- C’était un
accident ! plaidai-je dans la voiture alors que Michael et Scarlett me
grondaient. Vous n’allez quand même pas nous punir Louise et moi parce qu’on a
voulu jouer aux chatouilles !
- Jouer aux chatouilles
alors que tu sors d’une opération de l’appendice et que ta sœur a le pied en
attelle ! gronda papa dont la colère se reflétait dans sa conduite. Ben voyons !
Quelle bonne idée ! Et lui, il va la bouger sa putain de caisse ?!?!
Papa appuya fortement sur le klaxon, maman
n’osa pas lui dire quoique ce soit.
- On a à peine joué deux
secondes ! me justifiai-je.
- C’était deux secondes
de trop, Marie ! rétorqua Scarlett. Et je suis davantage fâchée par le
fait que vous ne nous ayez pas tout de suite prévenus !
- Louise voulait vous le
dire, avouai-je. C’est moi qui l’en ai empêchée.
- Espèce de
touriste ! cria Michael. T’as une super bagnole mais t’es pas capable de
trouver un foutu clignotant, hein !
- Et pourquoi l’en as-tu
empêchée ?! me questionna Scarlett.
- J’avais peur que vous
me donniez la fessée, répondis-je tête baissée.
- Vous auriez sûrement
pris quatre ou cinq bonnes claques sur le derrière et un savon, ça oui ! dit
papa avant d’appuyer à nouveau sur le klaxon. Mais ça se serait arrêté là !
- Mais puisque vous nous
avez caché la vérité, continua ma mère, vous allez prendre une déculottée !
Toutes les deux !
- Dès qu’on sera rentrés
de l’hôpital, si on y arrive un jour ! râla mon père.
Je ne l’avais jamais vu se comporter comme ça
au volant. On aurait dit que sa colère après moi le rendait insupportable.
Heureusement,
nous n’attendîmes pas longtemps : il n’y avait pas beaucoup de patients
dans la salle d’attente des urgences pédiatriques ; je fus prise à peine
une demi-heure après notre arrivée.
- Je crois que le
désinfectant que vous avez à la maison est périmé, annonça l’interne qui
m’auscultait. Vous avez bien fait de venir : la plaie de Marie présente
les tout premiers signes d’une infection. Nous en sommes encore bien loin mais
vous avez fait ce qu’il fallait en venant ici.
- Qu’allez-vous
faire ? m’inquiétai-je.
- Déjà, tu vas prendre un
médicament, me répondit le médecin. Ça s’appelle de l’Amoxicilline. Ça lutte
contre les infections.
- Mais, vous avez dit que
ce n’était que le tout début ! protestai-je. J’ai déjà trop de médicaments
à prendre !
- Marie, tais-toi !
m’ordonna papa.
- En plus de ce
traitement, ta plaie devra être désinfectée deux fois par jour par une
infirmière jusqu’à disparition des rougeurs, expliqua le médecin.
- Vous allez me
recoudre ? m’enquis-je.
- Un pansement strip fera
l’affaire, compte-tenu de la petite taille de ta plaie. Néanmoins, j’aimerais
que tu fasses attention à tes deux autres plaies : ne fais pas sauter les
autres points !
- Oh, elle fera
attention, docteur ! assura fermement Scarlett.
- Bon, alors je vais
demander à une infirmière de venir prodiguer les soins et ensuite vous pourrez
partir.
- Docteur, Marie est-elle
en état de recevoir une fessée ? questionna mon père en me mettant la
honte de ma vie.
- Je vous demande pardon,
monsieur ? s’étonna l’interne.
- Est-ce que je peux
l’allonger sur mes genoux pour lui donner une fessée ? précisa papa.
- Euh… Il ne vaut mieux
pas exercer de pression sur son ventre, répondit le médecin décontenancé.
- Donc si je la laisse
debout, elle est tout de même en état de recevoir une fessée ? insista
Michael.
- Je ne vois pas de
contre-indication, répondit le soignant.
- Je vous remercie
docteur, salua mon père.
L’interne se hâta de quitter mon box. Je me
plaignis alors :
- Papa ! Tu m’as
foutu la honte ! Tout le monde va savoir que je prends la fessée,
maintenant !
- Comme c’est la coutume pour
les jeunes en famille d’accueil, répondit mon père. Tu es loin d’être un cas
isolé.
- Peut-être mais tu
aurais pu te passer de cette question !
- Je ne voulais pas
aggraver ton état, affirma papa.
- Tu ne t’es pas
franchement posé la question hier soir, grommelai-je à voix basse.
- Pardon ? s’enquit
Michael.
- Non rien, répondis-je.
Je n’ai juste pas envie de prendre une nouvelle fessée !
