A
Noël dernier, je voulais offrir un cadeau spécial à Gabriel ; mais celui-ci
est tombé à l’eau. Le cadeau, hein ! Pas Gabriel !
Je souhaitais lui faire cadeau d’une demande d’adoption
légale. Je voulais l’adopter officiellement comme mon frère. J’avais besoin de
cette reconnaissance pour pouvoir dire que Gabriel était réellement mon frère.
Malheureusement, il est impossible d’adopter légalement un autre adulte comme
frère ou sœur. On ne peut adopter une personne qu'en tant qu' enfant.
Alors
tant pis. J’ai décidé que même si nous n’avions pas ce fichu bout de papier, je
considèrerais quand même Gabriel comme mon « vrai » frère. Il faut
que je m’y habitue, parfois ça fait encore bizarre de dire aux gens : « C’est
mon frère ! », mais je sais que dans quelques années, ce sera
pleinement entré dans mes mœurs.
Après
la dernière tannée, j’avais tenu dix jours en n’oubliant aucun médicament.
J’avais réussi l’exploit de me tenir correctement. Il faut dire que Gabriel
m’en avait collé une « pas piquée des vers » comme dirait l’expression varoise.
Elle avait tellement été marquante que je m’étais tenue à carreaux pendant dix
jours entiers. Pour moi, c’était déjà une grande étape de franchie !
Surtout que Gabriel était revenu à la maison à la toute fin
du mois de mai. J’avais décidé de ne pas lui donner de prétexte pour me
remettre sur ses genoux. Mission accomplie : rien n’était tombé sur mes
fesses !
Mais
Gabriel est reparti. Et les effets de la dernière tannée ont commencé à
s’estomper. A partir du 12 juin, ce fut une véritable catastrophe. Le 15 juin
sonnait le début des grandes vacances. Ce fut encore pire…
Comme
presque tous les étés, Hugo et moi partons en vacances chez Gabriel. Cette
année, nous avons décidé d’y aller 10 jours au mois de juillet – Hugo étant
artisan, il avait des travaux à faire chez mon grand frère – et 10 jours au
mois d’août.
La
semaine dernière, j’écrivais à Gabriel, à propos du Monsieur George de la
rubrique « Nouvelle rentrée, nouvelle vie ! » du blog :
« Je viens d’écrire un article hyper hard sur mon blog. ». Gabriel me
répondit : « Tu anticipes ta venue ? ».
Mon corps tout entier se figea. Je crois que de
tous les coups de pression que mon frère m’avait déjà mis, celui-ci était le
pire.
Je lui répondis : « Ohhhhhh mais
c’est méchant ça !! », puis : « En plus, on sait tous les
deux que tu ne vas pas me tomber dessus. », puis : « T’es
horrible avec ton coup de pression !! Je ne vais pas dormir de la
nuit !! ». Ces trois messages restèrent sans réponse. Gabriel me
laissait mijoter dans mon angoisse. J’avais envie de le traiter d’enfoiré mais je
me gardai bien d’envoyer ce quatrième message.
Jeudi 17 juillet. C’est le grand départ d’Hugo et moi,
accompagnés par mon petit frère, sur la route des vacances. Après une halte
dans la famille en Anjou, nous arrivâmes chez Gabriel vendredi 18 juillet dans
l’après-midi.
Le soir, mon grand frère et son groupe jouaient à
domicile : nous profitâmes du concert pour nous détendre de la route,
danser, nous amuser, célébrer le début des vacances. Du moins pour mon petit
frère et moi ; Hugo lui, n’était pas vraiment en vacances puisqu’il devait
travailler chez Gabriel.
Après le concert, c’est avec des yeux brillants d’admiration
que je m’avançai vers mon grand frère pour le serrer dans mes bras.
-
C’était
vraiment super ! Je suis trop fière de toi ! lui dis-je.
Puis j’ajoutai :
-
Tu
m’as vraiment manqué !!
-
Toi
aussi, répondit-il en me serrant très fort, mais je vais te
tuer !
