Jeudi 16 janvier 2020.
Forcément, je m’étais
endormie dans le lit de Louise.
Nous nous réveillâmes
les coups de dix heures et, selon notre habitude, descendîmes pour un petit
déjeuner léger. Maman était déjà en train de cuisiner le déjeuner.
- Tu ne t’es pas levée à
sept heures pour prendre ton médicament, Marie ! me réprimanda-t-elle
après que Louise et moi l’ayons embrassée.
- J’étais trop fatiguée,
maman ! me lamentai-je.
- Prends ton médicament
maintenant, me somma Scarlett. Et fais vite : j’ai la main qui me
démange !
J’avalai rapidement mon remède puis notre mère
nous demanda :
- Comment se fait-il que
vous ayez passé la nuit ensemble ?
- J’ai fait un cauchemar,
dis-je précipitamment. Je savais que papa et toi étiez fatigués alors je n’ai
pas voulu vous déranger.
- J’aurais préféré que tu
nous déranges nous plutôt que ta sœur, Marie chérie ! me dit ma mère d’un
regard mi-compatissant, mi-accusateur.
- Ça ne fait rien,
maman ! dit Louise. Je n’ai même pas senti que Marie était venue dormir
avec moi !
- Bon, tant mieux. A part
ça, vous avez bien dormi ?
A la fin de notre repas, nous remontâmes nous habiller tandis que notre
mère équeutait les haricots verts avec Assa.
Une
fois son pull et son jean enfilés, Louise me rejoignit dans ma chambre pour me
demander de lui tresser les cheveux.
- Demande à maman !
lui dis-je, occupée que j’étais à coiffer ma propre tignasse.
- Elle est à la
cuisine ! me répondit Louise. Aide-moi, Manou, s’il te plaît !
- Tu me donnes
combien ? plaisantai-je.
- Tu n’es pas
croyable ! ria Louise en me sautant dessus pour me chatouiller.
Ma sœur me poussa sur mon lit et nous jouâmes
gentiment aux chatouilles jusqu’à ce que…
- Aïe !
- Qu’est-ce qu’il y a
Manou ?! paniqua Louise en se redressant.
- Nan rien, la
rassurai-je. J’ai juste eu un peu mal au ventre…
- Manou, tu
saignes ! s’exclama ma sœur.
Je relevai mon sous-pull et m’aperçus
effectivement qu’un de mes pansements était rempli de sang. Je le décollai doucement
pour regarder l’ampleur des dégâts : le point de suture avait lâché.
- Merde ! nous
exclamâmes Louise et moi.
- Il faut absolument
qu’on le dise à papa et maman ! déclara Louise.
- Non !
protestai-je. Ils vont se fâcher ! Et puis, papa travaille et maman
cuisine. Il ne faut pas les déranger…
- Mais que veux-tu qu’on
fasse ?
- On ne dit rien,
tranchai-je. Personne n’en saura rien et la plaie se refermera toute
seule !
- L’infirmière passe à
dix-huit heures pour changer tes pansements, banane ! me rappela ma sœur.
Elle va bien voir que la suture a sauté ! Et imagine si ça
s’infecte !!
- T’as qu’à me recoudre,
toi ! dis-je à Louise.
- T’es malade ?! s’exclama-t-elle.
T’es complètement cinglée !
- Ben quoi, tu sais faire
de la couture, non ? C’est pareil…
- Nan mais il faut du
matériel stérile, Marie ! me gronda Louise. Et il faut du fil adéquate !
- Y’a du désinfectant
dans le placard à pharmacie de la salle de bains, annonçai-je.
- Hors de question que je
touche à l’une de tes plaies ! trancha ma sœur.
- Tu es au courant que si
on ne fait rien, on va se prendre une fessée ? l’interrogeai-je.
- Je préfère recevoir une
fessée plutôt que de te tuer en te provoquant une septicémie !
- Tu n’exagères pas un
peu, là ?
