Lundi 10 mars. Ma journée de travail est terminée, il est aux environs de dix-sept
heures et je suis dans ma chambre à pleurer toutes les larmes de mon corps
parce que Gabriel me flanque une volée magistrale.
J’ai beau avoir de la pratique et un peu d’endurance, je n’en suis plus à
recevoir une fessée par semaine. Je ne suis plus habituée. La dernière remonte
à cinq semaines.
Gabriel y va fort et flirte avec mes limites physiques. Néanmoins, je lui
fais confiance. Il me connaît. Il sait jusqu’où il peut aller ou non.
Cette fessée à la main et au martinet me fait très mal, certes, mais fort
heureusement Gabriel ne tape pas aux endroits sensibles, ce qui m’aide à supporter
cette tannée. D’ailleurs, les deux seules claques qui sont tombées sur le bas
de mes fesses m’ont fait vivement réagir : « Non, pitié ! Arrête !
Surtout pas ! ». Mon grand frère s’était alors empressé de me pencher
sous son bras ; mes endroits sensibles étaient sauvés.
J’eus du mal à accuser la
fessée que me donna Gabriel : recevoir une fessée de sa part est toujours
très humiliant. Je ne le considère pas comme un tuteur mais comme un membre de
ma famille intime qui vient me recadrer ; comme un grand frère recadrerait
sa petite sœur. S’il avait été mon frère biologique, il y aurait sûrement eu
plusieurs « discussions » de ce genre durant mon enfance ! Comme
dit lors du précédent article de cette rubrique, c’est donc plus difficile de me
faire punir par Gabriel que par un tuteur lambda.
Par la suite, je fournis des
efforts. Ce n’était pas assez pour Robin, ni pour Gabriel mais j’en fournissais.
Certes, ce n’était pas sur tous les items. Certes, il y avait des jours où je
me relâchais plus que d’autre : mais je continuais de fournir des efforts !
Hélas, ce n’était pas assez
pour Robin. Il menaçait déjà de venir depuis deux ou trois semaines ; cette
fois-ci, il ne tenait plus. Il débarqua à la maison pour quatorze heures quinze
en ce vendredi 28 mars.
J’étais dépitée qu’il vienne.
Robin est du genre intransigeant. Non, en réalité, « intransigeant »
est un euphémisme. C’est un véritable mur. Sa tolérance est proche de -11 ;
alors forcément, en voyant mon tableau Excel beaucoup trop coloré de rouge et de
orange, il n’était pas content du tout. Après une petite discussion banale pour
se donner des nouvelles, la séance commença.
Robin était furieux. Alors qu’il
me grondait, je soufflai. Il m’asséna quatre claques sur les fesses qui me
déséquilibrèrent. C’était déjà trop pour moi. Ces claques étaient
monstrueusement fortes. J’avais encore mon jegging et ce n’étaient que les premières
de la séance. Je commençai sérieusement à m’inquiéter. Robin se souvenait-il que
je n’avais pas l’endurance de l’année dernière ?
Quelques secondes plus tard,
je fus allongée sur ses genoux et déculottée. Je reçus alors une salve tellement
insoutenable que mes larmes coulèrent ; mais ce n’étaient pas les larmes
de honte d’être punie comme habituellement : c’étaient des larmes de
douleur extrême et de détresse. Dès que je gigotais trop ou que je me
plaignais, Robin me grondait si fortement que sa voix résonnait dans ma maison.
En travers de ses cuisses, je n’avais aucune échappatoire. Aucune solution. Je
tentai de lui faire comprendre que : « ça faisait beaucoup trop mal ! »,
il me répondit bien évidemment « qu’une fessée faisait forcément mal ! ».
Il avait occulté mon « beaucoup trop ».
-
Va me chercher le
martinet ! me cria-t-il en me laissant enfin de me relever.
-
Je ne sais pas où il
est ! répondis-je en tentant de cacher mes larmes.
-
Va me le chercher, je te
dis ! poursuivit-il en assénant son ordre d’une claque gigantesque sur ma
fesse droite.
-
Je ne sais pas où il
est ! protestai-je vivement. On l’utilise pour notre pièce de théâtre à l’église !
(Ne vous faîtes pas de fausses idées : nous jouons la Passion du
Christ !)
-
Alors va me chercher
le tapetapis !!
-
Mais…
-
Dépêche-toi !! me
cria Robin en m’assénant deux nouvelles claques.
Si je n’avais pas déjà eu le derrière cramoisi, j’aurais juré que sa main
avait laissé plusieurs fois son empreinte sur ma peau.
Tandis que je tentais de m’emparer du tapetapis caché tout au fond de mon
placard, Robin continuait de me crier : « Tu as intérêt à te dépêcher !! ».
Le tapetapis en mains, je le remis à Robin en me disant que les prochains
moments allaient être très difficiles. Sur les ordres de mon bourreau, je m’allongeai
à plat ventre sur mon canapé. Et les coups plurent.
Ils plurent très fort. Il n’y avait même pas une seconde d’écart entre
chaque coup. Je ne voyais pas Robin prendre son élan mais je sentais à l’atterrissage
qu’il n’était pas petit. C’était insupportable.
