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Nouvelle rentrée, nouvelle vie ! - Chapitre 42

 


Lundi 4 novembre 2019.

 

-    Vous êtes bien sûres de vous, les filles ? nous demanda Monsieur Éric avant que nous quittions définitivement ses appartements.

-    Absolument sûres ! lui répondîmes-nous.

-    Dans ce cas, vous devez bien avoir en tête que nous ne nous verrons plus aussi souvent ! nous dit le Directeur. Vous serez désormais sous la responsabilité de Madame Valérie et c’est à elle que vous aurez à faire si vous vous comportez mal. Aussi, si vous avez le malheur d’atterrir dans mon bureau, je ne donnerai pas cher de votre peau !

Cette menace bien réelle me fit froid dans le dos. Je n’avais pas pensé au fait qu’avec notre déménagement, Monsieur Éric redeviendrait un directeur lambda, comme lors de mon arrivée ici ; mais cela ne me fit pas regretter ma décision pour autant.

-    En résumé, tenez-vous correctement et tâchez de ne pas vous attirer d’ennuis ! dit le Directeur. Ce fut un plaisir de vous avoir avec moi, les filles.

Monsieur Éric nous serra tour à tour contre lui. Etonnées, nous le laissâmes faire. Je me surpris même à lui rendre son câlin !

Puis, nous quittâmes les appartements du Directeur pour ne plus y revenir, et nous rendîmes au réfectoire pour le petit déjeuner.

 

       Après le premier repas de la journée et avant le début des cours, Eva et Charline furent missionnées par Madame Valérie pour nous installer dans notre chambre – la numéro six – et nous expliquer le fonctionnement du dortoir numéro deux, qui n’avait pas beaucoup changé depuis que nous l’avions quitté.

 

       Nos affaires avaient déjà été installées dans notre chambre par l’équipe logistique : nous n’avions plus qu’à les déballer et les arranger à notre sauce.

       J’étais en train d’accrocher au-dessus de mon lit les photos de ma famille quand Madame Valérie entra dans notre chambre sans frapper.

-    Vous deux ! Venez ici ! J’ai quelques petites choses à vous dire !

Prenant sur nous pour ne pas l’envoyer paître, Mathilde et moi arrêtâmes ce que nous étions en train de faire pour nous placer devant notre Surveillante Référente, et l’écouter.

-    Ce n’est pas parce que vous arrivez de chez Monsieur le Directeur qu’il faut vous croire tout permis ! Vous serez logées à la même enseigne que les autres ; et je peux vous assurer que je ne vais pas vous lâcher d’une semelle !

-    Donc on ne sera pas à la même enseigne que les autres, du coup ! intervins-je.

-    Qu’est-ce que vous dîtes, Clémence ?!

-    Je dis, en toute logique, que si vous ne nous lâchez pas d’une semelle, on ne sera pas à égalité avec les autres, répondis-je.

-    L’infirmière vous dispense pour aujourd’hui – et uniquement pour aujourd’hui ! – de recevoir une bonne fessée mais si vous continuez à faire la maligne, vous aurez de nouveau du mal à vous asseoir et ce, dès demain !

-    Qu’ai-je dit de mal ? demandai-je dans l’incompréhension.

-    Vous faîtes votre intéressante, Clémence ! Et je vous défends de me répondre !

Madame Valérie sortit de la pièce avant même que je puisse répliquer. Avant que nous retournions à nos occupations, Mathilde me chuchota : « Et un point pour toi ! ».

 

       En philosophie, Monsieur Yves était plutôt fatigué et donc irritable. Chaque bruit était repris, chaque bavardage était puni. Fort heureusement, j’étais dans le lot des élèves sages et studieuses : il m’était impossible de faire des miennes, bien que ma dispense ait pu me pousser à faire des bêtises !

 

       Ma journée se passa plutôt bien, surtout grâce aux deux heures de littérature avec Monsieur Mickaël et sa bonne humeur ! Ce professeur est vraiment mon préféré !

 

       Ce fut le soir que l’ambiance se gâta.

