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Nouvelle rentrée, nouvelle vie ! - Chapitre 41 (5ème partie)

 


       Monsieur Éric ne fit aucune pause jusqu’à Toulouse : pour ne pas l’embêter, j’avais tenté de faire abstraction de ma vessie qui réclamait vivement une vidange. Cette dernière fut enfin satisfaite lorsque nous arrivâmes à l’hôtel.

Après avoir fait le tour de ma chambre, se trouvant dans la même suite que celle du Directeur, je sifflai avant de dire :

-    Eh ben dîtes donc, ça gagne bien directeur de pensionnat !

-    Arrête tes bêtises, je sais très bien que ta famille est fortunée et que ce n’est pas la première fois que tu visites ce genre d’endroit.

-    Comment le savez-vous ?

-    Parce que tu es une élève de mon établissement dont la scolarité revient mine de rien à un sacré budget. Et puis, c’est ton frère qui nous offre cette suite.

-    Côme a réservé cette suite ?! m’étonnai-je.

-    Il a insisté.

Je me jetai alors sur mon énorme lit confortable à souhait et lançai à Monsieur Éric :

-    Je vous ai déjà dit que j’aimais beaucoup mon frère ?

 

Dimanche 3 novembre 2019


       J’avais dormi comme un bébé. Monsieur Éric m’avait d’ailleurs laissée dormir, pensant à raison que j’avais vraiment besoin de sommeil.

 

       Après le petit déjeuner gargantuesque de l’hôtel, je m’entêtai à traîner Monsieur Éric à la messe. J’avais besoin de me ressourcer.

Durant l’office, je découvris alors mon directeur comme je ne l’avais jamais vu : il était en réalité un grand croyant ! En sortant de l’église, Monsieur Éric se tourna vers moi, posa sa main sur mon épaule et me dit :

-    Merci, Clémence. Je n’étais plus retourné à l’église depuis mon divorce ; tu m’as redonné goût à la foi. Merci beaucoup !

-    Euh… Avec plaisir ! répondis-je en sentant mes pommettes rougir.

Changeant de sujet, mon compagnon du week-end déclara :

-    J’ai demandé à Matthieu de nous rejoindre sur la place du marché. Allons à sa rencontre.

Le stress monta immédiatement en moi ; et plus nous approchions de l’endroit fatidique, pire c’était.

Cependant, tout s’évanouit lorsque je le vis. Il s’avança vers moi, tout sourire, son regard bleu plongé dans le mien. Il portait un long manteau noir qui semblait avoir été fabriqué sur mesure tellement il lui allait bien. Ses cheveux avaient poussé et étaient délicatement caressés par le vent léger, ce qui lui donnait un air de tombeur. Il était vraiment irrésistible.

-    Bonjour Clémence, dit-il lorsqu’il arriva à ma hauteur.

Il posa délicatement sa main sur ma joue et m’embrassa amoureusement, ce qui fit naître des papillons dans mon ventre. Monsieur Éric détourna soigneusement le regard.

Lorsqu’il mit fin à ce baiser aussi fougueux que merveilleux, Matthieu me serra contre lui, murmurant à mon oreille :

-    Je suis désolé. Je suis vraiment, vraiment désolé. Pourras-tu me pardonner ?

-    C’est déjà fait, lui répondis-je en me décollant de son magnifique torse pour le regarder dans les yeux.

-    Bon, je vous laisse pour le reste de la journée, déclara Monsieur Éric. On se dit 16h30 au salon de thé de la place ?

-    On y sera, répondit Matthieu en me prenant par la main.

Le Directeur partit de son côté, Matthieu et moi partîmes du nôtre.

 

-    Tu passes toute la journée avec moi ? demandai-je alors que nous marchions.

-    Oui, répondit-il.

-    Mais… Et ton travail ?

-    Je ne suis pas indispensable, je serai de retour dès ce soir.

-    Mais tu ne vas pas t’attirer des problèmes ? m’inquiétai-je.

-    Ne t’en fais pas, Clémence. Je gère.

Nous entrâmes dans un restaurant italien. En bon gentleman, Matthieu me laissa passer avant lui, me tenant la porte.

       Nous nous assîmes à une table dans un coin discret et, posant son coude sur la table, mon amoureux se pencha vers moi, plongeant son regard bleu dans le mien.

-    Bon, parle-moi de toi.

-    Eh bien, tu es parti il y a trois jours seulement et j’ai l’impression que ça fait une éternité ! me plaignis-je. Et depuis, plus rien ne va.

-    C’est-à-dire ?

-    A ta place, il y a un tyran.

