Accéder au contenu principal

Journal d'une étudiante accueillie. - Chapitre 100 (2ème partie)



         Au petit déjeuner, papa nétait pas là. Comme tous les vendredis, il partait travailler sur le site de son entreprise. Nous déjeunâmes tous les quatre : Louise, Mayeul, maman et moi. Nous étions encore tous préoccupés par le sort dAnaïs et la discussion ne tourna quautour de ça pendant tout le repas.


        Ce cours de littérature française avec Sœur Anne de Dieu était de plus en plus soporifique au fur et à mesure que le semestre avançait. Et cela ne faisait que trois semaines quil avait débuté ! Jappréhendais déjà les heures d’ennui que jallais devoir avaler ces prochains mois...

        Je n’avais toujours pas avancé sur ma lecture de l’œuvre intégrale des Misérables. J’avais l’impression d’être submergée par tout ce qui se passait dans ma vie : je ne digérais toujours pas de vivre dans une dictature, ma famille biologique me manquait atrocement, je n’avais pas fait le deuil du départ d’Anaïs… J’avais bien du mal à trouver de la stabilité dans tout ça ! Alors forcément, je n’arrivais pas à me concentrer sur mes cours et faisais passer mes devoirs au second plan. 

Et puis, en ce moment, javais tout bonnement la flemme de faire quoique ce soit. Je me sentais profondément fatiguée et le moindre effort me paraissait énorme à accomplir. La dernière fois que je métais sentie ainsi, jétais par la suite entrée dans une crise dadolescence assez corsée ; il allait falloir que je veille à me tenir correctement : dans ma famille biologique, ma crise dadolescence navait absolument pas été réprimée ; mais dans ma famille daccueil, je sentais déjà venir les heures allongée sur les cuisses de mes parents !


        Après la récréation, Sœur Geneviève vint nous faire cours de culture générale. Pensive, je le passai à dessiner sur mon cahier. Je ne pris pas la peine de noter le cours : je ferais une photocopie du cahier de Louise lorsque nous rentrerions à la maison. Je n’avais pas envie de travailler aujourd’hui ; et l’impression que le temps faisait exprès de ralentir pour me contrarier refusait de me quitter.


– Mademoiselle Webber ! Me gronda Sœur Geneviève.

Je m’étais de toute évidence assoupie. J’ouvris péniblement les yeux et les levai vers ma professeure.

- Ne vous êtes-vous pas assez reposée, cette nuit ?

- Si, mais votre cours m’a endormie, rétorquai-je sans arrière-pensée.

- Je vous demande pardon ?! S’exclama-t-elle. Petite insolente ! J’écris de ce pas à vos parents ! 

- Non, ma Sœur ! Protestai-je, désormais pleinement réveillée. Je vous en prie ! S’il vous plaît !

- Je ne tolère pas l’insolence, mademoiselle Webber ! 

- En quoi ai-je été insolente ? Questionnai-je en serrant les dents, mes nerfs menaçant de craquer.

- Vous me répondez, en plus de cela ?! S’offusqua ma professeure.

- Je vous demande juste en quoi ai-je été insolente ! Rétorquai-je. Si vous n’êtes pas capable de me l’expliquer, c’est que vos reproches sont injustifiés !

- Ce n’est pas à vous que je vais donner des explications mais à vos parents !

- Mais c’est complètement injuste !! m’énervai-je.

– Marie, tais-toi, je t’en supplie ! Me chuchota Louise en posant une main sur mon bras. Tu vas aggraver la situation !

– Mais c’est elle qui me punit pour rien ! Tempêtai-je en me dégageant de la main de ma sœur. 

– Vous allez immédiatement vous calmer, mademoiselle Webber, sinon vous allez très vite descendre dans le rouge !

– Eh bien, mettez-moi dans le rouge, alors ! Criai-je en rangeant mes affaires. Mettez-moi dans toutes les couleurs de l’arc-en-ciel si vous le souhaitez ! J’en ai marre de ce bahut ! J’me casse !

– Marie, où vas-tu ?! S’inquiéta Loulou.

– Ne t’inquiète pas, je ne quitte pas l’école, la rassurai-je avant de sortir de la pièce en claquant la porte derrière moi.

