Jeudi 23 janvier 2020
- Mayeul s’est
enfui ! nous annonça Louise en venant vers nos amies et moi lors de la
récréation matinale.
- Qu’est-ce que tu
racontes ?! lui demandai-je dans un mélange de panique et d’admiration.
- Il m’a fait passer un
mot depuis la fenêtre des toilettes des garçons, à travers celle des toilettes
des filles, expliqua ma sœur. Il a fugué de l’école pour se rendre au
tribunal ! Il faut absolument qu’on le suive !
- D’accord, répondis-je
en réfléchissant à toute vitesse. On a dix minutes avant la fin de la récré, il
faut qu’on trouve un moyen de filer…
- Ça ne va pas, la
tête ?! s’écria Magdalena. Vous voulez vraiment vous attirer les pires
ennuis qui soient !
- Si tu souhaites nous
faire la morale, je t’arrête tout de suite ! gronda férocement Louise. On
ne va pas laisser tomber notre sœur !
- Non, bien sûr !
répliqua Magda. Vous préférez laisser tomber vos parents !
- De quoi est-ce que tu
parles ? questionnai-je.
- Votre frère s’est enfui
de l’école ! s’emporta Magdalena. Imaginez un peu s’il se fait
arrêter ! Ce n’est pas un, mais deux enfants que vos parents risqueraient
de perdre ! Et même s’il y a peu de chances pour que Mayeul soit incarcéré
à cause d’une simple fugue, il n’en reste pas moins que l’administration va
commencer à avoir des soupçons sur vos parents ! Deux enfants qui se font
arrêter, c’est beaucoup ! Alors imaginez quatre… Vous allez déclencher une
enquête à l’encontre de vos parents ; un agent gouvernemental viendra les
observer pendant plusieurs jours afin de voir s’ils sont dignes ou non d’être
vos parents ! Réfléchissez à tout ce que ça pourrait amener comme
conséquences !! Vous pourriez signer la fin de votre famille !
- Ça, c’est seulement si
on se fait arrêter ! précisai-je.
Magdalena nous lança alors un regard de profond
mépris, et déclara :
- Vous avez la chance
d’avoir une super famille d’accueil et vous oseriez la mettre en danger ?!
Pffff… Vous savez quoi ?! J’espère que vos parents vous fileront une
trempe tellement carabinée que vous en porterez les marques pendant des jours
et des jours ! C’est tout ce que vous méritez pour votre
ingratitude ! Je tuerais pour avoir une famille comme la vôtre ! Vous
n’êtes que deux petites égoïstes sans cervelle !
Magdalena partit, nous laissant plantées là,
Louise et moi.
- Elle a totalement
raison, appuya Angélique. Vous ne pouvez pas faire ça à Michael et Scarlett !
- Mais ça voudrait dire
qu’on abandonnerait Anaïs ! protestai-je.
- Vos parents se battent
pour elle à l’heure actuelle, dit Rose, c’est amplement suffisant ! Ils
font leur devoir de parents, à vous de faire votre devoir d’enfant en ne
provoquant pas plus d’ennuis judiciaires à votre famille.
A contrecœur, Louise et moi décidâmes d’écouter
nos nouvelles amies et de prendre notre mal en patience.
Que
la journée fut longue ! Ne pas savoir où était Mayeul, ni ce qu’il en
était du sort d’Ana était insupportable. D’ailleurs, lorsque papa et maman vinrent
nous chercher à quatre heures et demie, Louise et moi leur sautâmes
dessus :
- Vous avez des
nouvelles ?
- Comment ça s’est
passé ?
- Ana va revenir chez
nous ?
- Vous avez retrouvé
Mayeul ?
- Est-ce qu’Ana va
bien ?
- Et Mayeul, il va
bien ?
- Du calme, les
filles ! tempéra papa. Nous allons parler de tout ça une fois que nous
serons sortis de l’école. Pour le moment, nous allons vérifier que vous avez
été sages et que vos journées se sont bien déroulées.
