Accéder au contenu principal

Nouvelle rentrée, nouvelle vie ! - Chapitre 46 (1ère partie)

 


Vendredi 8 novembre 2025

 

-    Dépêchez-vous ! Aller, debout ! Il faut que vos chambres soient impeccables !

Les surveillantes du dortoir n°2 nous aboyaient dessus et nous nous agitions sans trop savoir pourquoi : ce n’était pas le traitement qui nous était réservé d’habitude, surtout à sept heures trente du matin !

       Fait encore plus inhabituel : Monsieur Éric vint en personne inspecter le moindre recoin de chaque chambre.

-    Mais enfin, qu’est-ce qui se passe, Monsieur ?! lui demandai-je alors qu’il vérifiait la nôtre.

-    Je n’ai pas le temps de t’en parler ma grande, j’ai encore quinze chambres à vérifier. Je vous expliquerai tout au réfectoire pendant que vous prendrez votre petit déjeuner. D’ici une demi-heure, vous saurez.

-    C’est grave ? s’inquiéta Mathilde.

-    Ça peut l’être, répondit le Directeur avant de sortir de la pièce.

Mathilde et moi nous jetâmes un regard angoissé. Que Diable s’était-il passé ?!

 

       Lorsque Naomy arriva à table avec la joue rouge, je lui demandai instantanément :

-    T’as pris une baffe ? C’est toi qui a déclenché tout ce merdier ?

-    J’ai pris une baffe parce que mon lit n’était pas fait au carré ! râla Naomy. Je ne sais pas quelle mouche a piqué le Dirlo aujourd’hui mais c’est une vraie teigne !

-    On va vite le savoir, annonça Mathilde en regardant Monsieur Éric monter sur l’estrade.

Monsieur le Directeur afficha vraiment un visage anxieux. Très anxieux, même. Une boule se forma dans mon ventre lorsqu’il débuta :

-    Votre attention s’il vous plaît ! Mesdemoiselles les élèves, Messieurs Dames les professeurs, Messieurs Dames les Intendants, Messieurs les Directeur-Adjoint et Surveillant Général.

Certains d’entre vous l’ignorent, mais notre établissement fait partie d’une fondation. La fondation « Adrian Farlane » dirige une vingtaine d’établissements dans le monde entier, dont sept en France.

-    Qu’est-ce que ça peut nous faire ? me demanda Mathilde en chuchotant.

-    Le siège de cette fondation, continua Monsieur Éric, se trouve au Royaume-Uni, à Stirling, en Ecosse. C’est naturellement là-bas que siège le Directeur Mondial de la Fondation : Monsieur George Farlane ». Or, il arrive que Monsieur George visite les établissements. J’ai donc été informé cette nuit que Monsieur George arrivait ce matin à dix heures pour visiter notre école.

De nombreux chuchotements se levèrent dans l’assemblée, ce qui fit crier un « Silence ! » à Monsieur John. Le Directeur reprit :

-    Monsieur George va vérifier chaque recoin de l’établissement, et c’est un juge particulièrement exigeant. Je vous prierais donc de bien vouloir vous tenir correctement. Pour tout vous avouer : il en va de ma place ici.

Un silence assourdissant naquit après les mots de Monsieur Éric. Si nous ne réussissions pas cette visite, Monsieur Éric serait viré ?! Impossible !

Je levai alors la main :

-    Mais Monsieur : ce n’est pas vous le Directeur de toutes les autres écoles ?

-    Je suis le référent des écoles françaises, Clémence. Mais pas internationales. Monsieur George est mon chef.

Après une légère pause, le Directeur reprit :

-    Je préfère vous prévenir tout de suite : Monsieur George est loin d’être commode ! Il se peut que vous receviez la canne pour un simple regard de travers ! Par conséquence, ne cherchez pas à vouloir le provoquer ou l’intimider : vous le paierez très cher !

Nous nous jetâmes des regards terrifiés.

-    Il va également vérifier vos dossiers dans leur entièreté, poursuivit le Dirlo. Je demande particulièrement à celles qui n’ont pas un dossier glorieux de faire profil bas aujourd’hui !

-    Oh ça y est, je vais mourir ! me lamentai-je. Ce Monsieur George va me tuer !

-    Monsieur George arrive dans deux heures. Je vous dispense de cours ce matin pour pouvoir l’accueillir. Vos cours reprendront à treize heures trente. De plus, je veux tout le monde dans le hall à neuf heures trente précises. Vos uniformes et coiffures devront être impeccables ! En attendant, l’équipe intendante qui travaille actuellement de façon acharnée pour faire en sorte que l’établissement brille à dix heures, a besoin de volontaires. Merci à celles qui se joindront à eux. Je vous laisse maintenant terminer votre repas. Neuf heures et demie tapantes dans le hall ! Gare à celles qui seront en retard !