Jallai masseoir dans le hall et attendis là. Javais besoin dêtre seule pour réfléchir. Jen avais ras-le-bol de tout. Les larmes me montèrent aux yeux. 


        Je restai assise à pleurer, seule dans le hall pendant un bon moment. Surprise que l’on me foute la paix, je profitai de ce moment isolé pour réfléchir à tout ce qui s’était passé ces derniers temps.

Soudain, je vis Scarlett arriver. Elle attendit près du portail que ce dernier se déverrouille puis entra dans l’enceinte de l’établissement.

Lorsqu’elle poussa la porte d’entrée et me fonça dessus, je fermai les yeux, m’attendant à être attrapée et sévèrement fessée ; mais Scarlett me dit juste :

- Je vais aller prévenir le secrétariat que je te récupère ; ensuite, nous allons avoir une discussion !

J’avais malheureusement une petite idée de la façon dont allait se dérouler la discussion susmentionnée. Je n’avais pas reçu de volée depuis celle d’Oncle Caleb et je n’avais pas franchement envie d’y repasser… Seulement, tout se bousculait, dans ma tête ! J’en avais plus qu’assez de tout ! Je voulais juste qu’on me foute la paix, bon sang !

Quelques minutes plus tard, ma mère réapparut et me dit :

- Aller viens, on s’en va.

- On va où ? Demandai-je avec appréhension.

– Tu verras bien, me répondit-elle. Lève-toi, Marie.

Je me levai, anxieuse, en prenant bien soin de mettre mes mains en bouclier sur mon derrière. Ma mère me vit faire mais ne releva pas. Nous nous dirigeâmes vers la voiture, où nous nous installâmes, puis Scarlett démarra le véhicule. N’osant demander une nouvelle fois où nous allions, je gardai boucle close, y compris lorsque je vis que nous ne prenions pas le chemin de la maison. 

        Scarlett s’arrêta devant un grand restaurant asiatique. Lorsqu’elle vit mon regard interrogateur, elle me dit :

– Il faut que nous mangions ; et puisque j’étais censée être toute seule avec Assa ce midi, je n’avais rien prévu de spécial… Donc, allons manger. 

Je suivis maman à l’intérieur du restaurant, où une aimable serveuse nous installa à une table discrète. 

- Maman, je ne comprends pas. Je me suis endormie en cours et d’après la prof, j’ai été insolente...

– D’après la prof ? Demanda-t-elle avec un regard accusateur.

- Oui bon… Il est vrai que j’ai peut-être réagi un peu vivement… Mais, on t’a appelée pour que tu viennes me chercher parce que j’avais fait des miennes, et toi, tu m’emmènes au resto ?

- Je vais laisser la charge à ton père complètement furieux de te punir lorsqu’il rentrera à la maison ce soir. En attendant, je t’ai surtout amenée ici pour que l’on passe du temps uniquement toutes les deux et que tu me dises ce qui ne va pas.

- Maman... Ce serait trop long à expliquer !

- Cela tombe bien, dans ce cas. Nous n’avons même pas encore passé commande.

        Je me lançai alors dans le récit de mes malheurs à Scarlett. Je ne m’étais pas autant confiée depuis l’Angleterre. Je lui racontai absolument tout : mon ras-le-bol de cette dictature, l’injustice dont Anaïs était victime, le passage éclair de Manoé qui m’avait chamboulée (et qui m’avait mise face à la fragilité de ma propre place dans ma famille d’accueil), le manque cruel de Mathieu et de ma famille biologique, cette nouvelle école à laquelle je ne me faisais de toute évidence pas…

- La seule chose qui tient la route pour le moment, c’est papa et toi, finis-je. Vous êtes les seuls à donner un semblant de stabilité à tout ça. Vous m’aimez et vous vous aimez. Au moins ça, ça ne change pas. 

- Je vois, répondit Scarlett, songeuse.

Elle avala une gorgée du cocktail que le serveur venait de déposer puis reposa son verre sur la table avec une délicatesse qui semblait innée. Puis, après un lent clignement des yeux, elle me demanda :

- Quelles sont les solutions que tu envisages dans l’immédiat ?

