J’ouvris les yeux et vis Mathilde penchée au-dessus
de moi.
- Qu’est-ce qu’il y a ?
- Viens. On a une réunion
avec les autres filles dans la salle de détente.
- Quoi ? m’étonnai-je
en m’asseyant dans mon lit. Mais de quoi tu parles ?
- Viens, je te dis !
Les autres nous attendent !
Je jetai un coup d’œil à mon réveil puis m’exclamai :
- Mathilde, il est trois
heures du mat’ ! Tu es somnambule, c’est ça ?
- Tais-toi et viens avec
moi !
Ma meilleure amie me prit par la main, me
sortit du lit et m’emmena jusque dans la salle de détente.
Toutes
les autres pensionnaires étaient là. Mathilde et moi étions les dernières à
arriver. Laura se tenait face à nous toutes, prête à dégainer un discours.
- Bon, les filles, il
faut qu’on parle !
- Vite, que j’aille me
recoucher ! dit Abigaëlle, morte de peur. Si l’autre cinglé apprend qu’on
est ici au lieu de dormir, on va toutes se faire dégommer !
- Il ne peut pas nous
punir toutes les cinquante-deux en même temps ! protesta Chaïma.
- Ah oui ? aboya
Willow. Et la salle grise, on en parle ou pas ?
- Ecoutez, reprit Laura. On
ne peut pas se laisser faire par ce dictateur ! Nous devons mettre en
place des solutions ! On ne peut pas vivre une semaine comme ça à se faire
matraquer le derrière comme des malades !
- Qu’est-ce que tu proposes ?
demanda Mathilde.
- Une mutinerie, répondit
Laura.
Un brouhaha s’éleva dans l’assemblée, entre
celles qui voulaient retourner dormir de crainte d’avoir des ennuis, et celles
qui étaient d’accords avec Laura.
- Chut ! dit Laura. Ecoutez-moi !
On ne peut pas accepter une telle dictature ! Le mieux est qu’on s’enfuie
du Pensionnat pour deux ou trois jours.
- Nan mais n’importe quoi !
- Et on irait où, hein ?
- T’en as d’autres des
idées à la con ?!
- C’est le seul moyen
pour qu’on puisse…
Nous n’entendîmes pas la fin de la phrase :
l’alarme retentit. A la porte du foyer se trouvait Madame Martine qui affichait
un sourire sadique.
La surveillante nous enferma dans la salle de
détente en attendant du renfort.
Il
ne fallut pas cinq minutes à tous les adultes du Pensionnat pour débarquer.
Monsieur Éric donna l’ordre à chacun de s’occuper de ses enfants référents et
de les raccompagner dans leurs chambres respectives.
Nous entendîmes Monsieur John dirent à Madame
Jeanne : « Raccompagne Mathilde et Clémence dans leur chambre.
Je m’occupe de Willow et je te rejoins. » ; avant que la surveillante
nous attrape par les oreilles pour nous monter dans notre dortoir.
A
partir du moment où l’alarme avait sonné jusqu’à l’arrivée dans ma chambre, je
ne pouvais arrêter de pleurer. Jusqu’à maintenant, je n’avais pas aperçu l’Anglais,
mais nul doute que lorsqu’il serait au courant, nous serions toutes punies
jusqu’à la fin des temps !
- Vous vous rendez compte
de la stupidité de votre acte ?! nous hurla Madame Jeanne après nous avoir
lâchées dans notre chambre.
Mathilde et moi frottions chacune notre
oreille, les yeux rivés vers le sol.
- Une réunion secrète !
Pendant la visite du P-DG de la fondation ! Non mais sérieusement ?!
- Madame, Clémence n’y
est pour rien ! plaida Mathilde. C’est moi qui l’ai forcée à venir !
- Forcée ?! Vraiment ?!
Ne me mens pas Mathilde parce que je te jure que je vais chercher le martinet !!
- Je lui ai pris la main
et l’ai emmenée dans la salle de détente, Madame ! expliqua ma meilleure
amie. Je vous jure que je dis la vérité !
- Tu confirmes, Clémence ?
- Oui Madame, répondis-je
entre deux larmes.
- Très bien. Il n’empêche,
Clémence, que tu aurais pu prévenir un adulte ou remonter dans ton dortoir
lorsque tu as vu où Mathilde t’emmenait !
- Oui Madame, répétai-je
en pleurant.
Soudain, on frappa à la porte : c’était
Monsieur John. Madame Jeanne sortit dans le couloir avec lui, sûrement pour lui
expliquer la situation.