Nous étions rendues dans nos dortoirs après le dîner et Mathilde vint me voir dans notre chambre alors que je sortais de la douche. Elle pleurait. Lui mettant une main sur l’épaule, je lui demandai :

-    Que se passe-t-il ?

-    Si je te le dis, je veux que ce soit à la responsable des élèves, et non pas à ma meilleure amie.

-    Oui, bien sûr ! lui répondis-je. Tu m’inquiètes ! Je t’écoute.

-    Il y a quelques minutes, alors que tu étais sous la douche, Madame Valérie a trouvé un petit mouton de poussière sous mon lit. Elle m’a dit que notre chambre n’était pas assez entretenue et que je devais copier cent fois pour demain « Je dois nettoyer ma chambre pour qu’elle reste propre. ». On vient tout juste d’arriver ! Ce n’est pas notre faute s’il y a de la poussière !

Ecoutant Mathilde, mon sang se mit à bouillir et je devins rouge de colère.

-    Attends-moi là, dis-je la mâchoire serrée.

Je sortis en trompe de la chambre. Avant de passer la porte du dortoir, Madame Christelle me stoppa :

-    Où allez-vous, Mademoiselle ?! Retournez dans votre chambre immédiatement !

-    Barre-toi et laisse-moi passer !! vociférai-je en la bousculant légèrement.

Je fonçai vers le bureau de Monsieur Éric, fâchée comme rarement je le fus.

-    Entrez ! dit-il après que j’aie toqué.

Ouvrant la porte, je découvris Monsieur Éric et Monsieur Lionel en train de discuter, penchés sur un dossier. Je m’emportai :

-    Messieurs !! Il va falloir qu’on parle !!

Ils haussèrent tous les deux les sourcils en croisant les bras sur leurs poitrines, mais j’ignorai ce fait, continuant :

-    Votre foutue Madame Valérie, là ! C’est une connasse !! Elle est injuste avec nous !! Elle a puni Mathilde pour une poussière en-dessous son lit alors que nous ne sommes arrivées que ce matin !! Si c’est pour qu’elle soit infecte, injuste et horrible avec nous, ce n’est pas la peine, d’accord ?! On n’est pas retournées dans notre ancien dortoir pour subir ça, en fait !! Donc vous allez vous bouger pour faire quelque chose et vous allez le faire maintenant !!

Un silence pesant s’installa à la fin de ma réplique. Monsieur Éric et Monsieur Lionel me fixaient d’un air outré. Comprenant que j’étais allée trop loin, je murmurai un petit : « Euh… S’il vous plaît. ». Monsieur Éric retint un sourire.

-    C’est bon ? demanda le Directeur. Tu as fini ?

J’hochai timidement la tête. Les deux hommes se regardèrent puis me regardèrent de nouveau. Le Directeur-Adjoint finit par m’interroger d’une voix calme mais ferme :

-    Pour qui est-ce que tu nous as pris, au juste ? Tes pions ? Tes larbins ? A qui penses-tu parler ?

-    Je… Eh bien…

-    Il est grand temps que tu prennes conscience que tu n’es qu’une élève parmi les autres, poursuivit Monsieur Éric. Tu n’as aucunement le droit ni de nous parler sur ce ton ni d’insulter notre personnel. De plus, penses-tu vraiment qu’en entrant en furie dans mon bureau et en nous hurlant dessus comme si nous étions tes subalternes, cela va plaider en faveur de ta cause ?

-    Malheureusement, poursuivit Monsieur Lionel, à cause de ton comportement, nous n’avons rien retenu de ta requête. En revanche, nous avons bien assimilé que tu nous avais aboyé dessus en nous donnant des ordres et que tu avais insulté une surveillante.

Je baissai la tête. Oui bon, j’y étais peut-être allée un peu fort. Mais j’étais tellement en colère contre elle ! Je répliquai d’ailleurs :

-    Désolée, mais Madame Valérie m’a vraiment énervée !