-
Oh
non ! me lamentai-je.
-
Oh
si ! insista-t-il.
Nous cessâmes ensuite
notre étreinte. Je répétai à Gabriel que j’étais vraiment fière de lui.
Il est né pour être
musicien, j’en suis convaincue. Il s’accomplit pleinement lorsqu’il est sur
scène et c’est vraiment merveilleux à voir !
Le week-end passa. Nous fûmes rejoints dimanche par Jeanne, ma
meilleure amie, et son mari. Même si les jours passaient, je sentais la menace
peser sur moi. J’entendais Gabriel me faire des réflexions du genre :
« Tu as intérêt à prendre tes médicaments ! » ou alors :
« On va vite en parler ! » ou encore : « Je vais
m’occuper de toi, tu vas voir… »
Un matin, alors que je prenais
mon médicament après m’être levée, mon grand frère me demanda ironiquement
:
-
C’est
le fameux médicament avec un super bon goût ?
-
Oui,
répondis-je. Tu vois, je le prends !
- Heureusement
que tu le prends ! Si tu ne prends pas tes médicaments alors que tu es
chez moi, j’aime mieux te dire que…
-
Ben
c’est bon, je le prends ! le coupai-je. Inutile de me tomber dessus !
-
Je
veux que tu prennes tous tes médicaments sur le long terme, et pas seulement
quand tu es chez moi ! trancha-t-il.
-
Oui
bah là c’est bon, celui de ce matin est pris ! réitérai-je. Et puis, je
suis fatiguée, là…
-
Être
fatiguée, ce n’est pas une raison pour ne pas prendre tes médicaments, dit
Gabriel en me filant une légère tape sur le pyjama.
Oh. Cette très légère
tape que j’avais pourtant à peine senti me mit un énorme stop. Je fermai ma
bouche. Je compris que ce n’était pas le moment d’en rajouter. Je réessaierai
plus tard.
Et je réessayai de nombreuses fois. Il n’y eut pas un
jour de la semaine où je n'essayai pas de négocier avec mon frère. J’essayais durant
les moments où nous étions seuls lui et moi, dans les moments où nous étions en
présence d’Hugo et/ou Jeanne – qui sont tous les deux au courant de la nature
de ma relation avec Gabriel – mais rien n’y faisait. Gabriel ne cédait pas.
Nous arrivâmes au samedi 26 juillet. Jeanne et son mari étaient
repartis, et Hugo emmena mon petit frère faire un tour pour nous laisser seuls Gabriel et moi. Hugo savait parfaitement qu’en me laissant seule avec Gabriel,
il me condamnait… Mais il me dit : « Tu as joué, tu as perdu. Tu
assumes ! ». C’était beaucoup plus facile à dire qu’à faire !
Une fois tout le monde parti, donc, mon frère était assis à la
table de la salle à manger, j’étais assise sur le canapé. Nous étions à environ
trois mètres l’un de l’autre lorsque Gabriel commença à me réprimander tout en
gardant son calme habituel. Il n’élève jamais le ton mais il garde une
voix ferme qui fait ressentir la tension. Lorsqu’il se met en mode
« règlement de comptes », j’ai la boule au ventre. Il me posa des
questions, notamment le pourquoi de ma non-prise de médicaments. Je ne savais
même pas quoi lui répondre à part la vérité : « J’ai oublié » ou
« Ça me saoule de les prendre » ou encore « J’avais la flemme
d’aller les chercher à la pharmacie ». Je n’avais absolument aucun
argumentaire en poche, je n’en avais même pas préparé. Pourquoi ? Tout
simplement parce que comme je vis dans le monde des Bisounours, j’étais persuadée
que Gabriel allait changer d’avis. Ou qu’il n’aurait pas le temps de me punir.
Bref, j’étais certaine que j’allais y échapper. Même après toutes ces années.