Monsieur Éric descendit de l’estrade et tout le monde se mit à parler :

-    Avec mon dossier, je suis fichue ! déplorai-je. Cet écossais de mes deux va me dégommer !

-    Et moi donc ! poursuivit Abigaëlle. Moi je suis déjà allée en cellule, je te signale !

-    Moi aussi… me désolai-je.

 

A neuf heures et demie pétantes, nous étions toutes là : les cinquante-deux élèves, fidèles au poste et rangées par ligne de dix.

Monsieur Éric passait lui-même dans les rangs pour vérifier nos tenues. Nous devions nous tenir droites, les mains dans le dos, avec interdiction de bouger ou de parler. C’était une véritable torture : mais il fallait bien cela pour que notre Directeur garde sa place !

Lorsque Monsieur Éric passait, il flanquait trois bonnes claques sur le derrière de celles qui n’avaient pas correctement arrangé leur uniforme ; et forcément, avec mon bout de chemise mal rentré dans ma jupe, j’eus trois à ces trois claques made in Monsieur Éric. Je bénis instantanément les soins plus qu’efficaces de cette vieille peau d’infirmière. Si je ne les avais pas reçus hier soir, j’aurais hurlé en prenant ces trois claques !

 

       Monsieur George était à l’heure. L’Anglais dans toute sa splendeur. L’homme devait mesurer un mètre soixante-dix, j’estimai qu’il devait peser dans les quatre-vingts kilos. Très brun, il avait les cheveux plaqués sur la gauche. A le voir, la seule chose qui le différenciait d’Adolf Hitler était sa moustache : elle n’était pas courte et carrée mais plutôt longue et s’étirant sur les côtés en une sorte de boucle, à la manière de ces aristocrates anglais d’un autre temps. Vêtu d’un costume en tweed marron, il ne lui manquait plus que le monocle et la pipe pour parfaire le look de Sherlock Homes. Il portait des lunettes rondes laissant voir ses yeux d’un noir de jais.

Il portait à la main un cartable en cuir marron. Je ne voulais vraiment pas savoir ce qu’il contenait.

       Monsieur George serra la main de Monsieur Éric, puis celle de tous les employés tandis que nous restions là, à le regarder faire. Son salut avec Monsieur John fut le plus chaleureux : on aurait dit que mon père-référent était l’employé du mois !

       Puis, ayant fait le tour de tout le personnel, il se posta devant nous en disant :

-    Bonjour Mesdemoiselles !

-    Bonjour Monsieur George, répondîmes-nous en chœur puisque nous y avions été programmées.

-    Je suis là pour vérifier que votre établissement tourne correctement et qu’il est bien géré, dit-il tandis que Monsieur Éric resserrait sa cravate.

Ce mec avait beau être anglais, il parlait un français parfait !

Monsieur George se tourna vers notre Directeur et lui ordonna :

-    Apportez-moi ici et maintenant les dossiers des cinq élèves les plus récalcitrantes.

-    Les plus récalcitrantes, Monsieur ? questionna Monsieur Éric après avoir failli s’étouffer.

-    Exactement, répondit Monsieur George. C’est le premier critère d’évaluation. S’il y a des élèves récalcitrantes dans votre établissement, c’est que vous faîtes mal votre travail. La discipline est le leitmotiv de notre fondation. Alors, Éric ? J’attends !

Notre Directeur, qui commençait à transpirer, se tourna vers Monsieur Lionel en disant :

-    Peux-tu me ramener les dossiers d’Abigaëlle, Valentine, Willow, Salomé et…

Je retins ma respiration.

-    … et Clémence, s’il te plaît ?

C’en était fini de moi.

 

 

       Nous attendîmes plusieurs minutes, toujours nous tenant droites les mains dans le dos, que le Directeur-Adjoint revienne avec les dossiers. Monsieur George se fit apporter une table et une chaise et s’installa devant nous pour consulter ces dossiers.

Il ouvrit en premier le dossier d’Abigaëlle, première dans l’ordre alphabétique. Il commenta à voix haute :

-    Des notes déplorables, un comportement digne d’une délinquante, c’est parfaitement affligeant ! Où est cette Abigaëlle ?

-    Dans le rang, Monsieur, répondit notre Directeur.

-    Mademoiselle Abigaëlle ! gronda l’Anglais. Venez vous mettre ici, devant ma table !

Toute tremblante, Abigaëlle sortit du rang et obéit. Monsieur George reprit :

-    Vous avez une accumulation de bêtises qui dépasse l’entendement, Mademoiselle ! la gronda-t-il. Je déplore que l’on vous ait laissée faire ! Vous êtes pourtant allée en cellule, dans la salle grise, et…

-    La salle grise était collective, Monsieur, précisa Abi.

