Mardi 12 novembre 2019
Alors
que Mathilde et moi faisions nos lits après notre réveil, l’une des deux
nouvelles Gouvernantes du dortoir n°2 entra dans notre chambre sans frapper.
- Bonjour Mesdemoiselles,
dit-elle avant d’inspecter notre chambre. Je vois que tout est en ordre, ici !
C’est bien. Habillez-vous et tressez vos cheveux avant de vous rendre au
réfectoire.
- Il faut que nous nous fassions
des tresses ? demanda Mathilde qui pensait sûrement avoir mal entendu.
- Parfaitement, Mademoiselle
Mathilde. Monsieur George a instauré ce décret pas plus tard que ce matin. Toutes
les pensionnaires ayant les cheveux assez longs pour être tressés doivent se coiffer
ainsi. Une ou deux nattes, peu importe.
- Nan mais c’est n’importe
quoi ! protesta Mathilde lorsque Madame Lodine fut sortie de notre
chambre. Ils veulent nous imposer nos coiffures ?! Et puis quoi encore ?!
- Tu peux me faire deux tresses,
s’il te plaît ? demandai-je sagement à ma meilleure amie.
- Tu ne dis rien ?!
s’offusqua-t-elle.
- J’ai trop mal aux
fesses pour dire quoique ce soit, avouai-je. Bon alors, tu peux me coiffer, s’il
te plaît ?
Avec mes longs cheveux descendant jusqu’au
milieu de mon dos – peut-être plus loin, je ne les ai pas coupés depuis la
rentrée ! – Mathilde n’eut aucun mal à me coiffer rapidement. Puis, je la
coiffai à mon tour d’une unique tresse tombant sur sa nuque.
Ce fut
la mort dans l’âme que je me rendis en cours d’anglais. Moi qui adorais le
mardi matin car cela signifiait quatre heures de cours d’affilées avec Madame Kelly,
j’étais dépitée. Dorénavant, ce serait Monsieur Curtis qui assurerait les cours
d’anglais. Un prof choisi par Monsieur Georges. Cela ne pouvait rien apporter
de bon.
- Asseyez-vous !
nous ordonna-t-il en entrant dans la classe.
Monsieur Curtis était un homme noir auquel j’aurais
donné une quarantaine d’années. Plutôt grand, ayant une carrure de sportif, je
fus instantanément persuadée que ce professeur courait des marathons tous les
dimanches. Monsieur Curtis était brun, les cheveux frisés et courts, et portait petit un bouc s’étendant de son philtrum à son menton. Il était habillé d’une chemise
bordeaux qui faisait joliment ressortir sa couleur de peau. Nous fixant de ses
yeux marron foncé cachés derrière ses lunettes noires et carrées, il déclara :
- Bonjour à toutes, je
suis Monsieur Curtis, votre nouveau professeur d’anglais et de littérature
anglaise. J’ai jeté un œil à l’excellent travail que vous avez commencé avec
Madame Kelly et que je souhaite poursuivre. Avant de commencer…
Il s’interrompit soudainement et fixa fermement
Lucille.
- Vous vous permettez de
discuter pendant que je parle ?! gronda-t-il à ma camarade.
- Pardon, Monsieur. dit
Lucille.
- Vous obtiendrez mon
pardon en allant au coin ! annonça Monsieur Curtis.
Lucille resta bouche bée. Le professeur regarda
une feuille sur son bureau puis reprit :
- Mademoiselle… Lucille,
c’est ça ?
- Ou…oui, Monsieur, bredouilla-t-elle.
- Je vous ai demandé d’aller
au coin et je déteste me répéter ! tonna l’anglophone.
- Mais Monsieur, je…
Lucille n’eut pas le temps de finir sa phrase :
Monsieur Curtis descendit de l’estrade pour lui foncer dessus. Il la sortit de
sa chaise d’une main et lui claqua cinq fois le derrière par-dessus sa jupe. Les cinq claques résonnèrent dans toute la classe. Un silence de
mort nous frappa toutes tandis que le professeur emmenait lui-même Lucille au
coin.