Matthieu éclata de rire.

-    Un tyran ? reprit-il.

-    Ce n’est pas drôle ! actai-je, contrariée. Il est sans arrêt sur mon dos ! En plus, tu lui as conseillé de lire mon dossier : résultat, il connaît toutes mes bêtises. A cause de toi, je n’ai plus aucune carte en mains !

-    Ah.

-    Quoi « ah » ?! m’emportai-je.

-    John t’a flanqué une déculottée.

-    Qu’est-ce qui te fait dire ça ?!

-    Disons que je commence à te connaître.

Je baissai la tête.

-    Qu’est-ce que tu lui as fait pour mériter ça ? me demanda le S.G.

-    Rien de spécial.

-    Clémence…

-    Une vieille histoire de marqueurs.

Matthieu éclata une nouvelle fois de rire avant de passer sa main irrésistible dans ses cheveux brillants et soyeux. Il n’y a pas à dire, j’étais complètement folle de cet homme !

Avant qu’il ne puisse commenter mes récents exploits, je lui demandai :

-    Et toi, dans ton Pensionnat, comment ça se passe ?

-    J’ai aussi une Clémence.

Je vis immédiatement rouge et mon homme le vit. Il se reprit immédiatement :

-    Je n’aime que toi, rassure-toi ! Ce que je voulais dire, c’était qu’il y a une jeune Romane qui était très attachée à John et qui me fait donc la misère, à l’instar de ce que tu fais à ton nouveau Surveillant Général.

-    Tu n’es pas trop sévère avec elle, j’espère ?! m’indignai-je.

-    Elle reçoit ce qu’elle mérite, de façon juste et intransigeante.

Je frémis en sachant ô combien Matthieu pouvait l’être.

 

       Nous passâmes une après-midi idyllique. Après le restaurant, Matthieu m’emmena faire un tour de bateau sur la Garonne avant de retrouver le Directeur au salon de thé.

       

-    Alors les amoureux ? Belle aprem ?

-    Oh oui ! répondis-je amoureusement, des étoiles persistant dans mes yeux. Merci de m’avoir amenée ici, Monsieur !

-    Je t’en prie. Commandons une boisson chaude avant de partir.

J’optai pour un chocolat chaud : une valeur sûre !

-    Qu’est-ce que tu as fait cette aprem, toi ? demanda Matthieu à son ancien chef.

-    Je suis allé voir un de mes fils qui a un logement étudiant ici. Il m’a d’ailleurs présenté sa nouvelle copine !

-    Waouh, ça a dû te faire drôle ! lança Matthieu.

-    Chut, j’essaie de camoufler mon coup de vieux, sourit Monsieur Éric. Au fait, Clémence t’a raconté ses exploits ?

-    Oui, les marqueurs !

-    Oh non, c’est de l’histoire ancienne, ça ! ria le Directeur. Il y a eu d’autres frasques depuis !

Mon amoureux me lança un regard accusateur.

-    Raconte ! m’ordonna-t-il.

Après avoir entendu mon récit, il me sermonna :

-    Ça ne te ressemble pas, Clem. Toi qui es toujours prête à défendre la veuve et l’orphelin, tu fais punir les autres à ta place, maintenant !

-    Ne t’inquiète pas, elles n’ont pas été punies, le rassura Monsieur Éric. John voulait simplement que Clémence le croit.

Cette annonce me fila un coup de poing dans l’estomac. Ils s’étaient joués de moi ?!

-    Comment savait-il que c’était moi ?!

-    Il n’en était pas persuadé, répondit Monsieur Éric. Il en a même fortement douté ! Mais puisque je t’ai entendue te relever cette nuit-là, disons que je lui ai fait part de mes soupçons.

-    Vous m’avez trahie ! m’exclamai-je sans contrôle.

-    Tu es bien trop maligne pour avoir cru un seul instant ne pas laisser de traces, Clémence ! Tu es très surveillée dans le Pensionnat, tu sais ? Comme toutes tes camarades, d’ailleurs !

-    Elles auraient quand même mérité d’en prendre une, grommelai-je. Ce sont toujours les mêmes qui sont punies !

-    On se demande bien pourquoi ! ironisa Matthieu.

-    Je défends juste mon territoire, plaidai-je.

-    Tais-toi, ma main me démange ! dit mon aimé avant d’avaler une gorgée de café.

-    C’est étrange, la mienne aussi ! poursuivit le Directeur en étirant ses doigts.

-    J’ai donc de la chance que l’on soit en public ! jubilai-je. De toute façon, j’ai dit que je ferais la guerre à Monsieur John et ce n’était pas du vent !