Même si je sais que lorsqu’il a décidé de punir, il le fait, j’avais cet espoir
au fond de moi que j’allais vraiment y échapper…
Alors Gabriel se leva, alla fermer toutes les fenêtres de la
maison pour être certain que le bruit ne dépasse pas les murs et m’attrapa par
le poignet pour me faire lever. Malgré mes prières et mes protestations, il me
pencha sous son bras et releva ma robe. Je reçus cinq ou six claques sur mon
cycliste jusqu’à ce que lui aussi soit baissé avec ma culotte. Oui, j’avais
prévu de mettre un cycliste par-dessus mon dessous pour amortir les claques,
mais je n’avais pas prévu que tous les deux descendraient aussi vite.
La fessée que je reçus
alors fut sempiternelle et insupportable. Je veux dire, vraiment
insupportable ! Je n'avais pas l'impression que mon frère reprenait son habitude d'y aller crescendo : il me donnait d'énormes claques dès le départ ! Ça faisait horriblement mal ; mes larmes ne tardèrent
pas à me monter aux yeux. C’était une salve du même calibre que Thomas ou
Robin. Là, ça ne rigolait plus. Ça ne rigolait plus du tout !
Lorsqu’elle fut terminée, je tentai de me rhabiller pour
signifier à mon frère que c’était bon, j’avais compris ! Mais il me reprit
tout de suite : « Ne te rhabille pas ! Tu sais très bien que ce
n’est pas terminé ! ». Il me repencha sous son bras et ce fut parti
pour une nouvelle salve interminable. Ça y est, je pleurais. Je ne voulais pas
que mon frère le voie, mais je pleurais vraiment, pour le coup. Cette fessée
faisait bien mal et j’en prenais réellement pour mon grade !
Gabriel se stoppa enfin, me réprimanda quelque peu de sa voix
ferme puis s’assit sur le canapé.
-
Viens
ici, m’ordonna-t-il en me montrant ses cuisses.
-
Non !
dis-je en reculant. C’est bon, j’ai compris !
-
Dépêche-toi,
Lucie !
-
Non,
insistai-je en reculant un peu plus.
-
Si
c’est moi qui viens te chercher, ça va mal se passer ! me prévint-il.
-
Ça
va déjà mal se passer ! lui répondis-je, le visage dans les mains alors
qu’il se levait.
Mon frère m’attrapa la
main et je n’eus d’autre choix que d’avancer tout en tentant de me dégager de
son étreinte.
Il dut insister davantage que d’habitude pour m’allonger sur
ses cuisses. Durant la dernière séance, le passage sur les genoux de mon frère
s’était avéré le plus marquant, le plus douloureux et le plus terrifiant. Pour
cette séance-ci, je redoutais vraiment que Gabriel m’allonge sur ses genoux. C’est
d’ailleurs ce qui m’aurait le plus dissuadée lors d’une menace. J’aurais
davantage réfléchi à : « Tu vas finir sur mes genoux ! » qu’à
un simple : « Je vais t’en mettre une ! ». La fessée OTK
est celle que je redoute le plus depuis quelques temps !
J’avais raison d’appréhender : cette volée me marqua
tellement que je n’ai pas peur d’affirmer ici qu’elle fut l’une des pires de ma
vie. C’était pire qu’avec Thomas, pire qu’avec Robin… C’était pire !
Pourtant, Gabriel n’a
aucunement dépassé mes limites physiques ; et je ne suis même pas sûre qu’il soit
conscient de ce qu’il a créé en moi en me flanquant cette déculottée.
La nature de notre relation
fraternelle et fusionnelle apportait déjà une dimension psychologique : j’étais
punie chez mon frère et par mon frère. J’étais déjà très honteuse par rapport
à ça.
Ensuite, je prenais une
tannée sur ses genoux ; il n’y a rien de plus infantilisant et honteux que
cela.
Et puis, je ne pouvais
pas y échapper. Lors d’une fessée debout, si difficile soit-ce, j’ai quand même
la possibilité de me protéger avec ma main ou de me dégager de l’emprise de
Gabriel. Or sur les genoux, c’est impossible. Impossible d’échapper aux claques ;
et dès que ma main se glisse en bouclier, elle est immédiatement bloquée par
mon bourreau.