- Mains sur la tête !
ordonna-t-il. Si je vous vois bouger, vous recevrez une fessée déculottée de ma part !
Tandis que Lucille s’exécutait, Monsieur Curtis
remonta sur l’estrade. J’étais totalement dépitée. Madame Kelly me manquait
déjà beaucoup !
- Avant de commencer le
cours, reprit le nouveau prof, je dois vous rendre ces copies de la part de
votre ancienne professeure.
Oh. Avec les nouvelles règles en vigueur, nous
nous demandions bien qui finirait au coin avec le bonnet d’âne et les fesses
écarlates ! Je me surpris à commencer à trembler. Je suis très bonne élève
mais les accidents arrivent à tout le monde !
- Les copies sont
classées de la meilleure à la moins bonne note, annonça Monsieur Curtis. Je
commence par Clémence, vingt sur vingt. Excellent travail !
Ouf ! Je fus la première de la classe à
être soulagée ! Après avoir rangé ma copie dans mon cartable, je posai ma
main sur la cuisse de Mathilde, assise à côté de moi. La pauvre n’était qu’appréhension.
Les copies se succédaient : Hélène, Emma,
Louise, Yéline, Valentine, Capucine, Astrid, Charline… Mais toujours pas de
Mathilde à l’horizon. Nous passions désormais en-dessous de la moyenne. Si
Mathilde n’écopait pas de la pire note, elle recevrait quand même une fessée de
la part de notre père-référent, c’était certain !
- Mathilde, quatre sur
vingt ! annonça le professeur en rendant l’avant-dernière copie. Je me
passe de commentaires, vous règlerez cela avec vos parents-référents.
La dernière copie était celle de Laëtitia. Elle
avait obtenu deux sur vingt.
- Monsieur, s’il vous
plaît ! plaida-t-elle en commençant à pleurer.
Monsieur Curtis n’en n’entendit rien : il
sortit Laëtitia de sa table et l’emmena sur l’estrade. Puis, l’anglophone
dégagea sa propre chaise pour la mettre à la vue de tous, s’assit dessus et
bascula Laëtitia sur ses genoux.
La pauvre reçut une déculottée devant toute la classe
qui aurait dissuadé n’importe quelle élève de cet établissement !
Conformément au nouveau règlement, Monsieur Curtis
confisqua la jupe et la culotte de Laëtitia et l’envoya au coin coiffée du
bonnet d’âne. Elle devait garder les mains derrière le dos et ne pas bouger,
tout comme Lucille ; mais Lucille n’avait pas les fesses exposées à toute
la classe, elle !
Forcément, Monsieur Curtis put nous dispenser
son cours dans un silence magistral.
Après
la récréation du matin, comme si le sort s’acharnait contre moi, j’eus des
ennuis. Tandis que nous devions copier la biographie de Jane Austen, Monsieur
Curtis n’aimât pas beaucoup que je prête mon cahier à Mathilde, qui peinait à
tenir le rythme de copie. Je fus envoyée au coin.
Mes mains sur la tête et mon visage face à l’angle
du mur, je pestais contre cette injustice : voilà qu’on ne pouvait plus
aider nos camarades, maintenant ! J’étais dépitée et folle de colère ;
mais je ne pouvais pas me permettre de protester. Mes fesses ne le supporteraient
pas. Et si Côme et Titine apprenaient que j’avais fait des miennes dès le
lendemain de leur passage… Je n’ose même pas imaginer ce qui m’arriverait. Rien
que le fait que je sois au coin devait leur être caché à tout prix !
J’étais
toujours punie lorsque l’on frappa à la porte, comme pour ajouter de la
malchance à mon malheur.
- Entrez ! lança
Monsieur Curtis.