Ils rentrèrent dans notre chambre quelques
dizaines de secondes plus tard. Monsieur John était furieux :
- Qu’est-ce qui vous est
passé par la tête, hein ?! Vous pouvez me le dire ?
- Mathilde m’a demandé de
venir… sanglotai-je.
- Et si Mathilde te demandait
de sauter d’un pont, tu le ferais ?! Après la raclée que tu as prise tout
à l’heure ?! Tu mériterais que je te laisse te débrouiller avec Monsieur
George, tiens !
- Monsieur, s’il vous
plaît… gémis-je.
- Quant à toi Mathilde,
que tu ailles à cette réunion est déjà une belle bêtise ; mais que tu y
entraînes Clémence, là je ne suis pas du tout d’accord ! Il me semble
également que Monsieur George t’a rappelée à l’ordre hier au dîner !
- Oui Monsieur, acquiesça
Mathilde.
- Et alors ?! Ça ne
t’a pas suffi ?!
- Si Monsieur, répondit
mon amie en commençant à pleurer.
- Vous avez gagné une
fessée toutes les deux ! Toi Mathilde, pour être allée à cette réunion et
y avoir entraîné Clémence ! Et toi Clémence, pour avoir suivi aveuglément
Mathilde dans ce que tu savais être une bêtise monumentale !
- Pitié, Monsieur !
pleurai-je en reculant contre le mur. Pitié ! Je vous en supplie !
- Tu y réfléchiras à deux
fois, la prochaine fois ! Vous êtes conscientes qu’avec votre réunion secrète,
vous faîtes risquer sa place à Monsieur Éric ?! Vous faîtes risquer la
place de chaque adulte de l’établissement ?! Non, bien sûr que non !
Puisque vous réfléchissez après avoir agi ! Mathilde, viens ici !
Tandis que je m’étais accroupie dans un coin de
la pièce, je regardais mon père-référent flanquer une fessée debout manuelle
bien salée à Mathilde. Monsieur George aurait sûrement qualifié cela de « rappel
à l’ordre ». Il n’empêche que ma meilleure amie avait les fesses écarlates
et que Monsieur John était furieux !
- Au lit ! lui
gronda-t-il après l’avoir lâchée. Couche-toi immédiatement ! Clémence, viens
ici !
Je refusai, le visage inondé de larmes.
- Pitié Monsieur !
Je vous demande pardon, je suis désolée ! J’étais à peine réveillée et…
- Ohhhh tu étais bien
réveillée quand nous sommes venus vous chercher dans la salle, pourtant !
Monsieur John me fonça dessus, attrapa mon
poignet et me leva du sol. Puis, il me flanqua une dizaine de claques sur ma chemise
de nuit ; je les sentis tout de même bien passer !
- Au lit, Clémence !
Une fois allongée dans mon lit et ma couverture
rabattue jusque sur mon nez, Monsieur John se pencha sur moi et me gronda en
pointant son index sur moi :
- J’ai été plutôt gentil
alors je te conseille de te tenir correctement jusqu’à nouvel ordre ! Si j’apprends
que tu as fait des bêtises, ce n’est pas Monsieur George que tu devras
craindre, mais moi ! Tu as compris ?!
Incapable de parler, j’hochai énergiquement la
tête.
- C’est pareil pour toi
Mathilde ! La déculottée que tu viens de prendre n’aura été qu’une
promenade de santé si j’entends que tu n’as pas été sage !
- Oui Monsieur, répondit
doucement mon amie.
- Vous avez interdiction
de vous lever avant neuf heures et demie, annonça Monsieur John. Je viendrai
moi-même vous chercher. Bonne fin de nuit.
Monsieur John et elle nous embrassèrent à tour
de rôle et sortirent de la chambre.
- Clem’, je suis désolée !
me dit Mathilde.
- Ta gueule. Dors.
A suivre…
Oh non non non !!!!
RépondreSupprimerQuel cauchemar 🥺
Les filles, qu'est-ce qui vous a pris 😡
On sait malheureusement que la terreur pousse à la déraison
Je ne veux pas que Mr Éric parte 🙏
Il va être obligé de sévir grave avec ce sadique qu'il a sur le dos !!!
Comment faire pour que ce tortionnaire disparaisse sans conséquences pour le pensionnat ?
Purée.... encore un sacré pétrin j'espère que ce putain d'Anglais ne sera pas au courant je ne veux pas que Eric soit viré....
RépondreSupprimerJohn était vraiment en colère contre ses filles référentes
Clem va -t-elle en vouloir à Mathilde??
Elles n’arrangent vraiment pas leur cas !
RépondreSupprimerHâte d’avoir la suite !