- Pour le moment, je mène une lutte acharnée contre moi-même pour ne pas mener une guerre totale contre tout le monde. J’ai furieusement envie de tout faire pour déclencher un conseil de discipline et me faire exclure de cette abominable école. Et puis, j’ai également envie de vous faire la misère à papa et toi. J’ai besoin d’exploser une bonne fois pour toutes et de tout envoyer chier !

Scarlett m’écouta, impassible, tout en continuant de siroter son cocktail grâce à l’une de ces pailles recyclables d’une qualité déplorable. Voyant que je m’étais arrêtée, elle réagit :

– Je vois donc que tu as davantage d’envies que de solutions. Et qu’est-ce qui t’empêche de mettre tes envies à exécution ?

– Papa et toi êtes les seules personnes stables de ma vie. Si je vous fais la misère, vous m’abandonnerez dans un "boot camp" comme Manoé. Et je ne veux pas vous perdre.

Maman donna l’impression d’avoir reçu un couteau en plein cœur. Posant délicatement sa main sur la mienne, elle me fixa de son regard bleu ciel intense et me récita :

– You are my sunshine, my only sunshine. You make me happy when skies are gray. You’ll never know, dear, how much I love you. Please, don’t take my sunshine away.

Malgré les larmes qui me montèrent aux yeux, je pus voir les yeux de ma mère briller à leur tour. Elle poursuivit :

– Marie chérie, s’il te plaît, ne te compare pas à Manoé. Vos situations sont totalement différentes. Ton père et moi ne t’abandonnerons jamais. J’aimerais que tu te le graves dans la tête une bonne fois pour toutes !

– Mais…

Avant que je puisse continuer d’objecter, Scarlett se tourna de profil et souleva son pull. Je me penchai pour regarder ce qu’elle voulait me montrer. Sur son côté, il était tatoué dans sa chair “Louise” et “Marie”. Bouche bée, je mis du temps à retrouver l’usage de la parole. Ma mère laissa retomber son pull et me sourit. Je questionnai alors :

– Quand as-tu fait cela ?

– Peu après que nous ayons fait le pacte de toujours rester tous les quatre, répondit ma mère. J’espère que cela pourra te rassurer un peu quant au fait que ton père et moi ne pourrons jamais vous abandonner, ta sœur et toi.

– Es-tu en train de m’autoriser à vous faire la misère ? 

– Soyons réalistes deux secondes, ma chérie : il est tout bonnement impossible que tu y parviennes. Ce combat que tu souhaites mener est perdu d’avance.

Ma mère venait de piquer mon égo au vif. Même si elle avait probablement raison, je ne pouvais me résoudre à ne pas tenter l’expérience.

- Je suis navrée que tu n’ailles pas bien, poursuivit Scarlett. Nous allons donc mettre des choses en place. Premièrement, nous allons prendre rendez-vous chez le médecin pour te faire faire un bilan de santé complet afin d’écarter tout ennui de santé qui expliquait ton état moral. Deuxièmement, nous allons te trouver une ou deux activités extra-scolaires qui te permettront de décompresser. Et enfin, nous allons te trouver un thérapeute compétent. J’espère que tout cela te permettra déjà de te sentir un peu mieux, et de traverser cette crise plus sereinement. Ton hypersensibilité a du mal à matcher avec cette nouvelle vie, c’est bien normal !

- Merci maman ! Souris-je, rassurée.

Scarlett croisa les jambes et se pencha sur la table en s’appuyant sur ses coudes, puis continua en me fixant à nouveau dans les yeux sans faillir :

– En revanche, Marie Webber, il est hors de question que le cadre que nous t’imposons ton père et moi soit élargi pour satisfaire cette mauvaise passe. Par conséquent, je veux qu’il soit bien clair dans ta magnifique tête que tes fesses vont trinquer si tu nous désobéis ; et que la bonne fessée que papa te donnera ce soir pour tes agissements de ce matin ne sera pas plus clémente que celles que tu reçois d’habitude ! Nous sommes bien d’accords sur tout cela ?