- Bonjour à toutes, dit
une voix que je reconnus comme étant celle de Monsieur George.
Ô misère ! J’étais fichue !
- Asseyez-vous, dit l’Anglais
alors que toutes mes camarades s’étaient levées à son entrée dans la classe,
comme il était coutume de le faire pour chaque adulte. Je voulais savoir
comment se passait votre première matinée, Monsieur Curtis ?
- A merveille, répondit
ce dernier.
- Bien, bien, dit le
sadique.
Je fermai les yeux, attendant que ça me tombe
dessus. Pas loupé.
- Tiens, tiens !
Vous êtes au coin, Mademoiselle Clémence !
J’eus envie de lui répondre : « Non,
je me détends en faisant un poker ! », mais tout ce qui sortit de ma
bouche fut un :
- Oui Monsieur.
- Puis-je savoir pourquoi ?
me questionna le Dirlo des dirlos.
- J’ai prêté mon cahier à
ma voisine pour qu’elle rattrape son retard dans la prise de notes, dis-je avec
toute la dignité qu’il me restait.
- Vous méritez donc votre
sanction, rétorqua Monsieur George. Méfiez-vous, Mademoiselle Clémence. Je
croyais que votre fratrie avait mis les choses au clair avec vous hier mais ça
ne semble point être le cas. Si je vous vois encore punie aujourd’hui, je vous
administrerai moi-même une bonne fessée. C’est entendu ?
- Oui Monsieur, dis-je
les dents serrées.
- Fort bien.
Heureusement que mon regard était resté fixé
sur l’angle du mur, sinon Monsieur George aurait pu y déceler toute la haine
que j’éprouvais pour lui. J’aurais voulu qu’il s’étouffe avec sa salive.
J’entendis cette espèce de sadique faire le
tour de la classe et distribuer des remarques comme : « Tenez-vous
droite, Mademoiselle Eva ! » ou « Tenez votre stylo correctement,
Mademoiselle Noémie ! ». J’exécrais cette personne du plus profond de
mon âme. Vivement la fin de la semaine pour qu’il dégage !
- Bien ! finit par
annoncer l’Anglais. Je suis heureux de constater que tout se passe pour le
mieux, Monsieur Curtis. Je vais donc retourner à la réunion que j’ai organisée ce matin avec l’ensemble de la Direction. Bon cours !
Et il sortit de la pièce. J’aurais vraiment aimé
que derrière la porte de la classe se trouve une cuve de magma brûlant pour que
cet abruti nage en enfer pour l’éternité.
Je me confesserai à un prêtre plus tard.
Monsieur
Curtis me libéra du coin après un quart d’heure de punition. Je dus laisser un
espace vide sur mon cahier pour rattraper le cours que je n’avais pas copié. Je
m’en occuperais en salle des devoirs ce soir pour m’assurer que Mathilde ne
serait pas punie si elle me prêtait son cahier !
Forcément,
peu avant le repas du midi, Monsieur John et sa tolérance zéro me tombèrent
dessus.
- Viens ici, Clémence !
me gronda-t-il.
- Mais Monsieur, je n’ai
rien fait ! plaidai-je.
- Tu te fiches de moi ?
J’ai reçu une notification sur ma tablette. Monsieur Curtis t’a envoyée au coin !
Mathilde plaida alors ma cause auprès de notre
père-référent, me sauvant la mise pour ce midi. Monsieur John dit néanmoins :
- Je vais mener mon
enquête pour vérifier vos dires. Si vous m’avez menti, gare à vos
fesses !
Je ne pris pas la menace au sérieux, sachant
très bien que Mathilde et moi avions dit la vérité.
J’avais
tellement faim ce midi - et chose inespérée, le menu était composé de saucisses
avec des frites ! – que je mis du temps à m’apercevoir qu’aucun membre de
la Direction n’était là ; seuls les professeurs et les Gouvernantes déjeunaient
sur l’estrade.