Vous vous permettez d’interrompre l’adulte lorsqu’il vous réprimande ?! gronda très fortement Monsieur George. Mais pour qui vous prenez-vous ?! Penchez-vous immédiatement sur la table !!

Abigaëlle s’exécuta. Sous nos regards effrayés, Monsieur George se leva et enleva sa ceinture. Puis, il souleva la jupe d’Abigaëlle et baissa sa culotte.

-    Vous comptez, Mademoiselle ! annonça l’Anglais. Vous prendrez autant de coups qu’il faudra pour faire taire votre insolence désolante !

 

Abigaëlle reçut trente horribles coups de ceinture (chacun laissait une marque impressionnante !) qu’elle eut bien du mal à encaisser. Les nombres qu’elle prononçait étaient déchirants de douleur et de compassion. Ce Monsieur George était un véritable monstre !!

Après avoir ordonné à Abigaëlle de se rhabiller et relever, Monsieur George se rassit sur sa chaise et poursuivit, nullement interpellé par les pleurs nombreux et profonds d’Abigaëlle :

-    Donc la cellule et la salle grise. Cela ne fait que deux mois que vous êtes ici, vous avez déjà commis cinquante-quatre infractions et reçu cinquante-quatre corrections ! A quoi ont-elles servi, dîtes-moi ?! A vous apprendre à interrompre les adultes qui vous sermonnent ?!

Le Directeur Anglais se tourna vers Monsieur Éric et disant :

-    Mais quelles corrections donnez-vous pour que vos élèves se tiennent de la sorte ?! Deux petites claques sur la jupe, c’est cela ?! Dans mon établissement, l’élève la plus récalcitrante a reçu cinq corrections ; et c’est déjà énorme ! Cinquante-quatre, Éric ! Est-ce une farce ?! Est-ce pour me faire marcher ?! Est-ce cela que vous appelez tenir un établissement ?!

Puis, en montrant Abigaëlle de la main, il poursuivit :

-    Ce que je viens d’infliger à votre élève s’appelle un rappel à l’ordre ! Pas une correction ! Peut-être va-t-il falloir redéfinir ces termes car nous ne semblons pas être en accord !

Monsieur Éric hocha la tête et tendit le dos. Nous voyions toutes qu’il était bien agacé de se faire ainsi réprimander devant nous !

-    Mademoiselle Abigaëlle, je vous donne rendez-vous dans le bureau de votre Directeur à dix-sept heures tapantes ! Je vais vous apprendre à être une fauteuse de troubles et vais, au passage, montrer à vos dirigeants ce que c’est que de donner une véritable correction ! Retournez à votre place !

Abigaëlle, qui ne pouvait cesser de pleurer tant elle devait avoir mal aux fesses, retourna à sa place, penaude.

Monsieur George poursuivit :

-    Mademoiselle Clémence, je vous verrai à dix-sept heures trente dans ce même bureau ! Mademoiselle Salomé, à dix-huit heures ! Mademoiselle Valentine à dix-huit heures trente ! Mademoiselle Willow à dix-neuf heures !

Il se tourna ensuite vers l’assistante qui l’accompagnait et dit :

-    Veuillez prévenir toute l’équipe : je serai absent toute la semaine. D’après ce que je viens de voir, il y a beaucoup de travail dans cette école, et une seule journée ne suffira pas à recadrer les choses ! Je vous le dis, Éric, vous avez du souci à vous faire !

Il se leva, et, demandant la direction des toilettes, sortit de la pièce en fulminant : « Cinquante-quatre corrections… Non mais franchement ! N’importe quoi ! ».

 

       Pour ma part, avec cette convocation à dix-sept heures trente, je pensai à rédiger mon testament. En voyant ce qu’Abigaëlle avait reçu pour « simple rappel à l’ordre », la Terrible de mon frère ne me semblait plus si terrible que ça !

 

A suivre…

La suite !

Commentaires

  1. Un tremblement de terre au sein du pensionnat ?!?!?!?!!!
    Oh non, non, non !!!
    S'il vous plaît 🙏🙏🙏🙏🙏 ne faites pas partir Monsieur Éric ! Il ne mérite pas ça ☹ c'est un excellent directeur !!!
    J'espère que l'équipe encadrante va le soutenir inconditionnellement ?!
    Et j'espère que Monsieur John ne l'a pas trahi !?

    Ça va être l'enfer pendant une semaine avec ce Monsieur Georges !!!!
    L'infirmière va avoir du boulot !!!


    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Alors ? Qu'en avez-vous pensé ?