Son regard autoritaire et pénétrant me força à répondre un docile “Oui, maman” , bien que l’idée de me retrouver sous la main de mon père me fasse frémir de peur. Je me jurai de trouver des arguments qui pourraient me gracier avant ce soir.


        Ma mère et moi passâmes le reste du repas à parler des activités extra-scolaires auxquelles je pourrais m’inscrire. Scarlett me conseillait de ne pas en choisir plus de deux, et d’en adopter au moins une sportive afin de pouvoir me défouler ; mais cela ne serait possible que lorsque le médecin m’autoriserait enfin à retirer mon attelle, ce qui sera normalement le cas la semaine prochaine.

– J’aimerais faire du théâtre, déclarai-je alors que nous sortions du restaurant. Et lorsque mon poignet sera guéri, j’aimerais m’inscrire au badminton.

– C’est d’accord, dit ma mère. Je vais faire en sorte de t’inscrire à ces deux activités ; et par souci d’équité, je vais demander à tes sœurs et à ton frère s’ils souhaitent en pratiquer. Bon, il est temps d’y aller.

– Tu me ramènes à l’école ? Demandai-je, anxieuse.

– Te ramener à l’école ?! S’étonna Scarlett. Avec tes bêtises de ce matin, tu as été exclue pour la journée ! Non, nous rentrons à la maison et tu vas avancer sur tes devoirs, ma fille !

– Tout l’après-midi ?! Demandai-je sur un ton plus agacé que je ne l’aurais voulu.

- Tu t’es fait exclure de l’école pour la journée, Marie. Il est hors de question que tu passes l’après-midi à te tourner les pouces. Je vais te faire bosser, crois-moi !


        Effectivement, ma mère me fit travailler comme une acharnée ; et je n’eus même pas droit à une pause lorsqu’elle partit chercher Louise et Mayeul à l’école. Elle demanda à Assa de me faire réciter la poésie que Sœur Anne de Dieu voulait que nous apprenions pour travailler les temps de conjugaison que nous maîtrisions le moins.


        Louise me serra immédiatement dans les bras, contente de me retrouver en vie.

- Je vais bien ! La rassurai-je en râlant.

- Louise, Mayeul, allez prendre vos goûters ! Annonça maman après avoir remercié Assa de m’avoir fait réviser. Marie, tu me récites la première strophe de ta poésie.

- Oui, dès l’instant où je vous vis, beauté féroce, vous me plûtes… commençai-je.

- Et ensuite ?

- J’ai la tête pleine, maman ! Me plaignis-je. J’ai travaillé tout l’après-midi…

- Cesse tes jérémiades ! Me gronda Scarlett. Récite-moi la suite.

- De l’amour qu’en vos yeux je vis, sur le champ vous vous aperçûtes…

Je m’arrêtai à nouveau. 

– C’est tout, Marie ?! Me gronda ma mère. En quarante-cinq minutes, tu ne m’as appris que trois vers ?! Toi qui, d’habitude, apprends les textes les plus compliqués en un rien de temps ?! Tu te fiches de moi ?!

- Non, c’est juste que...

– C’est de la mauvaise volonté ! Insista maman.

- Arrête de me saouler ! Crachai-je, exaspérée. 

Un silence suivit ma réplique. Mon frère et ma sœur, en train de goûter juste à côté de moi, stoppèrent jusqu’à leurs mastications, guettant la tempête qui allait bientôt déferler.

– A qui crois-tu parler, Marie Webber ?! Gronda Scarlett. A qui oses-tu parler de la sorte ?!

Avant que je ne rétorque quoique ce soit, – et notamment des excuses ! – ma mère me fonça dessus et me pencha sous son bras. Ce satané uniforme que je portais chaque jour de la semaine facilita mon déculottage puisque ma mère n’eut qu’à trousser ma jupe et baisser ma culotte. La dizaine de claques très costaude que je reçus sur mes fesses nues et froides me dissuada d’ouvrir à nouveau la bouche. Envoyée au coin avec mon classeur de littérature, je révisai ma poésie en silence.