Moi qui suis plutôt silencieuse durant une fessée (mis à part quelques gémissements et prières, on ne m’entend pas beaucoup), je commençai à crier de douleur ! Les larmes avaient déjà recommencé à couler, tout comme mon nez. Je criais, disais à Robin que c’était trop, mais il n’entendait pas !
J’en étais à espérer qu’un voisin ou un passant dans la rue m’entende et
vienne sonner à la porte pour arrêter mon calvaire. Jamais je n’en étais
arrivée à penser ça durant une séance ! Jamais ! Je criais, je pleurais,
je gigotais dans la mesure du possible car vu la force des coups, je craignais
que Robin me brise quelque chose si je bougeais inopinément.
Robin commença (enfin !) à comprendre que c’était trop fort et
ralentit la force des coups – sans néanmoins se stopper. C’était donc douloureux,
encore.
Au total, avec le tapetapis, j’ai pris une bonne salve, plus quatre-vingts
coups correspondant aux excès de vitesse répétés.
-
Je te fais grâce des
soixante derniers coups, finit-il par dire. Mais si tu recommences, je te donnerai
tout !
Lorsqu’il posa le tapetapis sur le canapé, j’en étais arrivée à un mutisme
inquiétant, récitant des prières dans ma tête pour que tout ça s’arrête.
Pourtant, malgré mes prières,
Robin me reprit sur ses genoux, pour me faire payer mes couvre-feux. Je n’avais
même pas la force de lui reprocher de faire en vain une fixette là-dessus. Cet
item ne s’arrangerait de toute façon jamais, sauf peut-être lorsque j’aurai des
enfants…
En me mettant sur ses genoux pour la deuxième fois de la journée, Robin me
prévint que j’allais « la sentir passer, celle-là ! ». Et ce fut
effectivement le cas. Je continuai de me murer dans le silence en récitant
intérieurement des prières et en espérant que quelqu’un vienne à ma rescousse
en entendant le bruit gigantesque des claques qui tombaient sur ma lune cramoisie.
Je lâchai parfois un petit « Aïe ! » lorsque la claque était
particulièrement insoutenable. Jamais de ma vie je n’avais vécu pareil
calvaire. J’avais tellement mal que tous les nerfs de mon corps clamaient l’arrêt
de cette séance. J’attendis ce qui me sembla une éternité que les claques s’arrêtent.
-
Pour le soir où tu t’es
couchée à deux heures du matin, tu vas la prendre debout !
La première claque debout tomba, et je me protégeai immédiatement les fesses.
Là, ce n’était plus possible. Robin me hurla alors : « NON !! TU
ASSUMES !! ». De peur d’aggraver mon cas, je cédai, espérant au plus
profond de moi-même qu’après, ce serait fini.
Robin m’envoya au coin. Depuis
le tout premier passage sur ses genoux, je n’avais pas arrêté de pleurer à en
avoir des spasmes, le visage inondé de liquides.
Au bout de quelques minutes, Robin me fit promettre de ne pas recommencer
pour chaque item sanctionné, puis il m’annonça que la séance était terminée. Je
ramassai alors en silence ma culotte et mon jegging et annonçai que j’allais
prendre ma douche, laissant Robin planté dans le salon.
L’eau chaude fut pour moi l’occasion
de calmer mes pleurs, et de réaliser que durant les dernières quarante-cinq
minutes, je venais de vivre un véritable traumatisme. Cette séance n’entrait
plus du tout dans le cadre de la punition. Personne ne pourrait supporter une
douleur pareille. Ce n’était même pas humainement possible. A moins d’être
masochiste.
En sortant de la douche, je
proposai poliment à Robin s’il voulait boire quelque chose. Il me répondit :
-
Merci, je me suis servi
de l’eau pétillante.
Je me rendis alors dans ma cuisine et mis en marche ma bouilloire pour me préparer
un thé. Une fois ma tasse prête, j’essuyai les larmes qui venaient de recouler sur
mes joues et allai m’asseoir dans la pièce à vivre. Un silence de plomb s’installa
entre Robin et moi. Je le brisai en disant :
-
Tu réalises que tu es
allé trop loin ?
-
C’est ce que je
comprends, oui.
Après un nouveau silence, je lui dis :
-
Je t’avais dit la dernière
fois que je n’avais plus l’endurance d’antan.
-
Je ne voulais
tellement pas revenir la semaine prochaine ou celle d’après que…
-
Oui mais là, c’était
trop. Personne ne peut supporter ça, moi y compris ! lui répondis-je en
tentant de camoufler mon désarroi.
Un autre silence s’installa. Je le rompis à nouveau :
-
J’aimerais que tu
partes. J’ai besoin d’être seule.
-
Bien sûr, c’est
normal. Je m’en vais tout de suite.
Robin partit sans un bruit.