Enfin, depuis le temps
que je vous en parle, vous êtes désormais au courant que Gabriel est loin d’être
tendre. Il n’y va jamais de main morte, et ça dure longtemps. Vraiment longtemps.
Conclusion : je
vécus cette déculottée sur les genoux comme la pire des punitions. Je peux même
affirmer que s’il n’y avait eu que celle-là, ça aurait grandement suffi à me remettre
dans le rang !
Lorsqu’elle se termina, Gabriel m’envoya au coin. Puisque je
suis en train de tout vous avouer, je dois vous dire que depuis plusieurs jours
avant que mon frère me tombe dessus, je m’étais mise en condition de dire :
« Non ! » à Gabriel lorsqu’il me demanderait d’aller au coin. Je
pensais que ça ne servait qu’à me saouler et que je ne voyais pas pourquoi je
devais continuer de me plier à cet exercice !
Mais après cette fessée
OTK, cette idée sur laquelle je travaillais depuis le début de la semaine tomba
immédiatement à l’eau. Mon frère m’envoya au coin et j’y allai sans oser le
contredire. Ce supplice qu’avait été cette tannée sur ses cuisses m’avait
clairement vaccinée !
Cependant, vous me connaissez : je ne m’avoue jamais vaincue.
Tandis que Gabriel allait se laver les mains dans la cuisine, j’en profitai
pour me rhabiller en étant au coin : je voulais lui faire comprendre que j’avais
décidé que la séance était terminée ! Encore une fois, cette déculottée
OTK venait de me calmer pour cinq siècles !
-
Est-ce
que je t’ai dit de te rhabiller, ou même de bouger ?! me demanda fermement
mon frère en me voyant faire.
-
Non…
répondis-je.
Je savais qu’il ne me remettrait
pas sur ses genoux. A chaque séance, si je prends plusieurs longues salves
debout, il n’y a à chaque fois qu’un seul passage sur ses cuisses. Il était
évident que je ne voulais pas reprendre une fessée quelle qu’elle soit ! –
mais le risque était moindre en sachant que je ne paierais pas ma désobéissance
avec une OTK.
-
Puisque
tu ne veux pas obéir aux ordres, ni aux règles… commença mon frère en fouillant
dans son sac à dos.
Je l’entendis prendre
quelque chose et se rapprocher de moi.
-
…Je
vais t’apprendre à le faire ! termina-t-il en me redéculottant.
Une fois mes fesses de
nouveau à l’air, je pris plusieurs bons coups de martinet. Ah, ce p*tain de
martinet de la mort qui fait ultra mal ! Il ne m’avait clairement pas
manqué !
Mon égo en prenait
encore un coup. En une seule après-midi, je prenais une fessée sur les genoux et une fessée au martinet de la part de mon grand frère. J’avais l’impression d’être
vingt ans en arrière et d’avoir commis une énorme bêtise. C’était peut-être ce
qui aurait dû m’arriver si j’avais grandi dans une famille dans laquelle on m’aurait
fixé des limites. Je découvrais alors tout cela sur le tard, à l’âge adulte, et
quelque part, j’étais bien contente d’avoir eu des parents pacifiques !!
Alors que j’étais au coin, je recevais alors une déculottée au
martinet plutôt bien corsée. Tandis que j’avais l’intention d’ériger un bouclier
manuel, mon frère me prévint :
-
Ne
mets pas tes mains !
Pour une fois, je l’écoutai.
Je savais que le martinet était très redoutable et que s’il tombait autre part
que sur mes fesses, il pourrait me blesser ; surtout vu la force des coups que
recevait mon derrière !
-
Pourquoi
tu ne m’écoutes pas quand je te dis de prendre tes médicaments, Lucie ? me
demanda Gabriel.
-
Parce
que je suis têtue, avouai-je avec sincérité et appréhension.