        18h57. Michael n’allait pas tarder à rentrer. J’étais en pyjama, assise dans le canapé du salon, Berlioz ronronnant sur mes genoux pour tenter de faire baisser ma tension artérielle. Le train de mon père arrivait à 18h44 à la gare. Le temps d’arriver à pied jusqu’à la maison, il serait là d’une minute à l’autre. Papa allait rentrer et me punir sévèrement pour ma mauvaise conduite : l’attente de cette volée qui s’annonçait terrible était presque pire que la volée elle-même !


        La porte d’entrée claqua derrière lui. Il enleva ses chaussures, se lava les mains, embrassa ma mère qui préparait le dîner dans la cuisine, déposa un baiser sur le front de Louise puis sur le front Mayeul qui effectuaient leurs devoirs et marcha vers le canapé. Michael se rendit droit sur moi avec une telle détermination et une telle colère que même Berlioz comprit qu’il fallait déguerpir. Mes entrailles se contractèrent et la peur m’envahit. Une prolepse aurait été la bienvenue pour ne pas vivre ce qui allait suivre !

- Papa, je vais t’expliquer ! Plaidai-je à mi-voix.

- Ne te donne surtout pas cette peine !

Grâce à sa force herculéenne, Michael attrapa mon bras et me leva du canapé comme si j’étais aussi légère qu’une mouche. Mes mains vinrent automatiquement se parer en bouclier tandis que le chef de famille s’affairait à descendre mon bas de pyjama à mes chevilles. Je redoutai un instant une insupportable fessée debout lorsque je vis mon père s’asseoir sur le canapé. C’était encore pire. Une fessée sur les genoux envoie le message que la punition va durer ! Oh non ! Oh non, non, non !!!

Je fus inévitablement basculée à plat ventre : je dus momentanément enlever mes mains-boucliers pour qu’elles me servent à amortir ma chute sur un bout du canapé. Une fois installée sur les cuisses de Michael, ce dernier m’attrapa immédiatement les deux mains pour les coincer dans le creux de mes reins. Puis, passant sa jambe par-dessus les miennes pour les bloquer, il me gronda :

- Bien ! On va faire le récapitulatif de tes bêtises d’aujourd’hui, Marie ! Je t’écoute !

Tentant vainement de me dégager de l’emprise solide et totalement infaillible de mon père, je me résignai à serrer les fesses et à fourrer mon visage dans l’un des coussins du canapé pour éviter que tout le quartier ne comprenne que je recevais la fessée.

- Tu ne veux pas parler ? S’étonna papa. Pourtant, tu voulais me donner des explications il y a tout juste une minute, non ?

- Pitié, papa ! Parvins-je à formuler alors que les larmes coulaient déjà sur mes joues.

- Piètres explications, ma fille ! Je suis sûre que tu peux mieux faire ! Bon, par quel méfait commençons-nous ? Peut-être par celui d’avoir dessiné en cours plutôt que d’avoir noté ta leçon ?!

La main de Michael s’abattit alors sur mes fesses nues pendant plusieurs longues minutes d’affilées, peut-être deux ou trois. A la fin de cette crucifiante salve, mon postérieur me brûlait tellement que je le savais déjà écarlate.

- Je vais être extrêmement gentil et passer sur le fait que tu te sois endormie en classe tant que nous n’aurons pas ton bilan de santé. En revanche, l’insolence, Marie, je t’assure que ça ne passe vraiment pas !

Je pris alors une salve pire que la première. Les claques se succédaient à un rythme effréné et avec une force que mon père n’utilisait qu’en cas de très grosse colère. Ah ça, je le sentais bien qu’il était fâché contre moi ! Mes fesses seraient sans doute réduites en bouillie d’ici peu !

- Pardon ! Pleurai-je à chaudes larmes lorsque Michael stoppa la deuxième salve. Pardonne-moi, papa ! Je t’en supplie ! Pitié ! Pitié !

- Oh mais tu es toute pardonnée, Marie ! Répondit-il. En revanche, tu n’as pas fini d’être punie ! Je veux que tu ressentes cette douleur à tes fesses lorsque tu auras de nouveau envie de te comporter ainsi à l’école ! Je veux que tu penses à ce moment !

- J’y penserai ! Pitié, papa !