-    Ô Ciel, pourquoi faut-il que je sois si loin ? s’alarma Matthieu. J’aurais tout donné pour voir ça !

-    J’te raconterai, acta Monsieur Éric. Ça commencera dès ce soir, en plus ! Clémence va devoir assumer son seau piégé !

-    Oh, oh ! dit Matthieu en se frottant les mains. Je sens que ça va être musclé !

-    Tu te réjouis de mon malheur ? l’interrogeai-je, outrée.

-    Je me réjouis que tu sois bien cadrée, répondit-il. C’est ce que j’aurai à faire en moins lorsque tu auras obtenu ton diplôme.

-    Tu comptes me donner la fessée lorsque nous serons en couple pour de bon ?! questionnai-je.

-    Pas si tu as grandement mûri d’ici là, m’informa-t-il. Néanmoins, compte tenu de ta personnalité, je pense que tu auras besoin d’une piqûre de rappel de temps en temps.

-    Même quand nous serons mariés ?

-    Même quand nous serons mariés.

-    Même quand nous aurons des enfants ?

-    Oui.

-    Mais… Ce n’est pas la vie que j’envisage…

-    Nous en parlerons plus tard, trancha Matthieu, me laissant avec mes questionnements.

 

17h30, Monsieur Éric annonça que nous devions partir ; nous aurions déjà dû être sur la route du retour.

-    Essaie d’être sage, me dit Matthieu en posant ses bras sur mes épaules.

-    Essaie d’être gentil, lui dis-je en retour.

-    Je suis gentil ! s’offusqua-t-il.

-    Alors je suis sage, rétorquai-je, amusée.

Il m’embrassa affectueusement et je sentis immédiatement tout l’amour qu’il avait pour moi. Puis, me regardant à nouveau dans les yeux, il murmura :

-    Que vais-je faire de toi ?

Je collai immédiatement ma tête contre son torse et les larmes me montèrent aux yeux.

-    Dans dix jours, c’est le 11 novembre. Durant les jours fériés, les familles peuvent rendre visite aux pensionnaires. Je viendrai te voir.

J’essuyai la larme qui coulait sur ma joue, ravie de cette information. Matthieu reprit néanmoins :

-    Si, lorsque j’arrive, j’apprends que tu es en cellule ou consignée dans ta chambre, ou quoique ce soit d’autre parce que tu n’as pas été sage, je m’occuperai moi-même de tes magnifiques petites fesses !

Il tapota deux ou trois fois mon derrière et j’accusai l’avertissement avec une déglutition bruyante.

-    Nous devons vraiment y aller, insista le Directeur.

Les deux hommes se firent une accolade avant de se séparer ; et mon amoureux et moi échangeâmes un dernier baiser.

En montant dans la voiture, j’avais le cœur plus léger.

 

       Sur le trajet retour, je posai des questions à Monsieur Éric :

-    Comment se fait-il qu’il ait pu s’éclipser de son travail ? Monsieur Lionel, Monsieur John et vous êtes H24 à l’école, chez nous !

-    Non, nous ne sommes pas toujours là, Clémence. Seulement, nous ne vous informons pas de nos sorties. Par exemple, je suis absent depuis hier soir et je suis persuadé que la moitié des pensionnaires ne l’a pas remarqué !

-    Moi, je l’aurais tout de suite vu ! En plus, Matthieu est nouveau chez lui donc tout le monde doit le réclamer !

-    Le Directeur est un vieil ami de son père, ce qui donne à Matthieu quelques avantages.

-    Ah, je comprends mieux ! dis-je, soulagée.

 

Quelque chose d’autre me taraudait et j’avais beaucoup de mal à me lancer pour en parler au Directeur. Comment réagirait-il ? Comment le prendrait-il ?

Après le passage au péage de Montluçon, je me lançai :

-    Monsieur, j’ai quelque chose à vous demander.

-    Oui, Clémence ?

-    Je… J’aimerais que Mathilde et moi, si possible, retournions dans notre dortoir. Ce n’est pas que nous ne sommes pas bien chez vous, hein ! C’est juste qu’on aimerait de nouveau être traitées comme les autres pensionnaires.

-    Oui, je comprends.

-    Ne le prenez surtout pas mal, c’est que…

-    Je comprends Clémence, me coupa le conducteur de la voiture. Et je ne me formalise pas. Tout va bien. Mathilde et toi pourrez réintégrer le dortoir n°2 dès demain.

-    Avec l’arrivée d’Emilie et Astrid, je croyais pourtant qu’il n’y avait plus de place…

-    Il y a toujours une chambre supplémentaire dans chaque dortoir, au cas où. Vous serez placées pile en face de Madame Valérie, en plus. C’est parfait !