Lorsque j’entendis la porte claquer derrière lui, je fondis en larmes
pendant plusieurs minutes. Puis, je ressentis une certaine panique à l’idée d’être
seule à la maison. Je récupérai mes chats qui s'étaient cachés en entendant mes cris, puis j’appelai Hugo, qui m’écouta mais ne pouvait se libérer de
son travail pour rentrer à la maison dans l’immédiat. Mon mari était désolé
pour moi et tenta de camoufler sa colère envers Robin même si, le connaissant, je
savais qu’il lui en voulait. Moi-même, je lui en voulais.
J’envoyai un message à Jeanne, ma meilleure amie, qui ne travaille pas le vendredi après-midi pour lui demander de venir d’urgence à la maison.
Mais elle n’était pas disponible avant une heure.
J’appelai alors Gabriel, avec lequel j’avais échangé quelques messages
après ma douche et avant le départ de Robin, lui disant que j’arrêtais tout,
que je ne voulais plus entendre parler de tutorat ni quoique ce soit. Il m’écouta
pleurer au téléphone, désolé de ce qui venait de se passer.
Robin aussi m’envoya un message d’excuses mais à part « Merci pour
ton message. », je ne sus quoi lui répondre. Nous avions déjà eu une
séance où il avait dépassé les bornes, je lui avais alors inculqué les signaux
d’alerte montrant que mes limites étaient dépassées. Pourtant, il n’en avait
une fois de plus pas tenu compte. Je lui voulais.
Je raccrochai avec Gabriel qui
avait tenté tant bien que mal de me consoler à distance (sur la route pour
aller travailler, il ne pouvait venir auprès de moi) lorsque Jeanne arriva enfin.
Je fondis en larmes dans ses bras, lui racontant ce qui s’était passé. Durant
mon récit à ma meilleure amie, Hugo rentra également du travail et m’enlaça
amoureusement pour me réconforter au mieux.
Le soir, je ne comptai pas
moins de huit bleus tournant au violet sur mes fesses ; et certaines
traces du tapetapis étaient sacrément visibles.
Voilà pourquoi je fus silencieuse
ces derniers jours. Très occupée ces derniers temps par le travail et les
activités extérieures, j’écrivais petit à petit chaque jour le prochain
chapitre de Zoé. Jusqu’à ce que j’arrête d’écrire vendredi.
Cinq jours plus tard, je
reprends donc la plume pour vous raconter ce qui s’est passé. Quelques larmes
ont de nouveau coulé lors de l’écriture de cet article : revivre cette
séance a été particulièrement éprouvant.
Ce matin, Gabriel m’a demandé comment je me sentais. Eh bien, je me sens
encore fragile. Je suis à fleur de peau depuis vendredi et cette boule dans mon
ventre ne semble pas décidée à partir.
J’ai annoncé à mon entourage proche qu’il n’y aurait désormais plus de tuteur
ni de tutorat. Impossible de refaire confiance à quelqu’un de l’extérieur pour
le moment, et je pense que cela restera ainsi.
En ce qui concerne Gabriel, je lui confierais ma vie sans hésiter ; et
je sais qu’il ne me laissera pas décliner. Néanmoins, s’il doit à nouveau sévir
avec moi, ce sera désormais sans instruments ; et je ne doute pas qu’il
saura doser. Mais nous n’en sommes pas encore là. Pour le moment, je dois accuser
le coup et me remettre de ce traumatisme.
Ne m’en voulez pas si cette
rubrique change de nom : je ne veux plus entendre parler de « tutorat »,
ni même de « tuteur ». Ne m’en voulez pas non plus si les bourreaux
de Marie, Clémence et Zoé semblent plus laxistes ces temps-ci. Comme pour tout
écrivain, mes textes reflètent ma personnalité et mes états d’âme du moment.
A suivre...
Bonjour Lucie,
RépondreSupprimerJ'étais vraiment impatiente de vous lire mais là je suis vraiment peinée de ce qui vous est arrivé avec Robin 😪 et je comprends votre difficulté à reprendre l'écriture.
Le manque de contrôle de Robin est inqualifiable et discrédite le ''tutorat''. Comment faire confiance à un autre inconnu après un tel traumatisme ?
Et Gabriel regrette certainement de lui avoir confié cettz mission.
Continuez à faire des efforts ! Vous savez sur quoi lutter ... avec l'aide de votre entourage vous y arriverez 😉
Comment se passent vos études en parallèle de votre travail ?
🙏 et ne nous laissez pas trop longtemps sans nouvelles de Marie, Clémence et Zoé.
Reprenez confiance, 😊
Bonsoir Little Princess. Je suis vraiment désolé de ce qu'il t'est arrivé.
RépondreSupprimerVoilà pourquoi les mots de sauvegarde existent et qu'on les met en place. Tu n'auras plus jamais confiance en un tuteur et c'est très dommage. Il m'a été très difficile pour moi de lire ton récit car je considère ici qu'il s'agit d'une agression. Il peut arriver qu'on dépasse des limites, mais pas autant. Il faut un minimum d'écoute des réactions. Il faut savoir rester humain. J'espère que tu arriveras à te remettre de cette épreuve. En tout cas, tu as mon soutien.