- Pourquoi les S.G, les
D.-A. et Monsieur Éric ne sont pas là ?
- Oui, c’est étrange !
dit Mathilde. Monsieur John est venu nous voir il y a un quart d’heure !
Il est aussitôt reparti !
- Ils n’ont plus le droit
de manger au réfectoire, nous informa Florentine.
- Comment tu sais ça, toi ?
me renseignai-je.
- J’ai entendu mes
parents-référents en parler entre eux, répondit-elle. Ça fait partie de la
nouvelle politique du Pensionnat. Le but est qu’on voit la Direction le moins
possible car moins on les verra, plus on aura peur d’eux ! Monsieur George
veut qu’on les voie uniquement lorsqu’on a fait de grosses bêtises…
- Mais qui va assurer la
surveillance du réfectoire ? Et de la récré ?
- Ce sont les
Gouvernantes, expliqua Florentine. On ne verra plus les membres de la Direction
à moins qu’on ait vraiment quelque chose à se reprocher. Et de leur côté, la Direction
a pour ordre d’avoir une tolérance zéro avec nous : si on se retrouve dans
un de leurs bureaux, pas sûr qu’on en sorte vivantes !
- Tu dis n’importe quoi !
contesta Naomy.
- Ah oui ? s’étonna Florentine.
Alors comment expliques-tu que ce matin, Lucille et Clémence n’aient pas été
menacées d’être envoyées chez l’un des Surveillants Généraux ? Encore
vendredi, on leur aurait dit : « Si vous bougez au coin, vous irez chez
le Surveillant Général ! ». Mais là, le prof a menacé de s’occuper
lui-même d’elles. A aucun moment le nom de Monsieur Matthieu ou de Madame
Philomène n’a été prononcé.
- C’est Monsieur George qui
m’a directement menacée, rappelai-je.
- Oui, rétorqua Florentine,
mais encore une fois, il n’a pas prononcé le nom de Monsieur Matthieu, ou celui
de Madame Philomène…
Elle n’avait pas tort. C’était louche, tout ça !
- Vu que Monsieur John
est votre père-référent, dit Naomy, demandez-lui !
- On lui demandera, affirmai-je.
Heureusement pour moi,
mes cours de piano, de philosophie et de violon se passèrent bien. Il faut dire
que malgré les remarques acerbes de Monsieur Alexandre, les nombreux devoirs
donnés par Monsieur Yves et les réflexions de Madame Eabha, j’avais fait profil
bas.
En entrant en salle des
devoirs, je pensais au fait que voir Manu me manquait. Monsieur George avait
supprimé l’accès au psychologue la semaine dernière, et il avait fini par le renvoyer
définitivement. Selon lui, le psy ne servait à rien : on disciplinait l’esprit
en tapant sur les fesses. Il n’y avait rien d’autre à ajouter ! En
apprenant cela, je repensais à mon magma brûlant en imaginant l’Anglais nager
dedans, y croiser Hitler et Staline, et tous les plus grands monstres que l’Histoire
ait connus.
Je m’attaquai à mes
devoirs après avoir rattrapé mes notes de littérature anglaise. La nouvelle
Gouvernante, Madame Marie-Claire, surveillait la salle et avait la main très
leste ; un silence monastique régnait dans la pièce. Ce n’était pas le
moment pour moi de me la mettre à dos : Madame Marie-Claire était une des
nouvelles Gouvernantes du dortoir n°2 !
Au dîner, mes amies et
moi dûmes dresser le sombre constat que Florentine avait raison. Nous n’avions
vu aucun membre de la Direction de toute la journée. Nous savions que Monsieur Éric
était parti dans l’après-midi pour Lille, assister à sa formation à deux balles ;
mais ni Monsieur John, ni Monsieur Lionel, ni Monsieur Matthieu, ni Madame
Philomène n’avaient fait leur apparition durant la journée. C’était comme s’ils
étaient absents, eux aussi.