- Ah mais il fallait y
réfléchir avant, ma chérie ! intervint ma mère. Avant de nous cacher que
tu avais abîmé ta plaie ! Avant de nous faire tourner en bourrique en te
soignant toute seule puis en nous mentant ! C’était bien avant tout ça
qu’il fallait y penser, Marie !
- Mais c’est bon !
répondis-je. Je suis désolée, d’accord ?
- Oh mais tu peux être
désolée, Marie ! me gronda maman tandis que l’infirmière venait me
soigner. Tu peux être désolée sans problème ! Il n’empêche que chaque
bêtise entraîne des conséquences ! A cause de ton manque de jugeotte, ton
père et moi avons dû amener l’un de nos enfants à l’hôpital, ce qui a empêché
ton père de travailler cette après-midi et lui a fait prendre du retard ! Ça
a également dérangé le planning d’Assa, qui est obligée de garder Louise
pendant que nous sommes ici ! Et vu l’heure, elle va très probablement
devoir aller chercher ton frère et ta sœur à l’école parce que nous sommes
bloqués aux urgences pédiatriques avec toi ! Et tout ça, Marie, c’est parce que tu as jugé bon
de chahuter avec ta sœur alors que tu sors d’une chirurgie, et que le
chirurgien t’avait bien dit qu’il ne fallait pas que tu gigotes ! Tu vois,
tu te plais à ne pas respecter les règles mais ces règles sont là pour une
bonne chose ! Et lorsque tu ne les respectes pas, ça entraîne des
conséquences sur tout le monde ! Donc pour tout cela, pour ta
désobéissance, ta fourberie, tes mensonges, et pour toutes les conséquences qui
ont découlé de ta petite rébellion à deux balles, tu vas prendre une bonne
déculottée !
Tout en désinfectant ma plaie – ce qui me piqua
un peu, d’ailleurs ! – l’infirmière me lança un regard ferme. Cette
vieille peau avait l’air d’accord avec mes parents !
- Et quand tu auras les
fesses toutes rouges, poursuivit ma mère en m’humiliant un peu plus, tu
réfléchiras peut-être aux conséquences de tes actes, ma chère fille !
J’étais au comble de la gêne et j’avais envie
d’éclater en sanglots. Non seulement mes parents me fichaient la honte devant
le personnel soignant mais en plus j’allais prendre une nouvelle fessée !
J’aurais voulu disparaître dans un trou de souris.
Dans la voiture pour rentrer à la maison, sachant ma cause
désespérée, je me fis l’avocate de Louise. Mon père était moins crispé sur le
volant et ma mère consultait son smartphone. Je me lançai :
-
Papa,
maman… S’il vous plaît, ne punissez pas Louise.
-
Marie,
stop ! me gronda Scarlett après avoir soupiré d’agacement. Vous avez fait
une bêtise toutes les deux, il faut assumer !
-
Mais
elle voulait venir vous le dire, insistai-je. C’est moi qui l’en ai empêchée.
-
Elle aurait pu venir nous le dire quand même,
répondit papa. J’imagine que tu ne lui as pas mis de couteau sous la gorge…
-
Vous
allez punir sa fidélité envers moi ?! m’exclamai-je, outrée.
-
Nous allons punir son silence, répondit Michael. Si nous n’avions pas découvert
le pot-aux-fleurs, Dieu seul sait jusqu’où ton infection se serait propagée !
-
Je
vais bien ! protestai-je, contrariée. Et on dit : « le pot-aux-roses »,
d’abord !
-
Ne
commence pas à être insolente, me prévint fermement ma mère.
-
Je
ne suis pas insolente ! rétorquai-je.
-
Ton
« d’abord » était de trop, justifia Scarlett. Et je rêve où tu viens
de me répondre, de surcroît en contestant mes dires ?!
-
J’ai
juste dit que je n’étais pas insolente ! protestai-je, fâchée à mon tour.
-
Marie,
il est grand temps que tu te taises ! me conseilla Michael. Un mot de plus
et je n’attendrai pas les cinq minutes qui nous séparent de la maison pour te
flanquer une dérouillée !
- Mais c'est bon, là ! m'agaçai-je sans contrôle alors que nous passions dans un quartier pavillonnaire. Je n’ai rien fait !
Papa se gara
immédiatement. Sans arrêter le moteur de la voiture, il enleva sa ceinture et
ouvrit sa portière, ce qui provoqua un « bip ! bip ! bip ! bip !
» incessant de la part du véhicule. Il sortit ensuite de son siège et ouvrit ma
portière. De mon côté, j’avais eu le temps de me réfugier derrière le siège
passager. En voyant Michael tenter de m’attraper, je le
priai :
-
Non
papa ! Pardon, je suis désolée ! Je suis désolée ! Je vais me
taire ! Je vais me taire !
-
Viens
ici ! me gronda le chef de famille en rampant sur la banquette arrière. Et
arrête de gigoter, Marie ! Abîme encore une seule de tes plaies et je te
jure tu prendras la volée du siècle !