– Nous n’avons pas fini, rétorqua mon père. Tu as quitté la classe sans l’autorisation de ta professeure et tu t’es fait exclure pour la journée ! Cette exclusion est d’ores et déjà notée dans ton dossier scolaire, Marie ! Te rends-tu compte des conséquences, toi qui souhaites aller jusqu’au doctorat ?!

– Pardon, papa ! Sanglotai-je en serrant de nouveau les fesses.

– Tu as déjà mon pardon, répéta-t-il, mais tu vas tout de même être punie !

Une troisième salve tomba, et celle-ci dura très longtemps. Peut-être dix minutes, peut-être quinze. Quoiqu’il en soit, j’étais incapable de bouger, totalement maîtrisée par mon bourreau de père qui s’acharnait à transformer mes fesses en un brasier ardent. Chaque claque était inévitable et me faisait pousser un cri de douleur. Mes larmes étaient tellement nombreuses que le coussin du canapé devrait bientôt être lavé. Je réussissais tant bien que mal à formuler toutes les prières et les promesses du monde pour que mon père s’arrête ; mais il ne le fit qu’au bout d’une longue période.

Lorsqu’il me lâcha enfin et me laissa me relever, je fus un instant étourdie ; ces vertiges passagers furent les séquelles de mes pleurs intenses. 

- Tu n’as plus intérêt à être insolente, Marie ! Me gronda Michael en ponctuant sa phrase d’une grosse claque sur ma fesse gauche. Ni à te faire exclure, ou à faire des bêtises à l’école ! C’est compris ?!

- Ou...ui, p...ap...pap...a…, pleurai-je.

– Je garde ton bas de pyjama. Tu restes les fesses à l’air jusqu’à ce que tu ailles te coucher. Si tu n’es pas sage à nouveau, je veux avoir ton derrière à portée de main !

J’hochai la tête, atrocement honteuse.

– Je comptais vous proposer une soirée jeux de société ce soir, annonça papa. Eh bien tant pis pour toi, Marie ! Tu es punie ! Je jouerai avec ta mère, ton frère et ta sœur. Toi, tu iras au lit directement après le repas ! 

        Je me baladai tout le reste de la soirée avec mes fesses cramoisies exposées à toute la famille. Je dus aider à mettre la table ainsi, manger ainsi, aider à débarrasser ainsi. C’était vraiment le summum de la honte ; mais je n’osais pas demander à Michael de lever cette humiliation, de peur de recevoir de nouvelles claques sur mon arrière-train hors service.

Mes parents me bordèrent avant de rejoindre la pièce à vivre pour jouer aux jeux de société. Les voir passer du temps en famille sans moi me brisa le cœur : je fondis en larmes. Scarlett avait peut-être raison : je mourais d’envie de faire la misère à mes parents, mais encore fallait-il que ce soit possible !

        Je m’endormis en pleurant, mes paupières collées par mes larmes salées.


A suivre...

Commentaires

  1. J'ai attendu cette suite avec beaucoup d'impatience 😓
    🙏
    Eh bien le vrai vendredi n'a rien à envier au cauchemar ... même si le martinet n'a pas fait son apparition ! Marie n'a pas fait dans la mi-mesure ... la colère de Michael était prévisible 😡
    La thérapie pour Marie, et j'espère pour Anaïs par la suite, ne peut leur être que bénéfique et les aider à supporter cette période et maîtriser leurs emportements !

    Tendre attention que le tatouage des 2 prénoms 😊
    Anaïs et Mayeul les rejoindront-ils 🙏

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Alors ? Qu'en avez-vous pensé ?

Les stars du blog :

Journal d'une étudiante accueillie (Chapitre 1)

Ça y est, nous y sommes. Mon pire cauchemar est arrivé. Monsieur X. a été élu à la Présidence de la République et il va appliquer son programme. Je m’appelle Marie, j’ai 18 ans, et je vais aller au bagne pour la première fois de ma vie. Enfin, au bagne... J'exagère légèrement. Je vais en fait aller en famille d’accueil, famille dans laquelle je vivrai la semaine ; je pourrai rentrer voir ma famille, dont l’homme de ma vie, le week-end. J’ai eu mon bac littéraire en juin dernier, mention très bien. J’ai décidé d’entamer une licence de Lettres afin de réaliser mon rêve : devenir professeure des écoles. Mais Monsieur le Président de la République l’a décrété : « Tous les étudiants de 18 à 25 ans seront accueillis en structure pour le bien de leurs études ». Pour le bien de nos études ? Pff, tu parles ! Encore des propos démagogues ! Alors me voilà inscrite à l’université Jules Verne de *****, dans laquelle je vais passer minimum trois ans, pour me former au métier de professeu...