-
Comment ?
s’enquit mon frère en cinglant les lanières sur ma lune rouge.
-
Parce
que je suis têtue, répétai-je à mi-voix.
-
Répète-le !
ordonna-t-il.
-
Je
suis têtue, dis-je en pleurant avant d’encaisser plusieurs nouveaux coups.
Puis, Gabriel posa l’objet
du malheur, m’attrapa pour me sortir du coin et me pencher à nouveau sous son
bras. Cette nouvelle tannée me fit vraiment très mal, surtout après le passage
du martinet. Cette séance était vraiment très, très, très corsée !
Et Gabriel m’autorisa enfin à me rhabiller après m’avoir
rappelée de respecter mon traitement (notamment les médicaments et le sommeil).
Je m’exécutai en pleurant. Gabriel partit se laver les mains et rouvrit toutes
les fenêtres de la maison, tandis que je m’allongeai sur le canapé pour pleurer dans une position fœtale.
Mon frère attendit quelques minutes avant de venir s’asseoir à
côté de moi. Je pleurais encore lorsque je me blottis contre lui.
-
Je
suis désolée, lui dis-je.
-
Non,
c’est moi qui suis désolé ! me rétorqua-t-il fermement. Je suis désolé de
devoir te coller des trempes, désolé que tu n’écoutes pas, désolé que tu sois malade
et désolé que tu aies des médicaments à vie !
Je me tus un moment :
je sentais que la tension n’était pas encore redescendue.
Par la suite, tout en gardant ma tête blottie contre Gabriel,
j’engageai la conversation lorsque je sentis qu’il était redescendu en
pression.
Nous discutâmes un bon moment, le temps pour moi d’être
réconfortée par mon frère. Ce fut un bon moment jusqu’à ce que Gabriel me
demande :
-
Tu
as pris combien de tes médicaments depuis ce matin ?
Je ne répondis pas. Il
répéta. Je ne répondis toujours pas. Il répéta encore. Je le priai alors :
-
S’il
te plaît, ne m’oblige pas à répondre.
-
Combien,
Lucie ?
-
…
-
Combien ?
-
Ne
cherche pas, je ne te répondrai pas.
- Il va falloir que je tape pour que tu me répondes maintenant ?!
-
Nan,
nan !! protestai-je.
-
Alors
combien ?
-
Un,
répondis-je en fermant exagérément les yeux.
-
Tu
en as oublié un ou tu n’en as pris qu’un ? se renseigna Gabriel.
-
Je
n’en ai pris qu’un… répondis-je presqu’en chuchotant.
Il y eut un moment de
silence durant lequel je savais que mon frère réfléchissait. Il brisa ce
silence en me disant :
-
Je
sais à quoi tu penses.
-
Et
je sais à quoi tu penses, lui répondis-je.
Il réfléchissait ! Est-ce qu’il devait à nouveau me sanctionner ou non ? Il finit par
entreprendre de se lever en disant :
-
Je
te connais trop bien, je sais que si je laisse passer, tu vas te dire que la
prochaine fois, je laisserai passer aussi.
Je le priai tant que je
pus mais je finis tout de même à plat ventre sur la méridienne pour recevoir
une nouvelle salve. Mon frère tapa sur mon cycliste et ne tapa pas vraiment
fort ; mais vu tout ce que je venais de recevoir, mes fesses étaient assez
meurtries pour que ça me fasse mal quand même ! Il me prévint ensuite :
-
Si
jamais tu oublies un seul médicament d’ici demain, je t’en remets une demain
matin.
-
Je
ne te crois pas, affirmai-je.
-
Lucie,
regarde-moi.
J’osai à peine le
faire. Il réitéra sa menace.
Bon, j’avais compris le
message.
Le soir, mon mari, mes deux frères et moi nous rendîmes à un
festival de musique. Juste avant de partir, je me rendis compte qu’il me
manquait un médicament pour finir le séjour. Gabriel acta alors de m’en
redonner une le lendemain matin, avant que je passe mon temps à le prier de ne
pas le faire. Il céda finalement.
