Mardi 26 octobre 2021
Ma
grasse matinée m’avait fait énormément de bien : j’étais requinquée et
prête à affronter la journée. Le soleil était présent, ce qui me donnait du
baume au cœur. J’étais vraiment de bonne humeur ! Enfin, jusqu’à ce que j’arrive
dans le séjour…
- Zoé, il est déjà midi
moins le quart, me réprimanda Jacob. Tu dois partir pour l’école à treize
heures. Tu n’as pas mangé, tu n’es pas habillée ni préparée. Cesse de
traîner !
- Bonjour, sinon ! lui
rétorquai-je. J’ai bien dormi, si ça t’intéresse.
- Oui, bonjour,
répondit-il avec une pointe de honte dans la voix. Désolé. C’est juste qu’avec
les événements d’hier, je compte bien à ce que tu ailles en cours
aujourd’hui !
Que Jacob ne s’inquiète
pas : à treize heures piles, nous partions de la maison.
Nous avions à peine
parcouru deux cents mètres que le téléphone de Jacob, connecté à la voiture,
sonna. C’était mon père.
- Salut, dit Jacob après
avoir décroché.
- Salut Jack !
Comment vas-tu ?
- Eh bien écoute, ça
va ! Et toi ?
- Je vais bien, répondit
mon père. J’aurai deux-trois petites choses à te dire lors de mon retour.
- Positives ou
négatives ? s’inquiéta mon babysitter.
- Un peu des deux. Mais
rien de grave.
- D’accord, dit Jacob.
- Dis-moi, vu l’heure
qu’il est, tu es sur la route de l’école avec ma fille, c’est ça ?
- Exact !
- Zoé, tu
m’entends ? questionna mon père.
- Oui, répondis-je.
Bonjour papa.
- Bonjour ma fille, me
salua-t-il. Dis-moi, je viens de consulter tes dernières notes. Tu t’étais bien
gardée de me parler de tes récents résultats !
- C’est bon papa, je vais
me reprendre ! expliquai-je, agacée de me faire enguirlander devant Jacob.
- Non, ce n’est pas bon
du tout, Zoé ! me gronda mon père. D’une, je t’ai déjà dit d’arrêter de me
parler de cette façon ; et de deux, ta moyenne est en chute libre !
Qu’est-ce qui se passe ?! Tu ne travailles plus ?!
- Si !
- Alors quoi ?!
- Alors les derniers
contrôles étaient plus difficiles que les précédents, répondis-je.
- Zoé, les trois notes
qui viennent de tomber concernent des interros de cours !
- Il n’empêche qu’elles
étaient difficiles ! expliquai-je.
- Ou que tu n’avais pas
appris tes cours ! soutint Valentin.
Oui bon, peut-être. Nick n’avait pas été très
regardant car au bout d’un mois, il me faisait suffisamment confiance pour me
laisser travailler seule. Du coup, j’avais un peu lâché du lest…
- Papa, je vais me
rattraper…
- Oh ça, je n’en doute
pas, Zoé ! gronda Valentin. Et tu vas même mettre les bouchées
doubles ! Parce qu’un trois sur vingt, un sept sur vingt et un huit sur
vingt, c’est difficilement rattrapable ! Avec ces résultats-là, ça
m’étonnerait que le doyen te laisse te présenter à l’examen de fin
d’année ! Ta moyenne est descendue à onze et des poussières. Ce n’est pas
glorieux !
- Je vais me ressaisir…
- Oui, c’est
certain ! Si tu me rates tes contrôles de cette semaine, je te flanque une
fessée dès que je rentre, Zoé ! Tu m’entends ?!
- Oui papa, répondis-je
poliment, honteuse.
- Si tes notes ne
s’améliorent pas, je te renvoie avec Nick ! Je n’ai pas fait des pieds et
des mains pour te changer de cursus pour que tu fiches tout en l’air ! Si
tu ne veux plus faire médecine…
- Si ! coupai-je
spontanément.
- Alors donne-toi les
moyens ! Sinon je vais te motiver à ma manière et je te garantis que ça va
te faire tout drôle !
Valentin me raccrocha au nez.
- Connard !
lâchai-je sans contrôle.
Me rendant immédiatement compte de mon erreur,
je tournai vivement la tête vers Jacob. Il me rassura calmement :
- C’est bon. Je sais ce
que c’est que de se faire engueuler par son père et d’être en colère noire
contre lui.
- J’ai l’impression que
je dois sans arrêt être la fille parfaite, à ses yeux ! râlai-je, les
larmes aux yeux. Quand comprendra-t-il que je ne peux pas être parfaite ?!
Je ne suis qu’une ratée ! Même en faisant de mon mieux, je ne fais que le décevoir !
Une larme coula sur ma joue. Jacob reprit :
- Je t’arrête tout de
suite, Zoé. Tu es loin d’être une ratée ! Te rends-tu compte de tout ce que
tu as accomplis durant ta vie ? Jusqu’à ce que ton père te récupère, tu as
survécu toute seule ! Et une fois avec Valentin, tu as réussi à t’adapter
à une nouvelle famille que tu ne connaissais même pas ! Vous avez ensuite
totalement changé de continent : tu as appris l’anglais en très peu de
temps et tu as décroché ton bac, Zoé ! Combien de jeunes filles auraient
pu accomplir tout ça ? Et puis, tu dis que tu déçois ton père même en
faisant de ton mieux : relativise. Valentin t’a passé un savon uniquement
pour tes notes. Ça ne veut pas dire que tu le déçois ! Il veut justement
que tu fasses de ton mieux, ce qui n’est clairement pas le cas en ce moment,
dis-le-moi si je me trompe.
Je ne répondis pas. Jacob poursuivit :
- Zoé, tu es une jeune
fille extraordinaire. Oui, tu as une touffe de poils dans la main donc ton père
aimerait que tu arraches cette touffe pour te mettre réellement au travail. C’est
par amour pour toi qu’il te gronde ainsi.
- Mais qu’est-ce que ça
peut bien lui foutre que je réussisse ou non ?! m’emportai-je à nouveau. C’est
ma vie, pas la sienne, à ce que je sache !!
- Oui c’est ta vie,
répondit Jacob. Mais sa vie à lui, c’est Romain, Manon, Judith, Trent et toi. Donc
si vos vies ne roulent pas, la sienne ne roule pas non plus.
- Mais…
- Si jamais tu souhaites
avoir des enfants plus tard, Zoé, tu le sauras. Tu ressentiras ce que ressent
actuellement ton père. Quand on a un enfant, Zoé, ce petit être devient une
partie de nous-mêmes.
- Oui ben pour l’instant,
il me fait juste chier ! grommelai-je avant que Jacob se mette à rire.
- Ça te passera ! dit-il.
Mon cours de biologie
cellulaire fut passionnant. Je ne vis même pas le temps passer !
A la sortie de la fac, je pris du temps pour
discuter avec Jenna. Elle m’annonça qu’elle n’allait pas tarder non plus à quitter
le foyer pour gosses de riches et à retourner chez ses parents. C’était une raison de plus pour que je ne retourne
pas auprès de Nick : Jenna ne serait plus là !
Lorsque
le soir arriva, j’envoyai tout de même un message à mon père, à la suite des
vifs encouragements de Trent auquel j’avais raconté toute l’histoire.
« Je viens de finir mes devoirs. Je te
promets que je vais travailler davantage. Je t’aime. Zo. »
A suivre…
Une journée cool pour Zoé finalement !
RépondreSupprimerJacob a su trouver les bons mots.
Merci 😊