Le tutorat de Little Princess (séance 3)

Comme vous avez pu le voir, j'ai changé le titre de cette rubrique. D'abord parce que je le trouvais trop long, ensuite parce qu'il devenait mensonger : Thomas n'est plus mon "nouveau" tuteur mais mon tuteur, tout simplement !   Nous ne nous étions pas vus depuis le lundi 7 décembre. Du 7 décembre au 6 janvier : un mois de « mise à l’épreuve » après la rouste de la dernière fois.   A peine deux jours après ce recadrage musclé, j’avais de nouveau testé Thomas, mais cette fois-ci je m’étais bien assurée que ce soit à distance. Jusqu’ici, toutes mes tentatives de rébellion avaient purement et simplement échouées, et j’en avais payé les frais. Restait ma toute dernière carte et j’hésitais vraiment à la jouer. Et puis tant pis, je me lançai.                 Depuis le début du semestre, ça ne passe pas avec ma prof d’histoire : je ne vous referai pas ici le récit de mon altercation v...

Le tutorat de Little Princess - Partie 3 (Préambule (3) - Et m*rde...)

                  Il paraît que c’est cela que l’on appelle « avoir sacrément merdé »…                     Lorsque ma mère était enceinte de ma sœur et moi, ce fut une grossesse difficile : déni de grossesse les quatre premiers mois, puis perte de ma jumelle. A six mois et demi, s’ils voulaient me donner une chance de vivre, il fallait accoucher ma mère.                   L’une des grosses conséquences de cette naissance très prématurée : de nombreuses malformations dues au fait que mes organes n’ont pas eu le temps de se placer correctement. Si la plupart sont bénignes, en revanche ma malformation intestinale pose problème. J’ai ce qu’on appelle un « mésentère commun complet ». Une malformation inte...

Journal d'une étudiante accueillie (Chapitre 26)

  Mercredi 9 octobre 2019.                   Pas de grasse matinée ce matin : Héloïse nous réveilla à neuf heures pour que nous puissions travailler un peu sur nos cours. J’étais grognon au possible en me réveillant, comme cela m’arrive rarement. En m’asseyant à table au petit déjeuner, je fus agacée par Anaïs, toujours pleine d’énergie et en forme le matin. Je déteste les gens du matin. Ou les gens. Ou le matin.                   Après m’être préparée et habillée pour la journée, je remontai dans ma chambre et me sentis toujours aussi grognon. Je ne savais pas encore pourquoi mais j’avais l’impression que cette journée allait être désagréable au possible. Personne n’avait intérêt à me voler dans les plumes : je m’étais levée du pied gauche !          ...

Nouvelle rentrée, nouvelle vie ! (Chapitre 17)

 Ce chapitre a été écrit par Marie, une fan du blog. Malgré mes quelques commentaires et réécritures, elle a fait un excellent travail ! Bravo à elle ! Mardi 17 septembre 2019.   Lorsque Monsieur Éric toqua à la porte pour nous réveiller, j’étais très motivée pour me lever (ce qui est très rare !). Aujourd’hui sera une belle journée : d’abord parce que le mardi reste la meilleure journée de la semaine grâce à Madame Kelly, la prof la plus adorable du Pensionnat ; ensuite parce que j’ai réfléchi à un plan pour me venger de Monsieur Jean et de Monsieur Nicolas. Ce sera discret (enfin autant que faire se peut), rapide et efficace. Je sais bien que lorsque nous nous ferons attraper la punition sera salée ; mais je ne supporte pas l’idée de laisser croire à nos professeurs qu’ils ont tout le pouvoir (même si ce n’est peut-être pas tout à fait faux). Pour mener à bien mon plan, il me faudrait l’aide de mes amies. Je vais tout faire pour les convaincre de me...