Arrivés au festival de
musique, j’emmenais les trois garçons sur le marché artisanal et réclamai à
Gabriel qu’il m’achète des boucles d’oreilles sur lesquelles j’avais craqué.
-
Ben
du coup, je ne te les achète pas.
-
Quoi ?!
m’étonnai-je.
-
Tu
n’as qu’à mieux gérer tes médicaments.
-
Nan
mais c’est une blague, là ? Tu me fais marcher, c’est ça ?
-
Non.
Je ne te les achète pas. T’es punie.
C’est alors que l’ancienne-moi
resurgit d’un coup : je me surpris à faire un caprice à Gabriel. Il fut
très court et pas très appuyé mais je fis un caprice quand même. Mon grand
frère ne céda pas. Tant pis, ce fut Hugo qui m’offrit mes boucles d’oreilles
sous le regard dépité de Gabriel. J’avais eu mes boucles d’oreilles, c’est tout
ce qui comptait !
Alors que Gabriel restait avec ses amis, Hugo, mon petit frère
et moi décidâmes de nous en aller après être restés une bonne heure. Nous rentrâmes
chez Gabriel et préparâmes nos affaires pour notre retour chez nous prévu pour
le lendemain. Mais au moment de prendre mes médicaments, je me rendis compte qu’il
ne m’en manquait pas un, mais trois ! La peur m’envahit tout entière. Je
ne me souvenais pas avoir ressenti une telle terreur récemment. Si Gabriel
apprenait qu’il me manquait trois médicaments…!!
Je me mis alors à vider
une fois, deux fois, trois fois, quatre fois le sac qui contenait mes
médicaments, au cas où il y aurait des comprimés qui seraient tombés.
-
Mais
qu’est-ce qu’il y a ? me demanda Hugo tandis que mon petit frère jouait à
sa console dans sa chambre. Qu’est-ce que tu cherches ?
-
Il
me manque des médicaments !
-
Pourquoi
tu n’es pas allée à la pharmacie aujourd’hui ? me demanda mon mari.
-
Parce
que je ne savais pas qu’il m’en manquait !
-
Nan
mais Lucie, je te dis tout le temps d’anticiper…
-
Je
sais ! lui aboyai-je. Mais là, j’suis dans la merde ! Gab’ va
rentrer, s’il apprend qu’il m’en manque trois au lieu d’un…
-
Je
ne sais pas quoi te dire.
-
Regarde
sur ton téléphone, lui dis-je. Cherche une pharmacie de garde !
-
Ils
ne te délivreront jamais les médicaments sans ton ordonnance, me dit Hugo après
avoir checké les médicaments manquants.
-
Si
je ne prends pas mes médocs, Gab’ va me re-tuer !!
-
Tu
ne vas pas aller réveiller un pharmacien à Pétaouchnok juste pour éviter une
fessée ! Si tu dois la prendre, tant pis pour toi ! La prochaine
fois, tu anticiperas !
-
Je
n’ai pas besoin d’entendre ça ! grondai-je. Laisse tomber, je vais me démerder
toute seule !
J’étais dans une peur
panique. Mes fesses me faisaient déjà atrocement mal, je n’étais absolument pas
en état de reprendre une tannée. Surtout que ce ne serait pas une petite,
puisque mon frère me la donnerait sous le coup de la colère.
Je l’imaginais déjà en
train de prendre le martinet dans une main, mes cheveux dans l’autre, et me traîner
dans sa dépendance pour me ficher une nouvelle déculottée au martinet. Rien que
d’y penser, j’avais envie d’éclater en sanglots.
Il ne me restait plus
qu’une solution. J’envoyai un message à Gabriel :
« Bon, en fait je
crois que tu vas vraiment me re-tuer. Mais ne le fais pas, s'il te plaît.