- Louise et Marie sont
toutes les deux dans le vert, annonça Sœur Jeanne-Marie qui se tenait non loin de
nous. Elles furent irréprochables aujourd’hui !
- C’est super, mes
princesses ! s’exclama Michael, tandis que sa femme nous adressait un
sourire radieux. Nous sommes très fiers de vous !
- Nous avons quand même
voulu suivre Mayeul et nous enfuir pour pouvoir aller au tribunal, avoua Louise
malgré un coup de coude de ma part dans ses côtes.
La connaissant, elle devait se dire
« Faute avouée, à moitié pardonnée ! ». Le problème étant que je
n’avais vraiment pas envie que mes parents me tombent dessus !
Louise n’avait pas fini sa phrase que je me
protégeais déjà les fesses ; mais à ma grande surprise, maman lui
répondit :
- Je comprends que vous y
ayez pensé. Le principal, c’est que vous ayez eu assez de jugeotte pour
renoncer à cette idée !
Je fus instantanément soulagée.
Nos
parents nous firent patienter jusqu’à ce que nous arrivions à la maison, malgré
nos protestations à Louise et moi.
- Parlez ! ordonnai-je
alors que nous venions de nous installer au salon, tous les quatre. On va finir
par devenir folles !
- Anaïs a été condamnée à
quinze jours en maison de correction, annonça papa d’une voix grave et d’un air
sombre.
Il semblait ne pas croire lui-même à ce qu’il
venait de nous dire. Louise et moi restâmes interdites.
- Cependant, notre avocat
a vraiment été brillant, poursuivit maman. Il a réussi à obtenir une mesure
rare : si Anaïs se tient à carreaux durant les deux semaines qu’elle va passer
loin de nous, le juge l’autorisera à réintégrer notre famille.
- Ouais ! m’écriai-je
en donnant un coup de poing en l’air.
- Et pour l’école, comment
elle va faire ? se renseigna Louise.
- Nous allons voir avec
les Religieuses pour leur demander de transmettre les cours à Anaïs, expliqua
papa. Si c’est impossible pour elles, il faudra que nous nous en chargions.
- Comment Ana se sent-elle ?
me renseignai-je, inquiète.
- Elle a beaucoup pleuré
à l’annonce du verdict, dit maman, mais nous l’avons rassurée. Nous l’avons
accompagnée jusqu’à la maison de correction et nous l’avons aidée à s’installer
dans sa cellule. Nous lui avons dit que nous irions tous la voir ce week-end,
et le week-end prochain. Nous avons le droit de l’appeler tous les soirs, donc
c’est ce que nous allons faire. L’éducateur qui est responsable d’elle s’appelle
Axel. Il a l’air strict, sévère mais bienveillant. J’espère qu’elle va pouvoir
endurer ces quinze jours sans se rebiffer… Je ne veux même pas imaginer qu’elle
ne rentre pas à la maison !
- Mais qu’est-ce que c’est
exactement que cette maison de correction ? interrogeai-je. A
quoi ça ressemble ?
- Ça ressemble un peu à
une prison pour mineurs, expliqua papa. D’après ce qu’a expliqué Axel à Anaïs
lorsque nous étions là, il y a un rythme très strict à respecter : lever,
petit déjeuner, travail, déjeuner, travail, dîner, coucher. Interdiction de
parler aux autres jeunes. Chaque soir, l’éducateur vient faire le bilan de la
journée dans la cellule du jeune, et si ce bilan n’est pas bon, il y a une
punition. De même si le silence n’est pas respecté, ou s’il y a une quelconque
rébellion…
- Ana ne va jamais tenir !
s’exclama Louise, les larmes aux yeux.
- Elle doit tenir,
affirma maman. Elle sait qu’elle doit si elle veut espérer revenir chez nous
dans quinze jours…
- Et Pierre, alors ?!
demanda ma sœur avec colère. Il n’y rien eu, j’imagine ?!