- Et toi, tu minimises la
situation ! me réprimanda Louise. Je ne me fiche pas de prendre une fessée ;
au contraire ! Rien que d’y penser, ça me fout la boule au ventre !
Mais on a fait une connerie et il faut avouer qu’on est dépassées ! Il
faut absolument qu’on prévienne un adulte !
- Je t’interdis de dire
quoique ce soit ! lui dis-je fermement.
- Mais…
- C’est mon corps !
C’est moi qui décide ! Alors tu la boucles !
- Mais…
- Tu. La. Boucles.
Ma sœur sortit de ma chambre pour rejoindre la
sienne en claudiquant tandis que je me rendais dans la salle de bains. Enfermée
à double tour dans la pièce, j’enlevai mon pansement ensanglanté – il fallait d’ailleurs
que je trouve un endroit où le cacher ! – tirai sur le peu de fil qu’il me
restait à cet endroit, et désinfectai ma plaie avec une compresse stérile et du
désinfectant. Puis, je mis un nouveau pansement – un petit pansement tout ce qu’il
y a de plus classique – et retournai dans ma chambre pour me changer, mon
sous-pull comportant des traces de sang.
Je cachai toutes les « preuves » de
ma blessure sous mon lit. Je m’en occuperais plus tard !
Louise
et moi déjeunâmes seules avec papa et maman. Louise n’osait pas ouvrir la
bouche de peur de trahir notre secret et de mon côté, l’endroit où le point
avait sauté me piquait beaucoup trop. Je savais que ce n’était pas normal mais
c’était déjà plus supportable qu’une fessée de la part d’un de mes deux
sportifs de parents !
- Alors les filles, où
voulez-vous aller ce week-end ? nous demanda papa. Il est impossible pour
Marie de prendre l’avion mais nous pouvons prendre le train si vous le
souhaitez ! Londres n’est pas loin…
- On y est allés il n’y a
pas si longtemps que ça, dis-je.
Oh merde. A force de vivre avec les Webber je
devenais une gosse de riche qui boudait à l’idée d’aller trop souvent à Londres.
L’ancienne moi m’aurait giflée !
- Enfin, c’est quand même
très bien ! ajoutai-je en tentant de penser à autre chose qu’à mon picotement
abdominal. De toute façon, où qu’on aille ce sera bien. On sera tous les six, c’est
ce qui compte !
- Pourquoi on n’irait pas
tout simplement à Paris ? proposa Louise. Il y a plein de monuments à
visiter !
- Oui c’est une bonne
idée, dit Scarlett. On en parlera avec Ana et Mayeul ce soir pour voir s’ils
sont partants.
- Qu’est-ce qu’il y a ma
princesse ? s’inquiéta Michael en me voyant mettre ma main à l’endroit d’une
de mes plaies. Tu as mal au ventre ?
- Les sutures me piquent
un peu, répondis-je. Je pourrais avoir un des antalgiques que le médecin a
prescrit, s’il te plaît ?
- Oui, bien sûr ma puce !
répondit mon père en se levant.
- Le moins fort, s’il te
plaît ! précisai-je. Je ne veux pas être droguée.
Tandis que Michael me tendait mon comprimé, ma
mère déclara, après avoir avalé une bouchée de lasagnes :
- Oh, il faut que je dise
à Assa de changer vos draps, aussi.
- Non ! m’exclamai-je
sans contrôle.
Mes parents me regardèrent, intrigués. Louise
devint rouge pivoine.
- Je veux dire… J’ai mis…
du sang sur la housse de couette, avouai-je en me disant qu’un mensonge passe mieux
lorsqu’il contient une part de vérité.
- Tu as saigné ? s’inquiéta
ma mère. Tu as oublié de prendre la pilule pour tes règles ?
- Non, je pense que j’ai
juste saigné du nez pendant la nuit, inventai-je.
- D’accord ma puce, dit
Scarlett. Je regarderai ça.
Après manger, j’allai m’allonger sur le canapé.
Ma plaie me faisait de plus en plus mal. Michael vint s’asseoir à côté de moi
après avoir posé son café sur la table basse. Je me blottis contre lui.