-    Ah.

Je vis que Monsieur Éric réprimait un sourire. Il dit à la suite :

-    Ta demande est légitime. Si le besoin de retourner auprès de tes camarades se faisait tant sentir, tu aurais dû m’en parler avant.

-    Je ne voulais pas vous blesser.

-    Je suis très content de retrouver mon indépendance ! ria-t-il.

 

Nous arrivâmes au Pensionnat vers 20h30, le Directeur ayant roulé un peu vite. Notre repas était prêt. Monsieur Éric et moi mangeâmes en catimini dans les cuisines du Pensionnat.

Lorsque j’eus avalé mon dessert, je demandai au Directeur :

-    Puis-je sortir de table et rejoindre Mathilde ?

-    Tu peux sortir de table et rejoindre le bureau de Monsieur John. Il t’attend.

-    Mais Monsieur…

-    Clémence. Vas-y maintenant. Si tu n’y vas pas, ce sera lui qui viendra à toi et tu aggraveras ton cas.

 

C’est ainsi que cinq minutes plus tard, je frappai à la porte du bureau du Surveillant Général.

-    Entrez !

Je serrai la poignée dans ma main moite et ouvris ladite porte.

-    Clémence ! dit-il. Ferme la porte derrière toi, s’il te plaît.

J’obéis consciencieusement, tremblant de tout mon être.

-    Tout d’abord, est-ce que Matthieu va bien ?

-    Oui Monsieur.

-    Bien, j’en suis heureux. Es-tu enfin décidée à m’avouer tes méfaits ?

Les larmes me montèrent aux yeux pour la deuxième fois de la journée. La voix tremblotante, je confessai :

-    C’était moi, le seau de farine. J’étais tellement en colère que vous ayez gagné pour les marqueurs que je voulais me venger. Je me suis dit que vu que je venais d’être punie, je disposais d’un alibi imparable.

-    Effectivement, c’était bien joué et bien pensé ; mais faire punir les autres à ta place l’était beaucoup moins !

-    Je sais que vous ne l’avez pas fait.

-    Non, ce n’est effectivement pas ma méthode. J’ai cependant joué sur le fait que tu n’en savais rien. Et malgré ça, tu n’as toujours pas craché le morceau. Sans l’intervention du Directeur, tu garderais encore bouche close en cellule à cette heure-ci.

Je n’osais pas regarder Monsieur John. La honte, l’appréhension et la peur se bousculaient en moi, tâchant de décider laquelle prendrait le plus de place.

-    Je suis désolée, Monsieur.

-    Moi aussi, Clémence. Nous partons du mauvais pied, toi et moi. Du très mauvais pied ! Je ne vais pas avoir d’autre choix que de t’avoir spécifiquement à l’œil et me méfier de chacun de tes mots.

-    Je suis quelqu’un d’honnête ! protestai-je, ma fierté se réveillant.

-    Ah oui ? Ta plaidoirie d’hier, lorsque tu m’as supplié en pleurant de ne pas te punir, était honnête, elle aussi ?

Je ne pus répondre quoique ce soit. Il avait raison.

-    Approche.

-    Vous allez me donner la fessée ?

-    Oui. Et tu sais que c’est justifié.

-    Je ne veux pas…

-   Je sais ô combien il est facile de transgresser le règlement mais beaucoup moins d’assumer les conséquences ! Cependant, il va falloir puisque je ne te laisse pas le choix. Approche donc.

Mes pieds reculèrent tout seuls vers la porte, sans que je ne les contrôle. Monsieur John me fonça alors dessus, m’attrapa et me pencha sous son bras. Je tremblais tellement de peur qu’on aurait dit que j’étais sur vibreur !

A leur tour, mes yeux n’en firent qu’à leur tête, les larmes coulant seules sans mon autorisation et ce, dès que Monsieur John eut relevé ma jupe et baissé ma culotte.

 

       Je reçus une fessée exponentiellement douloureuse. Tellement douloureuse qu’elle me fit crier de douleur. Je suis d’ailleurs persuadée que tout le couloir m’entendit, de Monsieur Éric à Monsieur Lionel, en passant par la dame de ménage et Mathilde.

Je ne me souvenais pas avoir tant gigoté, crié, transpiré pendant une fessée. Ce n’était pourtant qu’une déculottée mais Monsieur John avait le pouvoir de faire que chaque punition de son cru soit un supplice innommable !

       Lorsqu’enfin il me lâcha au bout d’une éternité, je m’effondrai au sol, le visage rempli de liquides corporels et le derrière incandescent.