Les stars du blog :

Journal d'une étudiante accueillie (Chapitre 1)

Ça y est, nous y sommes. Mon pire cauchemar est arrivé. Monsieur X. a été élu à la Présidence de la République et il va appliquer son programme. Je m’appelle Marie, j’ai 18 ans, et je vais aller au bagne pour la première fois de ma vie. Enfin, au bagne... J'exagère légèrement. Je vais en fait aller en famille d’accueil, famille dans laquelle je vivrai la semaine ; je pourrai rentrer voir ma famille, dont l’homme de ma vie, le week-end. J’ai eu mon bac littéraire en juin dernier, mention très bien. J’ai décidé d’entamer une licence de Lettres afin de réaliser mon rêve : devenir professeure des écoles. Mais Monsieur le Président de la République l’a décrété : « Tous les étudiants de 18 à 25 ans seront accueillis en structure pour le bien de leurs études ». Pour le bien de nos études ? Pff, tu parles ! Encore des propos démagogues ! Alors me voilà inscrite à l’université Jules Verne de *****, dans laquelle je vais passer minimum trois ans, pour me former au métier de professeu...

Le tutorat de Little Princess (séance 3)

Comme vous avez pu le voir, j'ai changé le titre de cette rubrique. D'abord parce que je le trouvais trop long, ensuite parce qu'il devenait mensonger : Thomas n'est plus mon "nouveau" tuteur mais mon tuteur, tout simplement !   Nous ne nous étions pas vus depuis le lundi 7 décembre. Du 7 décembre au 6 janvier : un mois de « mise à l’épreuve » après la rouste de la dernière fois.   A peine deux jours après ce recadrage musclé, j’avais de nouveau testé Thomas, mais cette fois-ci je m’étais bien assurée que ce soit à distance. Jusqu’ici, toutes mes tentatives de rébellion avaient purement et simplement échouées, et j’en avais payé les frais. Restait ma toute dernière carte et j’hésitais vraiment à la jouer. Et puis tant pis, je me lançai.                 Depuis le début du semestre, ça ne passe pas avec ma prof d’histoire : je ne vous referai pas ici le récit de mon altercation v...

Le tutorat de Little Princess - Partie 3 (Préambule (3) - Et m*rde...)

                  Il paraît que c’est cela que l’on appelle « avoir sacrément merdé »…                     Lorsque ma mère était enceinte de ma sœur et moi, ce fut une grossesse difficile : déni de grossesse les quatre premiers mois, puis perte de ma jumelle. A six mois et demi, s’ils voulaient me donner une chance de vivre, il fallait accoucher ma mère.                   L’une des grosses conséquences de cette naissance très prématurée : de nombreuses malformations dues au fait que mes organes n’ont pas eu le temps de se placer correctement. Si la plupart sont bénignes, en revanche ma malformation intestinale pose problème. J’ai ce qu’on appelle un « mésentère commun complet ». Une malformation inte...

Journal d'une étudiante accueillie (Chapitre 26)

  Mercredi 9 octobre 2019.                   Pas de grasse matinée ce matin : Héloïse nous réveilla à neuf heures pour que nous puissions travailler un peu sur nos cours. J’étais grognon au possible en me réveillant, comme cela m’arrive rarement. En m’asseyant à table au petit déjeuner, je fus agacée par Anaïs, toujours pleine d’énergie et en forme le matin. Je déteste les gens du matin. Ou les gens. Ou le matin.                   Après m’être préparée et habillée pour la journée, je remontai dans ma chambre et me sentis toujours aussi grognon. Je ne savais pas encore pourquoi mais j’avais l’impression que cette journée allait être désagréable au possible. Personne n’avait intérêt à me voler dans les plumes : je m’étais levée du pied gauche !          ...

Nouvelle rentrée, nouvelle vie ! (Chapitre 17)

 Ce chapitre a été écrit par Marie, une fan du blog. Malgré mes quelques commentaires et réécritures, elle a fait un excellent travail ! Bravo à elle ! Mardi 17 septembre 2019.   Lorsque Monsieur Éric toqua à la porte pour nous réveiller, j’étais très motivée pour me lever (ce qui est très rare !). Aujourd’hui sera une belle journée : d’abord parce que le mardi reste la meilleure journée de la semaine grâce à Madame Kelly, la prof la plus adorable du Pensionnat ; ensuite parce que j’ai réfléchi à un plan pour me venger de Monsieur Jean et de Monsieur Nicolas. Ce sera discret (enfin autant que faire se peut), rapide et efficace. Je sais bien que lorsque nous nous ferons attraper la punition sera salée ; mais je ne supporte pas l’idée de laisser croire à nos professeurs qu’ils ont tout le pouvoir (même si ce n’est peut-être pas tout à fait faux). Pour mener à bien mon plan, il me faudrait l’aide de mes amies. Je vais tout faire pour les convaincre de me...