En conséquence, nous ne
connaissions absolument rien de Madame Philomène, ce qui attisait un mélange d’appréhension
et de curiosité chez l’ensemble des pensionnaires. De plus, il m’était
extrêmement difficile de savoir mon Matthieu dans l’établissement sans pouvoir
l’approcher, lui parler, le toucher, l’embrasser… Rien qu’à imaginer nos corps
serrés l’un contre l’autre, mon cœur fit des bonds dans ma poitrine. Son retour
s’avérait être un véritable supplice.
Ne tenant plus, j’allai
frapper à la porte de son bureau après le dîner ; mais je n’entendis pas « Entrez ! ».
Je collai alors mon oreille à la porte pour pouvoir entendre ce qu’il s’y
passait. Pas besoin d’avoir l’ouïe d’un chat pour comprendre que mon Matthieu
était en train de sanctionner une élève. Les claques tombaient et même à travers
la porte, on pouvait les entendre distinctement. J’entendis ensuite : « Votre
famille est dépassée par votre attitude, Abigaëlle, mais c’est loin d’être
notre cas ! Je vais vous apprendre à désobéir à votre professeur de mathématiques,
Mademoiselle ! ». Et d’autres claques tombèrent. Les pleurs de ma camarade
étaient si bruyants que je pensais que Matthieu était en train de la torturer. Je
me devais d’essayer d’intervenir ! Je posai alors ma main sur la poignée
de la porte et entrepris d’appuyer lorsque j’entendis une voix ferme me
demander :
- Je peux savoir ce que
vous faîtes ?
Je jetai un regard effrayé en direction de la
voix que je venais d’entendre. C’était la fameuse Madame Philomène.
- Bonjour Madame, dis-je
en rassemblant tout mon courage. Je voulais voir Monsieur Matthieu…
- Vous vouliez espionner
Monsieur Matthieu, vous voulez dire ? me gronda-t-elle sans pour autant
hausser le ton. Je vous ai vu coller votre oreille à sa porte pour entendre ce
qui se passait.
Madame Philomène me fonça dessus et m’attrapa
par l’oreille.
- Non seulement vous n’avez
pas l’autorisation de vous promener dans les couloirs car à cette heure-ci vous
devriez être dans votre dortoir ; mais le couloir de la Direction est
réservé aux élèves convoquées. Or, vous n’avez pas été convoquée, Mademoiselle
Clémence.
Comment savait-elle qui j’étais ?
- Madame, je n’ai pas
fait exprès ! me défendis-je en tentant de dégager mon oreille de ses
horribles doigts.
- Vous n’avez pas fait exprès
d’errer dans le couloir de la Direction et d’écouter à la porte du Surveillant
Général ? Dans ce cas, je ne vais pas faire exprès de vous donner une
fessée.
- Nan, Madame, s’il vous
plaît ! Je ne peux plus en prendre ! Je…
Je ne pus finir ma phrase. Madame Philomène m’avait
traînée devant la porte de son bureau et en cherchait la clé dans sa poche
lorsque Monsieur John arriva. Je crus que j’allais me pisser dessus. C’en était
réellement fini de moi !
- Qu’a-t-elle fait ?
demanda le nouveau Directeur-Adjoint.
- Elle errait dans les
couloirs alors que c’est interdit et elle écoutait à la porte du bureau de
Matthieu. répondit Madame Philomène. Bon sang, où ai-je mis ma clé ?
- Prends ton temps pour
retrouver ta clé, Philo, dit Monsieur John. Je vais la gérer.
- Ça ne m’embête pas de
le faire, confessa la Surveillante Générale. Je vais lui flanquer une bonne
déculottée sur mes genoux afin de la punir et d’éviter une récidive.
- C’est ma fille-référente,
je m’en occupe, insista-t-il.