-
Papa,
j’t’en supplie, lâche-moi ! lui dis-je en commençant à pleurer alors qu’il
avait attrapé mon poignet.
Face à la force redoutable
de papa, je n’eus d’autre choix que de sortir de la voiture. Lorsque ce fut
fait, Michael me déculotta, là, en plein milieu de cette rue dans ce quartier
pavillonnaire, et me flanqua une cinquantaine, peut-être une soixantaine de
claques sur mon derrière nu après avoir entravé mes membres supérieurs. Ce fut
long et atroce ; et c’était la première fois que je prenais une telle
déculottée en-dehors de la maison !
Papa avait tapé fort
dès le départ, ce qui avait rendu cette tannée insupportable !
-
C’est
bon, tu es calmée ?! me gronda le chef de famille en me maintenant toujours.
Puisque je pleurais, j’étais
bien incapable de lui répondre. Pour mon plus grand malheur, mon père reprit
les claques en me sermonnant :
-
Tu
nous désobéis ! Tu nous mens ! Et maintenant tu nous réponds ?! Tu
crois vraiment que nous allons laisser passer ça, Marie ?! Tu crois
vraiment que nous allons te laisser ne serait-ce qu’un seul millimètre de marge
de manœuvre ?! Ça fait trois mois que nous avons la chance d’être tes
parents, je croyais pourtant que tu avais compris que tu n’avais pas intérêt à sortir
du cadre que nous t’imposons !
-
Oui,
j’ai compris ! pleurai-je. Papa, arrête ! S’il te plaît !
Cette humiliation
publique était un véritable cauchemar.
-
Tu
me dis que tu as compris parce que je suis en train de te claquer le derrière !
me gronda mon père. Mais qui me dit que tu ne te permettras pas à nouveau d’être
insolente, ou désobéissante, ou menteuse ?!
Ces trois derniers
qualificatifs furent appuyés par des claques bien plus douloureuses que les
autres.
-
Non,
papa ! Promis ! Pitié !
-
Promis,
quoi ? me questionna mon père.
-
Promis,
je serai sage !
-
Tu
as in-té-rêt, Marie ! Tu as vraiment in-té-rêt !
Avec ses trois syllabes
donnant trois claques, je crois que je détesterai à vie le mot « intérêt » !
Après cette dernière
réplique, Michael me lâcha enfin. Il me laissa me rhabiller et remonter
douloureusement dans la voiture. Je tentai de calmer mes pleurs avant de rentrer
à la maison et n’ouvris plus la bouche.
-
Monte
dans ta chambre, m’ordonna ma mère alors que papa rentrait la voiture dans le
garage. Tu es punie jusqu’au dîner.
Sans autre alternative,
j’obéis, même si je trouvais la situation particulièrement injuste. Je venais
de me ramasser une immonde volée en public et j’étais encore punie ?!
Tout en me forçant à avaler la purée de potiron se trouvant
dans mon assiette – je déteste le potiron mais je ne pouvais pas me permettre
un autre esclandre – je regardais ma sœur. Je voyais bien que Louise me faisait
la tête. Elle n’osait même pas me jeter un seul regard.
-
Bon,
qu’est-ce qui vous arrive, toutes les deux ?! finit par nous demander Ana alors
que nous débarrassions la table.
Ni Louise, ni moi ne
répondîmes. Anaïs finit par obtenir le fin mot de l’histoire car maman lui
raconta ce qui s’était passé. C’est comme ça que je sus que Louise avait pris
une fessée. Elle n’était pas déculottée – j’avais quand même dissuadé mes
parents avec cette plaidoirie à deux balles qui m’avait coûté très cher ! – mais elle en
avait pris une quand même, elle qui n’a presque jamais rien à se reprocher.
Pour Louise, c’était une véritable épreuve que d’être punie par Michael et
Scarlett ; ça ne relevait absolument pas du quotidien, comme pour Anaïs et
moi…
J’allais sortir de la salle de bains après mon brossage de
dents lorsque Louise y entra. J’en profitai pour m’adresser à elle :
-
Loulou,
je suis vraiment désolée. Je te présente mes excuses. Si j’avais su que papa et
maman te tomberaient aussi dessus…
-
Tu
as été davantage punie que moi, me dit ma sœur. C’est bon, on est quittes.
A suivre…
Plus de peur que de mal ... tout du moins en ce qui concerne la plaie ! Marie s'en sort bien ... mais pas pour son derrière 😪 Elle a sous-estimé la colère de son père, elle aurait eu intérêt à faire profil bas ... la déculottée n'a pas attendu l'arrivée à la maison ... dans la rue !!! La honte !
RépondreSupprimerJ'espère que Marie ne mêlera plus Louise à ses mensonges ?!
A bientôt la suite ?