Attends au moins le mois d'août... Je suis vraiment désolée. Je n'ai
pas assuré. »
Il vit le message mais
ne me répondit pas. Il ne m’envoya que treize minutes plus tard :
« Je rentre. »
Je ne pensais pas cela possible
sur le moment, mais mon angoisse augmenta encore d’un cran. Je ne tenais plus
en place. J’étais en plus stressée car Gabriel rentrait à pied en pleine nuit
et je craignais qu’il lui arrive quelque chose.
Lorsqu’il rentra, heureusement, il fit comme si de rien était.
Comme j’étais soulagée !! Je vous assure que j’étais vraiment, vraiment
soulagée ! Un énorme poids se délestait de mon corps. J’étais beaucoup plus
légère. Seulement, cela ne dura que quelques minutes. Je n’avais pas prévu l’arrivée
d’un autre sentiment : la culpabilité.
En regardant Gabriel et
Hugo discuter, je me rendis compte que ces deux hommes faisaient tout pour moi,
pour mon bien-être, et moi je n’étais même pas capable de me gérer. Juste gérer
un traitement, c’était déjà trop compliqué pour moi. J’étais incapable de
penser autrement qu’à très court terme.
D’accord, j’avais huit
prises de médicaments par jour et des tonnes de contraintes à respecter. Un
régime alimentaire à respecter. Un rythme de sommeil à respecter. Je devais
faire plus de sport. Boire un litre et demi d’eau par jour. Rester à table pendant
dix minutes complètes avant de me lever après avoir fini mon repas. Etcetera,
etcetera.
D’accord, mon
gastro-entérologue n’a cessé de me répéter que mes maladies ne peuvent se gérer
seule et qu’il faut absolument que je reçoive de l’aide de mon entourage.
N’empêche que ce soir, j’avais
juste l’impression d’être un poids pour tout le monde, une nana totalement
dépendante des autres et incapable de se gérer seule. Bref, petit coup de
blues, aussi dû à la fatigue, je pense.
Au moment de se coucher, j’enlaçai Gabriel pour lui souhaiter
bonne nuit. Je lui répétai au creux de l’oreille que j’étais désolée concernant
les médicaments. Il rit un peu jaune, me dit que j’aurais quand même mérité d’en
reprendre une. Il me donna une claque sur les fesses – et sur mon léger
pyjashort d’été et mon fessier meurtri, je dois avouer que j’eus mal !
–, je le pris à la rigolade, contente d’avoir échappé à une vraie punition. Pour
en avoir le cœur net, je lui demandai quand même :
-
Tu
me laisses tranquille demain matin ?
Il réfléchit, puis
répondis :
-
Je
te laisse tranquille demain matin. Par contre, je t’attends en août. Tu as intérêt
à prendre tes médicaments.
J’avais dix-huit jours
à tenir avant de revenir chez Gabriel pour dix nouveaux jours. Dix-huit jours à
prendre mon traitement correctement. Il fallait absolument que j’y arrive. Il
était hors de question de reprendre une fessée au mois d’août. Rien qu’à l’idée
de retourner sur les genoux de mon frère, j’en ai déjà des sueurs froides…
A suivre…
Bon Gabriel a été plutôt cool finalement.
RépondreSupprimerRaison de plus pour fournir des efforts au cours des 18 jours à venir 😉
Gabriel a eu raison de te rappeler qu'une fessée, ça fait mal, t même très mal. Il a parfaitement compris jusqu'où il pouvait aller tout en étant dissuasif. Oui, tu dois avoir peur de ses punitions car c'est exactement ce qui te permet d'avancer. Tu n'as qu'une santé, Lucie. Il est hors de question que tu joues avec. Nous sommes un certain nombre à tenir à toi, quoi qu'il ait pu se passer par le passé. Alors je soutiens complètement Gabriel dans sa manière de te tenir et encore, je l'ai trouvé indulgent, dans ce récit... Bon courage et sois sage, et les caprices, ça suffit ! Pleins de bisous et de câlins.
RépondreSupprimerça me fait vraiment, vraiment chier de l'admettre mais... Tu as raison. Profite, car je n'écrirai pas ça tous les jours ! ^^ <3
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