- Oh, dans ce cas d’accord,
dit la Surveillante Générale en me lâchant enfin l’oreille.
Je me massai vigoureusement mon outil d’audition.
Madame Philomène venait enfin de retrouver sa clé quand Monsieur John sortit la
sienne et alla se poster devant la porte de son bureau. Après l’avoir ouverte,
il m’ordonna : « Entre. ». J’obéis. Monsieur John referma la
porte derrière moi.
- Monsieur, je voulais
juste voir Monsieur Matthieu ! plaidai-je. Je ne voulais pas…
- Tu as toujours une
bonne excuse, Clémence ! me gronda le Directeur-Adjoint. A t’écouter, tu
ne fais jamais rien de mal, tu es toujours au mauvais endroit au mauvais moment !
- Mais c’est vrai ! protestai-je.
- Donc c’est par un
malheureux concours de circonstances que tu t’es retrouvée à errer dans un
couloir interdit sans convocation, à une heure interdite, en train de faire une
chose interdite à savoir écouter à la porte du bureau du Surveillant Général ?
- Ben…
- Tu n’as pas intérêt à
me dire oui.
Je me tus un instant avant de préciser :
- Je voulais juste le
voir…
- Nous sommes uniquement
quatre à connaître la nature de la relation qui vous unit Matthieu et toi. En
dehors de vous deux, il n’y a que Monsieur Éric et moi. Et il faut que ça reste
comme ça, Clémence ! Personne ne doit l’apprendre ! Alors je suis
désolé si c’est dur pour vous, mais à l’intérieur de ces murs, Monsieur
Matthieu est ton Surveillant Général et rien de plus ! Et tu viens donc de
commettre deux bêtises qui ne peuvent pas rester impunies !
- Monsieur, ne me
punissez pas, s’il vous plaît ! priai-je. Mes fesses sont totalement hors
service…
- A qui la faute ?
- Monsieur, s’il vous
plaît…
- Je suis navré Clémence mais tu as dépassé les limites. Tu es sortie de ton dortoir sans
autorisation pour aller dans une zone qui est interdite aux élèves. Et en plus,
tu écoutes aux portes ! Tu mérites une fessée.
Je pleurais déjà avant que mon père-référent attrape
mon poignet. Je me mis alors à le prier plus fort :
- Monsieur, pitié !!
- Tu veux que je rappelle
Madame Philomène ?
- Non, dis-je
précipitamment.
- Alors tais-toi,
maintenant. Tu as fait des bêtises, Clémence. Tant pis pour toi !
Tout en immobilisant mes bras pour que je ne
puisse pas me défendre, mon père-référent m’asséna une vingtaine de claques sur
la jupe.
Elles firent mal mais beaucoup moins que ce à
quoi je m’attendais ! Ces claques furent douloureuses mais supportables,
même sur mes fesses à stigmates.
- Ne me fais pas
regretter d’avoir été gentil, Clémence. M’ordonna-t-il en me lâchant. Je sais
que c’est difficile pour toi de te tenir à distance de Matthieu donc je te
laisse une dernière et unique chance. A la prochaine incartade, tu finiras sur
mes genoux ; et tu as déjà assez tâté de ma main pour savoir à quoi t’attendre.
Tu m’as compris ?
- Oui Monsieur,
répondis-je en me frottant tout de même le derrière.
- Bien.
- Monsieur, je peux vous
poser une question ?
- Je t’écoute,
répondit-il.
Je lui déballai alors tout ce que Florentine
nous avait dit ce midi.
- Est-ce que c’est vrai ?
finis-je par demander.
- Effectivement, soupira
Monsieur John. Seuls nos enfants-référents auront la chance – ou la malchance,
selon leurs comportements ! – de nous voir régulièrement.
- Et puisque c’est vous
mon père-référent, est-ce que les autres membres de la Direction pourront me
punir ?
