurla, lui aussi, de sa voix tout juste muée, qui casse encore parfois. Il
hurla de douleur à chaque coup et ses larmes étaient de vraies larmes de
douleur.
Puis,
papa m’appela. Je vis ma mère se crisper. J’obéis à Michael en me levant, baissant
ma culotte et me penchant sur l’accoudoir du canapé, pleurant toutes les larmes
de mon corps.
Je reçus le premier coup : il me fit
horriblement mal. Je lâchai un gémissement de douleur.
Le deuxième coup tomba sur l’autre fesse, mon
gémissement se fit plus bruyant.
Troisième coup sur ma fesse gauche, mon
gémissement se transforma en petit cri. Un « Pitié, papa ! »
sortit de ma bouche sans que je ne le contrôle.
Quatrième coup, je criai pour de bon. « Pitié,
je t’en supplie, je ne le ferai plus ! » pleurai-je. « Y’a
intérêt ! » me répondit mon père avant d’asséner un cinquième coup,
insoutenable.
Cette fois-ci, Scarlett se leva du fauteuil et
partit se réfugier dans une autre pièce.
Sixième coup, j’hurlai de nouveau.
Septième coup, je m’agrippai au canapé comme si,
prête à m’envoler, il était le seul meuble capable de me maintenir à terre. Mes
ongles s’enfoncèrent dans le tissu tandis que je pleurais bruyamment.
Huitième coup, j’avais l’impression que mon
père tapait extrêmement fort avec cet objet !
Neuvième coup. C’était vraiment inhumain. Une
véritable torture.
Dixième coup. Mes pleurs sortaient du fin fond
de mes tripes.
Onzième coup, je ne me souvenais pas avoir déjà
autant pleuré.
Douzième coup, j’avais déjà l’impression de saigner. J’étais en train de me faire battre à sang !
Treizième coup. C’était pire que tout ce que j’avais
déjà reçu ; même pire qu’une fessée debout !
Quatorzième coup, ma gorge s’irritait à force d’hurler.
Quinzième coup, je me débattais tant que mon
père devait me maintenir très durement.
Seizième coup, je pliai à nouveau mes jambes,
inutilement.
Dix-septième coup, ma voix se brisait sous l’expression
intense de ma douleur.
Dix-huitième coup, c’était la pire punition du
monde.
Dix-neuvième coup : je ne me bagarrerai
plus jamais.
Vingtième coup. La délivrance.
Je pus être envoyée au coin pour entendre
Louise hurler à son tour, à s’en arracher les poumons.
Vingt
minutes plus tard, Louise, Anaïs et moi étions dans ma chambre, devant mon
miroir, en train de comparer nos bleus.
- Tout ça à cause de
Manoé ! pesta Louise qui peinait à encaisser ce qui s’était passé.
- Elle va le payer, enchaîna
Anaïs.
- Bien sûr qu’elle va le
payer ! renchéris-je. Je vous le dis officiellement les filles : c’est
la guerre. Et celle-ci sera rude.
A suivre…
Mauvaise semaine pour la famille Webber dans cette nouvelle école !!!
RépondreSupprimerLa guerre est vraiment déclarée contre cette PESTE de Manoé !!! Et ça, malgré l'apparition du paddle !!! Les quatre avaient des circonstances atténuantes, ils ont agi par loyauté envers leurs parents ... belle récompense ! La seule qui fait preuve de méchanceté c'est Manoé ... ce n'est pas juste que les autres paient à cause d'elle !!!
Bon Marie est rassurée ? Scarlett n'a pas pris de fessée après sa dispute de la nuit avec Michael 😊
Scarlett assiste stoïque à la correction de Manoé, Anaïs et Mayeul mais ne supporte pas celle de Louise et Marie ??? ( petite différence de traitement ? )
Le premier week-end en famille serait-il chaud ?
Vivement la suite !
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