-    Relève-toi et penche-toi sur mon bureau, m’ordonna le S.G.

Alors que j’étais dans un état lamentable, lui avait à peine deux ou trois gouttes de sueur qui perlaient sur son front.

-    Monsieur, je vous en supplie… Pitié !

-    Celle que tu viens de prendre, c’était pour le seau de farine. Maintenant, tu vas recevoir celle que tu mérites pour avoir fait une peur bleue à tes camarades et t’être entêtée dans le mensonge !

Je restai à terre, suppliant Monsieur John de me laisser tranquille. Je lui promis de ne plus recommencer, plus jamais. Cependant, mon bourreau ne céda pas : puisque je refusais d’obéir, il s’éclipsa quelques minutes et réapparut, portant une espèce de banc de massage sur laquelle il me ficela après l’avoir manipulé à sa convenance. Un véritable banc à fessées qui m’empêchait tout bonnement de bouger.

A genoux sur ce banc, les fesses surélevées, je savais que cette nouvelle sanction me ferait le même effet qu’une fessée debout. Puisque je venais d’en recevoir une, mon appréhension était à son paroxysme.

Je gémis avant qu’il me touche. En fait, je gémis même dès que je vis l’énorme règle en bois qu’il sortit de son placard. Mes supplications recommencèrent et mes larmes confirmèrent leur présence déjà bien abondante.

-    Tu vas recevoir trente coups pour avoir laissé les autres payer pour tes crimes, et vingt autres coups pour t’être entêtée dans le mensonge ! m’annonça le S.G. J’espère vraiment qu’avec ça, Clémence, tu seras calmée un bon moment !

 

Ces cinquante coups furent insupportables. Entravée, je ne pouvais pas les parer. Je criais et pleurais tellement que j’en avais mal au crâne ! Cette séance punitive dans le bureau de Monsieur John était pire que la cellule, pire que la salle grise, pire que tout ! Pourquoi, ô pourquoi devais-je subir ce supplice ?! Pourquoi n’avais-je pas pu redoubler dans mon ancien lycée, quitte à me faire virer en cours d’année à cause de mon comportement ?! Même la volée de mon frère pour une exclusion définitive du lycée n’aurait pas été si insupportable que ce que m’infligeait Monsieur John en ce moment.

 

-    Va te doucher et te coucher, m’ordonna-t-il après m’avoir détachée. L’infirmière passera te voir avant que tu ne dormes. Si tu t’avises de refaire des tiennes, gare à toi !

Je décampai en moins de temps qu’il n’en fallait pour le dire.

 

       Les soins de l’infirmière me soulagèrent grandement même s’ils me brûlèrent et picotèrent. Je gémissais de douleur sous le regard impuissant de Mathilde. J’allais passer la nuit avec deux pansements collés aux fesses ; et impossible de dormir autrement que sur le ventre ou sur le côté !

       Lorsqu’il vint nous souhaiter bonne nuit, Monsieur Éric ne voulut pas écouter ma plainte. Ce Monsieur John était un malade mental ; le Directeur devait le savoir !!

-    Tu t’es frottée à lui, tu as perdu. C’est tout ce qu’il y a à dire. Je te conseille fortement de stopper cette guerre vouée à l’échec, Clémence. Si les punitions de John ne suffisent pas, les miennes s’y ajouteront. Tu entreras et resteras sur le droit chemin, même si l’infirmière doit venir te soigner chaque soir !

Je m’endormis sur un oreiller trempé par mes larmes, Mathilde allongée à côté de moi dans mon lit et me serrant dans ses bras.


A suivre...

Commentaires


  1. Joli moment de retrouvailles entre Clémence et Mathieu 😊
    Ces quelques heures idylliques ont redonné le moral à Clémence !
    Et bien ! Mathieu annonce déjà la couleur pour leur future vie de couple 😏
    Le retour au pensionnat est beaucoup moins idyllique ... Mr John est vraiment très dur en matière de punition. Clémence a pris cher !!! sera-t-elle calmée pour autant ?
    Heureusement Mathilde est là pour la consoler😊
    Et l'infirmière pour la soulager ...

    En tout cas je suis surprise de sa demande de retour au dortoir ??? Dommage !
    Mr Éric va s'ennuyer ,🤔 Clémence et Mathilde vont lui manquer 😒 même s'il ne veut pas l'avouer ...

    J'espère que ses ennemies ne vont pas lui retomber dessus ?! Et que Mme Valérie ne va pas lui faire trop de misères ???

    Hâte de découvrir comment ça va se passer ???


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