- Tu me poses vraiment la
question ? s’étonna Monsieur John. La seule raison pour laquelle je t’ai ôtée
des mains de Madame Philomène est que je savais que c’était ton manque de
Monsieur Matthieu qui t’a poussée à faire des bêtises. Maintenant que nous avons
acté que tu allais prendre sur toi concernant ce manque, si un autre membre de
la Direction doit te sanctionner, tu recevras un doublon de ma part.
- C’est injuste !
Tout ça parce que vous êtes mon père-référent…
- Les autres parents se
débrouillent comme ils veulent mais en ce qui me concerne, c’est comme ça que
ça fonctionne. Et je crois bien que Côme et Célestine fonctionnent de la même
manière. Tu ne devrais pas être trop dépaysée.
- Mais…
- Il est grand temps que je
te raccompagne dans ton dortoir, maintenant.
En arrivant dans ma
chambre, Monsieur John et moi découvrîmes Madame Jeanne en train de flanquer
une fessée carabinée à la brosse à Mathilde.
- Que s’est-il passé ?
se renseigna Monsieur John.
- Madame Coralie l’a surprise
dans les toilettes avec Yéline et Fatoumata ! expliqua ma mère-référente
en continuant d’abattre le dos de la brosse en bois sur les fesses de Mathilde.
Elles essayaient de fumer !
Le visage du Directeur-Adjoint changea
immédiatement. On pouvait lire une colère noire dans ses yeux.
- Amène-la-moi dans mon
bureau lorsque tu auras terminé de la corriger, commanda Monsieur John. Et je
vais tout de suite aller chercher Yéline et Fatoumata !
Avant de sortir de la chambre, mon père-référent
s’adressa à moi :
- Prépare-toi pour aller
dormir, Clémence. Que je n’entende plus parler de toi pour ce soir !
Lorsque je sortis de la
douche, il n’y avait plus personne dans ma chambre. Ma meilleure amie devait
être en train de recevoir la volée du siècle dans le bureau de notre père-référent.
Une chose était sûre : je ne voudrais pas être à sa place pour tout l’or du
monde !
A suivre…
La terreur règne dans le pensionnat 😟
RépondreSupprimerComment les filles vont-elles pouvoir vivre dans de telles conditions ? Cela ne relève plus simplement de la discipline mais est digne d'un régime ''carcéral''.
Cet abominable anglais a tué tout ce qu'il y avait d'humain 😪😥😢😭
Qu'il disparaisse au plus vite !!! Et qu'il emporte avec lui sa maudite réforme et ses sbires tortionnaires 🙏
J'espère que le retour de Mr Éric va ramener un peu de joie de vivre dans l'établissement 🙏🙏🙏
S'il te plaît Little Princess, sors nous de cet atroce cauchemar ??? 😱
Ce qui ce passe à l'internat est vraiment injuste...
RépondreSupprimerNon seulement les filles sont loin de leur famille, elles prennent déculottées sur déculottées mais en plus elles ne peuvent même plus ce coiffer comme elles veulent c'est vraiment injuste...
J'espère que ça va finir par devenir un peu plus cool à un moment donné...
Clémence n'est pas bien ont le sent, elle ne peu pas voir Mathieu Le dirlo est partie quelque temps et en plus ce putain d'anglais a viré le psy... il ne va pas falloir longtemps à Clémence avant de péter un câble et de peut-être ce barrer pour de bon....
Toutes les personnes qu'elle affectionnait sont partie ou pire elle ne peu pas les voir
Courage Clémence
Vous allez trouver une solution
Pauvre Clémence. Elle préférait sûrement que Matthieu soit loin plutôt que d’être là et ne pas pouvoir le voir.
RépondreSupprimerCet anglais est un vrai dictateur. J’espère que ça redeviendra plus cool quand il sera parti malgré les changements dans le personnel.
En attendant les filles vont devoir mordre sur leur chique 😕