-    Ce n’est pas notre problème, ça, ma grande ! répliqua le Directeur. A ton âge, tu devrais savoir te canaliser ! Ta façon de dire les choses n’est pas du tout appropriée et est à revoir.

-    En ce qui concerne Madame Valérie, poursuivit le Directeur-Adjoint, nous avons tout de même compris ton message et nous allons nous en occuper.

Soudain, la porte du bureau du Directeur s’ouvrit, laissant entrer Madame Christelle.

-    Pardonnez-moi de vous déranger, Messieurs ! dit-elle, essoufflée. Mademoiselle Clémence ici présente s’est permise de me bousculer en me hurlant dessus pour que je la laisse sortir du dortoir en dehors des heures autorisées !

Les deux hommes froncèrent les sourcils. Un orage se profilait pour moi. Souhaitant m’éclipser, je dis discrètement :

-    Bon ben, puisque vous m’avez entendue, je vais retourner dans ma chambre…

-    Reste ici, Clémence ! m’ordonna fermement le Directeur-Adjoint. Puisque tu es là, nous allons tirer cette histoire au clair !

-    Je suis désolée, j’étais fâchée ! plaidai-je.

-    C’est à Madame Christelle que tu dois présenter tes excuses, m’informa le Directeur. Et la colère ne justifie pas tout ! Tu vois, tes émotions te jouent des tours, Clémence, car au lieu de venir réclamer calmement justice, tu vas écoper d’une punition pour avoir agressé une surveillante !

-    Mais je viens de dire que j’étais désolée ! réitérai-je. Madame Christelle, je suis vraiment désolée !

-    Tu vas nous écrire deux cents fois pour mercredi : « Je dois maîtriser ma colère et ne pas agresser ni insulter une surveillante. », m’annonça Monsieur Lionel. Je veux cent lignes sur mon bureau pour mercredi soir, dix-neuf heures, et cent lignes sur le bureau de Monsieur Éric pour le même jour et la même heure.

-    Mais c’est injuste ! protestai-je.

-    Tu trouves ? demanda Monsieur Éric. Je nous trouve au contraire plutôt gentils. Tu aurais pu recevoir une bonne fessée en prime !

-    J’en suis dispensée aujourd’hui, rétorquai-je à voix basse.

-    Cette dispense ne vaut pas pour la Direction, je pense que tu t’en doutes ! me dit le Directeur. Aller, file !

-    Et améliore tes manières ! ajouta le D.-A. avant que je ne quitte le bureau.

 

Lorsque je racontai mes malheurs à Mathilde, elle fut désolée pour moi.

Ayant une écriture similaire à la sienne, je l’aidai à faire ses lignes avant de me coucher et après le passage de l'infirmière.

 

A suivre…

La suite !

Commentaires

  1. Et bien le retour au dortoir commence bien mal et Clémence s'attire déjà des ennuis !
    Il faut dire que Madame Valérie leur tombe dessus sans attendre, elle fait tout pour que le retour des filles se passe mal !
    J'espère que Monsieur Éric va intervenir ...

    Clémence ne supporte pas l'injustice, elle réagit sans contrôle, ce rôle de représentante ne lui convient absolument pas !!!
    Ça promet pour la suite ....

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  2. Hello, au moins, Clémence échappe à la fessée. Pourtant, sa cause était juste, mais il va lui falloir apprendre à y mettre les formes. Je ne suis pas d'accord avec Sonia (désolé), le rôle de représentante lui va bien, mais elle a beaucoup de choses à apprendre pour être efficace dans ce rôle. Mais Clémence est intelligente, elle va vite s'y faire... Et alors, les surveillants n'auront qu'à bien se tenir plutôt que de céder eux-mêmes à la facilité de choisir des boucs émissaires.

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    1. Ce rôle lui convient quand il s'agit de défendre ses camarades victimes d'injustices et bien-sûr qu'il va falloir qu'elle apprenne à se contrôler ... mais je me souviens que sa mission consiste aussi à ''balancer'' comme elle dit, celles qui font des bêtises ! Ça, ça ne lui va pas du tout ... c'est cela qui m'inquiète 🤔

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