- C’est un agent
gouvernemental donc non, il n’a rien eu ! répondit maman d’un air dégoûté.
Il a été dit qu’il n’avait fait que son travail, il n’y a donc aucune
conséquence pour lui.
- C’est tellement injuste !
dis-je. On vit vraiment dans un pays de merde !
- Ne redis pas ça en
public, Marie chérie, me prévint Scarlett. Même si tu le penses fortement.
- Et Mayeul ? s’enquit
Louise. Il s’est enfui de l’école et…
- Il ne s’est pas fait
arrêter, annonça papa pour mon plus grand soulagement. Il est actuellement dans
sa chambre, en pyjama, après avoir reçu une volée comme je n’en ai jamais donné.
Terrifiée par cette phrase paternelle, je n’osai
plus poser de questions ; Louise devait ressentir la même chose puisqu’elle
n’ouvrit plus la bouche non plus.
- Allez prendre votre
goûter si vous en avez envie, les filles, nous dit maman. Et ensuite, vous ferez
vos devoirs.
Nous nous exécutâmes.
Au
dîner, Mayeul ne put tenir assis sur sa chaise, à tel point que je lui demandai :
- Tu veux que j’aille te
chercher un coussin ?
- Non Marie, intervint papa.
Premièrement, tu sais très bien que tu n’as pas le droit de bouger pendant le
repas ; et deuxièmement, ton frère a fait une énorme bêtise donc c’est à
lui d’assumer. Je refuse de lui simplifier la vie. S’il a mal aux fesses, c’est
entièrement sa faute.
Mayeul baissa la tête sans dire mot. Je fus prise
d’un énorme élan de compassion pour mon frère. Le pauvre !
- Mais il a juste voulu
soutenir Ana… dis-je à mi-voix.
- Il nous a désobéi, dit maman
d’un ton incisif. Nous vous avions dit d’aller à l’école et de ne pas vous
mêler de l’histoire d’Anaïs. Mayeul a désobéi, tant pis pour lui.
Sans répondre, je pensai immédiatement qu’il me
faudrait remercier chaleureusement Magdalena demain en arrivant à l’école !
Le
coup de fil à Anaïs fut très dur. Notre sœur pleurait à l’autre bout du fil,
présentant ses excuses de s’être emportée avec Pierre et exprimant son désir
profond de rentrer à la maison.
- Ça passera plus vite
que tu ne le penses, ma puce, tenta papa. Déjà, on vient te voir samedi avec
ton frère et tes sœurs. On passera le samedi après-midi avec toi !
- D’accord papa, répondit
Ana de sa voix sanglotante. Il faut que je vous laisse, c’est l’heure du bilan
avec Axel…
- Ok ma princesse. On t’aime
très, très fort !
Ma sœur raccrocha et je fondis en larmes, tout
comme Louise. Il n’y avait rien de pire que de se sentir impuissante ! Papa
et maman mirent plus d’un quart d’heure à nous calmer.
Je
m’endormis en pensant à Ana, espérant que son bilan avec Axel se soit bien
passé.
A suivre…

Oh merci Michael et Scarlett, vous êtes les meilleurs parents que vos enfants puissent avoir 🥰 et vos enfants sont de supers enfants même s'ils ne sont pas toujours sages ! Surprenant Mayeul 🙂Vous êtes une superbe famille 😊 Les liens que vous avez créés sont déjà très forts 😊😊
RépondreSupprimerAnaïs ne pouvait pas s'en sortir sans conséquences 😏 Mais elle va revenir plus forte, assurée de votre protection sans faille et de l'amour de toute sa famille; elle a compris qu'elle pouvait compter sur vous et je suis sûre qu'elle sera désormais plus obéissante !
Il faudra sûrement l'aider à maîtriser ses émotions !
🙏 ça va être difficile à l'avenir de confier vos enfants chéris à des inconnus !
Merci Little Princess de nous offrir cette suite réconfortante 😊
Et bientôt le chapitre 100👏👍🥳🎂🎉
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