- Ça va aller ma chérie ?
s’enquit-il.
- Oui, il faut juste que
le médicament fasse effet.
- Où est-ce que tu as
mal, exactement ?
- C’est l’un de mes trois
points de suture. Ça me tire. Je crois qu’il est trop serré.
- Tu veux que je regarde ?
- Non c’est bon !
répondis-je avec précipitation.
- Marie, laisse-nous
regarder ! dit ma mère en nous rejoignant. Ça ne prendra que quelques
secondes.
- Non, vous allez enlever
le pansement et ensuite il ne collera plus ! me défendis-je.
- Ça ne te faisait pas si
mal jusqu’à ce midi, c’est bien qu’il se passe quelque chose ! déduit
Michael. Allonge-toi sur le dos et laisse-nous voir.
- S’il y a un problème, vous
n’en saurez rien ! protestai-je. Vous n’êtes pas médecins !
Scarlett fronça les sourcils et recula d’un
pas. Puis, elle me demanda fermement :
- Qu’est-ce que tu as
fait ?!
- Rien ! mentis-je.
- Marie Webber, si je
dois te reposer la question…
- C’était moi ! s’exclama
Louise, ne tenant plus.
Michael et Scarlett se figèrent.
- Parle ! lui ordonna
mon père.
- On a joué à se
chatouiller et Marie s’est mise à saigner, et…
Avant même que ma sœur finisse sa phrase, mon
père me tourna sur le dos et souleva mon tee-shirt à manches longues avec
précipitation. L’endroit où j’avais collé le petit pansement commençait à
développer une plaque rouge.
- Mais qu’est-ce que vous
avez fait ?! gronda Scarlett.
Louise éclata en sanglots tandis que Michael
était allé se laver les mains.
- Réponds-moi, Marie !
s’enquit maman en m’assénant une claque sur la cuisse.
- Je me suis juste soignée !
répondis-je en me massant l’endroit claqué.
Les mains propres, papa ôta le petit pansement
que j’avais mis.
- Où sont les fils ?
m’interrogea-t-il en levant les yeux vers les miens.
- Ils ont sauté alors je
les ai enlevés, avouai-je à mi-voix.
Cet aveu me coûta deux nouvelles claques sur le
côté de ma cuisse de la part de ma mère.
- Ce n’est pas possible
de faire autant de bêtises à la minute !! me réprimanda-t-elle.
- Nous revoilà partis
pour l’hôpital ! se lamenta Michael. On va finir par y prendre une carte
de fidélité !
- Vous n’allez tout de
même pas me ramener aux urgences ! me plaignis-je.
- Bien sûr que si ! me
gronda ma mère. Et sur la route de l’hôpital, tu as tout intérêt à nous expliquer
chaque seconde de ce qui s’est passé pour que ta plaie finisse par saigner puis développer
une plaque rouge ! Et quand on rentrera de l’hôpital, Marie, je peux te dire
que tu vas prendre une déculottée carabinée !
- Mais maman…
- Tais-toi !! explosa-t-elle. Je ne
veux plus rien entendre, mis à part tes explications sur ce qui s’est déroulé !
Lève-toi ! Dans la voiture ! Exécution !
Je me levai difficilement ; et lorsque ce
fut le cas, ma mère me colla une énorme claque sur le derrière pour me faire
avancer.
Alors que j’allai vers la voiture, une boule se forma dans mon ventre. Décidément, je n’avais vraiment pas besoin de ça !
A suivre…
Trop contente de retrouver Marie ... mais pitié L.P. je vais avoir du mal à attendre la suite !
RépondreSupprimerDécidément Marie n'en rate pas une ... et elle entraîne une nouvelle fois Louise dans ses mensonges !!!
Le week-end à Paris semble bien compromis !? Du coup Anaïs et Mayeul vont être privés aussi 😒
Oh vite ... la suite 🙏
J’espère aussi que la suite arrivera vite 🙏
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